Ils sont charismatiques, ils sont talentueux, ils sont sympathiques, et ils représenteront surtout leurs pays à Rotterdam, lors du Concours Eurovision de la chanson qui aura lieu du 18 au 22 mai 2021. Les membres de The Black Mamba ont eu la gentillesse de répondre aux questions de l’EAQ. Pourquoi ont-il choisi d’envoyer Love is on my side à l’Eurovision? Quelle chanson de leur répertoire recommanderaient-ils pour faire découvrir leur univers à de nouveaux auditeurs? Vous saurez tout en lisant cette interview.

EAQ – Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Pedro – Oui. Nous sommes The Black Mambas, un groupe de soul, blues, rock. Nous avons démarré en 2010. Nous comptons trois albums studio à notre actif. Nous avons remporté le Festival da Canção 2021 et allonrs représenter notre pays. Nous en sommes très fiers. Si vous ne nous connaissez pas et que vous connaissez seulement le titre Love Is On My Side, vous pouvez nous trouver sur YouTube et sur Spotify, et vous pourriez passer de bons moments.

Vous représentez le Portugal au concours de l’Eurovision 2021 à Rotterdam avec la chanson Love Is On My Side. Pourquoi avez-vous proposé ce titre en particulier ?

Pedro – Je ne sais pas comment cela fonctionne dans les autres pays, mais au Portugal, on invite tout d’abord les auteurs à écrire une chanson et ils choisissent ensuite qui va l’interpréter. Nous sommes le premier titre entièrement en anglais à remporter le Festival da Canção. C’était la première fois que j’étais invité à écrire une chanson et je me questionnais sur l’utilisation de l’anglais ou du portugais. J’ai d’abord essayé un titre en portugais, mais j’ai ensuite réalisé que c’était l’opportunité rêvée de présenter la musique de The Black Mambas au monde entier dans le cas où nous l’emporterions, et c’est ce qu’il s’est passé. C’est pour cela que nous avons choisi la chanson Love Is On My Side. Ce n’est pas seulement pour cette raison, mais aussi parce que le message est puissant et je pense que le monde a besoin d’entendre ce genre de message, un espoir auquel s’accrocher.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur le message que vous souhaiteriez transmettre au public avec ce titre ?

Pedro – C’est l’histoire vraie d’une dame âgée que nous avons rencontrée à Amsterdam. Elle avait quitté son pays à la fin des années soixante ou soixante-dix, je ne suis pas sûr. Nous l’avons rencontrée dans un van qui servait de petit coffee shop à Amsterdam. Elle nous a raconté brièvement son histoire. Elle a quitté son pays d’Europe de l’Est – la Bulgarie ou un autre – pour Amsterdam avec plein de projets et de rêves. Mais cela a mal tourné, elle est devenue toxicomane et prostituée. C’est la partie triste de l’histoire, mais toutes ses parties nous ont été vraiment inspirantes. Elle a toujours senti l’amour qui a toujours été de son côté et cet amour vaincra toujours le mal. Cela nous a vraiment inspiré. C’est une histoire vraie derrière la chanson. Quand nous sommes rentrés, nous devions finir la chanson. C’est vraiment en phase avec le scénario de pandémie que nous vivons actuellement. Si nous pouvons voir de l’espoir, il est vraiment important pour les gens de croire qu’il y a encore l’espoir de pouvoir être à nouveau heureux, très bientôt. Je pense que c’est raccord avec la réalité que nous vivons actuellement. C’est l’une des raisons principales pour lesquelles nous avons choisi la chanson.

Nous sommes dans un contexte où les salles de concert et les lieux culturels sont fermés. En tant qu’artistes, comment le vivez-vous ?

Miguel – Je dirais que cela a été très frustrant pour nous, artistes, musiciens, de ne pas pouvoir aller à la rencontre du public, du fait que nous n’ayons plus de concert. Notre participation au Festival da Canção a été comme une renaissance, je ne sais pas comment le qualifier, quelque chose de fou de se retrouver tous ensemble pour terminer la chanson, la travailler, l’enregistrer. Cela nous a donné de l’espoir et de la force pour vaincre cette période très difficile dans nos vies.

L’Eurovision représente une opportunité de chanter sur une grande scène dans une période de crise sanitaire. Que représente le concours pour vous ?

