Plus que deux jours avant la grande finale de Pabandom is naujo! Six semaines durant, la Lituanie aura vu s’affronter 34 candidat·es (puisque deux se sont désisté·es au début de l’aventure, dont l’eurostar Monika Linkyté) dans une sélection marquée par la diversité et l’inégalité, ce qui induit notamment des propositions … atypiques, dont seul le pays balte a le secret.
Dans l’attente du verdict, et alors que les paris sont ouverts (quoique tant ouverts que ça ?), Loreen a scruté quant à elle les prestations et les propositions des huit finalistes le plus attentivement du monde, si ce n’est de la planète Euphoria. C’est ainsi qu’elle vous propose aujourd’hui de découvrir à son propre prisme mon avis sur le cru lituanien 2022 (dont l’opinion sur les chansons et performances n’engage comme d’habitude que moi et moi seul).
Artiste et chanson | Commentaires | Note | |
Augusté Vedrickaité – Before You’re 6 Ft Under | Augusté présente ici un titre à l’atmosphère éminemment rock non dépourvu de charme et très bien porté par son interprète (très) expérimentée de la scène de la sélection lituanienne. Une proposition qu’il n’est pas spécialement improbable de retrouver dans ce cru 2022 de Pabandom is naujo!, mais qu’il peut être surprenant de retrouver en finale (eu égard à une partie de la concurrence). Car si l’ensemble est loin d’être désagréable, il gagnerait tant à davantage de relief et de consistance qu’à plus de solidité. Ainsi qu’à un soupçon de 2020s vibes en plus. | ||
Gebrasy – Into Your Arms | Grande révélation de la Pabandom is naujo! 2021 (alors même que ce n’était point sa première participation à la sélection lituanienne), Gebrasy livre certes ici une proposition moins fortement Where’d You Wanna Go ? Peut-être plus linéaire également. Il n’en reste pas moins qu’avec Into Your Arms, le charme continue d’opérer. C’est avec la finesse et la délicatesse qui forment son ADN que Gebrasy parvient à nous conquérir, bien que le titre gagnerait clairement à plus de puissance et d’intensité, ce afin de lui offrir un réel décollage qui ne vient pas forcément autant qu’espérer. Il n’en reste pas moins que l’ensemble reste de belle facture et que le tout est très agréable à l’oreille. Et que la Lituanie devra évidemment inscrire Gebrasy sur la liste de ses prochain·es représentant·es à l’Eurovision. | ||
Ieva Zakimauskaité – I’ll Be There | Quelques notes de I’ll Be There suffisent pour ressusciter l’enchantement qu’avait provoqué Ieva sur la scène de l’Altice Arena de Lisbonne. La représentante lituanienne à l’Eurovision 2018 reprend ici les recettes qui avaient séduit les européen·nes à l’époque, à savoir une délicatesse et un sens de l’émotion sans pareille, qui contribuent pleinement au magnétisme de l’ensemble. Ce même si la prestation des séries était à mon sens plus réussie que celle de la demi-finale. Une nouvelle fois écrite à partir de son expérience personnelle, la chanson d’Iéva cru 2022 est portée avec magie par son interprète, qui pourrait sans problème refaire le voyage pour le concours, quatre ans après. | ||
Justé Kraujelyté – How To Get My Life Back | De manière assez surprenante, Justé s’impose comme l’une des plus sérieuses outsiders de ce Pabandom is naujo! 2022. Elle livre en tout cas une prestation habitée de son titre qu’elle décrit elle-même comme étant inspiré de la psychologie. Le tout est d’ailleurs très bien relevé par une scénographie en phase avec la tonalité sombre de cette proposition pop productive en électricité. Toutefois, si je reconnais de nombreuses qualités à How To Get My Life Back, sa place est à mon sens davantage au sein de la sélection lituanienne que sur la scène de l’Eurovision, où se frayer un chemin pourrait lui être compliqué. Est-ce au niveau de la composition, de la production du titre ou bien tout simplement de sa ligne directrice, il manque en tout cas quelque chose pour me faire complètement happer par le sujet. | ||
Lolita Zero – Call Me Mother | Si vous êtes sans le savoir, sachez que ma passion pour Lolita Zero est probablement sans égale, si ce n’est dans le pays d’origine de la dame. Si je devais d’ailleurs définir tant le personnage que la proposition, cela tiendrait en trois lettres d’un acronyme, hashtag WTF. S’approcher de près ou de loin à Lolita Zero, c’est l’assurance de vivre une expérience barrée presque à l’extrême, hors de toute connexion avec le réel. Et pour moi, l’ADN de l’Eurovision, ce sont aussi des propositions atypiques que nous ne retrouverions nulle part ailleurs, à l’instar de ce Call Me Mother, certes pas un chef d’oeuvre en soi, mais dont j’apprécie le style pop-électro et l’interprétation à la fois glaciale et tellement infernale d’une future eurodiva : Call Her Lolita Zero. | ||
