Temps fort de la saison, les previews organisées par Eurofans – OGAE France réunissent chaque année plusieurs dizaines de personnes à Paris afin de désigner nos favoris de l’édition du concours en cours. Kris et moi (Rémi) y étions, et je vais essayer de vous raconter tout ça en détails (ou presque).

Samedi 13h45. Kris et moi, nous voilà Paris 9ème, destination la mairie d’arrondissement, qui accueille depuis l’année dernière les previews. Une fois nos noms cochés sur la feuille de présence et nos poignets ceints d’un bracelet vert fluo, c’est dans la très belle salle Rossini que nous nous installons pour une première après-midi durant laquelle nous nous apprêtons à découvrir les deux demi-finales selon un ordre de passage décidé par l’organisation. Feuille de vote à la main, c’est ensuite à partir d’un QR code que nous voterons sur un formulaire en ligne pour désigner, tels des jurés, nos dix favoris de chacune des demies, attribuant nos points façon Eurovision. L’occasion de tâter le terrain à six semaines de l’Eurovision, en étant de surcroît les premiers à avoir le privilège de délivrer notre verdict au sein de la famille OGAE International.

« Ça doit coûter cher en cuir. »

(Rémi, à propos de l’Allemagne)

Après avoir retrouvé les amis de Turin (avec qui j’avais préalablement fait une virée mémorable au Hellfest Bar la veille, où Lord Of The Lost a été durement négocié à coups de shots) et une vidéo d’introduction réalisée par le bureau d’Eurofans (avec Alexandra Redde-Amiel, Fabien Randanne, Julien Migaud-Muller ou encore 21 Juin le duo en guests), place à la première demi-finale, de l’avis de tous largement la plus compétitive. Nouveauté de taille : les chansons sont cette année introduites par les commentaires en live de Fred, notre collègue d’EFR12, dont la voix résonne dans la Salle Rossini pour le grand bonheur des eurofans.

(Photo prise avant le début des previews)

Sans surprise, le trio scandinave Suède, Finlande, Norvège reçoit un très gros accueil des eurofans français (particulièrement Käärija, dont le CHA CHA CHA du refrain se révèle diabolique – attention au télévote), tandis que l’Irlande, l’Azerbaïdjan, les Pays-Bas ou encore la Croatie laissent globalement de marbre (sauf Régine, dont les croates figurent parmi les favoris). La demi-finale est entretemps coupée d’une vidéo dans laquelle on découvre, depuis 1998, le classement final à l’Eurovision des vainqueurs des previews françaises. Effet Parlez-vous français ?, on découvre ainsi qu’Evridiki (2007) et Zoë (2016) avant remporté les suffrages des eurofans tricolores, qui ont par ailleurs rarement donné leurs 12 points aux vainqueurs finaux. Pour mémoire, c’était l’Italie de Mahmood et Bianco qui avait l’année dernière triomphé aux previews françaises.

Après une pause printanière dans les jardins de la mairie, c’est un interval act de grande qualité qui nous a été offert par nos amis belges Tony Blanchard et Pierre-Julien Roger d’OGAE Belgium. Le fan club officiel du plat pays organise chaque année à Malines le très prisé So You Think You Can Win Eurovision, un concours où les eurofans peuvent exécuter une prestation libre sur un eurotube de leur choix. C’est sur Répondez-moi de Gjon’s Tears que le duo avait remporté la victoire l’année dernière, pour une prestation mémorable de poésie et d’humour que nous avons eu la chance de découvrir à Paris.

