eurovision-1956san-marinoArrivederci San Marino ! Arrivederci Valentina, Michele e tutti quanti ! C’est de retour de nos vacances dans la Sérénissime République que je vous écris. Marcel et moi avons retrouvé le calme paisible de notre maison et de notre cher vieux Vésinet. Nous avons vécu deux semaines incroyables et la nostalgie m’étreint déjà lorsque je me remémore ces instants inoubliables vécus parmi les derniers amis et alliés de la France sur cette Terre. Vous auriez vu la haie d’honneur qui nous fut faite lors de notre départ, par leur garde républicaine… J’en ai la larme à l’œil… Vous qui lisez ces lignes, suivez notre exemple : boycottez ces pays voisins félons qui ne votent jamais pour nous ! Boycottez l’Espagne, boycottez l’Italie, boycottez le Royaume-Uni ! Faites mordre la poussière à leur industrie touristique et rendez-vous dans ces pays qui nous soutiennent contre vents et marées. Saint-Marin mérite d’ailleurs votre visite : ses panoramas, sa gastronomie, la chaleur de son accueil, ses activités culturelles et folkloriques… Je m’étonne que ce petit pays ne soit pas plus haut placé sur les listes des agences de voyages.

suisseVous le devinez : Marcel et moi avons décidé de poursuivre sur notre lancée et de continuer à visiter des pays votant pour nous durant ces périodes de disette eurovisionesque. Désormais, figurent sur notre carte du monde : l’Arménie, qui nous a attribué trois points en 2015 et deux points en 2013 ; l’Islande, six points en 2012 et deux points en 2013 ; la Lettonie, trois points en 2012 ; l’Autriche et la Bosnie-Herzégovine, deux points en 2012 ; la Finlande, un point en 2014 ; la Macédoine et Chypre, un point en 2013 et bien entendu, nous commencerons d’ailleurs par-là, la Suisse qui nous a attribué six points en 2012. Finalement, ils sont bien gentils nos amis Suisses. Auraient-ils une destination particulière à nous recommander ? Trip Advisor nous conseille des montagnes, mais je ne suis pas une grande amatrice de sommets enneigés, sauf peut-être le Kilimandjaro… Une chose est déjà certaine : nous irons à Lugano et à Lausanne !

Sur ces entrefaites, la vie quotidienne a repris ses droits. Marcel est retourné dans sa cabane au Canada et je me suis remise devant ma Remington. La rentrée bientôt approche qui nous verra avec Madame André et Madame Martineau parcourir le paysage musical français à la recherche de la perle rare qui hissera le drapeau tricolore sur les sommets de Stockholm. J’ai à ce propos lu avec la plus grande attention, le feuilleton fictionnel de notre ami Dimitri. Cela m’a beaucoup plu et je suis certaine que Madame André m’appellera sous peu pour me confirmer que cette fiction deviendra réalité à la rentrée. Je vous en tiendrai informés sur le champ, mes chers lecteurs, mes chers amis. Soyez rassurés : je demeurerai à l’écoute de vos remarques et de vos suggestions. Je suis convaincue que vous connaissez chacun et chacune un artiste de talent qui fera honneur à sa mère-patrie.

En attendant cette heure de gloire, il me tient à cœur de rendre hommage à d’autres nations, valeureuses et indomptées, qui n’ont jamais plié le genou devant la clique de l’UER. Des nations admirables, presque autant que celles qui ont voté pour nous, des nations qui ont bravé les foudres du politiquement correct et de l’Anglovision, des nations d’un courage inouï qui ont bravé le règlement du Concours et ont décidé envers et contre tous de chanter dans la plus belle langue du monde, la plus riche, la plus mélodieuse, la plus poétique, la plus prestigieuse, la plus brillante : le français. Aujourd’hui, donc : cinq nations non francophones résistantes ayant chanté en français depuis 1999.

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5. 1999 – Bosnie-Herzégovine – Dino & Béatrice – Putnici (Voyageurs) – 7e place

Ils furent les premiers, les pionniers et le Destin les aida dans ce choix audacieux. Les Bosniens avaient choisi spontanément, lors de leur finale nationale pour les représenter à Jérusalem, le groupe Hari Mata Hari, avec Starac I More (Le Vieil Homme Et La Mer). Il apparut cependant que cette chanson avait déjà été rendue publique, en Finlande, avant la date fatidique du premier octobre. Le groupe fut disqualifié et ce fut le duo arrivé à la deuxième place qui s’envola pour la Terre Promise. Le grand auteur-compositeur-interprète Dino Merlin s’était adjoint les charmantes ressources de Béatrice Poulot pour une magnifique chanson sur des voyageurs à la poursuite de leurs rêves. Le succès fut au rendez-vous avec une très belle septième place : la voie était ouverte pour d’autres. Dino, quant à lui, revint en 2011, avec Love In Rewind, pour une sixième place.