Pedro – Miguel est …

Miguel – Un expert de l’Eurovision ! (Rires)

Pedro – Je ne le suis pas. Mais selon moi, cela représente pour nous l’opportunité d’aller à l’international, hors des frontières portugaises, plus que d’habitude. D’ordinaire, nous avons l’opportunité de voyager à travers le monde pour partager notre musique avec les autres personnes, mais pas comme nous le voudrions. Cela représente le changement que nous espérons, à savoir avoir nous rendre plus souvent dans les autres pays pour partager notre musique avec le monde. C’est un honneur de pouvoir monter sur la scène de l’Eurovision. C’est l’une des émissions télévisées et l’un des évènements les plus diffusés au monde. Nous sommes très fiers et très heureux de pouvoir y participer. Mais Miguel est un meilleur connaisseur du concours.

Miguel – Pedro l’a déjà dit, mais l’Eurovision est une immense opportunité d’aller à l’international. C’est notre objectif principal. Après, moi, ainsi qu’un ou deux gars du groupe, nous avons regardé le concours les années précédentes. Nos familles aiment le regarder, avec les enfants. C’est un programme que nous suivons depuis plusieurs années. Et nous sommes bien entendu très heureux d’y participer.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de l’Eurovision ?

Miguel – (Il réfléchit) Je ne peux répondre rien d’autre que la victoire de Salvador Sobral. C’est quelque chose de très important pour notre pays. C’est l’un des souvenirs les plus marquants. Je pourrais ajouter que l’un des moments très particuliers, comme je l’ai dit hier dans une interview, est la victoire de Lordi, qui jouait du métal lors de l’édition 2006. Et pour revenir dans les années soixante-dix, je dois mentionner ABBA, avec Waterloo.

Pedro – Nous adorons la chanson française de cette année. Je crois qu’elle est vraiment notre favorite de cette édition. Barbara Pravi est incroyable. Sa proposition est unique, très intense, très honnête. Elle a une âme. Elle a de grandes chances de l’emporter. Elle me rappelle l’âge d’or de la chanson française avec Edith Piaf, Jacques Brel, … C’est vraiment génial.

Miguel – C’est très intense.

L’Eurovision est l’un des programmes télévisés les plus regardés au monde. Nombre de téléspectatrices et de téléspectateurs découvrirons The Black Mamba à cette occasion. Quelles chansons leur conseilleriez-vous d’écouter en premier au sein de votre œuvre ?

Pedro – Ils pourraient écouter Believe, un titre de notre dernier album The Mamba King. Je crois que c’est notre plus gros succès. C’est une chanson très émouvante. Il y a une sorte de message sur la conscience sociale. Peut-être My Blood Diamond, qu’en penses-tu Miguel ?

Miguel – Oui.

Pedro – My Blood Diamond est également un titre de notre dernier album. Je laisse Miguel choisir la troisième.

Miguel – Sans doute Stronger.

Pedro – Une chanson qui fait également partie du dernier album.

Je suppose que vous avez lu les réactions des eurofans à propos de votre chanson. Comment les gérez-vous ? Est-une malédiction ou une bénédiction pour vous ?

Pedro – C’est vraiment amusant. C’est la première fois que nous avons l’opportunité de voir les réactions des gens. Parce que les gens ne vous connaissent pas, ils n’aimeront pas. Les gens qui n’aiment pas vous le montreront. Les gens qui aiment vous le montreront également. À chaque fois que vous sortez une chanson, vous ne savez pas quelle peut être la réaction des gens. La plupart ne vous la diront pas en face. C’est cool de les voir. Il y a des réactions vraiment différentes. La plupart sont positives. Les gens aiment, et c’est bon pour nous.

Lors de votre victoire au Festival da Canção, il y a eu une petite polémique quant au fait que vous alliez représenter le Portugal avec une chanson en anglais. Qu’en pensez-vous ?

