
Un pays, deux noms et un drôle de destin. Passé d’ARYM à Macédoine du Nord, le petit Etat des Balkans a surtout brillé par son incapacité à se qualifier. Six fois d’affilée, c’est le record de la décennie… Avant que tout ne change !
Avant 2010… le pays a connu son heure de gloire. Poussé par le télévote balkanique, il se qualifiait sans arrêt jusqu’à deux échecs de justesse en 2008 et en 2009 à cause d’une subtilité du règlement de l’époque : le 10ème finaliste devait être un favori des jurys. C’était le début de la descente aux Enfers…
En 2010, la Macédoine du Nord ne déroge pas à la règle et choisit son représentant par l’intermédiaire d’une sélection nationale : le Skopje Fest. Institution pas systématique, il est relancé en 2007 et sert de sélection nationale depuis lors. Marathon télévisuel aux chansons étonnantes (genre poules chantantes et plagias éhontés), celui de 2010 se tient sur trois soirs : deux demi-finales de 14 concurrents et une finale à 16. Le télévote est remporté par Vlatko Ilievski, mais c’est Gjoko Taneski qui le surclasse, grâce aux jurys.
« Jas ja imam silata » devait s’avérer un naufrage. On décida donc de racourcir le Skopje Fest à une seule finale de 20 chansons. Vlatko Ilevski, deuxième en 2010 s’impose largement avec « Rusinka » devant
Martin Srbinovski, seulement 3ème du jury et loin au télévote, mais qui profite du dissensus.
Sauf que Vlatko fit encore pire… On décida donc que la fête était finie. On appela à la rescousse Kaliopi, chanteuse mythique du pays recalée pour l’Eurovision 1996. Elle réussit l’exploit attendu depuis quatre ans : elle se glisse en finale et termine 13ème.
Après ce succès, la télévision macédonienne fut encouragée à garder son mode de sélection interne. Une star internationale fut invitée, la reine des gitans Esma Redzepova, 70 ans au compteur, accompagné d’un jeune espoir, Vlatko Lozanovski. La chanson « Imperija » fut officiellement présentée, puis retirée la semaine suivante officiellement car les macédoniens étaient mécontents de leur chanson. « Pred da se razdeni » fut donc envoyée à la dernière minute à Malmö, et échoua.
Nouvelle sélection en interne pour l’année 2014. La télévision macédonienne décide de frapper plus fort avec une artiste plus en vue, Tijana Dapcevic, et une chanson plus pop, « To the sky », et en anglais, une première depuis 2008. Tijana se rapproche de la barre de qualifications, mais ça ne marche toujours pas. Pour l’anecdote, le Skopje Fest 2013 a bien eu lieu en décemhre et fut remporté par Lambe Alabakovski avec « Kje te čekam jas ». Il aurait donc pu représenter son pays à Copenhague.
On décida donc en 2015 d’employer de nouveau le Skopje Fest comme sélection nationale. 20 candidats se succèdent, et sans surprise c’est la superstar du moment Daniel Kajmakoski qui s’impose avec « Lisa esenski », devant Tamara Todevska, la représentante de 2008, qui a eu les faveurs du jury. A Vienne, Daniel opte pour l’anglais, mais ne fait pas mouche.
La télévision macédonienne, défaite avec sa star du moment, s’en remet donc en 2016 à son dernier recours : Kaliopi. Elle écrit elle-même les paroles de Dona, qui termine tout près de la qualification, mais c’est encore un échec. A noter qu’un Skopje Fest a bien eu lieu cette année-là, le dernier en date. Il a été remporté par un groupe, Eye Cue.
Changement de stratégie en 2017. La Macédoine s’ouvre à des compositeurs étrangers. Une chanteuse peu connue mais au profil plus international est retenue, Jana Burceska. Elle se voit recevoir une chanson d’un groupe de compositeurs qui a cartonné l’année d’avant en Bulgarie, Symphonics. Il a été révélé entre temps que la chanson retenue, « Dance alone », faisait partie des rejets bulgares et serbes… La chanson prometteuse et originale, adorée des fans, s’est avérée une catastrophe sur scène : nouvel échec.