Place ensuite à la deuxième demi-finale et, là aussi, avis plutôt unanime : force est de constater qu’on s’ennuie ferme face à l’enchaînement peu dynamique de titres somme toute assez banaux ou moyens. Lisbonne 2018, ça vous dit quelque chose ? On y est en plein dedans. Cela ne m’étonnerait même pas que le haut du classement soit trusté le soir de la finale par la demi-finale 1, là où la seconde risque, sur le papier, d’avoir fort à faire pour s’imposer auprès des téléspectateurs et des jurys nationaux. Comme en 2018, en somme (où le premier pays issu de la demi-finale 2 avait terminé 7ème le soir de la finale). Ce qui n’a pas empêché le buzz autrichien de se déplacer jusqu’à la Salle Rossini à coups de « Poe Poe Poe Poe Poe Poe » et notre voisin belge Stephan de cartonner avec son Because Of You qui pourrait bien créer la surprise en mai. Pour le reste, pas d’engouement particulier, si ce n’est pour la Slovénie, par ailleurs très appréciée des eurofans.

Nouvelle et courte pause pour voter, avant de se retrouver en salle pour une surprise de taille puisqu’Eurofans avait convié deux invités exceptionnels : nos deux vainqueurs de l’Eurovision Junior, Valentina (2020) et Lissandro (2022) ! Micro de Cristal en main, et accompagnés de leurs familles respectives, ce fut pour eux l’occasion de revenir sur leurs victoires respectives, de se projeter sur l’après et de donner quelques conseils à La Zarra avant une séance photo avec les eurofans. Mais aussi de découvrir le lip dup spécialement réalisé par les eurofans sur J’imagine et Oh Maman !

De quoi conclure la journée en beauté, avant de se retrouver le soir au Macareux pour la traditionnelle soirée dansante, où Fuego, J’ai cherché, CHA CHA CHA et SloMo auront enflammé la piste de dansante. Sans oublier ce jeu sous forme de QCM qui nous a permis de gagner une conso offerte par Eurofans et d’enchaîner collectivement les 9/10 avec des questions telles que l’ordre de passage de Marie Myriam à l’Eurovision 1977, le nombre de chansons en langues celtiques à avoir pris part à l’Eurovision (réponse : 12) et au Junior, ou encore le nombre de points qu’il aurait manqué à Barbara Pravi pour décrocher la victoire (attention, question piège).

« On a voulu les Daft Punk [en Irlande], mais on n’avait pas le budget. »

(Kris)

Dimanche, retour à la Salle Rossini pour LE grand jour. Après un récap de la journée d’hier, place à la découverte des 26 finalistes, les cinq du BIG 5 (dont la France, pour laquelle nous ne pouvons évidemment pas voter), l’Ukraine tenante du titre et co-organisatrice et les vingt qualifiés des demi-finales que nous avons choisi la veille et qui s’apprêtent à nous être dévoilés, sans réelle surprise à l’horizon quant à l’identité des qualifiés (hormis peut-être la Lituanie, que je n’attendais pas particulièrement). À noter l’accueil divisé de l’Espagne et l’instant de gloire de Régine avec un Blood And Glitter légendaire pour notre amie tarnaise, décidée à faire la chasse aux points pour les allemands. Changement dans le système de vote : les eurofans ont été répartis en 24 jurys nationaux, chacun dotés d’un porte-parole que nous avions pour mission de trouver afin de lui communiquer nos points. Tandis que Kris était membre du jury islandais, j’étais pour ma part membre du jury roumain.

Pause, et petit revival sur l’écran avec les performances françaises qui ont marqué l’histoire de l’Eurovision, et parmi elles celles de Catherine Ferry (1976 – que nous avions interviewé en 2020), Joëlle Ursull (1990), Amina (1991), Sandrine François (2002), ou encore Corinne Hermès (1983 pour le Luxembourg – que nous avions également interviewé en 2020). Ce avant l’arrivée de la Reine …

… Puisque que, fidèle à une tradition instaurée en 2013 avec Amandine Bourgeois, la représentante française, La Zarra, est venue à la rencontre des eurofans ! Accueillie comme il se doit par le public de la salle Rossini, notre eurostar a ensuite répondu aux questions de Stéphane Chiffre, président d’Eurofans-OGAE France, et Benoît Blaszcyk, secrétaire général de l’association, par l’intermédiaire desquels les eurofans avaient également pu poser leurs questions au préalable.