Monika Liu – Sentimentai | Elle est là la grandissime favorite de. la sélection ! La star du moment en Lituanie livre ici un titre assez déconcertant dirais-je. Il y a ici une tonalité singulière, qui se manifeste des sonorités hors du temps, ainsi qu’un véritable côté inclassable. Sentimentai est une proposition qui sort complètement des cases, oscillant entre la pop, un léger côté jazzy et de petites touches asiatisantes. Monika Liu est une interprète très charismatique, qui parvient à nous séduire avec une interprétation très envoûtante de son Sentimentai qu’elle a écrit elle-même. Dans le même temps toutefois, j’avoue avoir de sérieux doutes quant au potentiel eurovisionesque d’une proposition aussi atypique que celle-ci. Tout comme la hype qui l’entoure me paraît un soupçon démesurée, pour ne pas dire qu’elle me laisse un tantinet perplexe | ||
Queen of Roses – Washing Machine | Première finale en trois participations pour le girl’s band et leur… lave-linge de l’amour. Appareil électroménager héros d’un titre qui s’avère selon moi le plus faible de cette finale, et de très loin. La prestation livrée par les trois artistes est certes de facture très honnête, et la scène musicale a certes produit pire comme elle produira pire. Mais si je devais circonscrire cette proposition à une seule et unique exclamation, ce serait un simple bof accompagné d’un haussement d’épaules. Car c’est justement l’indifférence que m’inspire cette Washing Machine dont la production n’est ni du meilleur goût, ni de première fraîcheur. Je disais donc … bof. Que je vais finalement agrémenter d’un superlatif absolu : très bof. | ||
Rüta Loop – Call Me From The Cold | Call Me From The Cold n’a peut-être pas la force du We Came From The Sun qui avait électrisé la sélection lituanienne 2020, il n’en reste pas moins que le magnétisme de l’univers de Rüta Loop fonctionne toujours. Avec un titre beaucoup plus linéaire dans son rythme et sa composition, l’interprète parvient à capter notre attention et à susciter l’émotion avec une proposition pop-électro d’une remarquable finesse. On retrouve ici une espèce de force cristalline qui, personnellement, m’envoûte, m’hypnotise et me touche beaucoup. Comme si une forme de petite magie des glaces opérait… |
L’avis de Rémi
Souvent dénigrée pour son inégalité et ses propositions parfois très What The Phoque, la sélection lituanienne a vu progressivement sa côte augmenter au fil des éditions, jusqu’à atteindre une forme de consécration en 2020 grâce à l’avènement de The Roop. Alors que 2021 n’était qu’une sélection tremplin destinée à révéler ou lancer 20 artistes pour mieux couronner l’iconique groupe une deuxième année consécutive, les attentes étaient grandes en cette édition 2022. Force est de constater néanmoins qu’elles n’ont pas complètement été satisfaites. Preuve en est la popularité très relative de Pabandom is naujo! auprès des eurofans en cette saison des sélections « normale »…
Pour ma part, tant au niveau des demi-finales que de ce Final 8, je trouve la sélection de titres présentée très honnête quant à sa facture. La Lituanie nous a livré cette année des propositions intéressantes, parfois audacieuses, parfois inégales, mais jamais dégradantes. Avec toutefois un constat (que l’on effectuait déjà par le passé) : si les titres et performances proposés à Pabandom is naujo! conviennent parfaitement à la sélection lituanienne et à son public, je suis moins sûr que la grande majorité d’entre elles soit capable de séduire au-delà des frontières du petit pays. D’où son aspect manifeste de sélection « de niche », qui fait son charme, et gagnerait à rendre le programme plus populaire auprès des eurofans, décidément sévères avec le petit pays. Là où la Lituanie rêvait de la victoire en 2020 et 2021, l’objectif sera cette fois tout simplement d’entrer en finale. Sachant que le pays participera à la première demi-finale, qui s’annonce sanguinaire sur le papier…
Le deal de ce samedi soir prochain est donc extrêmement simple du point de vue des pronostics : qui peut battre Monika Liu ? La superstar lituanienne du moment a écrasé sa série et sa demi-finale, obtenant à chaque fois les 12 points du jury et du public, mais également une très large majorité du télévote, loin devant la concurrence pourtant digne. Les outsiders se nomment Justé Kraujelyté et Lolita Zero, mais je vois mal un challenger « voler » la place de la gagnante annoncée, même si les voies des urnes lituaniennes sont impénétrables à plus d’un titre et ne sont jamais exemptes de surprises (l’histoire nous l’a suffisamment montré par le passé). Si l’on revient à mon avis propre, et donc subjectif, le match n’est pas aussi nettement plié. À mes yeux et mes oreilles, Rüta Loop, Lolita Zero ou Iéva Zakimauskaité mériteraient tout aussi largement que Monika d’aller à l’Eurovision avec leurs propositions certes différentes, mais de belle facture à mes yeux. Lolita serait un choix risqué pour le décalage et le quinzième degré qu’elle représente, mais Rüta et Iéva auraient entre leurs mains les moyens de jouer une finale, là où j’en suis sincèrement moins persuadé pour Monika Liu.
