Lors de la journée du 26 mars, nous avons pu rencontrer quelques eurostars à l’hôtel Apolo. Voici ce que nous avons recueill. Les fichiers vidéos étant peu exploitables, nous avons retranscris nos audios. Nous espérons que cela vous plaira et vous permettra de mieux connaître ces artistes !

Citi Zēni (Lettonie 2022)

Marie : « Quel est le message que vous voulez transmettre ?
Jānis Petersons (chanteur principal de Citi Zēni) : Il y en a plusieurs : on veut qu’il y ai du sens et de l’émotion à la fois. Le deuxième est à propos de la durabilité, je pense que c’est assez présent dans la chanson, chacun doit trouver un moyen d’agir, on veut un message écolo et vert sans être déprimant. La glace fond, les morses meurent, la Terre meurt, tout va mal, pourquoi on mettrait l’accent sur ça ? Nous on veut mettre l’accent sur : si vous recyclez, vous êtes cool, vous êtes sexy, c’est chouette !
Audrey : Avez-vous prévu d’intégrer de nouveaux éléments à votre scénographie à Turin ?
Jānis : Oui, on va changer un peu la mise en scène, mais on veut garder l’élément principal : l’énergie. On veut créer une performance où le téléspectateur va s’oublier pendant trois minutes, être entrainé, taper du pied, chanter avec nous. On veut tout faire en plus gros, c’est pour ça qu’on a l’Epic Sax Guy 2.0 ! (il montre l’un des membres du groupe)
Audrey : Bon, comme vous êtes les ambassadeurs de la Terre pour cet Eurovision, pouvez-vous nous donner plus de conseils sur l’écologie ?
Jānis : Le but est d’être sexy, alors… Premièrement, ayez un sac réutilisable, si je vois quelqu’un avec un sac réutilisable, je le respecte +100. Si je vois quelqu’un avec deux sacs poubelles (le recyclable et le normal), c’est aussi sexy, si vous achetez des vêtements de seconde main, ça vous rend sexy, alors il y a plein de choses que vous pouvez faire et chacun devrait faire ce qu’il peut dans son quotidien. On ne veut pas changer le monde en un claquement de doigt, mais on veut transmettre ce message au plus de gens possible.
Audrey : Vous pensez que c’est politique d’avoir une telle chanson, ou vous avez justement amené l’aspect fun pour tempérer le côté politique ?
Jānis : C’est une bonne question. On savait qu’on voulait parler de ce sujet, mais d’une manière différente. Je ne dirai pas que c’est politique en soit, mais je dirais que oui notre chanson a une signification derrière, elle n’est pas vide, c’est quelque chose en lequel on croit et pour lequel on veut s’engager. Il n’y a pas beaucoup d’événements regardés par 200 millions de personnes, alors si on peut parler de quelque chose qui peut changer le monde positivement, c’est une bonne chose à faire, et si on peut s’amuser en même temps, c’est encore mieux. Donc on espère divertir les gens et au passage les éduquer, juste un tout petit peu ! 😉 « 

Merci aux Citi Zeni pour leur temps, leur énergie et leur bonne humeur !

Vladana (Monténégro 2022)

