… Oui, le titre peut paraître saugrenu vu que l’Eurovision 2023 s’est achevée dans la nuit de samedi à dimanche et que nous avons foulé à nouveau le sol français dans la foulée. Mais nous n’allions pas vous planter comme ça, sans vous compter la suite et fin de nos aventures liverpuldiennes.

Vendredi 12 mai

Le rythme s’accélère de plus en plus. Dès le lever, sous un soleil radieux, Kris et Marie visitent la cathédrale anglicane de Liverpool, certes construite au XXème siècle et de style néogothique, mais qui paraît avoir été érigée plusieurs siècles plus tôt. Elle est si grande qu’on s’y perdrait.

Nos deux acolytes n’ont cependant pas le temps de la visiter en profondeur, car pressés par le temps à l’approche de la première répétition générale de la grande finale, qu’on appelle la Dress Rehearsal, prévue pour 12 heures. Après avoir rejoint Rémi au centre médias, nos trois rédacteurs se dirigent vers la M&S Bank Arena où, trois heures durant, ils ont assisté à de très belles prestations, dont celle de la France, qui était nettement meilleure que les précédentes tant du point de vue de l’EAQ que de l’avis général. Sans parler des sublimes entractes concoctés par l’organisation, à grand renforts d’eurostars cette fois.

Retour en salle de presse pour la préparation des articles, et faire un petit tour de promotion pour notre représentante grâce aux disques et aux éventails offerts par la délégation française, mais aussi aux cartes postales de l’EAQ.

18 heures. Direction la salle de conférences pour assister à la conférence de presse des représentants du BIG 5 (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni) et de l’Ukraine. Voilà donc en piste La Zarra, élégante comme à son habitude, Lord Of The Lost, en costume de scène, Marco Mengoni en Versace (avec lequel Rémi encore tout émoustillé venait tout juste de prendre une photo), Blanca Paloma de blanc vêtue et Mae Muller en tenue décontractée. Priorité aux médias nationaux oblige, c’est l’occasion pour l’EAQ de poser une question à La Zarra quant à sa prestation.

On croise ensuite Victor Vernicos, le jeune grec éliminé la veille en demi-finale, en salle de presse, entouré de sa délégation et des médias locaux qui, tour à tour, ne cessaient de le réconforter. Dans la foulée, et accompagnée d’une impressionnante nuée de caméras et de micros, Noa Kirel arrive à son tour au centre médias, telle la sérieuse outsider qu’elle est devenue depuis le dévoilement de sa performance au public.

La journée est passée à une vitesse folle, à tel point qu’il est déjà vingt heures et que nous n’avons pas mis le nez dehors depuis midi. Vient l’heure du Jury Show. Toujours dans la salle de presse et entouré de nombreux médias, nos yeux sont rivés sur l’écran géant sur lequel est inscrit « prohibited to film the screen » (interdit de filmer l’écran), du fait de l’interdiction de filmer à l’avance les prestations que vous découvrirez quelques heures plus tard.

L’atmosphère est sérieuse, et si journalistes et fan médias applaudissent les prestations des candidats, les applaudissements sont relativement brefs, exception faite et rare de solides applaudimètres pour la Suède, la Finlande, l’Espagne, l’Italie et Israël, que nous voyons alors de manière assurée dans le top 10, si ce n’est le top 5. Gros raté pour la Norvège (dont le son était coupé au tout début de la prestation), avec un second couplet et surtout une note haute complètement foirée, ce que les jurys ne pardonneront pas le lendemain, mais dans l’ensemble, les feux sont plutôt au vert. Les favoris ont été au rendez-vous, de même que les futures surprises du lendemain que nous ne soupçonnions alors pas. Quant à la France …

… Alors que La Zarra nous avait ébloui plus tôt dans l’après-midi, force est de constater que la représentante française était nerveuse sur son pylône lors du Jury Show. Si le refrain a semblé faire son petit effet en salle de presse à coups de tapage dans les mains sur les « Evidemment« , la prestation vocale était hélas sur le fil tout du long, quand bien même les notes clés de la chanson sont passées. Stressée, La Zarra a livré une prestation parfois étranglée susceptible de coûter de précieux points chez les jurys. Les retours Twitter, notamment auprès des eurofans étrangers, étaient toutefois tout autres.

Suite et fin de la soirée à l’appartement pour Kris et Marie, et à l’Euroclub pour Rémi, où ce fut l’occasion pour lui de retrouver sur la piste de danse les copains français et belges rencontrés à Turin l’année dernière, jusqu’au petit matin liverpuldien, soit 4 heures auxquelles se lève peu à peu le jour. Une soirée magique au son de Gemini, Cornelia Jakobs et Charlotte Perrelli, têtes d’affiche du vendredi, et des eurotubes, la France ayant même eu droit à Fullenn et à Moustache, tandis que Cha cha cha imposait très largement son feu sacré en termes d’ambiance. Pendant que Tural ou Turan achevait sa soirée dans le carré VIP.

Samedi 13 mai

Comme un drôle d’air dans les rues de Liverpool en ce dernier jour de Semaine Sainte mais, surtout, le plus attendu de l’année !

Cette année, comme nous l’avons déjà raconté dans ce journal de bord, Liverpool est une vraie capitale de l’Eurovision. L’air de la ville et de ses habitants respire le concours comme jamais, et aux antipodes turinoises. De la gare aux magasins, des librairies aux lieux culturels, des bars aux clubs, des écoles aux associations, tous vibrent au son de l’Eurovision. Inutile de vous dire la joie et l’excitation qui règnent dans la ville en ce samedi !

