En deux ans, la RTP aura connu les joies de la victoire tant attendue et les affres de la dernière place à domicile. Cette année, le diffuseur semble se chercher un nouveau point d’équilibre. Y réussira-t-il ? Réponse ce samedi avec la grande finale du Festival da Canção 2019. Dans l’attente, confrontons nos opinions quant à ses huit finalistes.

LES LOREEN

Commençons par mon avis personnel sur la question. Bien entendu, cela n’est que mon opinion subjective. Si vous différez en la matière, exprimez-vous dans les commentaires.

Loreen est toujours résignée et fataliste quand il lui faut s’attaquer au FdC,car elle demeure hermétique à cette sélection. Sauf que cette fois, alléluia ! Loreen a trouvé une perle et l’une de ses chansons portugaises préférées de tous les temps (juste derrière indétrônable Canta Por Mim – eh oui, Loreen ne se refait pas…).

Ana Cláudia – Inércia

Conceptuel, conceptuel. Beau, léché, contemporain, audacieux. Fait emprunter un chemin alternatif au FdC. Bienvenu. Très bonne chanson, très bien produite. Portée par excellente chanteuse, professionnelle, excellente dans les conditions du direct. Pas Eurovision pour un sou. RTP dans sa mission de service public : promouvoir les artistes musicaux alternatifs. De l’Art avec un grand A. Très belle découverte. Mais comme dit précédemment : pas Eurovision pour un sou et donc très peu télégénique. Ne se passe pas grand chose à l’écran. Pire : s’apprécie mieux les yeux fermés. Choix qui serait audacieux. Hélas à quitte ou double : soit une belle place en finale, soit une très sèche élimination en demi. Risque à prendre tout de même, car enfin autre chose de la part du Portugal.

Calema – A Dois

Ils sont jeunes, beaux, talentueux, télégéniques et plein d’avenir. Ils ont une belle expérience télévisuelle. En direct, ils sont très bons. Ils présentent une autre facette de la culture lusitanienne. Bref, candidats très intéressants et choix sagace de la part de la RTP. Malheureusement, point convaincu du tout par leur chanson. Honnête et très pop pour un FdC. Sonne hélas creux à mes oreilles. M’évoque une suédoiserie écrite pour le Dansk Melodi Grand Prix. Peu audacieux, novateur uniquement à l’échelle du FdC. Ne serait pas un mauvais choix a priori. Peut-être que remixé, marquerait mieux encore les esprits…

Conan Osíris – Telemóveis

OVNI musical et télévisuel. Fascinant, captivant, mémorable. Excellente chanson, excellent chanteur, excellente interprétation. À des années-lumière de mon univers personnel et de ce que propose habituellement le FdC. Et pourtant fonctionne à merveille : me semble proche et ne trahit pas l’esprit de la sélection portugaise. Assurément l’une des découvertes majeures de cette Saison 2019 et l’une de mes chansons portugaises préférées de tous les temps. M’accompagnera jusqu’à la tombe. Comprends que cela ait effrayé le jury portugais, car très audacieux, très différent. Me semble pourtant choix nécessaire et impératif pour l’Eurovision et pour le Portugal. Pour secouer le cocotier du Concours, l’enrichir musicalement et le sortir de ses formules prosaïques et stéréotypées.

Madrepaz – Mundo a mundar

Ôtez le maquillage et qu’avez-vous ? Une bonne vieille ballade portugaise ennuyeuse comme un jour de pluie à Faial, déjà entendue des millions de fois au FdC et qui aurait pu représenter le Portugal au Concours en 1966 ou 1976 ou 1986 ou 1996 ou 2006 ou 2016. Les amateurs du genre passeront trois minutes appréciables, les interprètes étant professionnels et habités. Les autres concluront mentalement leur liste de courses de la semaine, planifieront leur rendez-vous chez le dentiste et attendront patiemment le concurrent suivant.