En guise de conclusion, si la course au billet lituanien pour Turin est menée par un peloton de tête à la relative distance de ses trois poursuivant·es, mais beaucoup plus nette vis-à-vis de sa lanterne rouge nette, la line up plutôt homogène de cette finale fait qu’à mon sens, personne ne se démarque véritablement pour porter les couleurs de la Lituanie à l’Eurovision 2022. À la Lituanie de choisir à présent.
Crédits photographiques : LRT
Quand j’ai découvert Monika Liu, je n’ai pas été spontanément emballé.
Mais maintenant je reconnais beaucoup de charme à l’ensemble de la prestation. C’est jazzy, délicat, mutin et tellement différent du reste de la production.
Du coup je la soutiens et j’espère qu’elle ne connaitra pas de déconvenue si elle va à Turin car la Lituanie prend un gros risque en envoyant un titre qui ne contient pas d’anglais.
Derrière, Gebrasy et Lolita complètent mon podium, dans un genre très different bien entendu.
Le titre de Gebrasy est un peu trop mollasson pour aspirer a la victoire. Quant a Lolita, le personnage est fascinant mais je suis moins accro à « Not tour father » qu’espéré.
Je rejoins Rémi sur le niveau moyen de cette sélection. C’est un coup d’arrêt après l’extraordinaire cru 2020 (ah Moniqué…..)
– J’ai écouté très attentivement tous les finalistes et je dois dire que cette sélection lituanienne est plus que moyenne ! Trouver un podium a été difficile mais voici mon verdict :
1) MONIKA LIU : une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec la majorité. Cette chanson sort largement du lot : c’est vaporeux, énigmatique voire hypnotique par moment mais elle est incontournable. La chanteuse a su « vendre son produit » et je ne résiste pas à cette ambiance.
2) JUSTE KRAUJELYTE : une chanson moins accrocheuse mais tout aussi efficace ; elle est sérieuse et sobre dans un décor millimétré et vocalement, c’est parfait.
3) AUGUSTE VEDRICKAITE : je n’en raffole pas mais l’interprète fait le job. C’est du rock sans fioriture mais pas spécialement marquant. Ca reste relativement ordinaire mais je m’en contente.
– Toutes les autres ne me conviennent pas et ne sont pas à mon goût : je ne supporte pas la voix de Gébrasy ; je n’apprécie pas la mélancolie de la chanson de Iéva ; Queen of Roses sont d’une banalité trop visible ; Ruta Loop je n’arrive pas à retenir l’air de sa chanson donc ce n’est pas bon signe ; quant à Lolita zéro, j’adore sa personnalité et son personnage mais la chanson est trop décalée.
Je suis désolé mais Monika est la meilleure pour la Lituanie et elle pourras tirer son épingle du jeu lors de la 1ere demi finale !! Les chansons jazzy et « passées » sont toujours d’actualité finalement et sont toujours remarquées, surtout qu’elle chante très bien et que c’est une grande interprète. Je pense que oui, la Lituanie sera en finale avec elle !!
Bon, en effet, un peu dommage ce PiN par rapport aux deux précédentes éditions… Et surtout, 3 artistes dont j’avais adoré les propositions la dernière fois me déçoivent pas mal ce coup-là ! Coup dur.
Reprenons donc.
Pour Ieva, j’avais été très charmée par WWO en 2018, mais sa prestation en demi m’a laissée de marbre et je ne comprends pas trop le lien entre la mélodie et son texte.
Gebrasy, comme l’a dit Pascal, a quelque chose de bien moins impactant que l’an dernier. Alors certes, la patte Gebrasy fonctionne encore sur moi, mais il faut se rendre à l’évidence que c’est trop dépouillé, musicalement et sur scène, pour aller bien loin…
Quand à Ruta, sa chanson met trop de temps à décoller. Là où WCFTS était bien construite avec une fin instru super percutante et intéressante, on reste là sur quelque chose de très linéaire…
Reste donc Monika (le reste, j’ai pas trop écouté). En demi je me suis franchement demandé ce que c’était que ça. C’était longuet… Mais je vois ce que les gens lui trouvent. Elle a un certain magnétisme sur scène, quelque chose se passe. Et je serai quand même bien satisfaite que la Lituanie envoie quelque chose en lituanien. Je suis moins catégorique qu’il y a quelques jours : oui, peut-être que ça à sa chance à Turin. Pour une finale, j’entends. Pas vraiment de hauts espoirs pour réitérer le score de The Roop.
