Article co-signé de Juliette, Lolotte, Rémi et Zipo.

Un samedi soir sur la Terre. Alors qu’une chaude journée de mai prenait fin, des millions de gens se tournaient vers leurs grands écrans. Pour un événement sportif ? Que nenni. Il existe un spectacle qui réunit familles, amis, collègues. Et cet événement qui tient presque de la magie s’appelle : le Concours Eurovision de la chanson. Cet article aura pour but de vous faire vivre le concours comme si vous étiez à nos cotés. A Nice, en Corse dans un petit village près de Carcassonne et même sur une terrasse de café à Turin. Le temps d’une soirée (de quatre en vérité mais passons), il réunit des gens de différents horizons tous tournés vers un même but : la musique et la joie qu’elle nous apporte. Nous vous souhaitons une agréable lecture et peut-être trouverez-vous des points communs avec votre propre soirée. Et n’oubliez pas : Eurovision is magic ! (par Lolotte)

Dans l’Aude (Lolotte)

Une famille de 4 personnes. Alors qu’une coutume s’est mise en place depuis quelques années (- c’est samedi la finale de l’Eurovision? Bon ben c’est sushis, alors! Si vous êtes sage, je vous donnerai la recette à la fin de l’article.), cette petite famille se prépare pour Ze soirée de l’année. Les deux filles de 9 et 6 ans commencent à courir partout preuve d’une certaine impatience. Quand enfin, le Te Deum de Marc Antoine Charpentier retentit et est repris sur le canapé! Notre jury impitoyable va pouvoir se mettre au travail ! Et cela sans tarder. Le père de famille trouve que Laura Pausini a enfilé un gant Mapa en guise de manteau. Par contre le soleil noir ne le dérange absolument pas. Cela lui fait penser à un 33 tours ce qui colle bien au sujet c’est à dire, la chanson. Passée la sempiternelle question « c’est en direct ?… C’est en direct ? ». Rentrons dans le vif du sujet avec les 25 pays finalistes.

Le jury impitoyable, de retour 5 mois après le Junior

Sur la Côte d’Azur (Zipo)

Grosse surprise : j’attendais maximum 9 personnes pour regarder avec moi le concours , et ce sont treize personnes qui ont pointé le bout de leur nez ! Du coup, obligé de délocaliser en urgence chez un voisin qui m’a permis gentiment d’utiliser son grand salon pour tous nous installer. Parmi ces 14 personnes, 3 personnes de plus de 80 ans dont ma maman qui est la seule à avoir vu tous les concours depuis 1956, cinq personnes entre 40 et 50 ans (moi inclus), quatre personnes entre 20 et 35 ans et deux petits garçons de 6 et 7 ans. Au total, 6 femmes et 6 hommes (plus les enfants) dont trois n’avaient jamais vu de leur vie le concours de l’Eurovision et parmi ces trois, mon amie religieuse qui a quitté son couvent le temps du concours, une première pour elle ! Tout le monde était impatient que ça commence et dans une ambiance sage et attentive, j’ai allumé la télévision.

En Corse (Juliette)

Ma mère connaissait toutes les chansons puisqu’elle a regardé les demi-finales, mais elle n’est ni musicienne, ni une fan hardcore. Mon père, lui, n’avait rien écouté ou regardé, mis à part les Conseils de Classe de l’EAQ, et c’est donc ce samedi qu’il allait tout découvrir. L’ouverture s’est d’ailleurs égrainée dans une certaine indifférence, seule l’apparition de Sam Ryder (favori général de la famille) et d’Alvan et Ahez ayant suscité un engouement. Nous attendons surtout que les chansons se fassent entendre.

À Turin (Rémi)

Faute d’Eurovillage (la faute à une jauge inexplicablement atteinte trop tôt pour un espace à la foule apparemment point collée les uns aux autres), c’est dans un bar voisin du Parco del Valentino que nous trouvons refuge avec de très nombreux eurofans éconduits. Français, espagnols, belges, britanniques, quelques suisses : une horde vite rejointe par les locaux italiens s’est emparée de la terrasse d’un bar guère de première fraîcheur et visiblement peu habitué à recevoir tant de monde. Il est d’ailleurs probable que la gérante puisse tranquillement fermer pour le reste de l’année, puisque nous lui avons collectivement assuré son chiffre d’affaires 2022. Dans l’attente du Te Deum, des images des concours 2015 et 2019 nous sont gentiment offertes sur l’écran planté sur une table côté trottoir. Tre… Due… Uno…

May Eurovision Song Contest 2022 begiiiiin !

