Voilà un curieux destin que celui de la Bulgarie à l’Eurovision, passé de paria à favori, et intermittant du concours avec seulement 7 participations sur la décennie.

Avant 2010… l’Etat des Balkans est en effet un véritable paria du concours. Il ne s’est qualifié qu’une seule fois en 2007 avec Elitsa & Stoyan et se retrouve généralement dans les derniers de sa demi-finale… On ne voit guère comment il serait capable de se relever d’une telle malchance…

Et en 2010, la Bulgarie doit commencer par faire oublier l’épouvantable prestation offerte en 2009 par Krassimir Avramov. Elle décide donc de sélectionner en interne un artiste, d’après le vote d’un jury de professionnels. C’est un beau chanteur, Miroslav Kostadinov dit Miro, qui l’emporte devant une chanteuse, Poli Genova. Miro a déjà failli partir à l’Eurovision en 2007 avec le duo KariZma. Une finale avec 5 chansons est organisée. C’est la chanson Angel si ti, composée par Miro, qui l’emporte largement devant une chanson suédoise : « Twist and Tango ».

Mais Miro fait un four à Oslo… Pour 2011, le diffuseur bulgare, la BNT, revient donc à une bonne vieille sélection ouverte, et une grande finale de 19 chansons ! Elle est remportée par Poli Genova, le second choix de 2010, devant la non moins énergique Milena Slavova et sa prestation apocalyptique…

C’est encore un échec bien que Poli ait fait forte impression à Düsseldorf. La finale ouverte est renouvelée en 2012 mais précédée d’une demi-finale : il y a quand même 22 chansons retenues ! La demi-finale est remportée largement par Dess, qui ne termine pourtant que 3ème de la finale derrière New 5, le choix du jury, et Sofi Marinova la reine du télévote.

Sofi Marinova obtient 45 points en demi-finale, comme le Norvégien Tooji, mais c’est lui qui se voit attribuer la 10ème place car 11 pays ont voté pour lui, contre 10 à la Bulgarie. Sofi Marinova se voit donc recalée à la porte de la finale ! De quoi vouloir se venger ! Et pour se faire, la télévision bulgare tient une bonne idée : inviter pour 2013 les seuls artistes qui avaient réussi à se qualifier pour le pays, Elitsa Todorova & Stoyan Yankulov. Trois chansons écrites par Elitsa s’affrontent, « Dzupai, libe boso », « Kismet » et « Samo shampioni ». Le jury choisit cette dernière chanson, mais le public lui préfère « Kismet ». Pourtant, 8 jours plus tard, la BNT annonce que la chanson « Kismet » est disqualifiée pour des questions de copyright, et que « Samo shampioni », qu’Elitsa préférait, représenterait la Bulgarie à l’Eurovision. Bonjour le scandale !

La Bulgarie ne termine pas loin de la finale, mais c’est un nouvel échec. Après six échecs d’affilée, la Bulgarie se retire donc pour des raisons financières, en même temps que la Serbie, la Croatie et Chypre, et un an après la Bosnie.

La Bulgarie ne revient qu’en 2016, avec une arme de destruction massive : elle sélectionne Poli Genova, avec une chanson composée par un consortium bulgaro-suédois intitulé Symphonics. Rapidement, la chanson « If love was a crime » fait partie des favorites du concours, se qualifie et termine 4ème de la finale. C’est une nouvelle ère qui commence pour la Bulgarie !

La même équipe est confirmée en 2017 et en 2018. C’est un immense succès en 2017 avec la 2ème place du jeune espoir Kristian Kostov avec « Beautiful mess », qui détient toujours le record de points en demi-finale, 403 (il va falloir attendre avant qu’il soit battu !), et un succès plus discret pour « Bones » en 2018 porté par le collectif Equinox. Devenu un pays de premier plan au concours, c’est avec stupéfaction que les fans apprennent le retrait du pays pour des raisons financières en 2019.

La Bulgarie est 8ème de la décennie, avec 1088 points en finale.

Le top : la 2ème place de Kristian Kostov en 2017.

Le flop : la 15ème place en demie de Miro en 2010.