MERCREDI 24 FÉVRIER

Comme annoncé, la télévision publique chypriote a officiellement présenté El Diablo, la chanson qui la représentera à l’Eurovision 2021. La voici :

Interprétée par Elena Tsagrinou, El Diablo a été écrite et composée par Jimmy Thornfeld, Laurell Barker, Oxa, et Thomas Stengaard. Son vidéoclip a été réalisé par George Benioudakis et chorégraphié par Chali Jennings. Ses costumes ont été créés par Celia Kritharioti.

Notez par ailleurs que, sur Instagram, Sandro, représentant chypriote 2020, a souhaité toute la réussite possible à Elena et à CyBC.

VENDREDI 26 FÉVRIER

La présentation officielle d’El Diablo et de son vidéoclip aura suscité de nombreuses réactions. Les Eurofans ont accueilli favorablement la chanson. Néanmoins, plusieurs se sont étonnés, voire choqués du placement de produits (ci-dessous). Mais il est quasi certain qu’une version éditée, ne comportant pas ces références publicitaires, sera publiée ce dimanche sur la chaîne YouTube officielle de l’Eurovision.

D’autres, à l’écoute de la chanson, ont immédiatement pointé des similitudes flagrantes avec des morceaux antérieurs de la chanteuse américaine Lady Gaga, notamment Bad Romance (sorti en 2009) et Alejandro (sorti en 2010).

D’autres encore ont souligné la parenté visuelle du vidéoclip avec celui d’Hourglass de la chanteuse britannique Alice Chater (sorti en 2018) et celui de Love Me Land de la chanteuse suédoise Zara Larsson (sorti en 2020).

Magie des réseaux sociaux : Alice et Zara ont constaté elles-mêmes les similitudes et se sont exprimées sur Twitter et Instagram. Toutes deux se sont montrées surprises, mais ont préféré en rire, affirmant n’être en rien offensées. Zara a même confié adorer l’Eurovision et attendre avec impatience de voir cela en direct. Alice, en revanche, a avoué ne pas aimer le Concours.

D’autres ont eu des réactions moins amènes. Les médias hellénophones ont rapporté que la télévision publique chypriote avait reçu de nombreux appels téléphoniques menaçants. Les interlocuteurs anonymes se seraient scandalisés des références au diable dans la chanson choisie et auraient menacé de mettre le feu au siège de CyBC. Des chrétiens convaincus ont même lancé une pétition en ligne pour protester contre El Diablo, estimant qu’elle était une attaque à l’encontre de leurs valeurs.

CyBC a réagi par le biais d’un communique officiel. Le diffuseur y rappelle qu’El Diablo parle d’une histoire d’amour toxique, que ses paroles sont donc métaphoriques et que le message profond est un appel aux femmes à se libérer de ces relations négatives. Concernant les appels anonymes, CyBC a transmis le dossier à la police chypriote qui enquête désormais et qui par précaution, a envoyé une patrouille devant les locaux du diffuseur.

Tout cela n’a en rien affecté l’humeur d’Elena Tsagrinou, qui a remercié tous ses soutiens et qui s’est déclarée très heureuse des nombreux messages de félicitations reçus. Parmi eux, ceux de la représentante grecque, Stefania, via Instagram. Interviewée par la télévision grecque, Elena a également interprété un extrait de sa chanson en direct (à 10:30) :

LUNDI 1er MARS

Ce n’est pas tous les jours que la présentation d’une chanson pour l’Eurovision donne lieu à des arrestations. El Diablo inscrit ainsi son nom dans la petite histoire du Concours…

La police chypriote a confirmé avoir arrêté un homme responsable de menaces à l’encontre de CyBC. L’homme s’était déplacé jusque dans les locaux du diffuseur et y avait pris ses employés à parti. Il leur reproche le choix d’une chanson satanique et les accuse d’offenser le christianisme.

La police continue d’enquêter sur les auteurs d’appels anonymes, tout aussi abusifs et menaçants. Dans l’attente, une association de professeurs de religion chypriotes a exprimé son dégoût profond de El Diablo et appelé à son retrait, l’accusant d’encourager la dévotion et l’amour pour Satan.

JEUDI 4 MARS

La saga se poursuit. L’Église orthodoxe de Chypre a officiellement demandé au gouvernement chypriote le retrait d’El Diablo. Selon le Saint-Synode, elle encourage la soumission humaine à l’autorité du diable et bafoue les fondations morales du pays. Elle porte un message dangereux dans un pays occupé, qui lutte pour ne pas être soumis. Enfin, elle est le témoin d’une triste sous-culture indigne des traditions grecques et orthodoxes et elle cause un ridicule mondial à Chypre.

Le gouvernement chypriote a répondu respecter les opinions de chacun, tout comme la liberté d’expression et de création. Il appelle cependant à ne pas réduire une chanson à son titre et à ne pas lui conférer des dimensions qu’elle ne possède pas. Il juge que le sujet d’El Diablo relève du champ artistique et non politique et n’interviendra donc pas.

LUNDI 8 MARS

Les religieux chypriotes ne désarment pas. Ce weekend, ils ont manifesté devant les locaux de CyBC, demandant à nouveau le retrait d’El Diablo. Ils ont brandi des croix et de slogans en faveur de Jésus, puis déposé un manifeste écrit, adressé à la direction du diffuseur.

De son côté, CyBC reste sur ses positions, conforté par la grande popularité de la chanson qui a désormais dépassé le million de vues sur YouTube et les 400.000 écoutes sur Spotify. La cheffe de délégation chypriote, Mme Evi Papamichael, s’est déclarée dans l’incompréhension la plus complète. Selon elle, El Diablo ne porte aucune signification religieuse, mais parle plutôt de l’oppression personnelle. C’est sous cet angle qu’il convient de l’écouter. Mme Papamichael a apporté son soutien à Elena Tsagrinou, confirmant que la collaboration entre la délégation et la chanteuse se déroulait à merveille et qu’elle-même l’appréciait beaucoup à titre personnel. Tous travaillent de concert pour offrir le meilleur résultat possible à Chypre.

Quant à Elena Tsagrinou, elle s’est exprimé brièvement sur le sujet, déclarant qu’elle ne voyait pas très bien comment le diffuseur et sa maison de disques pourraient changer quoi que ce soit à sa chanson. En ce qui la concerne, elle en reste fière et heureuse.

(avec la collaboration de Pauly)

Crédits photographiques – CyBC