République Tchèque

Dan l’Aude, Lights Off est un titre qui permet de se mettre en route : We are Domi ont bien fait le job ! Côté Nice, les plus jeunes ont apprécié la modernité de la chanson et les plus âgés ont trouvé plutôt bruyant et désagréable. En Corse, malgré l’ambiance dansante et enflammée, le titre n’a guère emballé les parents de Juliette, qui ont montré une courtoise indifférence. « Agréable à écouter, mais pas très marquant » en somme. Tandis qu’à Turin, nos amis tchèques ont bien ambiancé le début de soirée, à défaut d’imprimer suffisamment les esprits par la suite.

Roumanie

Sur le canapé de Lolotte, Wrs fait penser à la plus jeune à un méchant du film « Dragon » (et de nouveau la marque Mapa fait son retour quant au pantalon du chanteur roumain).

Chez Zipo, plus que l’interprète et la chanson, c’est la musique et la chorégraphie qui ont été appréciées notamment par le petit Arthur qui a tenté d’imiter le jeune chanteur roumain ! Sourcils froncés et moue dubitative dans la famille de Juliette, pour une chanson qui n’a pas non plus emballé, les trois minutes ayant été légèrement longues. Le père ajoute même que « cela fait davantage Espagnol que Roumain ». À croire que ce dernier a anticipé la réaction de la terrasse turinoise, puisque notre ami wrs a mis le feu au bar tenu par des moldaves (!) et peuplé d’espagnols, venus en force dans la capitale piémontaise et évidemment fort sensibles à la latino touch du candidat roumain.

Portugal

Un beau moment suspendu pour la Team Sud-Ouest, un canapé partagé entre l’ennui et la douceur pour la Team Sud-Est, le jeune Dylan ayant même comparé la chanson à une prière, ce qui a fait rire Soeur Henriette. Sur l’île de Beauté, le grand silence du salon démontre une écoute attentive. « Saudade, Saudade » plaît énormément, et ne tarde pas à être validée pour sa splendeur, ses harmonies et son effet du groupe. En Italie, c’est une autre histoire : le wifi plante pile pendant la performance !

Finlande

Les filles de Lolotte sont satisfaites de la présence d’un ballon. Quant au mari le début de la prestation lui fait penser à l’affiche du film « Ça » (à l’instar de la mère de Juliette). Au moment où Lauri, le chanteur de The Rasmus, enlève sa veste, l’ainée de la famille semble peu convaincue. Un torse nu qui n’a guère suscité l’approbation du salon de Zipo, où le « public » du salon a beaucoup tapé des mains, sans apprécier le jaune qui dominait la scène. La réaction de la famille de Juliette a été hostile, voire très hostile, ni la performance, ni le staging, ni la chanson n’ayant convaincu. Sur la terrasse de Rémi, une fois le wifi redémarré, un décalage entre le son et la voix se fait sentir, même si les français, transcendés par une semaine de promotion du titre par Régine, hurlent JEZEBEEEEL à chaque début de refrain.

Suisse

« C’est un peu trop mièvre; on dirait la bande-originale d’un film des années 90. »

Le père de Juliette, Corse

Indifférence. Tel est le mot qui unit nos quatre territoires.

France

Alvan & Ahez en quatre temps !

  • Lolotte – Il est là, le moment de la soirée. Ça saute et ça chante. La phrase « Dañsal a ran gant an diaoul ha para » est remplacée « nous, on veut manger de la salade ». Ah l’imagination des enfants… Interrogation des parents car la cadette déteste tout ce qui ressemble à de la batavia. Grand moment tout de même !
  • Zipo – Là, presque tout le monde s’est levé (sauf trois qui n’ont pas admis cette chanson en breton…) et les applaudissements ont fusé. Beaucoup ont chanté en chœur les « lalalo » et tous misent au moins sur la partie gauche du tableau.
  • Juliette – Emballement total du salon. Père et mère adhèrent complètement, du « côté un peu gothique » à la mise en valeur de la langue et de la culture bretonnes. La mise en scène plaît, la chanson prend vie en live… S’ils étaient d’une autre nationalité, pas de doute, il auraint voté pour la France.
  • Rémi – Damnation : deuxième plantage de wifi, alors que les français, tous vêtus de leurs marinières et agitant leurs drapeaux, étaient fin prêts psychologiquement. Qu’importent : deux-trois prennent le relais pour tenter de chanter le titre en breton sans en connaître les paroles, exception faite des « la la la le lo ». Pour le reste ? Indifférence totale de la terrasse, à laquelle se sont invités italiens et belges désormais.

