Panique en salle de rédaction ! La maintenance et les ralentissements du week-end ont retardé le deuxième de la Gazette 2025. Trêve d’impatience : le voici, le voilà, et pile à J-7 du lancement du festival de Sanremo 2025, s’il vous plaît.
Au programme : du drama, évidemment – quelle saveur Sanremo aurait-il sinon ? -, les premières images de la scène, le programme de la Suzuki Stage et la traditionnelle photo de famille pour conclure ! Pour commencer toutefois, rien de tel qu’un petit retour sur LA polémique qui a agité le landerneau médiatique transalpin ces derniers jours. Enfin, plutôt l’Italie toute entière.
Retour sur l’affaire Emis Killa

L’affaire a agité l’Italie entière : la semaine dernière, nous apprenions le retrait d’Emis Killa de la compétition. Le rappeur aurait-il pris peur face aux réactions peu enthousiastes de la presse transalpine à l’écoute de sa chanson ? Que nenni, puisque, en réalité, une enquête judiciaire vient d’être ouverte à l’encontre du jeune artiste pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire Dopia Curva.
Dopia Curva ? Il s’agit d’une enquête de vaste ampleur menée par le parquet antimafia de Milan à l’encontre des groupes de supporters ultra des clubs stars du football italien (et européen), l’AC Milan et l’Inter Milan. Vols à la sauvette, gestion des parkings, contrôle du commerce de boissons, de nourritures et de goodies… En jeu, le contrôle d’une manne financière s’élevant à plusieurs millions d’euros, et ce n’est pas tout ! Extorsions, intimidations, pressions sur les dirigeants des clubs, mais aussi violences : autant dire que le dossier de 530 pages est long comme le bras. Que vient donc faire le nom d’Emis Killa dans cette galère (qui a déjà conduit à l’incarcération et à l’assignation à résidence de 19 personnes à l’automne) ?
D’après le Corriere della Sera, célèbre quotidien national transalpin, Emis Killa serait lié à Luca Lucci, chef des ultras de l’AC Milan, au pedigree judiciaire déjà bien fourni : l’acteur principal de l’affaire avait déjà été condamné en 2012 suite à la violente agression d’un supporter milanais et en 2021 pour trafic de drogue et tentative d’homicide – entre autres, et il est aujourd’hui incarcéré depuis le mois d’octobre. Le rappeur a ainsi été aperçu à ses côtés en août dernier, en tribune VIP, pour le match entre l’AC Milan et la Juventus de Turin. Surtout, alors qu’il vient de se faire notifier une interdiction de stade pour trois ans, la justice aurait retrouvé à son domicile sept couteaux, trois poings américains, une matraque, un Taser et près de 40.000 euros en liquide, rien que ça ! Sans compter que l’artiste serait également impliqué dans l’agression d’un stadier lors du match Milan AC-AS Rome. De quoi remettre en cause sa présence au casting du plus célèbre festival d’Italie, certes avide de polémiques, mais pas au point de courir après une telle publicité.
Invité de Massimo Giletti dans l’émission Lo stato delle cose jeudi soir dernier, Emis Killa a évoqué l’affaire, se désolant de ne pas réaliser son rêve de participer à Sanremo. Interrogé sur ses liens avec les personnalités sulfureuses impliquées dans l’affaire, l’artiste a déclaré n’avoir entretenu aucun autre lien que de l' »amitié » avec elles. De même, il nie avoir participé aux échauffourées qui auraient conduit à l’agression du stadier.
Outre Emis Killa, des personnalités politiques et des chefs d’entreprise sont cités – si ce n’est directement impliqués – dans l’enquête, mais aussi des artistes, dont certains figurent même au casting de Sanremo cette année ! Parmi eux, les deux ennemis, Fedez et Tony Effe ont vu leurs noms mentionnés dans le dossier – le premier ayant entretenu des liens avec Luca Lucci pour un projet de gestion d’artistes et vu son chauffeur incarcéré lors de la vague d’arrestations d’octobre – ainsi que celui de Lazza (finaliste en 2022). Les artistes cités ne font toutefois l’objet d’aucune enquête judiciaire à ce stade et ne sont donc pas inquiétés.
Comme le dit ainsi le célèbre adage : suite au prochain épisode !
Un « Techno Hall » pour la scène de Sanremo 2025
Si le célèbre festival est avant tout connu et reconnu pour la qualité de sa scène musicale, il l’est également pour sa scène tout court, dont les premières images sont très attendues à chaque édition. 2025 n’y échappant pas, voilà que celle sur laquelle monteront les artistes cette année a été dévoilée par la RAI.

