Il fait désormais partie des candidats les plus sérieux pour remporter le Micro de cristal, mais il ne laisse pas la pression prendre le dessus sur son aventure dans l’Euromonde. À quelques jours de la grande finale, où il interprétera son titre Space Man, votre site préféré a eu le plaisir de s’entretenir avec l’incroyable, l’adorable, le remarquable, que dis-je, le talentueux Sam Ryder.

Son rapport à l’Eurovision, son état d’esprit à quelques jours de la finale, le choix de sa mise en scène… Le représentant britannique nous raconte tout avec passion, sourire et gentillesse.

EAQ – Pour commencer, pourriez-vous vous décrire ? Pour moi (qui suis aveugle), pour les lecteurs de l’Eurovision au Quotidien, et pour quiconque passerait par notre site et serait dans la même situation que moi ? Vous pouvez présenter votre parcours, décrire ce à quoi vous ressemblez… Je vous laisse le champ libre.

Sam Ryder – Alors… Je m’appelle Sam Ryder. J’ai grandi à la campagne, dans l’Essex, au Sud-Est du Royaume-Uni. J’adore absolument chanter. Je chante depuis mon enfance, cela m’apporte une joie immense. J’ai les cheveux longs, blonds, et une grande barbe rousse. J’adore surfer, j’adore la mer, j’adore marcher, j’adore être dans la nature, jouer de la guitare… Et jouer à Zelda ! (Rires)

Maintenant que nous vous connaissons un peu mieux… Comment a commencé votre aventure eurovisionesque ? Comment avez-vous été choisi par la BBC ?

J’ai reçu un appel de la BBC en janvier. Avant ce coup de téléphone, je ne me doutais pas une seule seconde que l’on m’offrirait l’opportunité de participer à l’Eurovision. J’avais écrit ma chanson, Space Man, avec deux de mes amis il y a un an et demi, mais sans aucune intention qu’elle soit une chanson pour l’Eurovision. Mais nous en sommes ici aujourd’hui, et je suppose que les étoiles se sont alignées. L’univers a conspiré pour que les choses arrivent ainsi, et je suis extrêmement ravi et reconnaissant que cela soit arrivé. C’est une expérience magique, probablement l’une des plus belles de toute ma vie.

Pourquoi avez-vous choisi Space Man pour l’Eurovision ? Que représente cette chanson pour vous ?

Comme je l’ai dit, ce n’était pas du tout calculé. J’ai eu cet appel de la BBC, me demandant : « Hey, Sam, nous avons entendu votre chanson « Space Man ». Que diriez-vous de la chanter sur la scène de l’Eurovision ? » Je ne sais pas du tout comment ils l’ont entendu, parce que la chanson n’était pas encore sortie, mais ils l’avaient écouté, et elle leur avait plu, alors… Dans ma tête, lorsque j’ai reçu cette proposition, une part de moi disait : « Vas y, c’est incroyable ! Tu es un fan de l’Eurovision, et c’est une opportunité unique de rencontrer des gens, de partager ta musique. Évidemment, tu vas y aller ». Mais en même temps, sont venus des doutes et des questions. « Et si je reçois un nul point ? Et si cela endommage ma carrière ? » Et puis je me suis dit que ces peurs, ces doutes, je ne les devais qu’à moi. J’étais seul au moment de prendre cette décision : personne d’autre que moi n’émettait ces objections. Alors c’était à moi de me raconter une autre histoire, que ce serait incroyable, que cela me permettrait de voir toutes ces personnes qui me soutiennent depuis les confinements. Alors j’ai dit oui, et maintenant je suis là à Turin, en train de discuter avec vous, avec une superbe équipe, très positive. Et nous travaillons ensemble pour apporter le meilleur show possible.

Avec les répétitions, nous avons pu voir votre mise en scène, notamment cette grande structure. Pourquoi avoir fait ce choix de mise en scène ? Que symbolise-t-elle ? Et vous, qu’espérez-vous amener sur scène au soir de la grande finale ?

Lorsque j’ai dit oui à l’Eurovision, on s’est tous appelé, avec les personnes qui allaient composer l’équipe qui travaille avec moi, et on a tous partagé nos idées. La mise en scène, pour l’Eurovision, c’est crucial ! Et surtout, c’est un concours où l’on peut tout se permettre, où les idées les plus folles peuvent prendre vie. C’est un concours qui accueille à bras ouverts cette liberté d’expression très élaborée. Je suis un grand fan de science-fiction, alors je voulais qu’il en ressorte cette vibe, un peu surnaturelle, à la Ridley Scott. Et quand je me tiens sur cette structure, tout seul, je sais malgré tout que mon équipe est avec moi. C’est un rappel, le symbole solide, tangible d’un travail d’équipe !