Sélection en interne encore en 2018 : le groupe Eye Cue, vainqueur du Skopje Fest 2015, est invité, sans succès, à Lisbonne. Il faudra attendre 2019 pour que la télévision macédonienne trouve la formule magique, finalement simple : une excellente interprète, une ballade propre et émouvante, intemporelle. Tamara emporte l’adhésion des jurys et réalise la meilleure performance macédonienne de tous les temps !
Grâce à Tamara, la Macédoine du Nord est 34ème de la décennie, avec 376 points.
Le top : la 7ème place de Tamara Todevska en 2019.
Le flop : la 18ème place en demi-finale d’Eye Cue en 2018.
– Voilà un pays très particulier : en général j’aimais les chansons proposées durant cette décennie mais il y avait presque toujours un truc qui clochait et du coup, la chanson devenait médiocre et ne parvenait pas en finale…
– Ce fut notamment le cas en 2014 ( deux excellents interprètes mais séparément ; en duo c’était bancal…) ; en 2017 avec une chanson moderne et bien construite mais massacrée par son interprète et également en 2018 avec une chanson super originale dans sa composition, mais là encore massacrée par son interprète et très mauvaise mise en scène.
– Donc pour moi, les deux meilleures est évidemment 2019 avec cette ballade émouvante et magnifiquement interprétée ( moi qui ne suis pas fan des ballades, j’ai été conquis ), mais pour moi la plus belle chanson de la Macédoine du Nord restera pour le moment Kaliopi en 2012 : si elle avait gagné j’aurais été enchanté et au moins un podium ! Tout était parfait dans cette chanson et bien sûr la voix inimitable de Kaliopi.
La Macédoine du Nord, ou le pays des paradoxes. Un invité systématique des finales des années 2000, les deux seules éliminations étant le fruit d’une absurdité du règlement heureusement réparée, qui est devenu au cours des années 2010 l’un des « rebus » du concours avec 80% d’eliminations, dont six consécutives ayant abouti au… premier top 10 de l’histoire du pays avec la magnifique prestation de Tamara sur le beau Proud que j’apprécie davantage depuis que je l’ai vu et entendu au concours. Et pourtant, c’est très loin d’être catastrophique en termes de chansons. Certes, il y a en eu quelques unes moyennes que j’aurais laissé sur le carreau en DF, sans pour autant les déprécier réellement: 2010 (je l’avais même oubliée), 2013 (j’adore Esma, c’est une reine, mais je préférais très largement Imperija. Pour sûr, une partie de moi même rêvait d’être Esma chantant « Im-pe-ri-jaaaa » en choeur de son acolyte) et 2015 (une jolie prestation, une chanson pas désagréable, mais relativement insipide). Pour 2016, la grande Kaliopi a réussi à transcender un titre un peu banal par rapport à Crno e Belo que j’avais vraiment apprécié l’esprit rock qui se singularisait bien tant pour le pays que pour cette édition du concours.
Pour le reste? À mon sens, de bons, voire de très bons titres, To The Sky, Dance Alone, voire le singulier Lost and found, mais des live très moyens, pour ne pas dire médiocres, voirr catas. Ou comment massacrer en direct des titres à fort potentiel pour le concours avec des prestas vocales aléatoires et des scénos complètement ratées. Dommage! Mais j’espère que la 7e place de Tamara sera le marqueur d’une renaissance du pays au concours, car je l’y apprécie plutôt bien.
(On parle d’ailleurs de la mythique presta du girls band en 2000??)
La Macédoine du Nord ou le pays des occasions souvent manquées.
Il n’y a pas une multitude d’artistes susceptibles de représenter le pays si bien qu’on tourne souvent autour de Tamara et sa soeur ou Kaliopi.
Pas très sensible à « Proud » qui aura pourtant enfin permis à la Macédoine du Nord de faire un top 10.
Par contre j aime beaucoup « Dance alone » en version studio tout comme le titre des Eye Cue en 2018. Avec un autre titre , Daniel Kajmakovski et Lozano auraient sans doute pu briller en finale.