Regardez bien ce visage :

Ce visage est celui de Ramzan Kadyrov, président de la république de Tchétchénie. Ce visage souhaite deux choses. Primo que vous ne lisiez pas cet article, que vous détourniez votre attention sur des sujets plus légers et anodins, que vous oubliez Zelimkhan Bakaev, que son nom se perde dans l’oubli. Secundo, si vous appartenez à une minorité sexuelle, que vous mouriez. De préférence, rapidement et douloureusement. De préférence, de la main de votre propre famille. Par défaut, par l’action concertée et organisée de votre état.

Voilà ce que veut ce visage. La configuration actuelle du monde l’empêche pour l’instant de vous atteindre, de vous arrêter et de vous enfermer dans un camp de concentration jusqu’à ce que mort s’ensuive. Pour l’instant. Mais qui sait ? Certains représentants élus démocratiquement dans nos pays francophones de référence (Belgique, France et Suisse) sont d’avis de révoquer les droits accordés aux minorités sexuelles et de les réléguer au rang de citoyens de seconde zone, avant d’en disposer définitivement. Alors…

Dans l’attente, ce visage nettoye consciencieusement son pays de toute minorité sexuelle. Un nettoyage par le vide, un nettoyage implicitement approuvé par son autorité de tutelle, le président de la Fédération de Russie, un nettoyage confortable et sans remous… du moins aux yeux de la communauté internationale, qui les détourne. Après tout, la Tchétchénie, c’est petit, c’est loin, c’est inutile. Et puis, les minorités sexuelles…

Voilà à peu près où nous en sommes, deux années après la disparition de Zelimkhan Bakaev (ci-dessus). Le jeune homme n’a plus donné le moindre signe de vie depuis le 8 août 2017. Aucune enquête n’a abouti, personne n’a été inquiété, la vérité est demeurée lettre morte. Ce visage s’en félicite : sa politique de destruction est une réussite et lui-même poursuit son règne dans l’impunité la plus totale.

Que faire ? Que faire lorsque l’on est un amateur de musique et d’Eurovision devant son écran ? Que faire lorsque l’on ne dispose que de ressources limitées ? Que faire lorsque l’on se sent impuissant face à pareille horreur ? Une première étape est d’y penser, de penser à Zelimkhan Bakaev, de penser aux minorités sexuelles de Tchétchénie, de penser aux minorités sexuelles opprimées partout dans le monde. C’est peu et beaucoup à la fois. C’est déjà ça..

Une seconde étape est de s’engager. Les plus généreux et les plus dévoués d’entre vous se tourneront vers l’association qui vient en aide à ces minorités sexuelles en danger : Urgence Homophobie. Votre contribution prendra la forme de dons d’argent, de temps et d’autres ressources personnelles. Le don suprême sera d’accueillir chez vous des réfugiés s’étant exilés pour sauver leur vie.

Ainsi, pour une année encore, nous aurons agi à notre modeste et petite échelle. En conclusion, nous vous recommandons le vidéoclip choc de David Coudyser, mis en ligne ce 3 août, qui dénonce l’horreur tchétchène. Littéralement près de chez nous…