(Oui, je sais que je suis en retard dans la publication du carnet. Mea culpa par avance, car la vie turinoise et ses aventures – nocturnes…)


Mercoledi 11 maio, 12h. Tête dans le cul. Trois heures de sommeil (et encore), un carnet de voyage bouclé à 5h, lunettes de soleil heureusement vissées sur le nez, je sors à Puera Nova, plombé par la chaleur estivale d’une Turin magnifiée par un soleil quasi estival. Nouvelle demi journée tourisme en vue pour se remettre en connexion avec la réalité qui, hier soir, m’a sournoisement traversé le cœur d’un subreptice coup de sabre avec l’élimination de celle que je serai si j’étais femme : la Reine Ronela. Chut, ne dites pas son nom, je suis malade, complètement malade. Dit en français : ses danseurs. Makadalé dans le texte.

Bref. La tête dans les vapes, je m’avance sur la Via Roma et, Piazza San Carlo, je retombe sur l’épicerie fine Biraghi, dont le lustre des vitrines s’est teinté des couleurs de l’Eurovision. Pins (que j’ai achetés en les prenant pour des magnets), vinyles, disques des anciens vainqueurs et des anciennes éditions (sont les prix s’échelonnent étrangement de 10 euros à 100 pour Kiev 2017…), autant d’articles qui ont de quoi faire le bonheur des eurofans. Évidemment, inutile de dire à quel point je me jette dans la bocca del luppo et que sans ruine aucune (pour l’instant), je ressors armé de six magnets (en réalité des pin’s) et des disques des Editions 2009 et 2012 (ou 14 ?) pré commandés pour samedi. 



Nonchalamment, mais sûrement et le pas relativement pressé, forc de l’agenda oblige, je passe devant et entre dans l’un des musts touristiques de la ville : le Museo Egipto. Deux heures de visite auraient pu aisément virer en quatre de Paris la richesse des collections de l’édifice et son histoire de l’Egypte répartie sur quatre niveaux d’extraordinaires joyaux, des amulettes aux plaques en passant par les incontournables hiéroglyphes, sarcophages et statues royales. Juste exceptionnel. No mot, mot, mot, mot …

Un panino mortadelle/beurre de truffe/huile d’olive dans le Quadrilatero Romano, le temps de faire un rapide pour par la Galeria Umberto Ier (Turin en compte de nombreuses), un croissant à la crème gobé sur le trajet, direction le métro où, l’entendant parler français, je tape la discute à un membre de la délégation française : Julian Guttierez, réalisateur des dernières prestations à l’adulte et au Junior, et réalisateur du Junior 2021. Rendez-vous à l’hôtel de la délégation française – à seulement deux stations de métro de chez moi !

Hein ? Rémi tenterait-il … ? Chut ! Je ne suis pas une baby doll ! Et puis stop aux idées mal placées, hein. Seul un des événements les plus attendus de la semaine va se dérouler à proximité dans un parc : la rencontre entre Alvan & Ahez et les eurofans. Nous étions ainsi plus d’une centaine à vouloir approcher nos très sympathiques représentants, naturels et sans prise de tête. Alexis, Marine et les deux Sterenn pourraient être typiquement des potes avec lesquels je pourrais aller boire un verre jusqu’à pas d’heure, guitare dans la main de notre beau rennais et envoûté par les voix de nos trois fées-sorcières. Nos représentant·es sont adorables, sincèrement touchés par l’accueil triomphal que leur réserve les eurofans et surtout de gros bosseurs. Preuve en est d’ailleurs leur fulgurante progression en trois mois. Entre quelques photos et vidéos officielles pour diffusion sur France 2 (pour appel au vote notamment) et les réseaux sociaux d’Eurovision France, Alvan & Ahez se prêtent au jeu des photos sous l’égide d’Elisabeth et Stéphane C. d’OGAE France, nos désormais institués photographes en chef. Petit cadeau de départ : un CD ou un vinyle de Fulenn dédicacé par nos quatre artistes, dont le planning évidemment chargé ne leur permet pas de s’éterniser au possible. Elle n’est pas belle la vie ? Sans oublier la petite photo avec le phare de la délégation : Alexandra Redde-Amiel, son énergique cheffe, notamment venue accompagnée de Fred Valencak (directeur délégué des programmes jeux, variétés et divertissements chez France Télé), Ludovic Hurel (responsable presse) et Léa Ivanne (coach vocale).