Norvège

Peut-être la chanson préférées des deux plus jeunes de notre rédactrice audoise. Pour le père de famille, on a retrouvé les Daft Punk (qui ont donc pris la nationalité norvégienne). Pour la cadette, ils ressemblent à des espions. Damned, la National Norvegian Agency a été découverte ! La chorégraphie est reproduite à la perfec… ou presque, mais le fun avant tout ! Génial ou stupide : voici en résumé les propos sur la Norvège du côté de Nice. Les deux petits garçons ont adoré et ont même demandé à Zipo où on pouvait acheter les masques de loup ! Première grande division de la soirée dans le salon de Juliette : la mère (qui avait directement accroché à la performance en demi-finale), adore, le père, lui, est beaucoup plus circonspect. Côté Turin, les Subwoolfer mettent le feu à la terrasse et font hélas rapidement oublier les français, dont on a pu seulement voir la fin de la prestation.

Arménie

Dans l’Aude, le fait que la mise en scène soit davantage faite pour les téléspectateurs que pour les personnes présentes dans la salle fait débat. C’est également le sujet du côté des Alpes-Maritimes, où l’un des invités ose même la comparaison avec Les p’tits papiers de feu Régine. Une Rosa Linn qui ne déchaîne décidément les passion ni en Corse (« C’est assez mignon, mais pour passer à la radio. Pas pour l’Eurovision. »), ni en Italie, où l’heure du passage au bar (ou de la pause water c’est selon) est venue.

Italie

La famille de Lolotte apprécie la suspension du moment, tandis que les invités de Zipo offre au duo Blanco/Mahmood (dont Soeur Henriette, les trouvant assortis, se demande s’ils sont mariés) une réception polie mais sans enthousiasme particulier. Aucun effet wouah décidément, puisque les parents de Juliette sont sans réaction. Tout juste soulignent-ils le manque de justesse de l’un des deux interprètes.

À Turin, par contre, c’est la folie ! Les italiens vibrent d’émotion et d’intensité avec leurs représentants. Le temps s’arrête devant l’écran de la terrasse, la population répétant les paroles de Brividi, désormais un tube installé qui tutoie le sommet des charts depuis Sanremo.

Espagne

Unpopular opinion dans l’Aude, pourtant voisine de l’Espagne : toute la famille de Lolotte est passée à coté, faute d’effet « Booty hypnotic ». Division à la frontière italienne, où les plus jeunes ont adoré et les plus âgés ont trouvé plutôt « vulgaire » (Soeur Henriette n’étant pas sûre de rentrer au couvent dans cette tenue). Décidément, le sud de la France n’est étonnamment pas convaincu par Miss Chanel, puisque la famille corse est TRÈS TRÈS HOSTILE ! La chanson ne convainc aucun des parents, tandis la mise en scène et la tenue leur font lever les yeux au ciel – bien qu’ils reconnaissent la bonne performance chorégraphique.

En Italie, c’est l’exact inverse : c’est le FEU qui se déchaîne sur la terrasse peuplée d’espagnols, convaincus des fortes chances de victoire de leur candidate, et intenables devant la performance explosive de Chanel, qui fait l’unanimité de tous côtés. Et si le Micro de Cristal … ?

Pays-Bas

La fille cadette de notre rédactrice carcassonnaise chante les « Ouh ouh ouh ah ah ah ah » du refrain, signe que cela se retient bien, tandis que le canapé maralpin est indifférent, partagé entre rares « ouah » admiratifs et grimaces dominantes. Tout l’inverse en Corse : un très bel accueil pour S10, dont la mère appréciait déjà le titre depuis la première demi-finale, pendant que le père fredonne lui aussi le refrain. À Turin, bel accueil également pour la candidate néerlandaise, dont la qualité et la solidité de la performance sont soulignées.

Ukraine

La même fille cadette de Lolotte sort sa casquette panda pour la mettre à l’envers, et remue de la tête. Du respect pour ces jeunes hommes : voici le mot d’ordre de l’équipe de Zipo au début. Et à la fin de la chanson, des cris de joie ou de la colère surtout pour le rap qui a beaucoup divisé, sans appel au vote unanime. Division aussi chez Juliette, où la mère, absolument emballée par la chanson et la performance depuis les répétitions, adore, tandis que pour le père, l’initiation à l’univers de Kalush se fait graduellement, jusqu’à l’appréciation finale. À Turin, très bel accueil solidaire à la montée sur scène des courageux membres de Kalush Orchestra, ainsi qu’à la fin de leur performance.

