Ce samedi, l’Estonie choisit sa chanson pour Turin. Le moins que l’on puisse dire, c’est que, comme souvent en Estonie, le match est déjà à moitié joué. En effet, depuis la demi-finale de samedi, STEFAN a considérablement creusé l’écart chez les parieurs. Sa côte est inférieure à 2, et il concentre la majorité des mises devant son dauphin, Ott Lepland. Derrière, aucun autre candidat ne se démarque bien, à l’exception de Minimal Wind et Elizabeth Tiffany… Pour leurs très faibles chances de l’emporter. En même temps, il faut noter que ceux-ci, à l’instar d’Elina Nechayeva dans l’autre demi-finale, sont les repêchés du télévote. Le télévote ayant poussé certains candidats boudés des jurys suffisamment fort pour les qualifier dès le premier tour de vote, on peut assez légitimement supposer que les deux repêchés ont fait un score au mieux moyen auprès des deux collèges de votants. Assez peu probable qu’ils dament le pion aux autres pour une superfinale, donc.

Parlant de superfinale, comme je l’écrivais, deux favoris semblent se détacher et devrait y figurer : STEFAN et Ott Lepland. Le troisième spot qualificatif est plus ouvert. Je pense personnellement que Jaagup Tuisk et le duo Zevakin/Paia sont les mieux placés pour y accéder, mais il est habituel d’avoir un-e invité-e « surprise » dans le trio final.

Loreen a quelque peu révisé son jugement après les lives des demi-finales. Cette finale est plutôt équilibrée, et la victoire de STEFAN est moins garantie que ne l’ont été les deux raz-de-marée d’Uku Suviste en 2020 et 2021 (bien qu’elle reste très probable). Toutefois, si l’Estonie a deux-trois titres qui lui permettraient de se qualifier en finale à Turin, ça ne reste pas la panacée : même en cas de qualification, on est loin des standards d’un top 10 de l’Eurovision. Ce sera toujours ça de pris quand même, vous me direz, et vous aurez raison.

Me concernant, je roulerai pour Jaagup Tuisk. Avant de partir, n’oubliez pas de voter dans le sondage en bas de l’article afin de faire savoir qui vous enverriez à Turin, et de développer votre opinion en commentaire si vous le souhaitez !

Rendez-vous samedi à 18h pour cette finale !