Un samedi de tourisme pour notre part avant la dernière ligne droite. Car vivre l’Eurovision de l’intérieur, c’est aussi essayer de se ménager du temps pour découvrir sa ville hôte. Direction donc l’embarcadère du célèbre Pier Head afin d’embarquer pour une croisière sur le Mersey, qui sépare Liverpool du Wirral, ou quand l’énergie de la ville fait face à la quiétude du vert. L’occasion d’une rencontre avec une française installée du côté du Wirral depuis quarante ans, et ravie de pouvoir échanger avec ses compatriotes.

Passage ensuite par le Museum of Liverpool, où nous tombons sur une impressionnante chorale de femmes dans le cadre de l’Eurofestival (du nom des festivités dédiées au concours de l’Eurovision), avant une visite des lieux qui retracent l’histoire de Liverpool. Baigné de soleil, l’extérieur grouille de monde, locaux et eurofans (dont une colonie d’espagnols parés des couleurs de Blanca Paloma et chantant EaEa), auquel nous nous mêlons ensuite, le temps d’un fish and chips sur le Canning Dock, lunettes de soleil et tee-shirts estampillés EAQ sur les épaules.

Tandis que Marie tombe sur Eldar Qasimov (vainqueur azéri de 2011) en train d’acheter des magnets pendant sa virée shopping, Kris et Rémi partent à l’assaut des deux cathédrales avant de s’aventurer dans le Chinese Quarter et le Georgian Quarter (à l’allure d’un Notting Hill liverpuldien). Tandis que l’Université de Liverpool a rebaptisé temporairement l’un de ses squares du nom d’ABBA, rues et pubs grouillent encore plus de monde à l’approche du concours (diffusé partout dans la ville), ainsi que les abords de la M&S Bank Arena, où nous rejoignons la M&S Bank Arena les sacs remplis de bières et de vivres « à la française ».

20 heures. Alignés sur la table France, où nous avons rejoint nos collègues fan médias et les journalistes français, c’est dans une ambiance somme toute assez studieuse que nous suivons la grande finale sur les écrans d’un centre médias pour l’occasion plein à craquer. Tandis qu’Évidemment fait taper des mains aux journalistes et que les français donnent de la voix devant la magnifique prestation en finale de La Zarra, nos voisins espagnols font au moins tout autant de bruit pour Blanca Paloma, dont la côte s’effondre depuis quelques heures chez les bookmakers.

Mais le temps fort, c’est le passage de la Finlande, qui fait se lever toute la salle et incite même un groupe à reproduire la chorégraphie de Käärija dans le centre médias, sous le regard de dizaines de téléphones. À l’applaudimètre, la Finlande tue le jeu de l’Eurovision 2023 sans aucune mesure, tandis que la Suède essuie quelques huées pendant le défilé des drapeaux et que Let3 fait à nouveau se lever certains pour danser. Bien dur de passer après notre rappeur finlandais, les treize pays suivants n’essuyant au mieux que des réactions polies.

23 heures. Une clope plus tard avec un journaliste français et la co-présentatrice ukrainienne des conférences de presse, place aux votes des jurys dans la tension toujours inhérente à ce moment phare du concours. Tandis que Rémi commente les points au micro de France Info (la radio), nous sommes tous interloqués par l’avance spectaculaire et irrattrapable prise par la Suède aux votes des jurys, qui prive d’emblée tout autre pays du moindre rêve de victoire. Même si le télévote offre un bel espoir à la Finlande et son score impressionnant (376 points, soit 10,16 points par pays – reste du monde inclus !), l’issue de l’Eurovision 2023 est actée. Au plus grand bonheur de certains, à l’amertume d’autres qui, comme la salle, auraient préféré la victoire du finlandais, bref à la discrétion de la réaction de chacun.

Pour la France, c’est une nouvelle douche froide, certes un soupçon sévère d’un point de vue comptable, mais qui dissimule sans doute bien d’autres raisons qui dépassent la qualité du titre et de la chanson. Choc également pour les 5 minuscules points de Blanca Paloma au télévote.

Dimanche 14 mai

1 heure locale. Tandis que La Zarra vient s’expliquer en centre médias, direction la salle de conférence de presse pour celle de la grande vainqueure, Loreen, acclamée et très sympathique avec les journalistes et les fan médias. Une conférence qu’elle conclut par une reprise a cappella de Tattoo.

Retour à l’appartement pour une dernière et courte nuit de sommeil, la tête dans les valises, le départ et le guidon.

8 heures. Tandis que Marie est partie depuis 5 heures, Kris et Rémi sont dans le train, direction Manchester Airport. Un incident nous laisse finalement sur le quai de la gare centrale mancunienne, le temps de prendre un tramway à destination de l’aéroport, où la fatigue et la lassitude de contrôles de sécurité zélés font s’énerver un soupçon Rémi !

Dans l’avion, nous avons la surprise de retrouver la délégation française dans son intégralité sous l’égide d’Alexandra Redde-Amiel (cheffe de délégation) mais aussi Delphine Ernotte (PDG de France Télé), Stéphane Bern et Laurence Boccolini, et évidemment La Zarra et ses équipes. L’occasion d’échanger quelques brefs mots avec certains.

15h20 heure française. Notre avion se pose sur le tarmac de Roissy Charles-de-Gaulle, la tête encore pleine de rêves eurovisionesques desquels il ne sera pas facile de descendre.

Merci à tous d’avoir suivi nos aventures durant cette semaine à Liverpool, Royaume-Uni !

Crédits photos : Marie et Rémi