Nombreuses sont les personnes à qui adresser nos pensées en cette année 2020 : les victimes de catastrophes naturelles, d’accidents, de crimes, de crimes de masse, de persécutions, de discriminations ou encore de violences physiques et morales. Aussi, toutes les victimes de la crise sanitaire mondiale causée par ce nouveau coronavirus : les défunts, leurs familles, leurs proches, les personnels médicaux, ainsi que toutes les personnes exposées en première ligne.

À maints égards, 2020 s’apparente à une annus horribilis. L’Eurovision au Quotidien tente, chaque jour, avec ses modestes moyens, de vous apporter quelques moments de légèreté, de gaieté et de musique. Nous espérons ainsi vous distraire de l’actualité, ne fut-ce que cinq minutes chaque jour. Aujourd’hui, cependant, nous ferons une exception, une exception annuelle : nous solliciterons cinq minutes de votre temps pour penser à Zelimkhan Bakaev. Comme nous le soulignons chaque 8 août, c’est à la fois peu et beaucoup.

Pour rappel, le jeune homme n’a plus donné le moindre signe de vie depuis le 8 août 2017. Aucune enquête n’a abouti, personne n’a été inquiété, la vérité est demeurée enterrée. Selon l’hypothèse la plus vraisemblable, Zelimkhan aurait été arrêté, emprisonné, torturé et mis à mort dans le cadre de la persécution étatique organisée en Tchétchénie à l’encontre des minorités sexuelles. Les autorités tchétchènes nient toute implication et rejettent la faute de sa disparition sur sa famille.

Nos moyens d’action n’ont guère crû depuis l’an dernier. Nous ne pouvons rien. Si ce n’est nous souvenir de Zelimkhan. Ne fut-ce que cinq minutes par an. Il vivra ainsi éternellement dans nos cœurs et dans nos âmes. Nous vous rappelons donc sa biographie :

Zelimkhan Khoussainovich Bakaev naît le 23 avril 1992, à Grozny, capitale tchétchène. Son enfance est marquée par deux guerres : celle de 1994-1995 et celle de 1999-2000. Les troupes russes envahissent la Tchétchénie à deux reprises pour écraser les rebelles indépendantistes. La situation du pays ne se normalise qu’à partir de 2005. Le président indépendantiste Aslan Maskhadov est assassiné le 8 mars, plongeant la rébellion dans l’incertitude. Moscou en profite et nomme à la tête du pays, Ramzan Kadyrov, favorable au maintien de la Tchétchénie au sein de la Fédération de Russie.

De son côté, Zelimkhan se découvre dès son plus jeune âge une passion pour la musique et le chant. Il souhaite en faire son métier. Durant un an et demi, il travaille au département de la culture de la mairie de Grozny. Il intègre ensuite l’ensemble Stolitsa, corps de chant et de danse. Il y est soliste. Sa carrière débute ainsi sur les scènes locales tchétchènes, puis il se produit dans les républiques voisines d’Ingouchie et du Daghestan. Son répertoire comprend des chansons tchétchènes et russes.

En 2013, il participe au concours musical Assa, organisé conjointement en Tchétchénie et en Ingouchie et ouvert aux artistes débutants. Il rencontre ses premiers succès musicaux avec ses chansons Мичахь хьо лела безам, Доьхна Дог et Нана. Sa notoriété est dès lors importante dans les républiques russes du Caucase.

En 2017, il part pour Moscou, afin de s’inscrire au casting de l’émission Fabrika Zvyozd, version russe de la Star Academy. Celle-ci est diffusée par la chaîne Muz-TV et en est à sa dixième saison. Le 8 août 2017, Zelimkhan revient à Grozny et disparaît complètement.

Et voici à présent quelques unes de ses prestations, pour que sa voix résonne par delà la mort et l’oubli :

Nous vous remercions pour votre attention et vos pensées. Continuez à prendre soin de vous.