À l’occasion des 20 ans de l’Eurovision Junior, l’EAQ se mobilise pour célébrer cet événement spécial. Jusqu’au 11 décembre, votre site y consacrera une partie de son éditorial. Une série d’articles sera dédiée au vingtième anniversaire du concours, que nous fêterons avec vous !

L’Eurovision Junior, c’est dans un peu moins d’un mois ! Populaire auprès des eurofans, mais un peu moins que la version dite « Senior » ou « adulte », le JESC comme on le surnomme, bénéficie de quelques idées reçues que l’EAQ se propose de déconstruire.

N°1 : L’Eurovision Junior, ce n’est pas la joie musicalement.

Faux ! À l’image du concours adulte (même si c’est évidemment moins marqué), le JESC bénéficie d’un assez bon éclectisme musical, qui s’est d’autant plus renforcé depuis au moins 2018. On a déjà pu entendre du rock (Specchio pour l’Italie en 2021), du disco (Lets’s Count The Smiles pour la Géorgie 2021), du jazz (la chanson victorieuse des sœurs Tolmachevich en 2006), du flamenco (Palante pour l’Espagne 2020, ou le titre vainqueur et iconique de Maria Isabel en 2004). Il y a aussi eu du fado avec Simao Oliveira pour le Portugal en 2021, tandis que l’Ukraine lorgne bien souvent vers l’indie-pop (surtout en 2018 et 2020). Sans oublier les bops rétros, les hymnes à la fête colorés, les pop-stars en devenir et les power-ballads (avec leur sous-genre spécifique au JESC : les power-ballads à la Disney !). Oui ! Au Junior, il y en a pour tous les goûts et même plus d’une chanson que vous n’auriez pas honte d’ajouter à votre playlist !

N°2 : Les enfants chanteurs ? Ça doit être une catastrophe en live.

Faux ! S’il a pu arriver que quelques prestations soient décevantes vocalement (me vient à l’esprit la prestation russe de l’année dernière), le JESC est l’occasion de découvrir des performances vocales assez impressionnantes (surtout pour l’âge des interprètes !). D’autant plus que les jurys récompensent bien souvent les prouesses vocales des jeunes chanteurs. Rappelez-vous de Melani Garcia en 2019. Sa voix opératique et ses high notes avaient fait d’elle une redoutable favorite. Cette même année, il y avait aussi Yerzhen Maksim, dont la performance vocale avait offert au Kazakhstan sa première seconde place. Et que dire de Mariam, gagnante de l’édition 2016 pour la Géorgie ? Je ne saurais vous recommander que trop, de réécouter sa performance live de Mzeo. Il y a de quoi vous en donner des frissons !

N°3 : Les enfants doivent tous chanter en anglais.

Faux ! Les eurofans le savent bien, le JESC est bien plus riche linguistiquement parlant que le concours adulte. Cependant, j’ai déjà lu quelques « lambdas » (qui visiblement n’avaient jamais regardé le JESC de leur vie), brandir ce cliché. Alors, au risque d’enfoncer une porte grande ouverte, je le rappelle pour les non-initiés qui seraient arrivés par hasard sur cet article : Au Junior, il est impératif de chanter dans la langue nationale de son pays (même si quelques lignes dans une autre langue sont autorisées). Si vous rêviez de savoir comment sonnent l’azéri, l’irlandais, le macédonien, le kazakh, la langue des abeilles… Vous êtes au bon endroit !

N°4 : Niveau texte, ça ne volera pas bien haut.

Il n a deux types d’à priori sur les textes des chansons du Junior. Soit on s’imagine que ce sont des paroles très niaises parlant de la paix dans le monde, soit des textes très limités, caricaturaux mêmes pour des enfants. On échappe pas évidemment, aux messages d’espoir et de positivité. En 2019, pas moins de quatre (voire plus en sous-texte) avaient pour thème le climat et la préservation de la planète. Mais textuellement, disons que l’on jongle entre les thèmes. Certains parlent d’amour et de romances enfantines ou adolescentes. D’autres évoquent le harcèlement scolaire (Albanie 2021) ou la maltraitance des enfants (Albanie 2022). Certains rendent hommage à leur famille (la contribution kazakhe de 2020 était particulièrement émouvante dans ce domaine), d’autres encore glorifient la musique (Ukraine 2019). Et pendant ce temps, on parle de lapins magiques pour la Biélorussie 2009, et Bzikebi bourdonnaient comme des abeilles pour décrocher la victoire en 2008 !
Textuellement, c’est comme à l’Eurovision adulte au final : il y a deux poids deux mesures entre le sérieux, le loufoque et le niais. Chacun le dose à sa manière.

N°5 : L’Eurovision Junior… OK ! Et alors, que deviennent les enfants après ?