Le créateur de cet impressionnant dispositif scénique est loin d’être un inconnu du festival, puisqu’il s’agit de Riccardo Boccchini, qui avait déjà réalisé la scène de Sanremo lors des éditions 2015, 2016 et 2017, sous la direction artistique de Carlo Conti, avec qui il entretient visiblement une relation de confiance. Le concept 2025 – baptisé « Techno Hall » – repose sur l’idée d’une scène à 360 degrés interchangeable, dont le but est de créer des atmosphères différentes pour chaque chanson, à travers ce que le scénographe appelle des « sculptures » et des « murs ». Qui de mieux, d’ailleurs, que le principal intéressé pour parler de « l’élégance de la simplicité et de l’harmonie » :
« (Les sculptures/murs) se tordront en trois dimensions, toutes dans une essentialité de lignes, à la recherche d’une image propre et élégante : l’élégance d’une scène harmonieuse qui embrassera les spectateurs, en leur transmettant des émotions, et l’élégance de la forme qui, par des mouvements électromécaniques, se transformera pour servir les chansons, en parvenant même à disparaître complètement. »
Selon la RAI, la simplicité du projet scénique cache en réalité la complexité d’un savant travail d’alliance du graphisme, de l’éclairage, de la technologie et des moteurs (les fameux « murs/sculptures »). Un véritable « Tecno-Salon » de la fête, où l’orchestre prendra place sur les côtés, en direction du public, dans un environnement à la fois sinueux et plastique, où les motorisations technologiques adopteront des mouvements harmonieux. On nous promet également un dispositif vidéo et lumineux « innovant » au service de la captation télévisée, où des jeux d’optique accompagneront le spectateur, tandis que des lustres techno et des rideaux descendront du plafond, pendant que l’escalier se déplacera dans diverses configurations.
Bref, quand on vous dit que l’Italie a des idées ! Espérons juste que tout cela ne finisse pas comme le fameux soleil cinétique de Turin 2022… Dans l’attente, découvrez les premières images vidéo de la scène en mouvement captées par le journal télévisé de RAI1.
Au programme de la Suzuki Stage

Une semaine durant, Sanremo se transforme en véritable capitale de la musique italienne. Car au-delà d’accueillir le festival dans l’enceinte du théâtre Ariston – réservée à un public de privilégiés, la ville balnéaire est parsemée de scènes parallèles, dont certaines servent d’entractes aux longues soirées du marathon italien. Ainsi en est-il de la Suzuki Stage, du nom du célèbre constructeur automobile, partenaire du festival depuis douze ans désormais, qui animera la Piazza Colombo pendant toute la durée du festival. Outre l’occasion rêvée de mettre en scène sa S-Cross Hybrid 4wd Allgrip sous les yeux d’une dizaine de millions de téléspectateurs, Suzuki proposera une programmation musicale cinq étoiles à même de ravir celles et ceux qui n’auront pu s’offrir un précieux accessit pour l’Ariston. Et, ce, dès le 8 février, au cours de soirées enflammées présentées par Jody Cecchetto et Mattia Stanga,
Ils nous donneront rendez-vous sur la Suzuki Stage pendant le festival :
- Samedi 8 février : Urban Theory et artistes d’Area Sanremo
- Mardi 11 février : Raf (co-auteur de Gente di mare d’Umberto Tozzi et Giancarlo Bigazzi – Eurovision 1987)
- Mercredi 12 février : Big Mama (candidate à Sanremo 2024)
- Jeudi 13 février : Ermal Meta (représentant italien à l’Eurovision 2018 et 3ème de Sanremo 2021)
- Vendredi 14 février : Benji e Fede
- Samedi 15 février : Tedua
… Et pour finir, la photo de famille !
Comme chaqu année, le TV sorrisi et canzoni livre sa traditionnelle photo de famille de Sanremo, avec les 30 (désormais 29) artistes en lice entourant Carlo Conti, le directeur artistique de cette édition. Détail amusant : les deux ennemis jurés Fedez et Tony Effe (encore eux !) sont situés juste l’un devant l’autre – de quoi sentir l’électricité passer entre eux.

Plus qu’une semaine de patience (ou plutôt d’impatience) avant de découvrir les premières chansons du cru Sanremo 2025. D’ici là, rendez-vous prochainement pour le troisième numéro de La Gazette, où l’EAQ vous dira tout sur les coulisses de l’événement musical italien de l’année !
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