Vous l’avez dit plus tôt: vous êtes un grand fan de l’Eurovision. Pourriez-vous me donner une performance qui vous a marqué dans le passé ?

Mon moment favori de l’Eurovision doit être la performance de Hard Rock Hallelujah par Lordi. À cette époque, je commençais à apprendre la guitare, enfermé dans ma chambre, mettant les amplis à fond… Dans la limite de ce que mes parents laissaient passer (rires). Et j’écoutais des choses comme Iron Maiden, Megadeath ou Metallica. Et puis j’ai vu Lordi monter sur scène, avec leurs costumes, leurs bottes, leurs ailes de chauve-souris… Et c’était, comme je disais tout à l’heure, complètement dans cet esprit extravagant qui fait le sel de l’Eurovision. Mais surtout, ce qui était incroyable pour moi, c’était de voir ce style musical non seulement représenté, mais aussi largement aimé par le public.

Depuis que Space Man a été révélée comme étant la contribution britannique pour cet Eurovision 2022, elle a été accueillie avec beaucoup d’éloges et de soutien. Et maintenant, à quelques jours de la grande finale, les bookmakers et les Eurofans vous jugent comme étant l’un des prétendants les plus sérieux à la victoire. Comment gérez-vous ces réactions ? N’y a-t-il pas une forme de pression d’être quasiment considéré comme le phare dans la tempête des précédentes participations britanniques au concours ?

(Rires) C’est une bonne façon d’amener les choses. Honnêtement, je ne ressens aucune pression. Je garde le sourire, je me sens heureux et léger. Le classement final n’est pas ce qui m’importe ; avec mon équipe, nous ne nous sommes pas lancés dans cette aventure pour gagner à tout prix, ou pour essayer de ne pas arriver dernier. Durant les confinements, lorsque je postais mes vidéos sur TikTok, je n’avais aucune attente, aucune idée que tout cela m’emmènerait là où je suis maintenant. Je veux continuer à n’avoir aucune attente, si ce n’est la joie et l’amour de chanter. La vie fera ce qu’elle voudra, et quoi que mes attentes aient pu être, elles n’atteindraient jamais la magie et la folie des choses par lesquelles la vie nous fait passer.

Imaginons que vous n’êtes pas à l’Eurovision. Vous êtes un télespectateur lambda regardant le concours. À quelle(s) chanson(s) de cette année auriez-vous pu accorder votre vote, vos 12 points ?

C’est une très bonne question… (Il réfléchit) Mais en toute conscience, je ne peux pas y répondre. J’ai eu la chance de rencontrer un grand nombre des participants de cette année. Et puis mes favoris changent chaque jour. Un matin, je vais me réveiller avec une chanson dans la tête, et le lendemain, ce sera une autre… C’est vraiment compliqué de choisir. J’adorerais qu’on puisse tous se retrouver et juste chanter tous ensemble. Et puis, je voudrais ajouter que chacune des personnes impliquées dans cette expérience qu’est l’Eurovision fait preuve d’un grand courage. Il faut avoir la bravoure de se mettre en danger devant 200 millions de personnes qui vous regardent. Cela mérite du respect, et c’est pourquoi j’admire chacun d’entre eux.

L’Eurovision et le Royaume-Uni, ce n’est pas une grande histoire d’amour depuis quelques temps. Que diriez-vous à un(e) britannique sceptique, pour le/la convaincre de regarder le concours cette année ?

Je dirais que la vie est trop courte pour ne pas profiter d’un aussi bon moment. Réunissez-vous avec les gens qui vous sont chers, prenez de quoi manger et boire, et observez tout simplement la folie, la loufoquerie, la célébration de la musique, l’expression et l’inclusion qui se dégagent de ce concours. Et si le classement vous angoisse, si vous voyez cet instant-là comme quelque chose de négatif, alors éteignez la télé au moment des résultats, pour ne retenir que la musique et les bons moments d’un concours incroyable.

Et pour finir, auriez-vous quelque chose à ajouter ? Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Je voudrais simplement dire merci, pour tout cet amour, cet encouragement et ce soutien. Je le ressens jusqu’ici à Turin, et j’en suis infiniment reconnaissant. Cela compte énormément, pas seulement pour moi, mais aussi pour l’équipe entière, d’être soutenus aussi fortement. Quand cette aventure sera finie, j’espère qu’on pourra tous se retrouver pour chanter tous ensemble et vivre un très beau moment !


Merci à Sam Ryder pour ce bel entretien. Merci également à Lucy Waller de la BBC et à Ali Grigor de Warner Music pour l’organisation de cette interview.

L’auteure de ces lignes (et toute la rédaction bien sûr !) souhaitent the best of luck au Royaume-Uni, à qui nous donnons rendez-vous samedi en deuxième partie de la finale !

© Corinne Cumming | UER