J-2 avant la finale du Melodifestivalen 2021, et plus que quelques heures pour participer au grand vote de l’EAQ pour désigner VOTRE vainqueur ! Les pronostics des un.e.s et des autres vont bon train, les bookmakers s’affolent, …

Et pendant ce temps, du haut de son inatteignable trône que même Cascada n’est pas parvenu à fragiliser d’un Glorious iota et que la déesse Conchita Wurst continue de convoiter malgré l’opposition d’innombrables fins de non-recevoir, Loreen observe la situation avec attention. Elle ausculte, prends le pouls, décortique, écoute et réécoute, s’interroge, s’enthousiasme, demeure perplexe. On la voit, on ne la voit pas … On ne la voit pas, on la voit. Bref, ainsi parlait Loreen.

Au fur et à mesure que s’est dévoilée la concurrence, les choses ont changé… mais les fleurs n’ont pas fané. Du moins pas complètement. Dans la droite lignée de son reflet, qui reste celui exclusif de son rédacteur, Loreen a procédé à quelques ajustements. De là à bousculer ses favoris des demi-finales ? Réponse ci-après.

CommentairesLoreen

Danny Saucedo – Dandi DansaDanny 2012 vs Danny 2021, ce sont certes quasi dix ans de plus, mais avant tout la perpétuation d’un véritable showman qui s’empare de la scène et y met littéralement le feu. Sur le plan musical par contre, il y a eu du mouvement : entre l’électro-pop très produite et la pop-disco rétro-vintage (et en suédois en plus), il y a un monde ! Cela donne un titre agréable, entraînant et rythmé, à la mise en scène plutôt cool, mais d’un calibre inférieur aux contributions qu’a pu nous offrir Danny par le passé et qui lui empêche de dépasser le stade du sympathique. Pour l’Eurovision en tout cas, ce sera non

Klara Hammarström – Beat of Broken HeartsQue dire qui sorte de l’ordinaire pour un titre « pop, agréable, sympathique, au refrain doté de sa petite efficacité, formaté scandi-pop comme 1 500 autres avant lui, mais tout de même, ce n’est pas mal sans casser trois pattes à un canard » ? Et bien pas grand chose, si ce n’est qu’en dépit d’un seul en scène casse-gueule que Klara Hammarström assure avec aisance, Beat of Broken Hearts est de ces petits titres qui font leur petit effet sur le moment, qu’on est quand même content de retrouver en finale mais sans l’envie de plus.

Anton Ewald – New ReligionQuel serait le résultat si Anton Ewald savait chanter ? Nul ne le saura, tellement les choeurs pré-enregistrés couvrent ses faiblesses vocales. Ce qui est par contre sûr, c’est que la performance scénique est très réussie (et chorégraphiée par l’artiste lui-même) et qu’elle sert bien un titre bien produit et nettement plus abouti que les deux précédentes propositions qu’Anton Ewald avait défendu au Melfest. Ce n’est pas LE titre et dans le genre, on a connu plus marquant ici et ailleurs, le tout est qu’à défaut de s’inscrire durablement dans les esprits et de révolutionner la scène musicale, ça fait très bien le job
The Mamas – In The MiddleJe serais presque tenté de dire que The Mamas pourrait nous chanter une publicité de MIKIT (vous savez, le perroquet, les maisons en kit…) qu’elles exploseraient le truc ni une ni deux et en feraient de la poudre à paillettes qu’elles dissémineraient parmi le public. Car The Mamas, ce sont avant tout des voix, une magnifique présence sur scène, et une incroyable capacité à illuminer l’environnement de leur lumière. Comparé à Move, il manque à In The Middle l’accroche de la première écoute et le décollage censé propulser tout droit vers la puissance. Il n’en reste pas moins que The Mamas mériteraient largement leur seconde chance et que ce titre leur permettrait de bien figurer à Rotterdam

Paul Rey – The Missing PiecePas de changement radical en vue du côté de Paul Rey, qui a fait le choix de la constance, tant entre l’édition précédente et cette année qu’entre la demi-finale et l’Andra Chansen. On est pile dans le style de pop actuelle qui me parle et me séduit. Qu’il manque un soupçon de marquant à cette proposition (notamment au niveau du refrain), c’est certain. Il n’en reste pas moins qu’à défaut d’avoir le force nécessaire pour pouvoir porter la Suède au plus haut à Rotterdam, l’ensemble m’est vraiment sympathique et agréable

