Dans deux jours se tiendra l’Eurovision Junior. Et après avoir remporté le vote du jury quatre ans d’affilée, les français se rêvent à continuer sur cette dynamique à l’infini…. Et gagner une troisième fois à la suite.
…. Mais il n’y a pas que le jury qui vote à l’Eurovision Junior, il y a le public aussi, n’est-ce pas ?
Oui… Mais en étudiant les résultats, vous verrez que c’est surtout le jury qui sera la clé de votre réussite. Pourquoi cela ?
Faisons un instant un saut en 2022.
2022, c’est l’année de cette victoire imprévisible (et incompréhensible ?) de la France qui se préparait à vivre son premier flop au concours junior. Et puis hop, dés le premier vote des juges, la France obtient 12 points, et s’impose progressivement devant tous les favoris. Lissandro le jeune représentant français (en couverture de l’article) remporte le vote des juges.
Ohlala, mais il va y avoir le vote du public maintenant… Ouf, Lissandro est troisième de celui-ci. Avec 71 points. “Troisième avec seulement 71 points ?” se dirait un fan du concours Eurovision qui n’avait pas encore jeté un oeil à la version enfant. Dans une demi-finale de 16 candidats, le candidat arrivé troisième dépasse généralement les 100 points….
Vu comme ça, 71 points ça n’a pas l’air énorme, mais c’est suffisant à Lissandro pour rester premier. Victoire de la France ! Super, c’est l’euphorie… Et maintenant on se calme, et on regarde le tableau ci-dessous.
Il vous montre le classement obtenu par les pays participants au vote du jury, du public et le classement final obtenu, ainsi que les différences de classement. Si vous n’avez rien compris, lisez plus bas.
C’est plus coloré du coté droit… Ce qui veut dire que le classement du public diverge beaucoup plus avec le classement final que le classement du jury, dites donc…
Et en fait ce n’est pas du tout exceptionnel. J’ai pris l’année 2022 car cette différence fut particulièrement accrue, mais globalement, refaites l’exercice avec n’importe quelle édition du Junior depuis 2017, cela revient à peu près au même. Tenez, voici le même tableau pour l’édition 2023 :
Le jury a visiblement un impact beaucoup plus fort que le public sur le résultat final à l’Eurovision. Mais pourquoi donc ?
Le télévote du Junior, son système qui change tout.
À l’Eurovision adulte comme junior depuis des années maintenant, le résultat final est défini par une combinaison 50/50 entre le Jury et le public. Mais le fait est que le vote du jury et le vote du public de l’Eurovision Junior ne fonctionnent pas du tout de la même manière. La raison ? L’emploi d’une plate-forme de vote en ligne internationale.
À l’Eurovision adulte, les juges d’un pays établissent leur classement et attribuent des points de 12 à 1 à leurs dix premiers. Le télévote du pays distribue ses points de la même manière, de 12 à 1 à leurs dix premiers. Si leurs résultats peuvent diverger, ils donnent tout de même le même maximum (12 points) et le même minimum (0 point pour chaque pays hors de leur top 10). De ce fait, les deux collèges de votants ont leur même pouvoir.
À l’Eurovision Junior, le vote du jury fonctionne de la même manière, mais pour le vote du public, c’est différent. Car depuis 2017, les points ne sont plus distribués par chaque pays indépendamment. À la place, tous les votes enregistrés sur la plate-forme de vote en ligne sont mélangés ensemble, quelque soit leur pays d’origine à travers le monde (vous pouvez voter aussi bien depuis la France, l’Autriche, le Brésil ou la Micronésie du moment que vous captez internet). Deux détails importants : on peut voter pour son propre pays, mais il est obligatoire de voter pour trois pays. Le total des votes est converti proportionnellement en points, pour un total de points identique à celui du vote des juges.
…Donc, en théorie, c’est un 50/50 entre le jury et le public aussi. Mais il y a une différence…
À l’Eurovision adulte, les points donnés ne sont pas proportionnels. Le pays en première position du télévote letton recevra 12 points peu importe s’il l’a gagné avec une avance énorme ou s’il n’y a qu’un vote d’écart entre lui et ses poursuivants. Et si un pays n’obtient pas suffisamment de votes du public auprès des téléspectateurs d’un pays, il n’obtient rien de leur part. Si la Suisse termine 11e du vote letton, elle n’obtient rien, elle n’est pas dans leur top 10. Or si la Suisse n’est dans le top 10 d’aucun pays, la sentence tombe : ce sera le « I’m sorry, ZERO POINT » tant redouté…
Pourtant, il y aura bien eu des spectateurs pour voter pour la suisse si elle est arrivée 11e du télévote letton, ou 13e du télévote grec, ou 14e du télévote portugais… Mais, rien, rien à gagner si vous ne faites pas partie d’un top 10. Si vous habitez en France et que vous avez envoyé vingt sms pour la Suisse, mais qu’elle n’est pas dans le top 10 des spectateurs français, alors vos vingt votes ne lui auront rien rapporté, c’est ballot !