Allemagne

D’Outre-Rhin jusqu’à la Grèce, l’Aude s’est assoupie pendant le ventre fou de la finale, et se met en pause de commentaires. Gaël a toujours eu de la sympathie pour l’Allemagne : il fait partie des rares à soutenir à fond Malik, affirmant même qu’il finirait entre la 10e et 15e place : raté ! Retour au silence de plomb en Corse : le pauvre Malik ne provoque aucune réaction notoire. Et c’est la même à Turin, bien que certains soulignent la sensibilité, la sincérité et l’engagement d’une performance sacrifiée dans l’ordre de passage.

Lituanie

« Il y a une ambiance très James Bond autant dans la chanson que dans la mise en scène. »

Le père de Juliette

Karolina (la voisine lituanienne de Zipo) ne tenait plus en place : elle a baptisé Monika « la déesse des nuits chics ! » et a certifié qu’elle finirait avant la 15e place. Pronostic exaucé pour la plus grande joie des deux.

« Il y a une ambiance très James Bond autant dans la chanson que dans la mise en scène » (le père). « La chanteuse a un sourire contagieux; on sent qu’elle s’amuse, qu’elle est heureuse d’être sur scène » (la mère). La prestation de Monika est validée à l’unanimité côté corse.

La qualité de la prestation est saluée par la terrasse italienne, mais la quatorzième place dans l’ordre de passage ne plaide pas en faveur d’un engouement démesuré pour le sosie lituanien de Mireille Mathieu (capillairement parlant).

Azerbaïdjan

Nice est divisée, entre des plus âgés séduits par la voix et des plus jeunes emportés dans les abysses de l’ennui, à deux doigts du forfait. À part un « bof » du père de Juliette, et un « C’est joli mais sans plus » de la mère, revoilà l’indifférence polie (voire glaciale cette fois-ci) qui s’abat sur le salon. Nadir ne passionne pas. Du tout. Et c’est aussi le cas sur la terrasse en Italie, où les bavardages redeviennent pleine légion.

Belgique

La voix et la simplicité notamment vestimentaire ont conquis une partie de l’auditoire de Zipo, les autres ont au contraire désapprouvé sa mise en scène et sa nonchalance dans sa tenue. La performance belge sur « une chanson qui fait très américaine » est jugée correcte côté Corse, mais rien qui puisse jouer véritablement la gagne. On souligne même l’ennui qui gagne quelque peu l’assemblée depuis la mi-tableau. Et à Turin ? Une fois n’est pas coutume, c’est la même : Jérémie assure une belle performance vocale, pour un ensemble relativement insipide probablement sauvé par les jurys, mais voué à une claque au télévote.

Grèce

Une candidate passée presque totalement inaperçue, hors des radars des Alpes-Maritimes, qui daignent à peine voter à main levée. Décidément, une favorite qui n’emballe guère la Méditerranée puisque la Grèce ne déclenche rien dans la famille de Juliette. L’Italie est elle séduite par la beauté de la prestation, quand bien même elle ne la réveille pas de sa torpeur.

Islande

Carcassonne se réveille et veut « Ja ja ding dong » (et Dadi aussi). Trois sœurs et un frère : une formule qui a davantage attiré l’attention chez Zipo, dont la mère, Yvonne, a trouvé la chanson douce et délicate, approuvée par d’autres. Un moment poétique pour Benoit (père d’Arthur), alors que que d’autres ne regardaient même pas leur prestation. Légère division en Corse, puisque la mère trouve la chanson « jolie mais pas compétitive », tandis que le père est sous le charme, adhérant complètement à la proposition, pour laquelle il a un vrai coup de coeur. Quant à Turin, elle est à l’instar de Rio sous le règne de 007 : elle ne répond plus, préférant le délicieux goût de la picole.

