eurovision-1956Suzanne, ma chère Suzanne, ne vois-tu rien venir ? Comme Madame Martineau me le rappelait avant-hier soir, devant Secret Story, Le-logo-de-Secret-Story_exact1024x768_lla rentrée approche. Je vous vois hausser les sourcils : que faisais-je devant ce monument de la télévision française, ce mausolée de nos académiciens ? C’était premièrement pour causer une joie à Madame Martineau, qui raffole de ces émissions. C’est son côté « culture populaire », bien que, selon moi, elle a toujours eu des tendances voyeuristes prononcées… Mais qui suis-je pour juger ? Moi-même, j’avoue avoir pris un certain plaisir à contempler ces jeunes gens descendant volontairement dans l’arène pour s’entretuer, avec pour seule perspective de récompense, une gloire éphémère. Moi, de mon temps…

Brisons-là. Ma seconde raison, plus officielle et pressée par Madame Martineau, était de repérer d’éventuelles gemmes en devenir de la chanson française. Nous nous illusionnons : rien de rien de rien du tout à se mettre sous la dent. Des falots et des tartes, plus imbus de leur ego que pourvus du moindre talent. Il y a tout de même quelques compromissions intellectuelles à regarder pareil programme… Quoique… Avec un peu de recul, il est possible d’en tirer des leçons philosophiques et éthiques fort précieuses. J’ai donc contemplé cela avec quelque recul et pas mal de second degré. Madame Martineau en est plutôt restée à la lecture littérale…

etoilesCe qui m’a amené à cette profonde réflexion : le talent, le véritable talent, est distribué inégalement parmi les hommes. Certains en sont dotés, d’autres pas et les étoiles, les artistes de talent finissent par gagner le firmament, tôt ou tard. Les personnes qui s’en croient dotés et en sont dépourvus sont condamnés à replonger dans les abimes noirs et silencieux du vide interstellaire. Le destin fatal de ces jeunes gens de Secret Story, éphémères étoiles filantes, météorites télévisuelles… Or nous, ce que nous recherchons, ce sont des stars éternelles, des soleils chantants qui replacerons notre beau pays dans la plus vive des lumières musicales, après tant d’années d’éclipses et de ténèbres.

L’Eurovision est par nature un révélateur de talents. Je vous ai déjà parlé en long et en large de ces étoiles de la chanson française… Nous avons déjà évoqué Françoise Hardy, Alain Barrière, Frida Boccara… Vous connaissez de mémoire France Gall, Nana Mouskouri, Céline Dion,… Sauriez-vous en citer d’autres ? D’autres monuments qui ont embrassé la gloire de par leur participation à l’Eurovision ? Alors, aujourd’hui, pour vous rafraîchir la mémoire et pour vous rappeler que le Concours est un incroyable tremplin, cinq autres stars de la chanson française passées débutantes sur la scène eurovisionesque.

5. Patrick Juvet

Né à Montreux, Patrick Juvet débarque à Paris en 1971. Il a vingt ans et est bien décidé à devenir… compositeur ! Il est signé par Eddie Barclay et livre son premier tube d’ampleur : Le Lundi Au Soleil, interprété par Claude François et sorti en 1972. Mais l’ombre n’est guère le royaume de Patrick. Il décide de gagner la lumière et d’interpréter ses propres morceaux. Il remporte un premier succès personnel avec La Musica, puis l’Eurovision l’appelle. En 1973, il représente la Suisse à Luxembourg, avec une chanson mineure et termine à la treizième place. Dans la foulée de ce passage, il publie son premier album, porté par Rappelle-Toi Minette. Le succès est immédiat, la carrière de Patrick éclate. Il enchaîne Magique, Où Sont Les Femmes ?, I Love America, Lady Night, Laura… Les années 80 le verront décliner dans l’alcool et la drogue. Il remontera la pente au fil des années 90, jusqu’à gagner un certain statut iconique…

4. Patrick Fiori

Patrick Chouchayan naît à Marseille en 1969. Il fait ses débuts sur scène à l’âge tendre de douze ans dans la comédie musicale La légende des santonniers. En 1987, il enregistre son premier morceau, Stéphanie et chante en première partie d’artistes comme Gilbert Montagné et Michèle Torr. En 1992, il remporte le Festival de la Chanson Francophone avec Au Fil De L’Eau. L’année suivante, à Millstreet, il termine quatrième au Concours Eurovision avec Mama Corsica. Il sort en 1994 son premier album, mais il lui faut attendre 1998 pour atteindre la gloire. Il décroche le rôle de Phoebus dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Son trio avec Garou et Daniel Lavoie, Belle, devient un immense succès. Il publie son troisième album en 1999 et remporte dès lors ses succès en solo. Il enchaîne ainsi Elle Est, Que Tu Reviennes, Je Sais Où Aller, Quatre Mots Sur Un Piano, Elles… La réussite professionnelle et artistique ne le quitte plus désormais.