Honorée de marcher dans les traces de ses compatriotes Céline Dion et Natasha St-Pier, celle qui a été bercée par sa mère au son de L’oiseau et l’enfant de Marie Myriam a de nouveau annoncé la couleur : elle est là pour gagner. Si elle n’a pas dévoilé de détails sur le staging de la performance, elle a confirmé que ce qui nous attend va être surprenant et grandiose. Sur la scène de Liverpool, les codes du personnage de La Zarra seront entièrement respectés d’autant plus que « dans [son] cas, Too Much n’est pas assez « .

« Alexandra m’a cherchée, et elle m’a trouvée »

(La Zarra)

Au cours d’une interview non dénuée d’humour de sa part, La Zarra est aussi revenue sur sa rencontre avec France 2 et l’Eurovision. Déjà approchée par la délégation par le passé, l’artiste – qui venait de débuter sa carrière et n’avait pas encore sorti son premier album – ne se sentait pas alors prête. C’est autour d’un dîner avec Alexandra Redde-Amiel, cheffe de délégation (absente ce dimanche) que les choses se sont faites, ARA ayant compris l’artiste qu’est La Zarra et les deux femmes partageant la même vision. Choisie sans chanson, la désormais eurostar s’est alors lancée dans une quête stressante, qui a finalement abouti à l’écriture d’une seule et unique chanson : l’évidence Evidemment.

Après avoir rendu hommage à son équipe artistique (Alexia « qui me rend présentable », sa coiffeuse), La Zarra a évoqué sa collaboration de mode avec Didier et Angelo, qui l’habilleront pour Liverpool, évidemment. On apprend aussi que l’artiste a la chanson d’être chaussée par Louboutin, mais qu’il ne s’agit que d’un prêt, « parce que je n’ai pas les moyens de les acheter » ajoute t-elle en riant. Et également qu’elle fera garder ses chats sphinx dans un hôtel pour chats malgré la proposition de Régine de se faire La Zarra’s cat sitter d’une semaine !

« J’ai besoin d’être Fatima pour devenir La Zarra. »

(La Zarra)

Questionnée sur le lip synch réalisé par la drag queen Maxxy Rainbow sur Évidemment, La Zarra a dévoilé sa proximité vis-à-vis de la communauté drag. Habituée de la Drag Me Up (présentée par Cookie Kunty, qu’elle adore – et moi avec !) et très inspirée par les drags dont elle admire l’imagination et la créativité, l’artiste y trouve le droit d’y être La Zarra sans jugement. Elle-même a parfois l’impression de se mettre en drag quand elle devient La Zarra.

2023 risque d’être décidément l’année de La Zarra puisque, outre sa quête de la victoire à l’Eurovision, l’artiste travaille sur son deuxième album. Toujours à l’écriture aux côtés de Benny Adams, celle qui s’avoue être incapable de chanter si ça ne vient pas d’elle (y compris pour les chansons écrites par d’autres) a révélé que son opus sera plus « dansant » et plus « fun » que le premier, davantage portée sur la mélancolie.

Tandis que 80 fans feront le déplacement à Liverpool par le biais d’Eurofans – OGAE France, La Zarra attend de nous rien de moins que « de la propagande » ! La France est là pour gagner, à nous de montrer sa force, et qu’on porte cette année La Grande France grâce à la candidature de notre représentante ! D’ailleurs comment dit-on « bonne chance » en québécois ? Réponse de l’intéressée : « Vous savez, au Québec, on parle français ! » (rires).

Après l’interview, La Zarra a rencontré pour la première fois les vainqueurs français de l’Eurovision Junior, Valentina et Lissandro, avant d’offrir au public une mémorable leçon sur la chorégraphie d‘Evidemment !

https://www.tiktok.com/@euroquotidien/video/7214902009479105818

Place ensuite au temps de la séance photo pour les eurofans, qui ont dû affronter une belle file d’attente pour pouvoir approcher notre eurostar. Chaleureuse et très accessible, La Zarra était sincèrement ravie de partager cette rencontre, et cela s’est pleinement senti dans le temps qu’elle a accordé à chacun malgré le monde qui se pressait au pied de la scène. Tous avons eu droit à un petit mot – pour ne pas dire un long ! -, une accolade, une pose dans le style La Zarra, avec la générosité et la naturel d’une artiste à mille lieues des artifices.