Moldavie

« J’adore! On dirait les Wampas! »

« C’est complètement décalé, on dirait du Elmer Food Beat… Mais ça se retient bien. »

Le père et la mère de Juliette

Ce n’est plus le réveil dans l’Aude, mais mieux encore : le GRAND réveil ! Ça danse et ça tape dans les main, en mode imitation d’une danse slave. Trois minutes de bonheur absolu que l’on retrouve à Nice, où tout le monde s’est levé, a dansé dans tous les sens dans un délirant chaos qui a même fait descendre du lit le 15e être vivant présent sur les lieux, à savoir … la reine Victoria, féline âgée de 20 ans. Que de réactions positives décidément, entre fous rires et exaltation à la corse, où tout le monde a adoré une prestation qui a fait l’unanimité la plus franche (avec la France, le Portugal et la Lituanie). Une Europe qui s’enjaille décidément et s’apprête à faire exploser les compteurs du télévote, puisque la terrasse turinoise explose, d’autant plus que la patronne est … moldave (!) et que ceux-ci sont en force dans l’assistance ! Un moment filmé par la boss, tandis que l’envoyé spécial de l’EAQ lève les yeux au ciel de désespoir, décidément plus qu’insensible à la fête à la saucisse dans un train moldave.

Suède

Une favorite vis-à-vis de laquelle la famille audoise passe complètement à coté : il faut dire que les têtes sont encore à Chisinau. La même en Corse, où l’ambiance retombe à plat quand passe Cornelia. L’enthousiasme de Julia pour « Hold me Closer » n’est pas entièrement rejoint, quand bien même la mère remarque enfin la ressemblance vocale entre Cornelia et Bonnie Tyler.

Le contraire à Nice, Côte d’Azur, où ce sont trois minutes de silence et d’émotion pour certains qui ont loué la maîtrise vocale de la chanteuse suédoise qui bizarrement, n’a pas plu du tout uniquement aux trois nouveaux venus au concours qui l’ont trouvée artificielle. Tandis qu’en Italie, c’est une claque que se prend la terrasse, qui perçoit les effluves d’une possible Winner Vibe pour la représentante suédoise.

Australie

Le seul homme de la maison audoise (parce que même les deux chiens sont des chiennes) trouve Not the same très répétitif, tandis que c’est le masque de Sheldon qui a beaucoup intrigué à Nice. Arthur se demande même si le concurrent australien allait se marier en voyant sa tenue ! Tout cela pour une assemblée divisée à tous points de vue. De nouveau, grand silence dans le salon corse. La prestation, si elle est très bonne, n’enchante guère, de même que sur la terrasse turinoise.

Royaume Uni

« Vocalement, il arrive à réunir Demis Roussos dans sa période « Aphrodite’s Child », MIKA et Freddie Mercury, c’est impressionnant! Il est d’une justesse et d’une précision vocale… On voit que la scène est son élément. »

La famille de Juliette

Ah Sam, toujours la banane (qu’il a du piquer aux loups/espions norvégiens). Bon il a tellement ouvert sa bouche qu’on y a vu ses amygdales. Mais c’était très très très bien pour nos quatre audois ! Le look et la voix ont beaucoup impressionné côté niçois, où certains ont tenté d’imiter sa voix mais ils se sont vite calmés pour éviter tout accident de leurs cordes vocales….

Le voilà, le favori général et incontesté de la maison corse: Sam Ryder ! (Les parents étaient tous les deux présents lorsque Juliette l’a interviewé, et elle leur avait fait écouter « Space Man » pour leur situer qui il était et ce qu’il chantait). L’émerveillement était donc à son comble. Envolées toutes les autres prestations, c’était de « Space Man » dont ils se rappelleraient le plus, au point de tous voter pour Sam le moment arrivé.

Ambiance de folie à Turin, où la prestation britannique, non seulement subjugue la foule qui voit en Sam un potentiel gagnant, mais déchaîne la passion de nos amis britanniques parmi lesquels un beau jeune homme qui, au son de la musique, se lance dans un strip-tease (pas intégral, attention !) en s’accrochant à sa barre de pole dance de fortune : un échafaudage bringuebalant ! Help ! Le tout pour soudoyer nos votes … jusqu’à montrer son assise à l’assemblée (qui ne figure évidemment pas sur l’image suivante). Convaincue (mais peu perspicace quant à ses chances avec notre protagoniste), une fille enjoint bruyamment le public masculin à se produire sur le trottoir-scène de la sorte … au point qu’on l’invite gentiment à se taire pour écouter Ochman. Déjà qu’avec la vuvuzela de l’un des italiens …

Pologne

Belle voix selon les carcassonnais. Mais trop d’effets visuels tuent les effets visuels. Un constat partagé par Turin (ne meurt jamais), où on souligne également le côté assassin de l’ordre de passage délicat du désormais fragile outsider. À la grande surprise de Zipo, presque tout le monde s’est rallié à son opinion : la plus belle voix du concours et une chanson idéale pour lui, mais beaucoup ont déploré le passage avec les éclats de lumière éblouissants et potentiellement pénalisants. Décidément difficile, très difficile de passer après l’ouragan Ryder, puisqu’en Corse, on écoute « River » plus distraitement, la prestation polonaise ne convainquant qu’à moitié.