4. 2010 – Islande – Hera Björk – Je Ne Sais Quoi – 19e place en finale

Certes, Kate Ryan avait initié l’habitude en 2006 avec son glorieux Je T’Adore. Mais elle représentait là un pays francophone… Il faut donc saluer la plus francophile des Islandaises, Hera Björk pour avoir porté haut le pavois du français, avec son refrain colloquial. Elle termina à une fort honorable place, soutenue par nos amis belges, pris d’engouement pour son je ne sais quoi. Rappelons qu’elle avait participé à la finale danoise, l’année précédente avec Someday, mais qu’elle avait alors terminé deuxième, derrière Brinck. Et n’oublions pas qu’elle a joué les choristes pour son île natale, en 2008, 2009 et 2015. Une immense artiste…

3. 2011 – Lituanie – Evelina Sašenko – C’Est Ma Vie – 19e place en finale

En 2011, j’étais lituanienne. Forcément. Evelina réunissait toutes les qualités imaginables susceptibles de me plaire : une grande chanteuse, une grande ballade, une présentation classieuse et un refrain en français. J’ai dit oui à Evelina et à la Lituanie. Vous imaginez ma joie et mes larmes de bonheur lors de sa qualification. J’ai dépensé tout mon forfait mobile pour la soutenir. J’ai été un peu déçue par sa dix-neuvième place, mais l’honneur était sauf pour la seule chanson de cette année-là interprétée dans la langue de Racine et de Mireille Mathieu…

2. 2007 – Roumanie – Todomondo – Liubi, Liubi, I Love You (Amour, amour, je t’aime) – 13e place

L’on m’a reproché en son temps de soi-disant commentaires racistes sur la Roumanie et ses habitants. Cela m’a profondément heurtée, moi qui suis du côté de la République ouverte et généreuse. J’aime l’Eurovision pour son mélange des cultures et je demeure l’esprit ouvert, surtout lorsque nos amis Roumains chantent en français. En 2007, leur chanson était interprétée dans pas moins de six langues, les principales du continent européen. Bien entendu, le français était du nombre, langue admirable dont la maîtrise demeure une marque de distinction et d’élégance. D’ailleurs, si vous voulez mon avis, toutes les chansons de l’Eurovision devraient comporter au moins un paragraphe en français…

1. 2007 – Chypre – Evridiki – Comme Ci Comme Ça – 15e place en demi-finale

Monts et merveilles, comme le disait si bien cette brave Louisa ! 2007 fut une année exceptionnelle pour notre belle langue nationale : pour la première, la seule et unique fois dans l’histoire du Concours, un pays non francophone fut représenté par une chanson entièrement en français. Quel courage, quelle bravoure, quelle sublime décision ! Son mérite en revient entièrement à l’artiste, la magnifique Evridiki, qui avait déjà représenté son pays en 1992 et en 1994. Evridiki est en effet une très grande francophile, maîtrisant parfaitement notre langue et ayant accompli une partie de ses études artistiques à Paris. Hélas, mon cœur fut brisé, encore une fois. L’Europe n’était pas prête : Evridiki fut sèchement congédiée en demi-finale, victime de la partialité d’un règlement prévu par la clique de l’UER pour favoriser l’Anglovision. Depuis, Evridiki poursuit sa carrière avec autant de succès et nous attendons d’autres gestes de courage de la part des pays participants non francophones…

Bonus

Je vous entends protester d’ici. Mais non ! Pas question ! Plutôt mourir que d’inclure ces maudits Suédois, ces voleurs de victoire, dans ce classement. Ils ont essayé de nous damner le pion, déjà en 2009, avec leur pseudo-cantatrice hystérique, cette Madeleine Sérihomme, censée être la huitième merveille du monde, mais qui ne fut que l’égale d’une casserole domotisée. Ils n’obtinrent que ce qu’ils méritèrent : une misérable vingt-et-unième place, un de leur pire résultat… Assassins du français ! Dieu merci, notre merveilleuse Patricia nationale les écrasa de sa superbe pour s’envoler vers les hauteurs du classement. Bien que si vous voulez mon avis franc sur la question, elle aurait dû gagner ce soir-là et moucher ce petit jeunot d’Alexandre Poisson.

Je m’en retourne à présent à mon ménage et à mes petites occupations. Le train-train quotidien d’une retraitée de province, amoureuse du patrimoine culturel français… Mais avant de vous laisser pour une semaine, je vous transmets les meilleures amitiés et salutations de Madame Martineau. Cette chère Suzanne s’est un peu ennuyée durant mon absence, malgré qu’elle eut à s’occuper de ses petits-enfants et des répétitions de la chorale. Afin de se distraire et de rendre ce temps long fugace, elle s’est abreuvée de lectures légères et peu sophistiquées. Public, Closer, Oops, Scoop, elle a parcouru cette presse dite people, toujours dans l’espoir de dénicher la perle rare pour 2016, au sein de la cohorte de ces jeunes personnes distinguées, talentueuses et pleines d’avenir dont les aventures nous sont narrées sur un mode hebdomadaire. Ne ricanez point : elle vous a encore trouvé trois possibilités, qui compléteront les précédentes et les suggestions de notre confrère et ami, Dimitri. Je vous les soumets, beaucoup d’anglais, je trouve. Mais l’on pourra toujours les convaincre le temps venu, de chanter dans leur langue maternelle, la plus belle de la création : le français !



Bien à vous,

Francine MICHU