Bom dia l’EAQ !

A J-2 du jour J, Loreen fait le point. Elle avait déjà écouté les versions studio avant les demi-finales, et elle s’était révélée plutôt séduite. Deux saturday night fever plus tard (ou « Febre de Sábado à Noite » en portugais), elle a découvert les lives et, surtout, l’identité des dix finalistes qui se battront pour décrocher LE ticket pour Rotterdam et ainsi succéder à Elisa qui, elle, n’a pas eu la chance de fouler le sol néerlandais (et qui n’aura donc pas la chance de le fouler cette année à moins d’envisager un week-end sur place à ses frais. Très honnêtement, je doute de la chose).

Les prestations lives des demi-finales ont-elles bougé les lignes ? Les favoris ont-ils tenu leurs promesses ? Des outsiders se sont-ils révélés sur la scène des studios de la RTP ? Le tout est que le choix qu’aura à effectuer le Portugal sera des plus difficiles.

Qu’en est-il du côté de notre amie Loreen ? Son avis a beau n’engager encore et toujours que celui de son auteur, vous allez découvrir que ce dernier a procédé à quelques ajustements entre l’écoute des versions studioset les lives.

CommentairesLoreen




Karetus e Romeu Bairos – Saudade
La version studio de Saudade m’avait déjà énormément séduit, et cela se confirme pleinement en live. Alors même qu’on a là un titre assez difficile à défendre sur scène, le trio parvient à faire vivre ce titre envoûtant grâce à une prestation qui l’est tout autant, entouré de deux danseurs-créatures masquées. De quoi en faire de singuliers représentants pour Rotterdam, au risque de dérouter public et jurys, et de ne pas leur parler, à l’instar d’un Telemoveis. Personnellement, je suis prends le risque sans hésitation aucune.





Joana Alegre- Joana do Mar
L’une des petites « surprises » de la demi-finale 2 pour une place en finale très méritée tellement Joana Alegre a assuré son chant pop-folk de la mer avec brio. Seule en scène, elle a réussi à nous faire naviguer à travers les océans et à nous emporter de par sa superbe voix d’une très belle pureté. Une très belle prestation pour un joli titre, dont le potentiel eurovisionesque n’est en soi pas fou, mais rien n’est impossible, surtout dans la deuxième demi-finale.





Fábia Maia – Dia Lindo
LA surprise de la demi-finale 1, que je n’avais absolument pas vu venir, et ce à tous niveaux. Car à vrai dire, dans une flopée de prestations de très haut niveau, dont plusieurs ont réussi à transcender des titres relativement « en dessous », celle de Fabia Maia ne m’a pas particulièrement transporté, c’est peu de le dire. Elle m’a fait le même effet que son titre : jolie et fragile à la fois, mais sans plus. Assez linéaire, ajouterais-je. Si l’ensemble gagnerait en assurance sur le plan du live, il reste toutefois agréable et de qualité. Mais pas suffisamment pour m’embarquer.





Valéria – Na Mais Profunda Saudade
L’une des prestations de la soirée. Chanteuse de fado, Valéria a sa réputation et c’est avec grandeur qu’elle l’a tenue sur la scène du Festival da Canção, à travers une prestation juste splendide. Alors même que le titre reste un beau fado somme toute assez classique, son interprète l’a superbement transcendé et réaffirmé sa légitime place dans la compétition. Si cela resterait un choix sans surprise pour le Portugal en vue du concours, et avec des chances selon moi limitées d’envisager la finale, il y aurait le mérité d’envoyer une très grande interprète sur la scène de l’Ahoy Rotterdam.





Carolina Deslandes – Por Um Triz
Autant ce joli titre ne m’avait pas extrêmement convaincu en version studio, autant la prestation en live m’a juste conquis. Dépassant la linéarité et l’uniformité de Port Um Triz, Carolina Deslandes (prononcer Dech-lan-dech) a su parfaitement donner du relief à sa chanson et sublimer sa délicatesse et sa pureté. Le choix d’une réalisation intégralement en noir et blanc se prête plutôt bien à ce titre, et même s’il resterait difficile à faire exister parmi 41 participants dans un concours international, quelque chose me dit qu’il pourrait bien toucher le coeur des européens.





NEEV – Dancing in the Stars
NEEV faisait partie des grands favoris avant la demi-finale et sa prestation de samedi dernier a confirmé ce statut. Je maintiens mot pour mot mon point de vue sur le titre, dont j’aime le côté ballade pop actuelle et radio-friendly. Pour la scéno a été fait un choix à la Duncan Laurence, à savoir Neev seul à son piano, et pour ma part ça le fait complètement, car le titre et l’artiste se suffisent à lui-même. Deuxième confirmation : le Portugal tient clairement là son choix le plus consensuel, le plus facile et le plus international.







Pedro Gonçalves – Não Vou Ficar
Aaaaaaah mon plaisir coupable ! Enfin coupable … Bon, si on vire le solo au saxo so kitsch … Bref, le tout est qu’on tient ici l’un de mes titres favoris de cette édition… dont la scéno est par contre complètement à revoir. Rotterdam, pourquoi pas (même si je ne suis pas intimement persuadé du potentiel), mais pas en survêt des années 90 entouré d’un orchestre… et pitié rangez le saxo aux oubliettes ! Et bon, un choriste ne ferait pas trop de mal à Pedro, même si la prestation vocale restait correcte.





