Avant-dernier week-end de finales nationales, avant la grande messe suédoise qui concluera la saison samedi prochain, l’Estonie tient ce samedi sa finale. Avec une question qui sonne douce redite de l’an dernier : les pronostics peuvent-ils être déjoués, Uku Suviste peut-il être battu ? Jaagup Tuisk et son « Beautiful Lie », favori des fans l’année dernière, n’avait pas réussi à compenser le réservoir télévote conséquent de la superstar (Uku avait 3x plus de votes, pour rappel).
Cette année toutefois, les parieurs semblent indécis : depuis les demi-finales, la marge d’avance d’Uku se réduit. Ils estiment que l’élimination de la moitié des chansons pourrait plutôt profiter à ses concurrents, en particulier à un autre grand nom de la scène estonienne, Koit Toome. Le troisième revenant, Jüri Pootsmann, se tient toujours en embuscade, de même que la nouvelle venue Kadri Voorand qui a impressionné vocalement lors de la deuxième demi-finale. Mais la question revient quand même : y a-t-il un autre scénario plausible qu’une victoire écrasante d’Uku Suviste ? Analysons les forces en présence; et partageons nos avis en sondage et commentaires après cette revue :
Pic | Artiste – « Titre » | Commentaire | Loreen |
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Egert Milder – « Free Again » | Egert est habité par sa chanson, et dégage beaucoup de charisme sur scène. Reste que l’effet de nouveauté et le côté spontané de « Georgia (On My Mind) » sont passés, et « Free Again » ne révolutionne pas le folk… Toutefois, Egert était arrivé aux portes de la superfinale l’an dernier, porté par le jury qui l’avait classé 4e. | ||
Suured Tudrukud – « Heaven’s Not That Far Tonight » | Le petit duo disco a hérité du numéro maudit. Ce n’est pas un crime : l’ensemble est agréable, ce qui a justifié sa qualification au premier tour de vote. Le duo attire la sympathie, l’ensemble est « good vibes », tout le monde passe un bon moment sur scène, ambiance boule à facettes et supergroupe avec les 4 choristes sortant de l’ombre à la fin, mais je pense qu’elles-mêmes savent qu’elles sont avant tout là pour s’amuser et que leurs chances de remporter l’Eesti Laul sont faibles, bien que ce côté guilty-pleasure les place en 5e position chez les parieurs. Qu’elles se rassurent : en étant choristes sur plusieurs chansons ce soir, dont celle de Koit Toome, elles ont tout de même des chances de voir la superfinale, voire Rotterdam. | ||
Hans Nayna – « One By One » | Je n’attendais pas Hans, illustre inconnu du public estonien, en finale, et j’en suis ravie pour lui. Son interprétation impeccable, juste et sobre, lui aura permis d’avoir les faveur du télévote au 2nd round de vote. « One By One » reste une ballade peu marquante qui n’aura pas les épaules pour aller à Rotterdam, selon moi. | ||
Ivo Linna, Robert Linna & Supernova – « Ma Olen Siin » | Mon avis sur « MOS » n’a pas beaucoup changé : c’est une composition tranquille, très crooner, très esprit pub de fin de soirée. Ivo Linna est fidèle à lui-même et à sa prestance scénique. Seule ombre au tableau : son fils, Robert, qui tente d’exister à côté de l’aura du patriarche… Tentative, car ses gesticulations dramatiques à côté de la force tranquille d’Ivo prêtent plus à rire qu’autre chose et ternissent l’ensemble. Pas désagréable pour un sou, toutefois. | ||
Karl Killing – « Kiss Me » | Ambiance « session studio » pour la bluette de Karl Killing. Le public a complètement fondu pour Karl Killing et son pot de miel musical, l’amenant en finale dès le premier round de vote contre l’avis du jury. Si je dois être honnête, je ne peux pas dire que « Kiss Me » soit transcendante par son interprétation, sa technicité ou son originalité. Mais qui est-on pour refuser un peu de douceur ? | ||
Uku Suviste – « The Lucky One » | Je m’étais plainte des artifices musicaux aléatoires lâchés dans « TLO » pour relever la soupe pop classique. Il y a une cohérence : la mise en scène est truffée de plans aléatoires saccadés, proches puis trop large, d’effets spéciaux peu subtils dont on fait indigestion, et de chaînes acquises en promo au Gifi du coin, et même d’une danseuse/présence (?). Cela donne vraiment l’impression qu’on essaie de nous survendre l’ensemble. Alors, certes, il n’y a rien à reprocher vocalement à Uku. Mais ça, dans cette finale, ce n’est pas un argument suffisant, et le jury n’était pas convaincu jeudi dernier… | ||