Audrey : « Bonjour Vladana, comment allez-vous ?
Vladana : Fatiguée, je dois me reposer, mais tout cela est excitant !
Audrey : De quoi avez-vous le plus hâte à Turin, à part évidemment de chanter votre chanson en direct ?
Vladana : De rencontrer les autres artistes, les gens… Manger de la glace… Et je ne sais pas, j’ai hâte de tout, avant Turin et à Turin. C’est un des rêves de ma vie !
Audrey : J’ai cru entendre que vous aviez commencé à travailler d’autres versions de « Breathe », c’est vrai ?
Vladana : Oui, c’est vrai, nous sommes en train d’enregistrer une version italienne, qui sera avec un orchestre symphonique, et qui sortira le 4 avril avec un clip. C’est une version plus lente de « Breathe » qui s’appellera « Respira »; et on enregistre une version finnoise. C’est une langue très exotique pour moi, on a collaboré avec quelqu’un qui voulait écrire une version finnoise, c’était un challenge pour moi. Et ce n’était pas si difficile, à la fin, la personne avec qui j’ai travaillé m’a dit que je sonnais comme une finlandaise !
Audrey : Vous aimez beaucoup les langues ?
Vladana: Oui. Je parle un peu italien, je comprends l’espagnol, je suis native en monténégrin, et macédonien; je parle aussi anglais.
Audrey : Comment s’est organisé votre participation pour le retour du Monténégro ?
Vladana : Le diffuseur national a fait un appel à candidatures anonyme pour des chansons, j’ai postulé comme autrice, et j’ai été choisie. Ils envisageaient de chercher un chanteur ensuite, mais c’était ma chanson, elle était très personnelle, donc il a été décidé que je la chanterai.
Audrey: Vous avez laissé de côté la musique pendant quelques années pour étudier le journalisme…
Vladana: Oui, j’ai étudié le journalisme, la science politique, j’ai eu un blog de mode car j’adore la mode…
Audrey : Et qu’est ce que vous avez retiré de ces années ?
Vladana : Que je ne peux pas vivre sans la musique ! Et j’espère que l’Eurovision me permettra de faire mon grand retour. »

En conclusion, Vladana vous remercie et espère que vous appréciez sa chanson ! Nous la remercions pour cet échange.

Jamala (Ukraine 2016)

(mini-conférence de presse, enregistrement audio). Pour des raisons évidentes, cette interview ne s’est pas placée sur le plan musical. Notre retranscription est une simple retranscription, elle ne vaut pas prise de position de la rédaction.

Jamala a commencé par remercier la communauté Eurovision pour son soutien. Elle a mentionné la finale allemande à Berlin, durant laquelle il y a eu une collecte de fonds ayant permis de récolter 67 millions d’euros en aide à l’Ukraine.


Journaliste : « Jamala, qu’est ce que votre victoire en 2016 signifie à présent pour vous ? Qu’est-ce que vous voulez faire savoir aux gens, maintenant que vous êtes ici devant nous ?
Jamala : Vous savez, quand j’ai écrit cette chanson en 2015, c’était à propos mon arrière-grand-mère. C’était à propos de la déportation des Tatars de Crimée par les soviétiques. Aujourd’hui, cela sonne plus actuel, plus douloureux pour moi. Je ne la chante pas cette chanson, je la pleure. Chaque mot, chaque son, est si douloureux pour moi.
– L’Ukraine avait voté pour la chanson d’Alina Pash, qui avait aussi un fort message. Pensez-vous qu’elle aurait eu un impact plus important ?
Jamala : Vous voulez dire Kalush…? (le journaliste répète sa question). Ok, je vois. Je pense que toutes nos chansons étaient bonnes. Alina a une chanson très forte et délivrait un vrai message. En tant que juge de Vidbir et gagnante de l’Eurovision 2016, j’ai beaucoup aimé sa chanson, mais je suis aussi très fière de Kalush parce que leur chanson est aussi très bonne et résonne fort, même si vous ne comprenez pas les paroles, vous comprenez que c’est une chanson qui danse et qui pleure en même temps.
– Jamala, comme vous le savez la Russie a été disqualifiée cette année, qu’est-ce que cela signifie pour vous en tant qu’Ukrainienne ?
J : Comme je l’ai dit, c’est une preuve immense de soutien de la part de l’Eurovision. Ca renvoie à l’Eurovision qui a été créé après la Seconde Guerre Mondiale. En Europe nous sommes tous différents mais nous aimons nos pays. L’Espagne aime l’Espagne, et votre langue, votre rythme, votre charisme a sa propre sonorité. Cela montre que la Russie a brisé des règles qui ne sont pas que musicales, ils ont brisé toutes les règles, ils détruisent tout. Cette décision ne reste qu’une seule décision, ça reste une première sanction pour eux. Mon souhait est que l’Ukraine retrouve la paix, comme il y a un mois. J’ai ma maison, j’ai ma vie, je veux sortir mes nouvelles chansons, je rêve de sortir mon album en mai, et tous mes rêves ont été ruinés. C’est difficile d’expliquer.
– Comment pensez-vous que la musique peut aider dans cette situation ?
J : Les gens aident. Les gens. Pendant que les politiques disent qu’il faut discuter de sanctions à plus haute échelle, qu’il faut du temps, blablabla, les gens agissent. Par exemple le réseau Eurovision collecte et donne de l’argent pour aider l’Ukraine. Des gens lambdas ouvrent leurs maisons, ils accueillent des réfugiés. C’est très important que pendant cette guerre, cette invasion de la Russie, l’Europe soit unie. Ce n’est pas seulement à propos de la frontière ukrainienne, c’est une guerre contre les valeurs européennes, qui se sont construites après la Seconde Guerre Mondiale. C’est pour cela que c’est important de s’unir et d’être aux côtés de l’Ukraine. Vous vous rappelez, quand le COVID est apparu en Chine, on pensait tous « Oh la Chine, c’est si loin de moi, je ne serai jamais concerné ! », non, nous sommes tous dans le même bateau, parce que si on a une guerre en Europe, sur un territoire si vaste… Certes, nous ne sommes pas dans l’Union Européenne, mais nous sommes un des plus grands territoires de l’Europe.
– Si vous aviez le Premier Ministre espagnol en face de vous, qu’aimeriez-vous lui dire ?
J : Je ne suis pas une politique. Je suis chanteuse et compositrice, je fais ce que je peux à mon niveau, avec ma voix. Si ils peuvent faire quelque chose pour arrêter cette guerre, ils doivent le faire. Comme je l’ai dit, ce n’est pas seulement le peuple ukrainien, nous devrions nous inquiéter d’avoir une guerre en Europe. Vous avez entendu que la plus grosse centrale nucléaire a été bombardée, si elle avait été endommagée, ce serait la plus grande catastrophe écologique au monde, ce serait dix fois plus grave que Tchernobyl. Les sanctions, c’est une bonne chose, mais ça fonctionne sur le long terme, et nous n’avons pas le temps. »