Serbie

L’Aude y va cash, et même très cash : qu’est-ce que c’est que cette pale copie du plus célèbre titre de Patrick Sébastien? Avec en bonus un sosie de Tyrion Lannister dans les chœurs. Nice se passionne : ce n’est pas une chanson ! C’est de la propagande ! Une secte à l’Eurovision ? Une messe moderne ? La chanson du futur ? Le sommet de l’innovation musicale ! La honte du concours ! Au moins personne n’est resté indifférent.

Juliette, elle, prépare le terrain : avant la prestation, elle se fend d’un long laïus sur le contexte de « In Corpore Sano« , souhaitant que ses parents comprennent au mieux ce qu’ils vont regarder. Au final, division dans le salon : les deux parents sont perturbés, le père de façon positive (il aime la manière dont la performance met mal à l’aise et hypnotise presque), et la mère de façon plus perplexe (elle adore les refrains, mais la mélodie des couplets lui fait perdre ses repères).

Et Turin dans tout ça ? Et bien la terrasse est à fond ! L’arrivée de Konstrakta suscite l’approbation généralisée du public et lhypnotique effet du Biti Sdrava déteint sur les eurofans qui, chantant les paroles du refrain, reproduisent sa chorégraphie. Pour une très belle ovation finale qui, ultérieurement, sera étrangement confirmée par l’excellent télévote de la représentante serbe et une cinquième place, meilleur résultat de la Serbie depuis dix ans.

Estonie

Malgré toute la sympathie que procure Stefan, on sent que c’est le dernier titre avant l’entracte côté carcassonnais. La chanson familiale par excellence selon de nombreux participants à Nice, avec une musique thématique style western qui parle à tout le monde et à toutes les générations, physique et voix grave faisant le reste. Royale indifférence en Corse : après trois prestations enchaînées qui ont fait réagir le salon, Stefan essuie les plâtres et ne récolte que peu de suffrages, malgré une chanson que Juliette et sa mère apprécient bien. L’Italie s’inscrit sagement dans la moyenne.

Entracte et vote à Carcassonne

Les deux enfants forcent leurs parents à voter pour la Norvège (eh bien non, ce sera le Royaume Uni, gniark gniark). La plus jeune commence à monter des signes de fatigue vite estompés par les titres de Mika. Elles en deviennent même infernales. Ça va vite se calmer au moment des votes… Qui arrivent d’ailleurs. Et là, catastrophe, la France n’obtient aucun point. La plus jeune se met à pleurer (de tristesse et de fatigue). Chaque porte parole et chaque zéro est un déchirement. C’en est trop. Au moment du télévote, les bras de Morphée l’emporte au pays du sommeil (et des licornes surement). Quand à la grande, elle acceptera la lourde défaite. Mais ce n’est pas grave car le plus important c’est que la soirée a été réussi. Des rires, de la danse, des clap clap, une famille du sud de la France réunie autour de leur écran. La délicieuse félicité de transmettre le flambeau. La nuit sera courte mais qu’importe le principal est là… Eurovision is magic.

Lolotte

Entracte et vote à Nice

Une fois les 25 candidats passés, nous avons raccompagné les personnes âgées chez elles et les deux petits garçons sont allés se coucher : félicitations à tous les deux d’avoir tenu le coup jusqu’au bout. Le papa d’Arthur étant parti également, nous nous sommes retrouvés à huit pour écouter attentivement l’ensemble des résultats en grignotant des petits fours concoctés spécialement par les religieuses du couvent pour nous tous: une très délicate attention très appréciée vous l’imaginez !

il était temps de nous concerter pour désigner le vainqueur de la soirée : autant le dire tout de suite, ni l’Ukraine, ni l’Italie ont été citées une seule fois. Par contre, aucune majorité claire s’est dégagée dans les choix de chacun : pêle-mêle, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Pologne, la Moldavie, la France (oui, oui !), la Serbie, la Norvège ont eu les honneurs d’une éventuelle victoire.