Sissi – « Time » | Sublime Sissi sublime scéniquement son morceau. Chaque détail de Time, de la tenue aux lumières, est sobre mais impeccablement juste. L’arrivée des choristes sur scène ne fait pas sur-datée. « Time » reste une petite composition soul sympathique qui a peu de chance d’intégrer le trio final, mais qui crée son moment et attire la sympathie du spectateur qui aura posé ses valises d’eurofan à Tallinn. Alors, que Sissi profite de son moment et brille, c’est tout ce que je lui souhaite ! | ||
Jüri Pootsmann – « Magus Melanhoolia » | Il est difficile de mettre une composition telle que « MM » en scénographie eurovisionnesque. Même en étant le public-cible, j’avoue avoir du mal à rentrer dans ces 2m30 d’ambiance. La chanson reste néanmoins intéressante et le live est justement dosé, aussi bien esthétiquement que vocalement. Ca reste très court et très atypique, manquant ce « quelque-chose » pour en fait la proposition indé de l’année. | ||
REDEL – « Tartu » | Bon, j’ai bien rit, je m’amuse encore bien avec nos deux loustics nasillards de REDEL et leurs villes turbo-boisées, mais j’avoue que je ne me suis pas franchement amusée durant la demi-finale. Le jury ne semble pas non plus avoir été diverti ou impressionné devant les masques géants, les danseurs en combi à franges bleues et les acrobaties d’un des chanteurs. Les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures, mais ici, c’est Concours Eurovision de la chanson. | ||
Koit Toome – « We Could Have Been Beautiful » | J’aime toujours autant cette ballade et sa technicité, son classicisme autant au bon qu’au mauvais sens du terme. Mais comment croire en ce live bourré de tues-l’amours pour eurofans ? Fausses notes, choeurs trop forts, choristes sur scène en robe à paillettes façon 80’s, surjeu dramatique… La ballade se retrouve meringuée par son interprétation. Obligée de calmer mes 3 Loreen, j’ai envie d’espérer que Koit aura corrigé ces aspects afin de se présenter comme un rival digne de ce nom à Uku. | ||
Andrei Zevakin & Pluuto – « Wingman » | Déclassement dans l’estime de Loreen pour le Youtuber et son compère. Amatrice de hip-hop, même si celui-ci était un peu fade et son texte un peu passé, j’étais enthousiaste à l’idée d’avoir autre chose que de la pop estonienne. Le live est à mi-chemin entre un sketch et une soirée à laquelle on était pas invité de base, il appuie tous les mauvais aspects du morceau, manque d’énergie et verse dans une forme d’immaturité. Next ! | ||
Kadri Voorand – « Energy » | Si vous aviez suivi les premières Loreen de la saison, vous savez que je ne suis pas extrêmement fan d' »Energy ». Je trouve toujours cette ballade curieusement montée, qui laisse beaucoup d’auditeurs sur le côté, et pas des plus modernes. Toutefois, l’interprétation de Kadri force le respect et donne finalement un point d’accroche à cette ballade à la fois complexe et lisse. Loreen retrouve le sourire. Le jury, mais surtout le télévote, l’ont ainsi qualifiée au premier tour de vote. Placée en clôture de la finale, peut-elle s’inviter dans le trio superfinaliste ? |
Pour conclure, me concernant, je m’y attends, j’y suis résignée : Uku Suviste devrait rempiler sans trop de difficulté. Vous l’avez compris, je suis très loin d’être enthousiasmée par le chanteur, encore moins par la chanson, et encore encore moins par la mise en scène. Mais nous l’avons déjà vu de nombreuses fois : si avoir un grand nom, à l’Eurovision, ne sert pas à grand-chose, c’est un élément qui fait la différence dans une finale nationale où la qualité musicale est homogène, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Tous les ans, on se voit prouver que cela permet même souvent de surpasser une chanson qui paraît comme l’évidente gagnante pour qui ne baigne pas dans la scène musicale locale. Alors : Uku Suviste doit-il vraiment s’inquiéter de ses concurrents ? Nouveau ticket pour Koit ou Jüri, victoire-surprise d’un.e des outsiders ?
Qui peut battre Uku Suviste ? That’s a question.
Clairement, le jury, et encore. Perso, je fais partie des convaincus du titre et de la presta, les chaînes low cost en moins. Toutefois, et d’assez loin, mon coeur bat pour le titre de Juri Postmann. Il est extrêmement casse-gueule pour l’Eurovision, et ne serait pas gage d’un résultat flamboyant loin de là, mais il aurait le mérité d’apporter quelque chose au concours. Le live de la demi-finale m’a beaucoup séduit, et oui, ça me plairait bien de voir et d’entendre un titre aussi singulier sur la scène de Rotterdam.
Koit a un beau titre, plutôt facile à mon sens, relativement efficace et sans danger, mais le live de la DF1 n’était clairement pas extraordinaire, et l’Estonie mériterait mieux à son sens. On a Egert Milder, mais aussi l’outsider Kadri Voorand : pourquoi pas, allez.
