Cette semaine, la télévision publique albanaise a publié les chansons en lice pour son légendaire et attendu Festivali i Këngës. Nous avons ainsi découvert ensemble les premières chansons écrites pour l’Eurovision 2021. En parallèle, les préparatifs de l’Eurovision Junior se sont poursuivis. Dans une semaine précisément, nous assisterons à sa grande finale, premier événement eurovisionesque d’importance depuis mars dernier et l’ultime super-samedi de la Saison 2020.

Qu’avez-vous ressenti en découvrant les premières images des prestations de Soleá et d’Arina ? Qu’avez-vous éprouvé en écoutant les chansons d’Inis Neziri et d’Orgesa Zaimi ? En ce qui me concerne, j’ai une nouvelle fois senti dans mon cœur les émotions exploser et se mélanger : impatience, exaltation (Manjolla !), joie, surprise, déception (Wendi…) et soulagement. Soulagement de panser les plaies de cet Eurovision 2020, de profiter pleinement du Junior 2020 et de me tourner vers l’Eurovision 2021, avec la certitude qu’il couronnera un nouveau vainqueur, deux années après Duncan Laurence.

Cette semaine nous aura de cette façon rappelé deux fonctions essentielles de l’Eurovision, deux apports majeurs, trop souvent oubliés ou dédaignés par ses contempteurs et ses sycophantes. Au niveau individuel, susciter des sentiments positifs en nous. Au niveau collectif, nous réunir autour d’événements heureux. Cette double expérience est la pierre angulaire du Concours, celle qui cimente notre attachement à lui et à ses manifestations. C’est pour cela que nous le suivons au quotidien, que nous lui sommes indéfectiblement attachés, que nous l’aimons.

Nous traversons des mois difficiles. Nous avons vu vaciller certains fondements de nos existences. Des valeurs que nous songions immuables, ont été brutalement remplacées par d’autres. Nous avons été séparés de nos familles et de nos amis. Nous avons éprouvé angoisse, peur, incompréhension, déni, chagrin, deuil, colère, révolte. Mais l’Eurovision nous a apporté avec constance, divertissement, distraction, rire, fou rire, dérivatif, bonne humeur et souvenirs heureux. Ses riches heures, ses chansons, ses artistes, ses dernières informations nous aurons permis de nous évader dans un monde meilleur. Et le voilà qui nous guide déjà vers d’autres réjouissances et un mémorable Albanoël.

Nos journées, nos semaines ont été solitaires. Nous avons affronté l’épreuve ultime pour les êtres sociaux que nous sommes : la distance, l’isolement, l’interdiction des contacts physiques et humains. Cela a un sens, cela n’en demeure pas moins une épreuve difficile. Mais l’Eurovision nous a réunis, nous a rapprochés, nous a offert le soutien d’une communauté d’intérêt, de passion et de cœur. Nous Eurofans ne sommes jamais seuls. Nous membres de l’Eurovision au Quotidien n’avons jamais été séparés. Nous nous sommes appuyés sur nos présences respectives, sur nos échanges et nos conversations quotidiennes. Nous ressortons plus soudés et plus proches encore de l’épreuve ultime qu’a été l’annulation de cette édition 2020.

Voilà donc à quoi sert l’Eurovision : à rendre les gens plus heureux, à les unir dans la joie, à illuminer leur année. Rares sont les événements à causer autant de bonheur à autant de monde. Et c’est ce qui rend le Concours d’autant plus précieux.