Au moment fatidique avec l’annonce de la victoire de l’Ukraine, ce fut une ambiance de résignation qui s’est lue sur tous les visages mais sans le moindre commentaire : ni élogieux, ni désobligeant. Seule Sœur Henriette a déclaré : si cette victoire peut apporter la paix en Ukraine, nous serons bientôt tous très heureux et nous n’y penserons même plus. Après tout, ce n’est qu’un concours de chansons et il ne faut pas trop le prendre à cœur.

Personnellement, ce que je t’attendais, c’était la réaction des trois nouveaux devant l’écran qui regardaient pour la première fois la finale du concours : ils ont été satisfaits en déclarant qu’il y avait certes du très bon mais aussi du très mauvais, mais ils ont passé une excellente soirée et ils m’ont promis d’être à nouveau présent en 2023 et même pour les demi-finales cette fois-ci ! Et ça, c’est la plus belle des victoires de la soirée en ce qui me concerne.

Zipo

Entracte et vote en Corse

À peine la phase de votes ouverte, nous nous précipitons tous trois sur nos téléphones. Il est temps de soutenir nos préférés de la soirée. Royaume-Uni, Lituanie, Moldavie, Portugal et Serbie décrochent nos suffrages ! Côté interval acts, à part le medley de MIKA que nous écoutons tous avec grand intérêt et qui nous rappelle bien des souvenirs (MIKA était fantastique ce samedi soir, particulièrement à l’aise sur scène), rien ne suscite notre intérêt. Pas même les Maneskin (qui n’ont d’ailleurs même pas chanté « Zitti e Buoni », j’en étais fort fâchée). Le salon est distrait. Ici on consulte ses réseaux sociaux, là on repart chercher du chocolat… Tous nous n’avons qu’une hâte: qu’arrivent les tant attendus résultats.

Les points des jurys défilent, entre grande joie chaque fois que Sam Ryder reçoit un 12 point, soupirs désespérés de ma mère dès que Chanel en reçoit, et hochements de tête compréhensifs dès qu’il s’agit de l’Ukraine. On s’amuse aussi à pronostiquer qui donnera ses « twelve points » à quel pays… Bien souvent on tombe juste. À la fin du « jury vote », Sam Ryder est en tête… Tous trois nous nous prenons à espérer, même si nous savons, au fond, que l’Ukraine fera très mal au télévote. Nous grommelons aussi sur le fait que la France ait reçu si peu de points; les jurys n’étaient pas prêts pour la techno bretonne, c’était évident ! Arrive le vote du public, entre déceptions (les 8 points attribués à la France), empathie (pour Malik, Marius et Sheldon surtout), jolies surprises (les 93 points de la Lituanie, le joli score final du Portugal), et folles remontadas (la Serbie et surtout la Moldavie). Quand viennent les points de l’Ukraine, je comprends bien que les dés sont jetés. Une sorte de tristesse m’envahit sur le moment… J’y ai tellement cru à cette victoire britannique, tellement… Les points des trois derniers pays se distribuent dans le silence du salon.

« C’était évident », doivent être les premiers mots à le briser lorsque l’Ukraine décroche pour de bon le Micro de Cristal. L’ambiance est un peu retombée. On comprend la victoire, mais je crois qu’on aurait tous trois un autre scénario. Cependant, « Stefania » étant une très bonne chanson, l’amertume se dissipe rapidement, et je crois que nous ne serons pas rancuniers quand nous discuterons ensemble de cet Eurovision 2022.

Juliette

Entracte et vote à Turin

Allons droit au but : l’entracte ne suscite guère la passion sur la terrasse de nos sympathiques moldaves, où espagnols et britanniques rêvent à la victoire alors que, côté français, sans grande attente, nous espérons au mieux un top 15 en dépit de la qualité de la proposition singulière d’Alvan & Ahez.

Démarre la révélation des votes des jurys (et nous sommes obligés de faire taire le dissipé public, notamment italien, moins eurofan que nous autres). Trois douze points à Chanel font hurler l’assistance, mais très vite, Sam Ryder prend le lead, assurant la joie de nos amis britanniques pendant que les espagnols scandent « Si, se puede » (« Oui, on le peut »). Ce serait si beau d’assister à la première victoire de l’Espagne en plus de cinquante ans, en présence d’espagnols, à Turin … Quatrième du télévote, l’Ukraine est distancée de moins de cent points : suffisant pour endiguer un éventuel raz-de-marée au télévote ? L’on se prend en tout à rêver d’une nouvelle victoire du BIG 5, cette fois ci pour l’un des pays ressortis lessivés, pour ne pas dire humiliés, du concours 2021. Les classements très élevés de l’Azerbaïdjan, l’Australie, le Portugal, la Belgique et la Suisse surprennent l’assistance. Quant à la France, les neuf points du jury sonnent comme une douche froide, que l’on espère compensée par le télévote. Constat lucide toutefois : la situation est mal barrée.