Charlotte Perrelli – Still YoungLa Perrelli est indéniablement LA Reine de ce Melodifestivalen, et même LA Reine tout court (Drottningen en suédois). Still Young est mon plaisir coupable assumé au grand jour, parce que je suis une eurodiva et fière de l’être – et admiratif de l’extraordinaire show-woman tant sur le plan de la stricte performance que de la voix, et surtout pour le message. Voir Charlotte Perrelli critiquée de par son apparence, chanter haut et fort qu’elle est là et qu’elle est « Still Young » dans un concours – et par extension une scène musicale et une société – qui tend à reléguer les femmes de plus de quarante ans au profit des jeunes artistes masculins de moins de trente ans et beaux gosses (pour résumer), bah moi j’aime ça, et je m’incline. Même si j’ai bien conscience que c’est l’un des titres à ne pas envoyer au concours, car trop kitsch

Tusse – VoicesLa Suède a trouvé en Tusse sa Nouvelle Star, et pas qu’au sens littéral du terme. Le jeune artiste est pétri de talent et d’un charisme incomparable, qui lui permettrait de sublimer n’importe quelle insipidité. Sauf qu’il serait dommage de cantonner le chanteur à ce rôle là où des titres à sa hauteur lui permettraient d’attraper les étoiles sans filet. Et c’est pile le dilemme de cette proposition. Voices est un titre de bonne facture, bien construit et bien calibré, agréable à l’écoute, qui parvient à accrocher à l’écoute … mais sans ce je ne sais quoi et ce supplément d’âme qui en feraient LE titre, et loin de là. Candidat à Rotterdam, oui, mais pas le mien, car dans l’attente de la contribution que mériteraient les qualités artistiques de Tusse

Alvaro Estrella – Baila bailaRien de nouveau sous le soleil de la Suède. On est toujours au bord de la plage, la peau empreinte de la chaleur du soleil, le bruit des vagues et des rires en fond, une pina colada versée dans une demi-noix de coco à portée de main, … Et quand survient le coucher de soleil « We keep on baila baila ». C’est agréable, ça donne sacrément la pêche, ça file la banane dans une période où les sourires se font pour la plupart invisibles et ça réchauffe les coeurs et les corps. Musicalement ? Ça reste largement insuffisant et rime avec recyclage de recettes largement éprouvées (et mieux)

Clara Klingenström –Behöver inte dig idagQue cela fait du bien d’entendre de tels titres en finale du Melodifestivalen ! C’est si rare … La présence de Clara Klingenström parmi les douze est une très belle surprise et elle permet d’apporter de la fraîcheur à une sélection qui gagnerait à davantage de renouvellement et de diversité musicale. La pop douce-amère et délicate de Clara se veut simple, spontanée et sincère, et le tout fonctionne à merveille, quand bien même les choses ne lui ont pas été facilitées (par l’ordre de passage notamment). L’artiste parvient à capter l’attention trois minutes durant malgré une scéno inexistante et seule en scène, et offre de très belles promesses pour l’avenir

Eric Saade – Every MinuteDepuis la demi-finale 4, Loreen a réévalué les choses et surtout mis pas mal d’eau dans son vin. Certes, le texte aurait pu être écrit par un collégien venant de débuter l’apprentissage de l’anglais LVA. Certes, Every Minute ne va pas révolutionner l’histoire de la pop-music. Mais force est de constater que le titre a son efficacité sur moi-même, puisque je ne cesse de le réécouter et de le chantonner – hashtag, oui j’ai craqué et je fais mon mea culpa par rapport à la Loreen assassine d’il y a dix jours. Et que je pense sincèrement que la qualité de la prestation et la scénographique lui donnent un vrai potentiel eurovisionesque que l’on retrouve moins chez ses concurrent.e.s.