Mais à l’Eurovision junior, c’est différent : comme les points ne sont pas distribués en fonction des pays et qu’ils sont proportionnels aux votes totaux reçus, tous les votes sont comptabilisés et auront (en théorie) leur impact. Si à peine 3 % du public de chaque pays vote pour l’Albanie, l’Albanie recevra 3 % du score final, (environ 30 points pour une année comme 2024). Il est donc IMPOSSIBLE d’obtenir un « I’m Sorry Zero Point » , puisque pour cela il faudrait que personne-personne de tout le monde entier ne vote pour l’Albanie. Mais comme les goûts sont variés, que la diaspora va claquer quelques votes, dans tous les cas un pays s’en sort avec un petit score au vote du public, qui paraît raisonnable en comparaison de ce qui arrive aux derniers de l’Eurovision adulte. La preuve : depuis 2017, le plus mauvais score au vote du public qu’un pays ait obtenu est de 26 points (pour le Pays de Galles en 2019).
À une époque, les candidats Junior recevaient tous 12 points gratuitement au début du vote, poudre de perlimpinpin pour éviter qu’ils ne terminent à zéro. Plus besoin de ces 12 points gratuits, puisque maintenant vous êtes sûr d’obtenir des points du télévote, c’est cool non ?
… Eh bien, le revers de tout ça, c’est que si même les derniers obtiennent des scores potables, il reste moins de points à se partager pour ceux arrivés les premiers…
50/50, vraiment ?
Le tableau que je vous ai présenté au début était fait en fonction du classement de chaque pays. Penchons nous maintenant sur les points obtenus en fonction du classement, à nouveau lors de l’Eurovision 2022.
En règle générale à l’Eurovision, une courbe de points commence très bas, puis monte progressivement et de plus en plus rapidement pour atteindre de gros scores. C’est à peu près le cas ici pour la ligne du jury : elle démarre bas avec des pays qui n’ont reçu presque rien, au milieu du classement elle se fait plus serrée et puis remonte plus rapidement dans les premières positions, avec les pays ayant reçu des points chez tous les juges.
Mais à contrario, la courbe du public est bien plus plate. Le dernier (Malte) reçoit un score à faire pâlir de jalousie le dernier du jury, tandis que le score du premier (Le Royaume-uni) n’a rien d’impressionnant quand on voit les 132 points du vainqueur du jury.
C’est là le problème : le vote du public de l’Eurovision Junior est trop lisse en comparaison avec le vote du jury. Les écarts de points entre chaque candidat sont faibles. Et c’est pourquoi le vote du public a peu d’impact. Vous n’avez rien compris ? Alors, imaginez : si tous les candidats terminaient à égalité et recevaient 60 points du public chacun, c’est alors le vote du jury qui départagerait et le public n’aurait donc aucun impact. Évidemment, il est impossible qu’ils terminent tous à égalité, mais le fait que leurs scores soient plus serrés minimise leur impact et donne plus de pouvoir aux juges.
Mais pourquoi les votes du public sont aussi serrés en fait ? La première raison est évidente : il y a beaucoup de candidats (aux alentours de 16 chaque année). Donc, les scores seront plus proches que s’il fallait en départager cinq ou six. Ajoutez à cela qu’à l’Eurovision Junior, il est imposé de voter pour trois candidats différents. Pourquoi ? Eh bien parce que comme on l’a dit plus haut, il est autorisé de voter pour son propre pays. En choisissant une plate-forme de vote en ligne, il devient difficile de savoir d’où proviennent les votes reçus et même si cela n’était pas autorisé, l’usage de VPN permettrait de tricher. Donc, s’il n’était pas imposé de voter pour trois candidats différents, chacun ne voterait que pour son propre pays.
Comment le vainqueur du public peut quand même s’imposer ?