Au tour du télévote de livrer son verdict. Conformément aux attentes, les chouchous des jurys prennent l’eau, mais dans des proportions démesurément surdimensionnées. Pour la France, la claque est douloureuse : les neuf points nous offrent une scandaleuse et injuste avant-dernière place que nous n’attendions pas. En difficulté chez les jurys, la Moldavie et la Serbie assurent de belles remontadas, jusqu’à ce que le verdict final de l’Eurovision soit énoncé en même temps que le télévote de l’Ukraine, qui sidère l’assemblée : 439 points. Une histoire en marche, puisque jamais un pays n’avait dépassé la fatidique barre des 400 points au télévote … et surtout laissé aussi peu de miettes aux poursuivants (28 fois la note de 12 points au télévote …). Avec moins de 600 points à distribuer, et l’improbabilité que Royaume-Uni, Suède ou Espagne se soit pris un bide au télévote, l’évidence amère est là.

Conformément aux attentes, et par un vote où la dimension géopolitique a probablement lourdement impacté l’aspect musical du concours Eurovision de la chanson, le vainqueur est celui annoncé par les bookmakers. De quoi diviser la terrasse, partagée entre acclamations, émotion évidente pour quelques porteurs du drapeau bleu et jaune, et quelques huées … (et pas des eurofans espagnols, précisons-le d’entrée), tandis que d’autres s’inclinaient poliment devant le choix démocratique et quasi unanime. De quoi susciter d’étranges réactions parmi les eurofans, nombreux à quitter le bar alors même que les courageux représentants de Kalush Orchestra n’avaient pas encore quitté la green room. Car un seul constat dominait alors l’assemblée : l’Eurovision 2022 a donné raison à tous les détracteurs du concours, qui ne voient en lui qu’un exclusif couronnement de la géopolitique au détriment de la musique. Un rapport complexe qu’on aura beau questionner sempiternellement sans jamais y trouver d’unique réponse objective, susceptible de ne pas déchaîner les passions … Passions amères en tout cas bien présentes en ce dimanche 15 mai minuit passé sous le ciel turinois … sans même penser à la portée de la victoire de Kalush Orchestra pour un pays meurtri dans sa chair. Quand je l’écris, n’est-ce pas déconnecté en y repensant ?

Rémi

Bonus : la recette des sushis par Lolotte

250 g de riz à sushis (que vous pouvez trouver en grande surface)

4 cuillères à soupe de vinaigre de riz (mais le vinaigre blanc peut faire l’affaire)

2 cuillères à soupe de sucre en poudre

1 cuillère à café de sel

Des algue Nori

Rincer le riz plusieurs fois et laisser reposer pendant 40 minutes pour qu’il gonfle.

Si vous avez un cuit riz c’est nickel, ça cuit tout seul. Sinon mettre le riz dans une casserole. 35 cl d’eau froide. Metrre un couvercle et porter à ébullition pendant 10 minutes. L’eau doit être complètement absorbée.

Arrêter le feu. Ter le couvercle et poser un chiffon sur la casserole pendant 10 minutes.

Pendant ce temps, dans une autre casserole, faire chauffer le vinaigre, le sucre et le sel. Retirer du feu dès que le point d’ébullition est atteint.

Avec un spatule en bois, déposer le riz chaud dans un plat large et pas trop profond. Travailler le riz à la spatule et verser progressivement le mélange de vinaigre. Cela doit vous prendre 10 minutes.

Recouvrir le riz d’un torchon jusqu’à utilisation.

Ensuite garnir les algues Nori du riz et de tout ce que vous avez envie (je vais me faire tuer pat un japonais pour avoir écrit ça). Ça doit ressembler à des boudins. On découpe le tout avec un couteau bien aiguisé (que l’on passe sous l’eau et essuie avec un torchon le plus souvent possible). Et voilà c’est prêt ! Bon appétit !

Et tadaaam… Sans états d’âme !

© Rémi P.