Dimanche dernier, Carlo Conti a enfin levé le voile sur le casting du Festival de Sanremo 2025. De quoi faire des heureux, mais aussi beaucoup de déçus… et suscité de premières polémiques. Allora, prêts à un avant-goût de la prochaine Gazette ?

Au programme du jour :

Des recalés de marque

Puisqu’on vous dit qu’ils auraient pu être quarante ! Chaque année, ils sont nombreux à se presser à la porte du directeur artistique, espérant décrocher leur précieux accessit pour Sanremo. Mais si la scène de l’Ariston est The place to be pour n’importe quel artiste italien qui se respecte, les places sont chères, très chères, à tel point qu’un grand nom n’est pas une garantie de figurer au casting. Autant dire que la liste des prétendants déçus est aussi longue que le marathon sanrémasque…

Parmi les recalés figurent notamment plusieurs vétérans, dont la présence hypothétique au casting revenait avec insistance. Ainsi Al Bano a-t-il accueilli sa non-sélection avec un acide “sans commentaire”, lui qui espérait que le retour aux affaires de Carlo Conti lui permettrait de se voir offrir un hommage via une invitation dans la compétition. Nous n’écouterons pas non plus Patty Pravo, qui aurait eu là une sacrée occasion de promouvoir son dernier disque, ou encore Nomadi et Jalisse. Le duo italien, qui avait porté les couleurs du pays à l’Eurovision 1997, a pris son énième échec aux portes de Sanremo non sans humour. Pendant ce temps-là, tout juste deux ans après leur grand retour sur la scène musicale italienne, Paola & Chiara assisteront elle aussi au festival depuis leur canapé en vinyle, laissant ainsi la vedette à leurs acolytes espagnoles Sonia & Selena du côté de Benidorm.

Parmi les grandes favorites au billet pour Sanremo, Arisa se voit une nouvelle fois déçue, elle qui aurait pu viser une troisième victoire au festival après 2009 (section Nuove Proposte) et 2014. De même, Enrico Nigiotti, maintes fois annoncé sur la grille de départ par la presse italienne, restera finalement à quai, tout comme Mara Sattei deux ans après ses débuts remarqués, le rappeur Luchè – visiblement devancé par la concurrence de la nouvelle génération – ou encore la grande Irene Grandi, qui avait pourtant débarqué avec une chanson signée de la légende Gianna Nannini dans les bagages. Eux aussi évoqués avec insistance pour une première participation, Tommaso Paradiso et Virginio ont également été écartés de la liste finale en dépit d’une rumeur favorable.

Vous en voulez plus, vous en voulez encore ? Sanremo 2025 devra également compter sans une loooongue liste composée d’Aka 7even, Aiello, Alberto Urso, Alexia, la rappeuse star Anna (récemment consacrée triple disque de platine avec son premier album), Anna Tatangelo, Chiara Galiazzo, Dani Faiv, Elettra Lamborghini, Ermal Meta, LDA, Matteo Paolillo, Mida, Myss keta, Mietta, Paolo Vallesi, Petit, Povia, Sal Da Vinci ou encore Verdiana.

Des auteurs-compositeurs de renom au casting ?

Si la savante composition du casting 2025 a inexorablement fait des déçus, la liste des auteurs-compositeurs ne fait pas l’économie de personnalités musicales de renom. Évoqué par la rumeurs parmi les interprètes participants, Blanco (co-vainqueur de l’édition 2022) sera finalement présent en tant qu’auteur-compositeur de trois chansons selon Radio 105, en collaboration avec le producteur Michelangelo. S’il aurait participé à l’écriture des titres de Giorgia et d’Irama, il aurait surtout collaboré sur le titre de Noemi avec un certain Mahmood : de quoi offrir de belles promesses de la part de la multirécidiviste du festival, qui signera ici sa huitième participation à Sanremo. Ce ne sont toutefois pas les seules à stars à avoir contribué au line up de l’édition 2025, puisque Tiziano Ferro – souvent annoncé mais jamais en compétition – serait l’auteur-compositeur du titre du vétéran Massimo Ranieri. À noter d’ailleurs que le chanteur de Perdona vient de sortir un duo avec Elodie, autre concurrente de l’édition. Puisqu’on vous dit que Sanremo 2025 sera 5 étoiles…

Fedez -Tony Effe : la guerre est déclarée !

Sortez les boucliers ! Si les absents ont toujours tort (ici malgré eux), Sanremo 2025 risque d’être tout en électricité si l’on en juge la présence de Fedez et Tony Effe au casting. Les deux rappeurs stars sont, en effet, à couteaux tirés depuis plusieurs mois. Drama en trois actes.

Acte I – La collaboration refusée

La querelle aurait démarré en mai dernier, lorsque Tony Effe a déclaré dans une interview à la radio avoir refusé de collaborer avec Fedez car déjà engagé sur le (futur) tube de l’été Sesso e samba avec Gaia (elle aussi en lice à Sanremo 2025). Ce à quoi Fedez a répondu publiquement n’avoir pas supplié Effe de collaborer avec lui, tout en s’interrogeant sur les raisons d’une telle déclaration publique.