Mais rassurez vous cher public, il vous reste une chance d’imposer votre candidat favori face aux (méchants) juges ! Car la particularité du vote du public proportionnel, c’est qu’il n’a pas le même maximum que le vote du jury. Donc si un candidat obtient un soutien énorme du public, il peut quand même s’imposer. Vous n’avez rien compris ? Encore ? Soit, faisons un autre retour arrière…
Destination Eurovision 2019, sélection française pour l’Eurovision. À l’issue du vote des juges, Bilal Hassani, dont on dit qu’il pourrait remporter la sélection grâce à sa fanbase, n’est que cinquième. Mais voilà, lorsque les points du public, proportionnels aux voix recueillies, sont dévoilés, Bilal reçoit 150 points, plus du double de la chanteuse Chimène Badi qui est deuxième. Malgré son retard, il s’impose devant les autres candidats et part à l’Eurovision. Ceux qui suivent le concours sont surpris à moitié, car si Bilal était pressenti pour gagner le vote du public, on ne s’imaginait pas qu’il l’emporte avec un tel score. Car, le détail qui pique, c’est que le maximum que l’on pouvait obtenir auprès des juges était de 120 points (10 fois 12 points).
Moralité : avec un télévote proportionnel, une fanbase dévouée peut imposer son candidat. Et l’exemple de Bilal est gentil, car ses 150 points ne représentaient que 35% des voix, on peut supposer qu’un candidat avec une chanson très très convaincante aurait pu faire de même. Si vous voulez un exemple plus évident, au Benidorm Fest 2022 (la sélection espagnole pour l’Eurovision), le groupe folklorique Tanxugueiras obtint carrément 72% des voix, propulsé par un vote galicien prêt à tout pour envoyer des candidates de leur région à l’Eurovision. La seule différence, c’est qu’au Benidorm Fest, le score du public n’était pas attribué proportionellement, le trio dut donc se contenter d’un “30 points” en guise de récompense, insuffisant pour rattraper leur retard chez les juges.
Mais en réalité, c’est une autre faille du système, car vous l’aurez compris, en règle générale lorsqu’un candidat obtient un score dithyrambique au télévote, c’est pour des raisons autres qu’artistiques : vote nationaliste, fanbase hystérique ou tout simplement chanson ayant déjà trouvé le succès au contraire de ses adversaires. Notez que ça ne s’applique qu’avec un certain nombre de candidats, s’il n’y en a que deux ou trois, il est bien évidemment possible d’obtenir un très gros score !
Et est-ce que c’est déjà arrivé à l’Eurovision Junior, ça ? Pas vraiment, et pour cause, avec des votants provenant de nombreux pays, il serait difficile d’avoir un effet de masse comparable. On constate néanmoins que la Pologne en 2019 a réussi à remporter le vote du public avec une grosse avance sur ses poursuivants (plus de 60 points d’écart) certainement due à la popularité de sa représentante Viki Gabor dans son pays, mais pour un score qui représentait … 15% des voix totales. Loin d’un Bilal ou de Tanxugueiras, mais avec 20 candidats en lice, c’est quand même trois fois plus que la moyenne.
La solution suédoise…
La Suède a connu un problème similaire à celui de l’Eurovision junior, mais au Melodifestivalen (sa sélection nationale pour l’Eurovision adulte), lorsque les scores de ses finalistes devenaient très serrés. L’apogée de ce problème survint en 2017 et 2018, alors que tous les candidats obtenaient un score situé entre 6 et 12 % des voix, autrement dit des scores très très serrés. Le vote du jury, qui lui, augmentait de manière croissante, a de la même manière eu beaucoup plus d’influence sur le classement final.
En 2019, pour remédier à ce problème, un nouveau système a été appliqué : le vote du public est désormais divisé en huit catégories d’âge, allant des 3-9 ans (ça résonne comme une blague, mais oui c’est vrai) aux plus de 75 ans. Le vote se déroule en ligne, les publics de tous âges envoient leurs votes et chaque tranche d’âge crée son classement. Ainsi les 3-9 ans attribuent des points de 12 à 1 à leur top 10, les 11-15 ans font de même, etc.
Hormis le fait que cela est assez intéressant d’observer les différences d’opinion entre les catégories les plus jeunes et celles plus âgées, l’effet fonctionne : les points obtenus par les candidats sont bien plus écartés et davantage croissants. De plus, le total maximum des points du public est le même que les points maximum du jury (96 à chaque fois). La simulation d’un score “à la Eurovision” marche bien !
Mais ce système engendre une autre conséquence : grâce aux organisateurs du Melodifestivalen qui dévoilent les résultats au vote envoyé près, on constate que ce ne sont pas forcément les candidats ayant reçu le plus de votes au total qui obtiendront le plus de points…. Aïe, mais c’est un problème alors ? Eh bien figurez que c’est pareil à l’Eurovision en fait. Le classement en terme de points obtenus du public à l’Eurovision n’est pas le même que le classement en nombre de voix enregistrées.
