Nous sommes encore bien loin de ce samedi 18 mai 2013, notre second Noël. Et pourtant, la planète Eurovision tourne à plein turbo. Des pays s’engagent dans l’aventure, d’autres hésitent à franchir le pas tandis qu’en Suède, on prépare l’événement comme il se doit.

 

Une France qui s’intéresse au « cas Portugal »

Seuls ceux qui habitent une planète éloignée de la nôtre ne sont pas encore informés. Alors amis extra-terrestres, sachez-le : le Portugal ne participera pas à l’Eurovision 2013.

Curieusement, cette décision a attiré tous les médias français comme des mouches sur une viande avariée. L’info a même eu droit à un sujet dans un journal télévisé de grande écoute.

« Le Portugal jette l’éponge » pour le Figaro ; « Le Portugal privé d’Eurovision faute de budget » pour La Tribune ; « Faute de caisse vide, le Portugal renonce à l’Eurovision » pour BFMTV… j’en passe et des meilleurs.

Je m’interroge sur le pourquoi d’une telle couverture médiatique, alors que le désistement de la Pologne ne semble émouvoir personne. Sans doute parce que le Portugal est un pays « historique » de l’Eurovision. Il participe depuis les années 60 et son retrait est perçu comme une crise au sein du Concours Eurovision. On se dit : La Pologne d’abord, et maintenant le Portugal… qui sera le prochain ?

Parler de l’Eurovision hors saison dans la presse française n’est pas un acte gratuit. Les médias y voient un moyen de mettre en exergue le problème du coût financier de l’événement de l’année, problème qui revient comme un leitmotiv à chaque fois qu’on mentionne le Concours dans un article de presse.

Bon. OK. C’est cher l’Eurovision. On a bien compris ! Mais personne n’a osé dire qu’un grand joueur de foot suédois venu récemment en France pourrait financer l’événement avec seulement un an de son salaire !

Pour en revenir au Portugal, ce n’est pas tant le coût de la participation qui dérange. Après tout, participer à l’Eurovision équivaut à acheter une émission de télévision ou une fiction, et revient beaucoup moins cher qu’une production locale. Ainsi le « Festival da Cançao » qui servait de sélection au Portugal aurait coûté beaucoup plus à RTP que sa participation à Malmö.

La grosse peur, c’est de gagner et de devoir organiser le Concours l’année suivante. Et c’est principalement ce qui freine les télévisions hésitantes.

Finalement, l’humilité de la SVT face à l’organisation 2013 aura peut-être du bon et prouvera qu’avec un budget équivalent au salaire annuel d’un footballeur suédois, on peut s’en sortir.

Souvenez-vous : en 2010, après le colossale Concours de Moscou, il n’y avait que 39 pays sur la ligne de départ à Oslo. Et après le simple et classe Concours norvégien (qui aura coûté moitié moins cher que celui des russes), ils étaient 4 de plus à se porter candidats à Düsseldorf en 2011. Y a-t-il un lien de cause à effet ?

Mais si qu’elle va participer la Grèce !

Toujours est-il qu’après le démesuré Concours de Bakou, un grand pays annonce qu’il ne revient pas et un autre qu’il ne participera pas. De plus, il se murmure que Chypre et Grèce pourraient jeter l’éponge en 2013, toujours pour les mêmes raisons financières.

Le retrait probable de la Grèce (réclamé par les manifestants et la porte-parole du gouvernement grec) ne manquera pas d’alimenter de nouveau la presse et la confortera dans ses positions.

Il devient donc urgent pour le Concours Eurovision de retrouver son âme d’antan et de nous proposer une émission plus simple, beaucoup moins coûteuse et où la chanson retrouverait toute sa place, afin de ne pas démoraliser les futurs gagnants qui n’auraient pas d’énormes moyens financiers à déployer, et de ne pas faire fuir d’autres pays.

Melodi Skandalen

On connaît maintenant les 32 artistes qui vont concourir à la plus célèbre sélection nationale d’Europe, à savoir le Melodifestivalen.

4 demi-finales, une épreuve de seconde chance et une grande finale au prestigieux Friends Arena tout récemment inauguré par la Princesse Victoria, et au bout de ce parcours du combattant : la chanson qui succédera au hit « Euphoria ».

Allez, les amis… on se reprend !

Ce n’est pourtant pas les concurrents fraichement promus qui font la une de la presse à scandale en Suède, mais les présentateurs de l’émission : Gina Dirawi et Danny Saucedo. Tous les deux ont d’ailleurs reçu un avertissement de la part de la SVT.