Sara Afonso –Contramão
Sara Afonso a réussi à passer le cut alors même qu’elle cumulait les handicaps : quasi-inconnue, un titre très linéaire et pas extrêmement mémorable quoique pas désagréable … Et pourtant, elle a réussi à créer la surprise avec une prestation très simple (elle devant un micro), mais très bien menée, ce qui lui a permis de faire exister son titre sur la scène. Pour autant, Contramão reste de ces titres qui ne vous sont pas déplaisants à l’écoute, mais que vous avez oublié juste après et qui se fondent à perfection dans la masse.





EU.CLIDES- Volte-Face
Le rescapé nouvelle vague pop de ces demies se présentait, à l’instar de Graciela, avec un titre assez casse-gueule à défendre sur scène. Avec une mise en scène minimalisme et plus-statique-tu-meurs (EU.CLIDES assis sur une chaise dont il ne décolle pas trois minutes durant) et bien que trop seule en scène, il réussit pourtant à faire exister son titre et à prouver que tant celui ci que son interprète se suffisent à eux-même. Je ne suis pas foncièrement certain que ce serait la même au concours, mais Volte-Face aurait au moins le mérite d’apporter une fraîcheur et une singularité face à aux propositions pop plus formatées et commerciales qu’on y trouve.









The Black Mamba – Love is on My Side
« Les premiers seront les derniers » et après avoir ouvert l’édition 2021, voilà que The Black Mamba la cloturera, et je l’espère d’aussi belle manière que lors de sa première prestation. Le titre fut l’un de mes coups de coeur à l’écoute de la version studio, et cela s’est confirmé sur la scène des studios de la RTP, où le groupe m’a fait voyager dans les terres du blues et de la soul, et m’a littéralement embarqué dans son univers. L’ensemble est stylé, très stylé, sacrément stylé, et le serait également sur la scène de l’Eurovision.

Avis général

L’écoute des versions studios avait offert de belles promesses, même si subsistait un goût de léger (mais léger, hein) « moins bien » par rapport aux éditions 2019 et 2020. Oubliez ce dernier détail, car ces demi-finales ont fait plus que confirmer les attentes et les espoirs. Si le Festival da Canção demeure largement délaissé dans l’euromonde au profit de sélections bien plus populaires et grand public, pas mal de ces dernières feraient bien prendre conseil auprès de la RTP. Car sans crier gare, le Portugal nous offre chaque année des sélections ambitieuses, diversifiées, plurielles et surtout de grande qualité. Ce sont ainsi deux soirées exceptionnelles que nous ont offert les vingt artistes qui se sont succédés sur scène et qui, au delà de la qualité de leurs titres, nous ont quasi-tous livré des prestations de haut niveau, voire de très haut niveau. À tel point que, chose relativement rare en sélection, le nombre de tickets de finalistes était largement inférieur au nombre de prétendant.e.s. Ainsi, la deuxième demi-finale fut-elle celle du sacrifice, où certaines des éliminées auraient largement pu envisager une qualification (je pense particulièrement à Graciela, dont le titre a beaucoup plu parmi les lectrices et lecteurs de L’EAQ).

Revenons à présent à la finale, et c’est ainsi un très beau plateau qui nous est ici offert, dans lequel ne figure aucune faute de goût. Aucune alerte musical police à l’horizon. Oui, certains titres ont clairement plus de potentiel que d’autre, et d’autres demeurent des maillons plus faibles que leurs concurrents. De là à ne garder qu’un seul et unique nom pour Rotterdam, c’est une affaire bien difficile à résoudre qui nous est ici soumise. Elle se résume d’ailleurs en un seul et unique mot : dilemme. C’est simple (ou plutôt compliqué) : je vois ici plusieurs choix possibles pour le Portugal, et tant qu’à faire des choix différents. Neev serait l’évidence en termes d’accessibilité et de potentiel de résultat, mais serait-ce le plus intéressant face à ce qui nous est proposé, d’autant plus en anglais ? Saudade ferait figure de choix à la Telemoveis mais en plus accessible, et en moins WTF sur scène : c’est une proposition ambitieuse et musicalement intelligente, mais pas forcément évidente d’accès pour la diversité du public européen qui pourrait rester sur le bord du chemin. Avec son road-trip musical soul et blues à l’âme et d’une essence uniques, The Black Mamba pourrait faire office de consensus et apporter une réelle plus value sur la scène de Rotterdam, tant en termes d’univers musical que scéniquement parlant. Sinon ? Carolina Deslandes nous invite dans quelque chose de beaucoup plus portugo-portugais, à savoir une ballade intimiste, lente, relativement linéaire, qui pourrait susciter chez certain une irrésistible attraction du dodo de sentir, mais qu’elle parvient à sublimer sur scène. Je suis tenté de dire que cela pourrait toucher les européens : mais ce peut aussi leur alourdir les paupières. Et Pedro Gonçalves dans tout ça ? Oui, je kiffe et je sur-kiffe le titre qui fait battre mon petit coeur ce soir teinté de vert et rouge. Et je ne suis pas le seul aficionado. Mais le potentiel eurovionesque ? Incertain selon moi.. Je ne vois pas le titre faire exploser les compteurs à Rotterdam. Et en même temps, ça a un charme fou. Mais la prestation est très perfectible. Et pourquoi pas EU.CLIDES au final ? C’est indie, c’est très nouvelle scène pop, les qualités sont nombreuses, mais est-ce suffisant pour exister parmi 41 propositions ? Pas sûr. Ce qui est certain, c’est que quelqu’en soit le résultat au bout, cette finale promet en tout cas de nous offrir un beau et insoutenable suspense. Et que dans la majorité des cas, le Portugal aura un.e digne représentant.e au concours.

Et vous cher.e.s lectrices et lecteurs ? Qu’en pensez-vous ?

(Attention : les votes seront clos dimanche 7 mars à 1h !)

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