3. Natasha St-Pier

Natasha Saint-Pierre voit le jour en 1981, au Nouveau-Brunswick. Elle sort son premier album en 1996 et grâce à Sans Le Savoir, remporte ses premiers succès au Canada. C’est grâce à la version anglaise de Notre-Dame de Paris qu’elle se fait connaître à l’international. Dans la foulée, elle enregistre un deuxième album en français, porté par À Chacun Son Histoire et qui rencontre un certain succès. Sa quatrième place à Copenhague, en 2001, la place définitivement parmi les artistes francophones les plus reconnues. Les succès pleuvent : Tu Trouveras, Mourir Demain, Un Ange Frappe À Ma Porte, Embrasse-Moi,… Loin de s’arrêter à la chanson, Natasha se lance à la télévision, devenant une présentatrice-commentatrice-jurée fort sollicitée, des Chansons D’Abord à The Voice Belgique. Parallèlement, elle assume de nombreux engagements caritatifs.

2. Serge Lama

Serge Chauvier, né en 1943, passe son enfance à Bordeaux. La carrière de son père, chanteur d’opérette, l’amène à Paris en 1950. À l’âge de vingt-et-un ans, en 1964, il est engagé au cabaret L’Écluse où se produit Barbara. Il enregistre ses premières chansons dont À Quinze Ans. Mais l’année suivante, il est victime d’un grave accident de voiture qui nécessitera deux années de rééducation. En 1966, il connaît un premier succès avec Les Ballons Rouges. Il remporte la Rose D’Or d’Antibes en 1969 avec Une Île. Sa carrière éclate en 1971 : il participe au Concours Eurovision, à Dublin, où il termine dixième. Il sort alors son troisième album, celui de la consécration, porté par Superman. Les lauriers s’accumulent sur son front : Je Suis Malade, Les Petites Femmes De Pigalle, L’Algérie, Femme, Femme, Femme,… Il s’essaye à la comédie et ne cesse ses tournées à travers la France. La réussite est devenu sa compagne perpétuelle.

1. Lara Fabian

Lara Crokaert, née en 1970, partage son enfance entre la Belgique et la Sicile. Après des études artistiques, elle chante dans des cabarets et remporte plusieurs concours de chant. Lara est alors repérée par RTL et représente le Luxembourg à l’Eurovision, à Dublin, en 1988. Elle y termine quatrième. Elle reprend des études de droit, mais les interrompt en 1990 : elle part tenter sa chance au Canada. Le succès est immédiat : Le Jour Où Tu Partiras, Tu T’En Vas,… La reconnaissance internationale viendra en 1997, avec son troisième album. Les réussites pleuvent : Je T’Aime, Tout, Adagio, Immortelle, Tu Es Mon Autre,… Lara chante en français, en anglais, en italien et vend des disques à la pelle. Elle est et demeure une des artistes francophones les plus célèbres et les admirées de sa génération.

Bonus

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Voilà qui nous laisse bien des espoirs pour l’année et la Saison à venir… J’ai hâte d’être le premier septembre et de partir en quête du meilleur talent pour nous représenter à Stockholm et humilier ces arrogants Suédois. Cette merveilleuse Madame André l’a laissé sous-entendre dans la presse nationale : elle est à la recherche de la plus grande star possible, pour éclipser toutes les autres sur la scène du Globen. Nous aurons notre revanche ! Et j’irai en Suède, triomphale et triomphante, au bras de Marianne James et de Stéphane Bern et vous me verrez, toujours trois pas derrière Madame André, son pilier, son ombre. Vive la France !

Sur ces entrefaites, Madame Martineau continue d’éplucher revues, magazines, réseaux sociaux et sites internet, pour découvrir une perle, un diamant brut à polir. Voici les résultats de sa quête hebdomadaire. Pourquoi pas ? Il conviendra de fixer certaines règles pour la sélection, des critères objectifs, une grille de cotation, un crible au travers duquel passer ces contributions… Et au terme de cette sélection, je suis convaincue que nous trouverons la pépite d’or, l’étoile unique, qui nous apportera la médaille d’or, celle de notre sixième victoire !




Bien à vous,

Francine MICHU