« Chanson » – ArtisteCommentaireLoreen
« Remedy » – Elina NechayevaElina en a surpris plus d’un en abandonnant l’opéra qui avait apporté le dernier top 10 en date du pays, au profit de cette ballade-pop aux intonations Mylène Farmer. « Remedy » manque de relief. Dans une perspective Eurovision, il faudrait quelque chose de plus mémorable… Et ce qu’on retient de sa prestation de samedi, c’est sa tenue peu seyante, et sa chute à la limite du dangereux à la fin de sa chanson. Boudée par le jury, ses chances d’accéder à la superfinale sont faibles.
« Mis nüüd saab » – Andrei Zevakin ft. Grete PaiaUn Youtubeur et une multirécidiviste pour un duo rythmé et une atmosphère latine. Le refrain, bien répétitif, rentre en tête. Le morceau manque peut-être de compétitivité en vue de l’Eurovision, mais c’est agréable d’avoir un titre en estonien en finale qui ne soit pas une ballade (et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, les ballades en estonien c’est SUPER). Sur scène, le duo fonctionne bien, et même si le jury les boude, il faut noter qu’ils ont chacun une bonne communauté de fans susceptibles de se mobiliser pour les pousser jusqu’en superfinale. Demandez à Uku Suviste.
« Kui Vaid » – Jaagup TuiskLe dauphin d’Uku Suviste était un retour attendu des eurofans. Mais si la ballade en estonien reste estampillée Jaagup, elle n’emballe pas autant les foules que Beautiful Lie. En cause selon moi : cette impression d’avoir deux « climax » dans le morceau, ce qui rend la fin confuse, à fortiori pour des non-locuteurs de l’estonien. Et ensuite, le nombre importants de silences/ »drop », qui hachent un peu trop le morceau.
En demi-finale, Jaagup a proposé une scénographie esthétique et créative, qui complète très bien son interprétation. Quel dommage que « Kui Vaid » manque de ce chouïa de cohérence dans sa progression !
« Fire » – ELYSAAttention, la chanteuse a un nom en 5 lettres commençant par E et le titre est la traduction anglaise de « Fuego », mais gardons loin la comparaison ! Ce bop, qui aurait pu figurer au Melodifestivalen il y a 10 ans, a pour principal défaut un refrain creux à l’instru agressive, et ne renouvelle pas le genre… Il a toutefois l’avantage d’être l’un des plus « chorégraphie-friendly », ce qui pourrait rapporter des points. Pas sûre du potentiel Eurovision de l’eurodiva à l’estonienne…
Elysa ayant été atteinte du COVID la semaine dernière, nous découvrirons sa proposition scénographique samedi. Cela n’a pas empêché le public de la soutenir massivement.
« Aovalguses » – Ott LeplandBien que j’étais restée hermétique à « Kuula », je crois pouvoir dire sans froisser personne que le retour d’Ott n’a pas l’envergure de sa ballade d’il y a 10 ans. La construction manque quelque peu de relief. Toutefois, Ott reste un interprète solide, comme il nous l’a encore prouvé jeudi dernier. Il est très probable qu’il vienne chatouiller STEFAN en superfinale.
« Interstellar » – Stig RästaStig Rästa est définitivement la preuve qu’un coup de génie n’est pas toujours représentatif… « Interstellar » est d’une prévisibilité agaçante, une pop sucrée vue et revue, d’un matériel qui sur moi ne prend plus à la longue. Pour ne rien arranger, Stig est accompagné de Victor Crone aux choeurs. Et il y des copains qui sont, au demeurant, fort sympathiques, mais qu’il faut savoir esquiver au moment de faire des travaux de groupe…
Très oubliable, « Interstellar » ne serait pas un bon choix pour l’Eurovision. Et d’autres titres méritent plus d’accéder à la superfinale de cet Eesti Laul.
Mais bon, si jamais vous êtes fans de produits musicaux à la chaîne scandinaves (et c’est votre droit !), ou bien de technologies fumeuses (non ça je vous juge), sachez que Stig a mis en vente le NFT de Interstellar…
« What to make of this » – Minimal Wind ft. Elizabeth TiffanyAlors, je ne pense pas qu’on puisse me taxer d’être une mauvaise cliente du minimalisme, mais il faut reconnaître que là, il n’y a vraiment rien à grignoter dans ce morceau… Et pourtant ! Il suffit que, ENFIN, même moi je critique un morceau minimaliste, pour que ce soit celui-là dont les estoniens s’entichent ! Allez savoir. Et sans scéno, en plus, puisque Elizabeth a été atteinte du COVID au moment de la demi. Ils auront au moins l’opportunité de défendre l’atmosphère de WTMOT en live.
Trève de blabla, revenons en au morceau : probablement trop inoffensif pour accéder à la superfinale, il serait, pour la même raison, un mauvais choix pour espérer se qualifier à Turin. Mais maintenant que le minimalisme est réhabilité, on peut rappeler Mick Pedaja, par exemple ?
« Hope » – STEFANCommençons par une opinion impopulaire : je n’ai jamais été très fan de cette ère dans la musique électro qu’à ouvert Avicii avec « Wake Me Up », suivi par « Lovers on the Sun » de David Guetta. Tout comme les solo-performeuses féminines ont cessé de pouvoir exister pour elles-mêmes sans être comparées à Eleni Foureira depuis que « Fuego » est sorti, il n’est plus possible d’avoir une chanson électro avec de l’instru country, et a fortiori avec ce timbre de voix, ce drop, ces visuels Far-West, sans penser à ces deux tubes. Assez logiquement donc, je n’en suis pas fan.
Je reconnais toutefois sans tortiller que la scénographie de STEFAN est adéquate et calibrée, qu’il est un des meilleurs vocalistes de cette finale, et que la chanson est assez mainstream pour apporter un résultat satisfaisant et motivant à l’Estonie. Ce sera sans mon vote, mais ce sera avec plus de plaisir que les meringues Suviste !
« Champion » – Anna SahleneC’est le Melfest, mais pas au Melfest, et vu le niveau du Melfest, ça aurait peut-être dû aller au Melfest. Je n’ai pas changé d’avis sur « Champion » : bien que sympathique, je ne peux pas à la fois affirmer que je valorise les propositions audacieuses et modernes musicalement à l’Eurovision, et dire du bien de ce titre. Je crois que je lui préfère n’importe quelle pop inoffensive tant qu’elle aurait un tout petit supplément d’âme… L’énergie du direct est sympa cependant, malgré quelques poncifs scénographiques. Sahlene est une outsider pour la superfinale, mais à l’Eurovision, ce serait un ventre mou de demi-finale.
« Sandra » – Black Velvet« Sandra » n’était pas la pire chanson de cet Eesti Laul, mais c’est désormais la pire de la finale ! C’est une pop-disco au texte léger, sur un flirt. Parfait pour une boum. Et pour l’époque où le mot « boum » n’était pas ridiculement désuet. Si le rythme et la bonhomie de la chanson sont appréciables, l’ensemble, même en live, est d’un kistch qui n’amuse plus vraiment. Et c’est répétitif. Même si le public estonien leur a été très favorable jusque-là, il semble difficile de croire qu’il ne lui préféreront pas un des 9 autres titres.

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