Dans le deuxième article de cette petite série, nous allons nous concentrer sur l’estonien. Une petite langue bien sympathique.

L’estonien est une langue parlée par à peine plus d’un million de personnes, en Estonie majoritairement. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’estonien n’est pas une langue indo-européenne, mais une langue finno-ougrienne, ce qui la rapproche énormément du finnois et du hongrois.

Il se distingue des autres langues de cette famille car son système d’harmonie vocalique a été perdu au fil de l’évolution de la langue (et c’est la seule langue de la famille dans ce cas avec le livonien qui est une langue éteinte). Pour expliquer simplement : l’harmonie vocalique est, dans le cas spécifique des langues finno-ougriennes, le fait que dans un même mot on ne puisse retrouver que certains types de voyelles. Plus concrètement avec un exemple simple, en finnois les groupes de voyelles sont a/o/u et ä/ö/y et ces deux groupes ne se mélangent jamais dans un même mot (en dehors des mots composés). Le e et i sont neutres et peuvent se mélanger aux deux groupes. L’harmonie vocalique peut aussi se présenter sous d’autres aspects plus complexes (notamment en turc), d’où ma restriction à la famille de langue dont il est question ici.

L’estonien s’écrit avec l’alphabet latin, comptant 27 lettres. Mais il n’est pas tout à fait comme le nôtre… Voyez plutôt : « a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, š, z, ž, t, u, v, õ, ä, ö, ü ».  Sont absents c, q, w, x, y. Quant au z et au ž, leur place peut surprendre.

Les lettres « classiques » se prononcent comme en français (pensez à rouler vos r et à aspirer vos h). Le j se prononcera plutôt [j] comme en allemand et autres. š et ž sont comme en serbe (et tant d’autres) les équivalents de ch et j français. Quant aux quatre dernières, prononcez ä comme le a anglais de cat. Le ö et ü se prononcent exactement comme en allemand. Le plus compliqué reste le õ qui, rigoureusement, se prononce comme un o mais où la bouche n’est pas arrondie (c’est un son absent du français et donc qui peut être difficile). D’ailleurs pour ceux qui se demanderaient éventuellement, l’ancien système d’harmonie vocalique en estonien était a/o/u/õ et ä/ö/ü/e avec le i neutre.

Bien, j’espère avoir satisfait les plus assoiffés de connaissance de mes lecteurs ! Mais passons à la musique ! L’estonien a été interprété sept fois à l’Eurovision, à chaque fois par l’Estonie (sans véritable surprise). La première chanson à avoir été interprétée dans cette langue est Nagu Merelaine par Silvi Vrait en 1994.

La chanson la plus récente à avoir été chantée en estonien est Et Uus Saaks Alguse de Birgit Õigemeel en 2013.

Parmi les grandes chansons marquantes en estonien, on retiendra bien sûr Kuula, de ce cher Ott Lepland en 2012.

Ainsi que Rändajad de Urban Symphony en 2009.

Plus ancien, peut-être un peu moins marquant, mais c’est quand même le meilleur résultat d’une chanson en estonien (5e), c’est Kaelakee hääl de Marjaa-Liis Ilus et Ivo Linna en 1996.

Maarja-Liis qui est d’ailleurs retournée l’année suivante, en 1997, pour rapporter la 8e place avec Keelatud maa.

Il est assez remarquable de constater que toutes les chansons en estonien ont été finalistes (certes depuis 2004 il n’y en a eu que 3 mais bon). Aussi, sur les huit, cinq ont atterri dans le Top 10, les exceptions étant Nagu merelaine (24e), Et uus saaks alguse (20e) ainsi que Mere lapsed de Koit Toome en 1998 (12e). Et je vous présente donc cette chanson, qui est la dernière de la liste.

Voilà ! Pour moi, resteront toujours dans mon cœur Kuula et Rändajad. Ce sont vraiment les plus marquantes pour moi.

La semaine prochaine je vous donne rendez-vous avec une langue germanique officielle dans exactement deux pays (et là il n’y a qu’une seule solution possible). D’ici là, bon weekend à vous !