Les années 90 ! Une décennie mythique, qui fête ses trente ans (déjà). La rentrée 2020 est l’occasion idéale pour célébrer cet anniversaire et revivre certains de ses moments les plus mémorables. Dans cette nouvelle séquence du Happy Hour, nous mêlerons stars des années 90 et Eurovision. Mais pas n’importe quelles stars, puisque nous rendrons hommage à l’un des courants musicaux phare de la décennie : l’Eurodance. Voilà donc votre programme du dimanche pour ces semaines de septembre : des tubes anthologiques, des sélections méconnues, des retours inattendus et des souvenirs à la pelle.

Débutons par un rappel : qu’est-ce que l’Eurodance ? Il s’agit d’un genre de musique électronique, typique des années 90, incorporant des éléments de la house, de la disco, de la hi-NRG et de la new beat. Parmi ses grands noms, 2 Unlimited, Snap!, Haddaway, Corona ou encore…

Gina G

S’il y a bien une Eurostar emblématique du genre, c’est elle ! Gina Gardiner nait à Brisbane en 1970. Passionnée de musique, elle débute sa carrière professionnelle au début des années 90, comme chanteuse pour le groupe dance Bass Culture. Parallèlement, elle officie en tant que DJ. Elle déménage au Royaume-Uni au milieu de la décennie.

En 1995, elle est retenue par la BBC pour participer à la sélection britannique pour l’Eurovision 1996, The Great Britsh Song Contest. Après une demi-finale diffusée dans le cadre de Top of The Pops, Gina se qualifie pour la grande finale du 8 mars 1996, présentée par Terry Wogan. Elle y affronte trois autres concurrents : Layla, Code Red et Zeitia Massiah.

Au terme d’un télévote simple, Gina l’emporte à une majorité écrasante. Sa chanson sort à la fin du mois et rencontre aussitôt un grand succès.

Gina G doit ensuite affronter une autre épreuve eurovisionesque : la curieuse, unique et controversée préselection 1996. Face au nombre sans cesse croissant de pays souhaitant participer au Concours, l’UER innove avec une présélection… audio. Les jurys nationaux des pays participants se réunissent pour écouter les enregistrements studio des 29 chansons en lice. Après leur vote, sept pays sont sèchement éliminés, dont l’Allemagne qui manquera pour la seule et unique fois de son histoire une finale de l’Eurovision.

Gina, quant à elle, termine troisième de cette présélection. Le 18 mai 1996, à Oslo, elle monte sur la scène du Spektrum et livre une prestation qui se gravera dans les annales du Concours. Accompagnée par deux danseuses, Gina éblouit littéralement la caméra dans une mini-jupe métallique de Paco Rabanne, conçue initialement pour Cher. Notez la curieuse présence de deux ordinateurs, rappelant que Ooh Aah avait été principalement composé par le biais de programmes informatiques.

Le vote est hélas moins favorable à Gina. Elle termine huitième seulement avec 77 points. Le Portugal et la Belgique lui ont attribué leur “douze points”. Mais l’Espagne, la Grèce, la Norvège, la Slovénie, les Pays-Bas, la Finlande, la Bosnie-Herzégovine et la Pologne l’ont ignorée.

Après le Concours,Ooh Aah poursuit son incroyable marche triomphale : la chanson atteint la première place des classements britanniques. Ce sera la dernière fois qu’une chanson représentant le Royaume-Uni à l’Eurovision se classera ainsi numéro un. Mieux encore : Ooh Aah devient un tube international. Elle se classe dans le Top 10 de la plupart des pays européens, ainsi qu’au Canada et en Australie, est numéro un en Israël et fait rarissime, atteint même la douzième place des classements américains. Ooh Aah sera même nommée pour un Grammy Award dans la catégorie dance.

En 1996 et 1997, Gina continue de publier des singles, qui rencontrent le succès au Royaume-Uni et en Australie.

En 1997, Gina sort son premier album, qui rencontre un succès commercial équivalent. Elle se lance alors dans la préparation d’un second album et enregistre plusieurs chansons destinées à sortir d’abord en singles. Mais une dispute avec son manager dégénère en conflit judiciaire. Selon les rumeurs, elle connaîtrait alors des problèmes sévères d’addiction. Quoiqu’il en soit, la chanteuse interrompt sa carrière et disparait complètement durant trois années.

Gina décide de revenir à la scène en 2000, mais ce n’est qu’en 2003 qu’elle rentre à nouveau dans la lumière. Elle participe à la téléréalité Reborn In The USA, qui voit d’anciennes gloires américaines retenter leur chance Outre-Atlantique. Elle est éliminée lors de la troisième émission.

En 2005, Gina revient à la sélection britannique pour l’Eurovision avec Flashback. Elle doit cependant s’incliner face à Javine, mais en profite pour sortir un second album.

En 2006, elle fonde son propre label et publie Tonight’s The Night.

En 2011, Gina publie Next 2 U.

Mariée depuis 2003, Gina vit en Californie avec son mari et ses deux enfants. Elle s’est produit pour la dernière fois sur scène en 2013. Depuis, elle semble avoir mis sa carrière entre parenthèses.

Deuce

Fondé en 1994 par Tom Watkins, manager des Pet Shop Boys et d’East 17, Deuce est composé de Kelly O’Keefe, Lisa Armstrong, Craig Robert Young et Paul Holmes. Ils sortent leur premier single en 1995. Le succès est au rendez-vous.

La même année, ils s’inscrivent à la sélection britannique pour l’Eurovision, A Song For Europe, avec I Need You.

Face à eux, un autre monument de l’Eurodance, Londonbeat.

Et Samantha Fox.

Au final, Deuce termine troisième et c’est Love City Groove qui s’envole pour Dublin, où il obtient une dixième place.

De son côté, I Need Love se hisse à la dixième place des classements et Deuce enchaîne avec un premier album, au succès modéré.

Mais au terme de cette année 1995, Kelly O’Keefe quitte le groupe, le privant de sa vocaliste principale. Elle est remplacée par Amanda Perkins et Deuce sort un nouveau single en 1996, qui passe inaperçu.

Le groupe se sépare alors en 1997. Ses membres poursuivent des carrières diverses. Craig Robert Young devient acteur ; Lisa Armstrong, maquilleuse et Paul Holmes, auteur-compositeur.

Sur ce, passez un bon dimanche ! Je vous retrouve ici-même demain pour une découverte ; mardi, pour une nouvelle révélation française et dimanche, pour d’autres numéros du Happy Hour. À très bientôt !

(avec la collaboration de Pauly)