En ce désormais début d’année 2023, la rédaction continue à vous faire découvrir chaque jour le top 10 de ce qui a le plus marqué nos chroniqueurs en 2022.

Au tour de Rémi de poursuivre notre rétrospective annuelle. Découvrons les sommets de son année 2022.

En intro, petit mot pour celles et ceux qui ont malheureusement dû rester aux portes de ce top 10 qu’il ne fut pas évident de constituer :

  • Aidan Cassar et son Ritmu que Malte aurait pleinement gagné à envoyer à Turin,
  • Le tonitruant duo « Dottore » Rettore – Dinotella Delapiaga tout droit sorti du Festival de Sanremo (et qui inspira Chiquita à Davidna Lamburosco)
  • Amanda Tenfjord et le puissant Die Together, qui fit résonner en moi des Winner Vibes sur la scène du Pala Olimpico
  • À peu près les trois quarts du Festival da Canção, comme chaque année
  • Rosa Linn. Snapping 1, 2 … Where Are You ?

Where Are You Noooow ? Place aux dix élus de mon année 2022 !

10- Your Loss – Mari Bølla (Melodi Grand Prix, Norvège)

Les teen movie à l’américaine des années 90 et 2000, ça vous dit quelque chose ? Pile ce que m’évoque Your Loss. Rien de plus stimulant que l’énergie et le punch du titre de Mari Bølla en guise de coup de boost ! Les norvégiens n’ont pas daigné la repêcher ne serait-ce que pour le duel final de la dernière chance ? Qu’importe : Bibi est là pour s’en charger.

(Je n’avais juste pas gardé en mémoire le décor et la scénographie so bling bling du live du MGP, mais bon, on va mettre cela sur le compte d’une faute de goût passagère)

9- Lights Off – We Are Domi (République Tchèque)

Radio friendly à souhait, clubbing friendly à mort : voilà ce qui m’a séduit d’entrée dans Lights Off, un mix entre pop et électro grand public à même d’enflammer le dancefloor. Et ce n’est pas la foule du Pala Olimpico de Turin qui dira le contraire ! Un titre longtemps sous-estimé par les bookies et mésestimé par les votants de Turin, que j’ai envie ici de rétablir à la face du monde. Parce que c’est tout simplement l’un des meilleurs que la République Tchèque ait proposé de son histoire au concours.

8- Fulenn – Alvan et Ahez (France)

La la la la la la le lo … La contribution de nos représentants français avait de quoi décoiffer et c’est peu de le dire. Du Breizh Noz, de l’électro et la langue bretonne mélangées au Thermomix d’Alvan et Ahez : difficile de faire plus osé, aussi bien sur la planète Eurovision que sur la planète Terre ! Voilà comment je me retrouvai ainsi embarqué dans une folle gigue 2.0 jusqu’à Turin … pour une vingt-quatrième place extrêmement injuste. Raison de plus de saluer le mérite de nos amis bretons : celui d’avoir défendu une proposition d’une audace très inhabituelle pour la France.

7- Terra – Tanxugueiras (Benidorm Fest, Espagne)

Ai-la-ra-la-la … aaaaaaaah ! Quand de l’alliage entre modernité et tradition émane le feu, il y a de quoi embraser la terre sacrée. Comment diable l’indigent jury du Benidorm Fest a t-il pu savonner la planche à si envoûtante proposition signée de trois sorcières galiciennes ? Sacrilège ! Certes, SloMo a depuis ravivé l’euro flamme espagnole comme jamais. Mais … ai-la-ra-la-la … aaaaaaaah !

6- Ciao ciao – La Rappresentante di Lista (Festival di Sanremo, Italie)

La Rappresentante di Lista nous avait offert de belles promesses à Sanremo 2021. 2022 est la confirmation pour le duo avec ce titre entêtant et entraînant qui aurait largement eu les moyens de défendre avec force et honneur les couleurs de l’Italie à domicile. Mais il y avait en face un évident rouleau compresseur, auquel même Loredana Berté n’aurait pu résister. Sanremo, l’Eurovision … Et si ce n’était que partie remise pour les flamboyants Veronica et Dario, qui ont signé avec Ciao ciao le plus grand succès de leur carrière ? E con le gambe, con il cul* … , ciao (ciao, ciao, ciao, ciao, ciao, ciao, ciao …)

5- Brividi – Mahmood et Blanco (Italie)

Brividi, pluriel de brivido, frisson. Nul mot n’aurait pu être mieux choisi pour décrire ce qui s’est emparé de moi à la première écoute du duo entre le dieu Mahmood et son acolyte « Blanchito Bebe » Blanco. Call It Magic, ou de quoi conquérir les coeurs transalpins, dont les battements (et le mien) ont résonné ensemble le temps de trois minutes suspendues. Au point que l’Italie tut entière a fait de Brividi son hymne national avant et pendant l’Eurovision. Et si on appelait cela tout simplement un moment de grâce ?