Dotter – Little TotDifficile d’évoquer Little Tot quand votre cerveau vous indique en surbrillance Bulletproof. Mais l’heure est venue de tourner la page. Oui, Dotter version 2021 est moins accrocheur et percutant à la première écoute, c’est vrai. Mais à terme, l’ensemble parvient à se rendre plus marquant, tant par les sonorités pop-électro et l’ambiance un peu sombre que par la qualité de la presta de Dotter, l’une de celles qui restent dans la mémoire d’un cru 2021 pas aussi enthousiasmant que prévu. De quoi faire de Dotter l’une des sérieuses candidates au billet pour Rotterdam à mes yeux… et de quoi surtout accroître mon désir de voir Dotter sur la scène de l’Eurovision

Arvingarna –Tänker inte alls gå hemKitsch. So kitsch. Hard kitsch. Too many kitsch. Six lettres déclinables à l’infinie pour une seule et même idée complètement assumée par le groupe, sans la moindre prétention de vouloir renouveler un genre qu’ils ne renouvellent pas et dont les scandinaves et les germanophones sont à peu près les seuls amateurs au monde. Faire tourner un dansband schläger en boucle n’est pas le genre de la maison, mais cette dernière admet sans difficulté que Tänker inte alls gå hem est une proposition de qualité et qu’elle fait très bien le job, tant en version studio que sur scène, où nos quatre amis font des étincelles avec leur énergie et leur enthousiasme débordants. Pas au point de devenir un aficionado toutefois

L’avis de Rem_Coconuts

La line-up dévoilée par la production en décembre dernier laissait augurer de belles promesses quant à la qualité d’une sélection qui, comme d’ordinaire, réunit pas mal d’habitué.e.s avec parmi eux, de nombreux dont on attendait le retour impatiemment. Force est de constater qu’au bout de six semaines de compétitions, le sentiment que me laisse ce cru 2021 est mitigé. Non, la situation n’est pas catastrophique, loin de là, et oui, le Melodifestivalen reste le Melodifestivalen, ce programme qu’on adore critiquer mais sur lequel nous sommes les premier.e.s à nous jeter dessus. Mais cette édition me donne le sentiment que la sélection suédoise a atteint officiellement les limites de son manque de renouvellement musical. Exception faite de quelques signaux (Lillasyster, Clara Klingenström), la production reste désespérément dans une zone de confort qui lui réussit de moins en moins sur le plan musical. Elle reste enfermée dans le choix de propositions formatées, calibrées, produites, mais auxquelles il manque le X-Factor censé procurer un effet Waouh. Et à ce niveau là, l’édition 2021, comme bien des récentes, en reste exempte.

La finale dont a décidé le public suédois est de facture honnête, même si quelques noms auraient gagné à y figurer (Lillasyster, Patrik Jean, Tess Merkel). Si la majorité des titres restent plaisants ou de bonne facture, je n’ai eu ni le coup de coeur, ni l’étincelle. Bien sûr, certains sont au-dessus du lot, et assez largement, mais à chacun il manque un « je ne sais quoi » qui lui permettrait d’atteindre le sommet et de susciter l’enthousiasme démesuré des foules. Pour ma part, trois titres se détachent : Little Tot de Dotter, Every Minute d’Eric Saade (que j’ai pourtant dézingué dans les Loreen de la demi-finale 4) et In The Middle de The Mamas. J’y ajouterais Still Young de Charlotte Perrelli, pour les raisons que j’évoquais plus haut en commentaire, tout en sachant pertinemment qu’un tel titre ne tiendrai probablement pas le choc à l’Eurovision en 2021 musicalement parlant – même si c’est un kif absolu. Je pourrais aussi citer Voices de Tusse, mais je ne suis pas personnellement plus emballé que ça à la perspective de voir un interprète aussi talentueux défendre un titre juste « bon » sur la scène de Rotterdam. Que décideront le public suédois et les jurys internationaux ? Rendez-vous samedi soir pour le savoir.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Pour celles et ceux qui n’en auraient pas eu l’occasion jusqu’à présent, participez sans plus attendre au grand vote de l’EAQ en attribuant vos 1 à 8, 10 et 12 points à vos dix chansons favorites ! Pour ce faire, rendez-vous sur le scorewiz créé à cette occasion jusqu’à ce soir 23h59. Et vous découvrirez demain à qui la rédaction de l’EAQ, ses partenaires et les lecteurs auraient attribué le ticket suédois pour Rotterdam.

Crédits photographiques : SVT