Pedro – (rires) Je pense que c’est juste. Chacun a son opinion, et nous le respectons. Les gens aiment leur propre langue, et nous l’aimons aussi. Dans chacun de nos albums, nous rendons hommage à la langue portugaise à travers un titre. Mais ce fut juste une petite controverse. Regardez le télévote : les téléspectateurs ont donné les deux premières places à des titres en anglais. Je pense que nous vivons aujourd’hui dans un monde différent. Si les gens aiment la chanson – et elle peut vraiment les toucher – j’aimerais qu’ils votent pour elle. Si c’est seulement parce qu’elle est dans votre propre langue, cela n’a pas de sens, parce que la musique est un langage universel. Nous sommes fiers de représenter ce changement dans les esprits et d’être les premiers à l’accomplir. Tout change cette année. Peut-être que les gens seront davantage réceptifs à une chanson en anglais ou en espagnol, je ne le sais pas. Lors des éditions précédentes, les titres chantés dans une langue maternelle étaient ceux pour lesquels les gens avaient envie de voter. C’est ce qui nous rend fiers de représenter ce changement. Mais ça a vraiment été une petite controverse avec les gens en désaccord. Si nous l’avions chantée en portugais, je ne sais pas si ça aurait mieux collé dans une autre langue. Mais on ne peut pas satisfaire à la fois les grecs, les troyens et les maltais (rires).

L’Eurovision célèbre la diversité, notamment à travers les langues. Si vous deviez chanter Love Is On My Side dans une autre langue, laquelle choisiriez-vous et pourquoi ?

Pedro – (il réfléchit) Je ne sais pas quelle est l’opinion de Miguel à ce sujet, mais je choisirais le français. Ou l’italien. J’aime beaucoup les sonorités même si je ne comprends pas la plupart des mots, seulement quelques-uns. Mais les sonorités sont très belles.

Miguel – C’est très élégant.

Pedro – Et ça sonne incroyablement bien. Je pense que ce serait incroyable si nous faisions une version française du titre.

J’en serais très curieux

Pedro – (rires) Peut-être que Barbara pourrait faire sa propre version.

Nous pourrions le lui demander !

Pedro – Faites, parce qu’avec ce genre d’orchestration old school, je pense que ce pourrait être parfait !

Par rapport à la scénographie, allez-vous conserver celle du Festival da Canção ou allez-vous apporter des changements ?

Miguel – Nous allons apporter de nouveaux éléments à la performance, mais elle va rester simple. Nous allons conserver ce look et cette atmosphère old school, mais avec des surprises. Nous allons utiliser tous les équipements à notre disposition sur la scène de l’Eurovision, mais sans trop nous éloigner de notre idée originale.

Dans une période où il est difficile, voire impossible d’aller à la rencontre physique de vos fans, quelle relation entretenez-vous avec eux ? Comment restez-vous connectés à eux ?

Pedro – Dans ce contexte, nous restons connectés via les réseaux sociaux. Quelques-uns de nos amis étaient à l’origine parmi nos premiers fans. Ils ont adoré notre musique et ont obtenu des autographes dans le cadre des séances de dédicace que nous effectuons normalement à la sortie de nos concerts. Nous aimons être connectés aux fans, parce qu’ils sont tout pour les musiciens et les artistes. Sans eux, vous n’êtes pas un artiste. Vous pouvez être un artiste, mais pas un professionnel, parce que ce sont eux qui vous soutiennent, qui paient leur billet. Votre audience vient des fans et sans eux, vous restez juste un artiste dans votre chambre. Voir ces gens transmettre leur émotion, se laisser aller quand ils sont dans le public, est très plaisant et important pour nous. C’est comme une relation avec votre épouse ou votre mari : sans l’autre part, il n’y a pas de relation. Rien ne se passe. C’est une relation à deux têtes qui donne lieu à quelque chose d’unique.

Imaginez que vous êtes dans une soirée karaoké. Si quelqu’un vous demandait de chanter un ancien tube de l’Eurovision, lequel choisiriez-vous ?

Pedro – Lequel Miguel ? Fuego ?

Miguel – Fuego ou peut-être Waterloo d’ABBA.

Quel est votre plus grand rêve (même le plus fou) ?

Pedro – (Il réfléchit) Je pense que c’est de voyager à travers l’Europe, puis le monde, pour partager notre musique avec les gens.

Miguel – Je partage totalement.

Je vous laisse conclure l’interview. Qu’aimeriez-vous dire à nos lectrices et lecteurs ?

Pedro – Dans cette période difficile que nous vivons, tenez bon, car tout ira bientôt pour le mieux.

Miguel – Et n’oubliez pas de voter pour notre chanson Love Is On My Side à Rotterdam, c’est très important !

Encore merci à The Black Mamba pour leurs réponses. Toute l’équipe de l’EAQ leur souhaite le meilleur pour la suite, et surtout bonne chance lors du concours.

Crédits photographiques : Arlindo Camacho – RTP