Et les 12 points vont à…

Fin de la journée avec le dévoilement du classement des eurofans français et donc des premiers points de l’OGAE Poll, la France inaugurant une nouvelle fois la longue série des révélations.

12 pointsSuède
10 pointsNorvège
08 pointsFinlande
07 pointsAutriche
06 pointsItalie
05 pointsBelgique
04 pointsIsraël
03 pointsRépublique Tchèque
02 pointsSlovénie
01 pointEstonie

Sans surprise, les 12 points des eurofans français ont été attribués à la Suède, qui devance de manière assez surprenante la Norvège (qu’on n’attendait pas si haut) et la Finlande (que nous attendions pour le coup plus haut, ce qui n’a pas été sans susciter de fortes réactions dans la salle). Un top 10 dans lequel émergent de manière également surprenante (à nos yeux) la Belgique, qui décroche cinq points, et l’Estonie, qui décroche de justesse 1 point pour … un petit point devant le Royaumle-Uni. Surprise également de voir l’Espagne hors du top 10 (mais la proposition semble cliver les eurofans français), tandis que l’Ukraine clôt très largement la marche.


C’est ainsi que se termine alors un week-end d’une belle intensité, conclu avec un petit groupe sur une terrasse des Grands Boulevards. L’occasion de se donner rendez-vous au prochain évènement, auquel on a hâte d’assister avec impatience, car ces moments de rencontre sont de l’or, tellement les occasions de se croiser restent somme toute assez rares, d’autant plus lorsqu’on est éparpillé à travers la France. Les previews font ainsi partie du cercle fermé de ces instants où l’on se réunit, nous eurofans, autour d’une même passion qui reste malheureusement très souvent incomprise de nos autres cercles de sociabilité, qui plus est dans un pays loin d’être eurofan et dans lequel le concours reste souvent perçu à l’aune du péjoratif malgré le travail des fan médias et de certains journalistes eurofans, d’ailleurs présents en ces deux jours, qui ont à cœur de donner une autre image de l’Eurovision à la France.

Outre l’excitation de pré-voter pour l’édition en cours, les previews, ce sont des retrouvailles avec les copains (Régine, Stéphane, Manu, Michael, David, la merveilleuse team En Route – Christophe, Hervé, … – mais Fred, où étais-tu ?), des rencontres avec des personnes que l’on n’aurait peut-être jamais croisé ailleurs, des découvertes, des moments d’échange avec les collègues (Fred et Chris d’EFR12 radio pour ne citer qu’eux) et avec les lecteurs (Pauline H., Fabien, Jean-Michel, …). Bref, voilà là la magie de l’humain. Puissent ces moments sur la planète Eurovision France se multiplier par les cent mille années de vie que l’on souhaite à Mercy.

Un grand merci à l’équipe d’Eurofans-OGAE France pour l’organisation de ce week-end de previews, qui représente un travail logistique considérable. Merci à vous, Stéphane C Benoît, Ethan, Stéphane K., Elizabeth, Nicolas, Sébastien, Philippe, Frédéric, Claude, François, Dhia et Farouk pour votre accueil et pour cette réunion annuelle des eurofans français, que c’est toujours un plaisir de rejoindre.

Merci à toi, La Zarra, pour cette rencontre magique avec les eurofans, qui nous a autant touché que toi tu nous as avoué l’être, transportée par l’amour que l’on te donne, et que tu nous rends à monts et merveilles. Cela ne fait que renforcer la fierté et l’honneur de défendre une artiste talentueuse sous les couleurs de la Grande France.

Quant à nous, on se retrouve tous les jours sur l’Eurovision au Quotidien, mais avant ça, un petit mot de La Zarra pour conclure.

https://www.youtube.com/shorts/liddNYrpgkg