Mariana Bragada – Mar doce

Minimaliste, traditionnel et dentu. Voilà résumées en trois mots ces autres trois minutes typiquement lusitano-lusitaniennes. Petite ballade douce et pépère cochant toutes les cases des clichés musicaux du FdC. Emotions not fireworks, comme dirait l’autre. Alors, non, ce n’est pas mauvais. Non. Mais c’est d’un ennui ! Je pense m’être moins ennuyé lors des pauses publicitaires du Festivali i Këngës (ah, Gjyshet Milionere…). Là-dessus, Mariana est très bien. Je n’ai vu que ses dents. Seul point à avoir attiré mon attention. Aussi à réserver aux amoureux de la culture portugaise.

Matay – Perfeito

Alors, du pain, du yaourt, du jus de fruit, du chocolat… Pour le dentiste, mardi prochain si possible. Ah ! Téléphoner au Théâtre du Parc pour nos places pour le quatrième spectacle de la saison. Quoi ? Chante toujours ? N’est-ce pas censé durer trois minutes ? Là, ça fait trois heures, non ? Bref, vous l’aurez compris : autre ballade Made in Portugal. Comprends parfaitement que les jurés se soient emballés. Citerais Daniela Simons : Pas pour moi. Genre de morceau obligatoire au FdC, dispensable à l’Eurovision. Encore une fois, interprète irréprochable et digne de louanges. Mais proposition musicale soporifique.

NBC – Igual a ti

Proposition piège : donne l’impression qu’il va se passer quelque chose. Sauf que non. Morceau très linéaire et répétitif. NBC intense en direct. Très intense. Trop intense. Malaisant. Rien n’y fait cependant : fusée ne décolle pas. Voyage interstellaire avorté. Un brin plus animé et dynamique que les 3 M (Madrepaz, Matay et Mariana). Reste tout aussi long et ennuyeux qu’eux. Difficile d’en dire plus…

Surma – Pugna

L’on revient dans le conceptuel et l’art contemporain subventionné. Ressemble effectivement à certaines productions récentes de Björk. Aérien, gracieux, expérimental. Atypique, atonal et limite a-musical. Intéressant et louable. Interprète magnétique et possédée par son art. Atteint les limites du concept d’Eurovision. Censé toucher 200 millions de personnes réparties sur trois continents, le tout en trois minutes chrono. Pas vraiment l’objectif ici. Plutôt volonté d’initier les néophytes aux réalités de la création musicale alternative contemporaine. Message reçu : un autre FdC est possible. Ne tenterais pas ma chance au Concours avec cette proposition. Quoique… Pourrait ouvrir une nouvelle porte, tout en faisant taire certaines critiques.

Cette année, le FdC fait le grand écart entre traditionnel et conceptuel. À ma gauche, trois propositions tout à fait typiques d’une sélection portugaise, trois ballades quasi identiques coulées dans un moule dont on espère qu’il se brisera samedi soir (Matay, Madrepaz, Mariana). À ma droite, trois propositions à rebours d’à peu près tout ce qui s’est fait à l’Eurovision depuis 1956, tellement audacieuses qu’elles transforment le FdC en centre d’art contemporain (Conan, Surma, Ana Claudia). Au milieu, deux propositions pop, l’une appréciable, mais non révolutionnaire (Calema), l’autre prometteuse, mais inerte (NBC). Choisissez votre camp !

Quant à moi, je l’adore, je le vénère, je suis à ses pieds, je ne veux que lui : CONAN OSIRIS ! Je ne puis imaginer autre candidat l’emporter. Il est génial, il est épique, il est grand. Lui à Tel Aviv et c’est la certitude que mon Eurovision 2019 sera réussi. J’implore donc nos lecteurs portugais, s’il y en a, de voter pour lui. Et j’allume une cierge à Notre-Dame de Fátima pour que les jurés régionaux lui attribuent au moins la deuxième place de leur classement. Pitié, pitié, pitié !

LE SONDAGE

À votre tour à présent de vous exprimer ! Donnez-nous votre avis.

Sur ce, rendez-vous samedi pour la grande finale !