Comment cela se fait-il ? Exemple : la population du Monténégro, pays peu peuplé, peut envoyer 800 voix à la Serbie, et lui faire gagner ses 12 points. Pendant ce temps là, les allemands vont envoyer 800 voix à l’Autriche, qui obtiendra….. 5 points, car ils auront également envoyé plus d’un millier de voix à la Suède, l’Espagne, l’Estonie, l’Arménie et la Grèce. Chaque pays a le même pouvoir, malgré sa différence de population, et comme d’un pays à l’autre on ne vote pas forcément pour les mêmes chansons, des titres ayant du succès dans les pays à plus faible population auront moins de voix au total, mais plus de points.
Mais si ce système permet d’avoir un vrai 50/50 qui mets sur un pied d’égalité les deux parties, est-ce qu’on ne pourrait pas le transposer à l’Eurovision Junior ? Alors, pas en faisant des catégories d’âge, pour un concours prévu pour une audience plus jeune ça n’aurait pas grand sens, mais, hmmm, voyons voir, en fonction de quoi on pourrait diviser le public européen en groupes qui distribueraient des points de 12 à 1 … ?
…
… réfléchissez et voyez si vous avez une idée…?
….
…Ben oui, par pays en fait, exactement comme à l’Eurovision adulte (je vérifie si vous suivez !)
Mais pourquoi avoir choisi ce système de vote alors ?
Après tout, pourquoi le système de vote du junior n’est pas entièrement calqué sur celui de l’Eurovision adulte ? Vous voudriez connaître l’explication de l’UER et bien la voici :
… Non, il n’y en a pas. En 2017 lorsque ce nouveau système a été annoncé, le groupe de référence l’a simplement présenté comme la nouveauté de l’année sans expliquer le pourquoi du comment. Il se trouvait que ce système était justement un clone de celui du Melodifestivalen de l’époque. On l’a vu plus haut, le système du Melodifestivalen a évolué. Celui de l’Eurovision, non.
De plus, ce vote en ligne est singulier, puisqu’on peut voter pour son propre pays, ce dont pas grand monde va se priver. Alors, il est bien précisé que le score obtenu par chaque pays est réduit en fonction de la taille de sa population… Mais on ne sait pas de combien. Et surtout, à partir du moment ou vous savez ça, vous avez tout intérêt à voter pour votre propre pays puisque les votes que vous recevrez seront réduits en partie, que vous votiez ou pas.
Autre curiosité : le vote est ouvert un jour à l’avance, permettant à des votants (dont la plupart devraient être des fans) de voter pour leur chansons préférées, sans avoir vu autre chose que 30 secondes des performances montrées dans la vidéo récapitulative des répétitions.
Mais pourquoi cela en fait ? Certainement pour avoir moins de trafic au moment de l’émission, car cerise sur le gâteau, il est arrivé que la plate-forme de vote en ligne montre des faiblesses, crashant ou ralentissant, notamment en 2017 et 2023. Ça commence à faire beaucoup de défauts, dites…
Mais alors pourquoi être passé au vote en ligne ? On peut tenter de trouver quelques explications par nous mêmes…
- Premièrement, pour une émission qui veut attirer une plus jeune audience (et sûrement former des futurs fans du concours adulte), avoir un vote en ligne gratuit le rend plus accessible aux petites mains et c’est sûrement plus sain que de laisser les enfants exploser leur forfait téléphonique ou celui de leur parents en envoyant des SMS.
- Deuxièmement, on l’a vu, le système des points proportionnels aux votes empêche d’obtenir un score cruel de la part du public. Autant à l’Eurovision adulte, les “ZERO POINT” sont une part du show qu’attendent tous ceux qui aiment se moquer du concours, autant dans la version enfant, ce serait sacrément gênant de voir un candidat se décomposer à l’annonce de la sentence.
- Troisièmement, y avait-il énormément de gens qui votaient à l’Eurovision Junior ? Quand on voit les audiences de certains pays (l’Irlande par exemple qui réunit à peine 30 000 spectateurs chaque année), on se demande combien de votes on obtiendrait avec un télévote payant et si la mise en place de celui-ci serait rentable. D’ailleurs, Saint-Marin qui fait son retour cette année, n’a déjà pas de vrai télévote à l’Eurovision.
Récapitulatif, et conclusion
Concernant l’Eurovision junior :
- Les points du public sont représentatifs des votes totaux
- Le système atténue les votes de diaspora puisque tout le monde peut voter pour soi.
- Le jury a beaucoup plus d’impact sur le classement général que le public.