4- Sekret – Ronela Hajati (Albanie)

(Vous qui connaissez ma passion – et surtout mon amour – invétéré pour Mahmood, mon degré de religiosité se doit être extrêmement élevé pour le voir devancé dans ce classement par une divinité concurrente. Namasté allez et que My Mood m’accorde son pardon pour telle offense de ma part)

Viva la Diva. Viva Ronela. Le Ronela Gate restera pour moi l’Eurodrama majuscule de cette édition, si ce n’est l’un des plus tragiques de l’histoire du concours. Rarement un titre aura résonné aussi fort en l’eurodiva que je suis et surtout que je suis fier d’être. Makada, makadalë, et ma que dale, une seule restera pour moi la Reine de l’Eurovision 2022, forever ’til the end of time. Puisse l’Europe et le monde rendre justice à l’eurostar Ronela, makalon, ma calor et macaron. Puissent-ils s’incliner et abdiquer d’une génuflexion devant la Sérénissime, ainsi que ses admirables sujets qui l’ont accompagnée sur la scène d’un Pala dont l’adjectif Olimpico est dénué de la force nécessaire à qualifier la Majesté Hajati.

3- De diepte – S10 (Pays-Bas)

De diepte est un véritable bijou, indescriptible de vérité et de pureté. Opérant une mise à nu, son interprète l’a littéralement transcendé, sa voix se brisant d’émotion sur le reflet musical d’une histoire douloureuse. L’Eurovision, ou l’occasion pour S10 d’exorciser ses démons à travers des mots et des sons à la fois authentiques et doués d’une sublime sincérité.

2- Hold Me Closer – Cornelia Jakobs (Suède)

Si la règle de l’ex aequo avait été possible, nul doute que je l’aurais saisie avec grand plaisir. Mais la vie, c’est faire des choix, et trancher est indispensable. Pourtant, l’évidence était là dès la première écoute en ce samedi soir d’hiver. Non seulement Cornelia Jakobs devait impérativement remporter le Melodifestivalen, mais elle devait jouer la gagne du Micro de Cristal. Seule en scène, l’artiste – jusqu’alors surtout connue pour sa participation au girl’s band Love Generation – m’a embarqué dans une atmosphère vaporeuse, faisant de chaque son et de chaque pas du velours digne d’un rêve de cinéma. Il était temps que la Suède rompe avec le générique de ses titres sans âme, et c’est ainsi que Cornelia est arrivée avec son timbre rocailleux et son micro Elvis. Hold Tight, Hold Tight …

1- In corpore sano – Konstrakta (Serbie)

J’ai longtemps hésité, alors que l’évidence était là. Mon degré de possession est tel que même une séance de désenvoûtement chez un marabout du métro Barbès aurait peu de chances d’aboutir à des résultats probants. En même temps, comment résister au magnétisme de l’iconique Konstrakta ? Comment rester impassible devant l’inclassable, l’audacieux, le radical In corpore sano ? Soit ça passait, soit ça cassait, mais ça ne pouvait en aucun cas laisser de marbre y compris la plus froide des pierres. Délivrer aux européens un cours magistral sur la santé aussi inclassable et barré qu’une messe chorégraphique sur le lavage des mains, il fallait oser, pour ne pas dire y risquer sa vie. Mais la Serbie l’a fait, et la Serbie l’a gagné, son pari, accrochant son premier top 5 grâce au dangereux et à l’inextinguible effet du Biti zdrava. Biti zdrava, ou la nouvelle prière païenne 2.0. Animus tristis in corpore sano, vous dites ? Mmmmh, je ne crois pas, non. Car Konstrakta n’a pas écrit sa légende : elle est une légende.

Inspirés par ce pêle-mêle/patchwork de mon année Eurovision ? Quoiqu’il en soit, voilà l’occasion tourner la page de l’année 2022 et souhaiter la bienvenue à une nouvelle année de folie sur l’euro planète ! Qui dit 1er janvier dit donc …

Que 2023 soit la meilleure possible pour vous, vos proches et toutes celles et ceux qui vous sont chers ! Que de Liverpool à la France, elle soit riche en émotions eurovisionesques de folie, et que de la France à Liverpool, elle ne soit que Magie avec un grand M. Bercés par The Sound of Beauty, [let’s] Spin the Magic pour que défilent douze mois de bonheur au rythme de nos nouvelles eurostars, de celles qui vont sortir du bois au cours des prochaines semaines et rejoindront ainsi un cercle fermé cher à nos coeurs d’eurofans.

Bref, Feliz año à tous !

© UER | Nathan Reinds