C’est marrant, c’est pas une chanson si décalée et bizarre que ça, même pas du tout, mais ça fait quand même un peu OVNI dans ce qu’on a l’habitude d’écouter…
En tout cas, j’espère que tout ce beau monde nous reviendra avec un niveau musical plus élevé l’an prochain, car c’est qu’ils commencent à me hyper sur leur PiN, là !
Je voterai Monika si j’étais lituanien car c’est classe, un peu rétro, très bien interprété et en plus c’est en lituanien ! Ça me plairait beaucoup de la voir en finale à Turin et faire un beau classement dans la partie gauche du classement. Bonne chance !
Je suis bien embêté avec le Padandom cette année, je n’ai pas de favori qui se détache mais un trio qui émerge un peu des autres : Monika Liu, Justé Kraujelyté et Gebrasy … je me déciderai sans doute devant le live …
Monika sort complètement du lot pour moi. Je me surprends à beaucoup apprécier la chanson. La chanteuse est envoutante, charismatique voire même un peu lunaire et j’adore !
Commençons par faire quelques coupes dans cette forêt musicale :
Rüta Loop : typiquement le genre de chansons qui me permet d’avoir une pause pipi ou biscuit au chocolat, ça dépend du moment ! Quand j’écoute de la musique, ce n’est pas pour devenir neurasthénique – à la rigueur pour conforter ma déprime mais pas passer de normalement bien dans ma peau à suicidaire !
Queen of roses : tous les ans on en a au moins un ! Un trio d’automates botoxés qui s’agitent sur un air composé par ordinateur !
L’ennui a un nom en Lituanie : Gebrasy ! Trois minutes c’est encore trop long ! Au bout d’une seule, je dors !
Non mais, il y aussi des trucs biens : Ieva, Justé et Augusté ! C’est pas mal du tout, chacune dans son genre mais aucune n’a ce petit truc qui emporte l’adhésion complète.
Ah le cas Lolita Zero ! J’adore ! Mais pas au Concours à qui je reproche justement la trop grande place prise désormais par le visuel ! Alors la diva oui, mais pas pour la gagne, pour le fun !
Vous me voyez venir ! il n’en reste qu’une ! Ben oui, Monika Liu porte une chanson originale dans le contexte des propositions habituelles de la compétition, mais surtout elle le fait avec classe tant dans l’attitude que dans le phrasé vocal, proche de la perfection. Et c’est en lituanien !
Hello aloha buonasera,
Je vous trouve tou·te·s bien rudes avec la Lituanie… Comme en 2020, les Lituaniens ont plusieurs bonnes options à envoyer à Turin. Cela n’a l’air de rien, mais c’est une vraie nouveauté ! (Jurijus était une mauvaise idée en 2019 face à Monika Marija, et que dire du flop Fusedmarc en 2017 face à la dernière très bonne compo d’Aminata pour Aiste Pilvelyte…)
De base : oui, Monika Liu ! Totalement à part. Limite, la scénographie n’est pas assez givrée, car le titre risque de l’être franchement en Italie. Et quand je vois le niveau globalement bas de la promotion de cette année (je ne me suis pas encore infligé les chansons allemandes, croates et danoises, mais ça sent quand même assez mauvais), « Sentimentai » se distinguera sans problème.
De base, mais différemment : Lolita Zero. « Not Your Mother », Remi, pas trop compris ton erreur de frappe 🙂 Limite, c’est plutôt le genre de chanson, avec un peu plus de peps au début, que j’aurai filé à un Gabrielius Vagelis en mode bitch suprême plutôt qu’à notre Lolita nationale, iconique autant qu’on veut, mais qui n’a pas pris le moindre cours de chant en cinq ans. Genre : du Hatari slut. J’en veux !
Moins de base : Gebrasy et Ruta Loop. Leurs deux propositions sont moins bonnes que leurs précédentes, elles restent bonnes, mais honnêtement trop neurasthéniques pour être compétitives au concours.
No way : Ieva. Quel ennui (elle m’ennuyait déjà en 2018). Elle ne peut pas plutôt refaire ses jokes amoureuses sur son téléphone, mais en plus moderne et mieux exécuté ?
Oui mais non : les trois restantes ! « Washing Machine » décroche également ma dernière place de cette finale sans difficulté, même si je comprends sa qualification. Une machine à laver, quand tu te mets dessus, c’est censé te réveiller et t’exciter si tu te places bien : là, c’est l’ennui qui prédomine devant tant de gesticulations inutiles.
À tantôt