Il ne faut pas croire que tous les participants du concours Junior tombent dans l’oubli. Certains choisissent juste de suivre une autre voie. Par exemple, Yuri Demidovich (à qui l’on doit l’OVNI biélorusse de 2009) est devenu chef d’orchestre. Cependant, d’autres poursuivent une carrière musicale. Daneliya Tuleshova (Kazakhstan 2018), Roksanna Wegiel (Pologne 2018), Vicki Gabor (Pologne 2019), Carla Lazarri (France 2019), font partie des exemples qui me viennent en tête, d’artistes poursuivant leurs aventures dans la musique. Et puis, les eurofans là aussi le savent bien, il n’est pas rare de voir paraître d’anciens alumnis du Junior dans les finales nationales de l’Eurovision adulte. Ou mieux encore, de les voir jouer dans la cour des grands. On pense évidemment à Nevena Bozovic (Serbie Junior 2007), qui concourut plus tard en 2013 avec les Moje 3, et puis pour elle-même en 2019 avec Kruna. Et comment ne pas parler de Destiny ? Gagnante de l’Eurovision Junior 2015 pour Malte. Elle offrit au pays une belle 7ème place l’an dernier avec Je me casse. En somme, l’Eurovision Junior peut être un vrai tremplin pour de futures graines d’eurostars.

N°6 : Ce sont toujours les mêmes pays qui gagnent.

En dix-neuf éditions (bientôt vingt), 12 pays ont remporté le concours. Le pays recelant le plus grand nombre de victoires n’en a en fait que 3 à son actif : la Géorgie (2008, 2011 et 2016). Suivent avec deux victoires, la Pologne (2018 et 2019), l’Arménie (2010 et 2021), la Biélorussie (2005 et 2007), Malte (2013 et 2015) et la Russie (2006 et 2017). Puis, il y a la France (2020), l’Italie (2014), l’Ukraine (2012), les Pays-Bas (2009), l’Espagne (2004) et la Croatie (2003). En comparaison, sur les 19 premières années de l’Eurovision adulte, la France avait déjà gagné 4 fois. Le Luxembourg, l’Espagne les Pays-Bas et le Royaume-Uni : deux fois ! Des statistiques de victoires assez semblables et comme le concours continue d’évoluer, il est évident que d’autres pays auront l’occasion de briller. Qui sait, peut-être qu’un nouveau pays remportera le trophée du JESC 2022 ?

N°7 : Le système de votes avantage certains pays.

Alors… Sujet épineux que voilà ! Depuis 2017 avec le système de vote mis en place, les pays à la fanbase la plus active (Espagne, Pologne, Pays-Bas…) seraient plus avantagées, dit-on. Le fait de pouvoir voter pour son propre pays fait débat (avec raison). Pourtant en 2021, Espagne et Pays-Bas n’ont pas exactement pu compter sur le télévote, de même que la Pologne en 2020. De même que la Russie n’a jamais vraiment pu compter sur le télévote malgré la grandeur du pays. Il faut croire que même avec les combines des eurofans les plus acharnés, c’est au final la musique qui compte.

N°8 : Les enfants sont toujours pros, issus de The Voice ou enfants de star.

Du côté de l’Albanie ou de la Russie, je ne dis pas. Les enfants de familles influentes sont souvent envoyés de la part de ces pays-là, il est vrai. Dans les années récentes, beaucoup de candidats sont effectivement issus de The Voice ou de télé-crochets. Il est vrai que même quand ils ne sont pas déjà dans le milieu, les jeunes candidats ont déjà un background musical (tantôt pratiquant le chant ou un instrument). On pourrait trouver cela dommage, mais cette expérience musicale davantage exacerbée donne à voir un beau spectacle, peut-être au détriment de l’amusement, mais qui remet en valeur le chant.

N°9 : Ce ne sont que les chansons « adultes » qui cartonnent.

Oui et non ! Il est vrai que le concours devient de plus en plus « sérieux », ressemblant de plus en plus au concours Senior. Pourtant, malgré la victoire de Anyone I Want To Be, Superheroes ou Qami Qami, celle de J’imagine prouve encore que l’esprit enfantin du JESC est toujours là. Sans compter les belles places de Tic Tac ou Bim Bam Toi. Je ne crois pas que les chansons plus « adultes » prennent trop de place. Je pense plutôt que les genres et les humeurs trouvent simplement un équilibre et s’apprécient à égalité.

N°10 : L’Eurovision Junior, un concours malsain ?

Voir des enfants (parfois assez jeunes) se produire sur scène dans une compétition pour défendre leurs pays, le concept (et l’enjeu auxquels les candidats sont exposés) fait parfois grincer des dents. Il faut savoir que la tranche d’âge des participants est très stricte et limitée. Ils doivent être âgés d’entre neuf et quatorze ans. Et malgré la compétition, jamais n’est omis le fait qu’avant tout, ce sont des enfants. À une époque, 12 points étaient offerts d’avance à tous les pays pour éviter le nul point aux enfants (ce qui, je vous l’accorde, aurait été un peu violent). De même aujourd’hui, la possibilité de voter pour son propre pays est aussi là pour éviter l’éventualité d’un zéro pointé. L’ambiance du Junior est aussi généralement très festive et colorée. Sans oublier les hymnes collégiales que partagent les candidats, chose absente du concours adulte. Le JESC est généralement assez feel-good, je n’y ai jamais vraiment entendu parler de dramas ou de polémiques. C’est un événement frais, une vraie parenthèse de positivité, et loin des inquiétudes et des idées reçues, c’est un vrai plaisir à suivre !

Et vous, chers lecteurs ? Y a-t-il une idée reçue sur l’Eurovision Junior que vous souhaiteriez démonter ? N’hésitez pas à vous exprimer en commentaire.

Musicalement,

Juliette.

Crédits photographiques : l’Eurovision Au Quotidien