(Et pour info, en breton, merde se dit koc’h)

L’heure de départ du quatuor a sonné et celle du nôtre aussi, direction le Pala Alpitour avec notre reine Régine (notre Grande Zoa métalleuse du Sud-Ouest, plus fan d’Intelligent Music Project que les bulgares eux-mêmes #TeamSudOuest) et Mickaël (qui s’est fait fortement remarquer avec sa bigoudène ornée du Gwen Ha Du) pour assister au jury show de la deuxième demie, dense et sanglante. Sortie à Nizza, comme indiqué dans les transports. Erreur fatale : 35 minutes de marche annoncés sous la chaleur turinoise. Nouvelle manifestation de la désorganisation des transports turinois et de la désorganisation fonctionnelle de cette édition. Nous décidons finalement de nous diriger vers le tram, un arrêt bar sur le trajet pour mon premier Spritz local. Vous l’aurez compris : se beve un po a Torino.

19h30. Arrivée au Pala Alpitour, rempli d’eurofans cette fois beaucoup plus enthousiastes et colorés des couleurs de leurs pays, avec une prédominance de la Roja et de l’Union Jack, suivis de la Suède. Building Bridges, et avec anglais, irlandais, espagnols, suédois, nous construisons des ponts. Petite photo de groupe de l’équipe de France devant le logo officiel de l’Eurovision 2022, puis petite bière en passant, parce qu’il fait soif par trente degrés, avant d’entrer dans la salle. Thunder and Lighting is getting excited …

Tre, due, uno… TA MARSHA ! May The Eurovision Song Contest begiiiiin ! Pour une demi-finale 2 qui mérite bien 12 points :

1- Le You Know I.M. de mon crush israélien, si Ru Paul, so queer

2- L’hypnotisante magie du Biti Sdrava et de là magnétique Konstrakta

3- Le feu diabolique, irrévérencieux et délicieusement païen d’Achille Lauro

4- L’énergie d’une prestation irlandaise étonnamment très quali

5- La puissance d’Ochman, décidément La Voix de l’édition 

6- L’effet Cornelia. Hold Tight, Hold Tight !

7- L’explosion tchèque, très large vainqueur de l’applaudimètre d’une salle plus assise que lundi

8- Notre trio de présentateurs en or (et Tanti auguri Ale)

9- Il Volo dont un covidé

10- Slo Mo Mo Mo Mo… ou le feu en puissance

11- L’homme de l’espace pour une voix de l’espace

12- Le sang qu’il allait y avoir à l’issue de la soirée de jeudi

Deux heures de show de haute volée qui ont émerveillé nos yeux et nos oreilles, de l’avis de tou•tes sur ce Jury Show. C’est ainsi qu’avec Manu (eurofan belge venu avec des vestes de costumes très colorées et très remarquées du public !), nous dirigeons vers le métro puis, en parlant parlant et parlant, nous retrouvons à plus d’une heure de la salle, l’un croyant suivre l’autre ! Nous finissons finalement par attraper le tram (et une pizza de deux heures du mat’ avec), en mode Eurovision, encore et toujours. Parce que c’est cela qui nous réunit aujourd’hui tou•tes à Turin 2022, ville où l’Eurovision suscite bien plus la passion chez les eurofans que dans la population locale (j’y reviendrai).

Dalla Stazione Puerta Nova, giovedi 12 maio.

Con 24 000 bacci.

Rémi

© Rémi P.