- Avoir moins de 45 points au public est un mauvais score. Avoir plus de 70 points est un succès (valeurs variables en fonction du nombre de participants)
Concernant l’Eurovision adulte :
- Les points du public ne sont pas représentatifs des votes totaux.
- Le système favorise les votes de diaspora.
- Le jury et le public ont le même impact sur le classement (même si ces dernières années, le jury a eu le dernier mot concernant le vainqueur)
Deux règles impératives pour avoir un 50/50 équitable :
- Jury et public doivent distribuer le même nombre de points.
- Les scores minimum et le maximum atteignables au jury comme au public doivent être les mêmes.
Et deux autres remarques :
- Les “sets” de points distribués devraient idéalement être les mêmes de chaque côté.
- L’emploi du vote du public proportionnel peut amener à des situations… disproportionnelles.
Pour finir : il n’y pas de système parfait, chacun a ses failles et dans le cas de l’Eurovision Junior, soit vous choisissez un système représentatif du vote du public, mais qui l’affaiblit, ou le système Eurovision qui permet de meilleurs écarts, mais favorise les flops cruels et les votes de diaspora… Et surtout, on oublie pas que c’est le système définit le gagnant.
Malgré tout, on peut espèrer une chose : que le vainqueur soit unanime, élu premier des juges et public à la fois. Si à l’Eurovision adulte, cela semble de l’histoire ancienne, cela est arrivé deux fois au Junior dernièrement et pour nos deux gagnantes françaises. Et là, pas besoin d’être frustré et d’accuser le système. Alors on croise les doigts pour 2024… Et on oublie pas de voter pour ses favoris et pour la France ce samedi !
Merci d’avoir lu, bon Eurovision Junior et à bientôt sur EAQ
Crédit image : Corinne Cumming pour l’UER
Bien joué pour l’article avant cet Eurovision Junior, les résultats de cette année suivent également la même dynamique et le Portugal (4e du vote jury et large 1er du vote public) finit avec une marge non négligeable derrière la Géorgie (large 1ere du jury mais milieu de tableau au public).
Je confirme également que c’est un chouette article, du genre que j’apprécie avec de la réflexion, des chiffres et des graphiques (on est gâté !).
Ce que j’apprécie avec la proportionnelle, c’est l’absence de zéro point. C’est le jeu mais je trouve ça dure qu’un 11e n’ait aucun point. Cela fait parti du jeu mais c’est toujours difficile à expliquer à des gens persuadés que zéro point équivaut à un rejet. Néanmoins, je pense également que c’est ce système qui pousse certaines chaînes aux prises de risque d’envoyer quelque chose “d’original” et de clivant pour susciter une forte adhésion/un rejet au contraire d’une indifférence moyenne, premier critère d’absence de point.
Excellent article ! Le concours junior est bien plus imprévisible que le sénior du fait du vote en ligne qui diminue le poids du public par rapport au jury de facto dans le choix du vainqueur. L’exemple le plus important est finalement la première fois que ce système a été utilisé en 2017, la Russie, 2ème du jury, l’a emporté bien qu’elle n’ait fini que 6ème du vote en ligne. S’il est discutable que le gagnant ne se trouve même pas dans le top 5 des téléspectateurs (à titre de comparaison Nemo était quand même cinquième du public à Malmo pour le concours senior), la situation aurait carrément pu devenir absurde si la Géorgie l’avait emporté puisqu’il n’y avait que trois points d’écart avec la Russie. La Géorgie aurait alors gagné (largement, bien plus que tout gagnant français du jury les quatre dernières années aha) le vote du jury et n’aurait fini que… douzième du vote en ligne. Il n’est pas impossible que le gagnant ait un jour un nombre de places d’équart aussi important.
D’ailleurs à titre de comparaison dans l’autre sens, le Portugal en 2021, bon dernier du jury, fini troisième du vote du public, et ne monte même pas au final dans le top 10…
Pour moi le meilleur système est celui de CVQD en France en 2021 2022 : les votes du public sont limités mais ont quand même un écart de 20 points pour bonifier un premier mais en même temps pas donner la victoire à un plébiscite par ses fans.
On se souvient de UMK 2024 où Paskana aurait gagné avec un vote public limité
Bonne remarque, d’ailleur si le système de CVQD avait été appliqué à Destination Eurovision, Seemone aurait gagné sur Bilal de quelques points… Pour l’UMK, l’autre problème est qu’ils ont choisi un système qui donne trois fois plus de poids au public qu’au jury, ce que je trouve absurde, mais après l’échec de Cicciolina en 2020, ils ont du penser que c’était une bonne idée….