Gina avait déjà fait parler d’elle l’année dernière lorsqu’elle avait comparé le gouvernement israélien à Hitler.

Cette fois, la jeune femme a dû expliquer pourquoi, sur son blog, elle a vivement recommandé la lecture du dernier livre de Lasse Wilhelmsson « Är världen upp och ner ? » (Le monde tourne-t-il à l’envers ?). Qui a-t-il de mal à cela, me direz-vous. Eh bien, ce fameux auteur suédois est réputé pour être antisémite.

La présentatrice du Melodifestivalen a rapidement fait ses excuses, expliquant que le livre lui avait été donné et qu’il semblait tellement ennuyeux qu’elle ne l’avait même pas lu. Pourquoi en avoir fait la promotion sur son blog, dans ce cas ?

Danny aussi y a été de sa petite maladresse. Une vidéo du chanteur circule, où nous le voyons en plein entraînement physique. Et lorsque son coach lui demande de travailler plus sérieusement et de forcer un peu plus, Danny emploie un mot à caractère raciste à son égard.

Le chanteur s’est excusé et expliqué dans la presse. Selon lui, le mot qu’il a employé a été sorti de son contexte. Bon, on veut bien le croire.

Croatie 2013 : du traditionnel

La Croatie a participé à tous les concours Eurovision depuis 1993

Pour 2013, la Croatie fait dans l’originalité. En effet, elle n’a pas encore sélectionnée son interprète, ni sa chanson mais… son style musical. C’est décidé : c’est de la Klapa que l’on entendra à Malmö. La sélection se fera en interne. Il suffit d’avoir seize ans révolus et d’être un citoyen croate pour soumettre une chanson. Un jury composé de trois membres sélectionnera celle qu’il pense être la meilleure, ainsi que deux autres qui seront mis sur le banc de touche, au cas où la première ne correspondrait pas aux critères d’éligibilité du Concours. Ce n’est qu’après le choix de la chanson que se fera le choix de l’interprète, toujours en interne. Il est désormais loin le bon vieux temps du « Dora ».

Mais quel style de musique est la Klapa ? Monsieur Wikipédia nous répond : « La Klapa est un ensemble de chant a cappella, traditionnellement masculin, répandu en Croatie. Traduit littéralement, le mot « Klapa » signifie un « groupe de gens ». Cette forme de chant a ses racines dans le chant d’église du littoral croate. Les chansons célèbrent, en général, l’amour, le vin, la patrie et la mer. Les principaux traits de caractère de ce type de chant sont l’harmonie et la mélodie ; le rythme est très rarement rapide.

Une klapa consiste en : un premier ténor, un second ténor, un baryton et une basse. Il est possible de doubler toutes les voix sauf le premier ténor. Bien que la klapa soit une forme de chant a cappella, il est occasionnellement possible de l’accompagner d’une guitare et d’une mandoline. »

Et sinon…

La Roumanie confirme sa présence en 2013 et organisera comme souvent une sélection nationale pour désigner son candidat.

La Serbie a déjà des projets pour sa propre sélection. « Beosong 2013 » consistera en deux shows : une demi-finale et une finale les 2 et 3 mars prochain. Une quinzaine de chansons disputeront la demi-finale et cinq candidats seront choisis par le public via SMS pour la grande finale.

Il aura à peine fallu 29 minutes pour vendre tous les billets disponibles pour la finale du 18 mai. Il restera encore cependant des places qui seront mis en vente. Il faudra attendre que soit décidée la mise en place du dispositif technique de la salle.

Ami lecteur, si toi aussi tu as souffert de l’élimination de Lorie dans Danse avec les Stars jusqu’à n’en plus dormir la nuit, alors laisse tomber la finale et regardes-en une autre : celle du Concours Eurovision Junior. Il paraît que c’est ce soir.

RIP Juan Carlos Calderón

On termine par un hommage : Juan Carlos Calderón nous a quitté à l’âge de 74 ans. Il avait composé quatre chansons pour l’Espagne à l’Eurovision. La plus célèbre reste « Eres Tu ». Interprétée par le groupe Mocedades en 1973 (deuxième à Luxembourg), elle a marqué l’histoire du Concours Eurovision de la chanson, devenant l’une des très rares chansons hispaniques à avoir atteint le top 10 du fameux billboard américain.

Bon week-end !