Acte II – Chiara

L’affaire aurait pu s’arrêter gentiment là, si elle ne s’était toutefois envenimée au cours de l’été lorsque, dans un freestyle, Tony Effe a clashé publiquement son rival en musique : « Chiara dit qu’elle m’adore, je ne t’ai pas laissé le couplet, tu as demandé ma vilaine copie, OK, tu te comportes comme une salope, ta boisson a un goût de pisse, je l’ai bue et elle me dégoûte, regarde-moi, je suis magnifique, tu fais la charité mais tu restes un sale type ». Chiara ? Comme Chiara Ferragni, la célèbre influenceuse, avec laquelle Fedez est en instance de divorce et sur laquelle a circulé des rumeurs de flirt avec… Tony Effe. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la guerre entre les deux stars, puisque la réplique musicale – et le doigt d’honneur – de Fedez à son “chien” de rival ne se sont pas fait attendre. Ainsi répondit-il dans la chanson L’infanzia difficile di un benestante, dans laquelle il implique également Taylor Mega, l’ex compagne d’Effe. Extraits choisis : « Tony, Tony, tu m’emmerdes, à quoi tu t’attends ? Tu as passé plus de temps à t’épiler que Vittoria Ceretti. Tony, ne t’enfuis pas, dis-moi où tu es. (…) Je t’ai fait un bobo, je vais te mettre de l’arnica. Tu es faux à l’extérieur et pourri à l’intérieur comme tes dents en céramique. Tu prends de la coke, tu n’as pas faim, mon appétit vient de revenir. Tu es trop cool, tu fais de la gymnastique mais quand tu parles, tu es Luca Giurato ».

Acte III – Le coup de grâce

En retour, Tony Effe déclencha le coup de grâce dans un titre intitulé Chiara – toujours en référence à Chiara Ferragni – dans lequel il accable Fedez. « Tu es une mauvaise personne, tout le milieu te déteste », »tes meilleurs amis, il faut les payer, tu as fait des enfants pour les afficher, qui sait ce qu’ils penseront quand ils seront grands. Tu es vraiment nulle, tu es une honte. » Réponse immédiate de Fedez sur les réseaux sociaux : « Petit gangsta, on ne t’a pas appris dans la rue qu’il ne faut pas toucher les enfants ? Pauvre en rap, pauvre en valeurs. », avant de promettre une nouvelle réplique cinglante en musique pour mettre un terme au combat de boxe. À la place toutefois, il s’est contenté d’une chanson destinée à Chiara Ferragni, avant de minimiser ensuite l’affaire dans les médias, non sans un dernier tacle à son rival qu’il a accusé d’exploiter le buzz à des fins personnelles.

Une question brûle désormais les lèvres de l’Italie toute entière : devant cette accalmie apparente, qui déclenchera la baston le premier dans les coulisses de l’Ariston ?

Quand les rappeurs font polémique…

Au-delà de la simple guerre Fedez-Tony Effe, c’est la présence de certains rappeurs (dont les deux pré-cités) sur la scène de Sanremo qui fait polémique en Italie. Il faut dire que le style réalise pourtant une OPA sur les charts de la Péninsule (tout comme en France), preuve en est le plébiscite de Geolier au télévote l’année dernière. Mais plusieurs ne l’entendent pas de cette oreille.

Codacons, une association de défense des intérêts des consommateurs, a manifesté son désaccord sur la présence des Olly, Rocco Hunt ou encore DJ Shablo dans un communiqué virulent, où il dénonce la décision « gravissime » d’avoir sélectionné « des rappeurs violents aux textes dangereux ». Un choix qui « anéantit des années de lutte et de sensibilisation contre les violences faites aux femmes, l’homophobie, le harcèlement, et qui font offense à des millions de femmes italiennes », à tel point que l’association envisage une action en justice visant à suspendre la participation des rappeurs en question, non nommément cités dans le communiqué. Ce à quoi Carlo Conti a répondu que les artistes concernés étaient davantage orientés vers la pop et que leurs textes évoquant leur génération n’étaient pas agressifs. Enfin, si l’on considère les échanges d’amabilités entre Fedez et Tony Effe…

Ce n’est pas la première fois que Codacons s’attaque au festival de Sanremo, qu’il jugeait au printemps dernier exclusivement tourné vers les jeunes et les réseaux sociaux au détriment de la musique et de la qualité des chansons. Pendant ce temps, les proches de la première ministre italienne Giorgia Meloni s’offusquaient du tournant pris par la compétition sous la direction d’Amadeus, fustigeant son côté “gender-fluid” et sa dimension politique (Fedez – encore lui ! – avait livré un réquisitoire contre le gouvernement dans un freestyle d’entracte en 2023) ou accusant encore certains artistes de promouvoir le sexe et la pornographie.

Traduisons-les : la polémique n’est pas prête de s’éteindre du côté de la Riviera italienne !

Une fois n’est pas coutume, Sanremo risque d’être aussi alléchant sur le plan musical que sur celui des potins, polémiques et autres cancans, dont la Riviera italienne a elle seule le secret. Suite au prochain épisode, et en attendant, vivez Sanremo au quotidien sur l’EAQ !