Le plaisir coupable : le duo disco tout droit sorti des années 80. So guilty pleasure à mort. Je les adore. Mais pas à l’Eurovision.
Le moment WTF : la petite maison de bois de Tartu et les danseuses à la perruque de Pollux, le chien du manège enchanté. Rien que d’en regarder trente secondes de presta équivalent à une mise sous acides instantanée. C’est … un concept. Ça me fait triper. A condition que ça reste gentiment à l’Eesti Laul.
Bref, que l’Estonie nous délivre un beau verdict samedi soir !
J’ai enfin rattrapé mon retard et regardé les deux demi-finales au complet. Au passage, le coup du micro non branché qui nécessite d’interrompre une prestation au bout d’une minute, c’est gênant et navrant.
Suured Tudrukud restera mon petit plaisir coupable. Mais c’est Egert Miilder qui me plaît le plus. Exactement comme l’an dernier…
Sur les autres marches de mon podium, Jüri et Karl. En fond de classement, Redel et les Linna père et fils. Uku et Koit me laissent un peu froid.
Vivement samedi !
– J’ai enfin pu écouter les douze finalistes estoniens, et je sens que je vais faire « bande à part » comme bien souvent mais tant pis j’assume !
– J’ai un TOP 3 de mes chansons préférées que j’aimerais voir à Rotterdam : le voici :
1) UKU SUVISTE (et oui !!) : la meilleure chanson de cette finale : voix parfaite, chanson agréable et surtout nettement meilleure que celle de l’an dernier et la musique en parfaite adéquation avec la voix.
2) SUURED TUDRUKUD : mon plaisir coupable ! Et je serai enchantée si elle parvenais en finale : une chanson joyeuse sans prise de tête et toute simple ça ferait beaucoup de bien.
3) KADRI VOORAND : une ballade certes mais pas ennuyeuse pour un sou et quelle voix ! Elle est époustouflante et rend sa chanson à la base ordinaire extraordinaire.
– Six autres chansons me font ni chaud ni froid, tant elles sont tièdes… Deux font partie de mes horreurs absolues : ZEVAKIN et PLUTOO et REDEL.
– Enfin une place à part pour la chanson inclassable de JURI POOTSMAN : j’aime bien cette prise de risque réussie et cette interprétation décalée. Une chanson innovante, top peut-être… J’ai peur qu’elle se fracasse en demi-finale et pour éviter à Juri une 2e humiliation imméritée, je ne souhaite pas qu’elle aille à Rotterdam.
Pour cette sélection estonienne, je vais être tranchant :
Aucun de ces titres ne peut ou ne devrait pouvoir prétendre à une place en finale à Rotterdam !
Cela posé, j’aime beaucoup la chanson proposée par Jûri Pootsmann et c’est bien la seule !
Alors, en ce qui me concerne, pour l’Estonie, ce sera Jüri ou rien !
Quand on a du goût !! Bravo !!
Triste constat que je partage.
Ça va en surprendre plus d’un, mais je suis pour Kadri… Je penses qu’avec sa voix extraordinaire, elle peut prétendre à la victoire
C’est pas faux.. ses 3 minutes étaient scotchantes…. et hop… une de plus dans l’escarcelle des prétendus lauréats….
Perso je pense qu elle ne sera pas loin du top 3 . Ca dépendra de comment le jury la poussera car son televote sera beaucoup moins favorable que pour les 3 favoris. Et en termes de vues, sa vidéo est loin derrière..
J’espère pas la victoire de Juri… Car la chanson est vraiment plate ….
Après les demi-finales, j’ai clairement tourné le dos à Koit Toome pour toutes les raisons exposées par Audrey.
J’avoue que ça aurait du panache de renvoyer Juri Poostmann au concours mais avec ce type de morceau la finale ne serait probablement pas au rendez vous (et c’est bien dommage)
Sur la base de mes goûts je souhaite le meilleur à Sissi et Ivo Linna (en espérant qu’il fasse prendre un calmant à son fils avant le show…)
La soupe scandinave ? D’autres nations vont nous la servir…. autant avoir des titres moins passe-partout..
Si les jurés ont moins apprécié la prestation de Uku, sa victoire ne sera pas automatique…
Juri propose 3 minutes décalées… que serait l’Eurovision sans ces titres géniaux mais terriblement nécessaires dans ce concours ??
Une découverte. Excitante.
Good luck.
C’est ça, si le jury est vraiment dépité par le fait que la scéno d’Uku est largement inférieure au reste, il peut peut-être lui couper l’accès à la superfinale… Mais bon, c’est loin d’être acquis. Ce serait toutefois le seul scénario plausible: Uku a de très fortes chances de gagner une bataille télévote.
Concernant Jüri, si j’aime le titre, j’ai peur de l’envoyer à nouveau au casse-pipe et qu’il remange une dernière place en demi à l’Eurovision. Ce serait toutefois intéressant, en effet !