The Roop (Lituanie 2020 & 2021)

(mini-conférence de presse)

Journaliste : Bonjour à tous les trois, quelles sont vos ressentis un an après l’Eurovision ?
Vaidotas (chanteur de The Roop) : On va bien. On est très heureux, parce qu’il a eu lieu *rires*. On voulait vraiment monter sur scène, alors on était très contents d’y être.
– Ca vous fait quoi d’être ici aujourd’hui ?
Vaidotas : On est très contents, parce que durant ces deux ans nous n’avons pas eu la chance de rencontrer la communauté.
Mantas (guitariste) : Elle est énorme et adorable. Tout ce qu’il y a ici, on voulait vraiment le sentir, et l’an dernier ça a été annulé.
– Qu’est ce que vous pensez de Chanel ?
Vaidotas : Elle a une très bonne chanson. Tout va bien se dérouler. Je pense que chacun doit travailler plus dur, et surtout en marketing. Tout le monde a des bonnes chansons, mais il faut être « plus ». Alors il faut bosser sur le marketing. Par exemple, Måneskin. Si vous prenez la même voix, la même chanson, mais qu’ils ressemblaient à des mecs de cinquante ans avec des habits de chauffeur routier, ça ne prendrait pas. Alors le marketing n’est pas le plus important, mais après la chanson, c’est le plus important.
– Est-ce que vous allez sortir de nouveaux singles cette année ?
Vaidotas : On a sorti une chanson il y a deux semaines, « Love Is All we Got », on l’a dédiée à l’Ukraine. Vous devriez l’écouter, tous les fonds et les recettes des streams iront à l’Ukraine. Ensuite, oui, on travaille, et ça a été retardé à cause du COVID, mais on devrait sortir un album dans les prochains mois.
– Votre opinion sur Monika Liu ?
Vaidotas : Elle est lituanienne, donc évidemment, c’est bien ! Non, plus sérieusement, vous savez, on se connaît depuis un moment, je l’apprécie beaucoup. Elle a un chouette univers.
Audrey : Comment c’était de sortir de cette grosse machine qu’est l’Eurovision et revenir à la vie « normale » ?
Mantas : Eh bien, la vie a changé, le nouveau normal, avec des masques *rires*, ça va. On a eu beaucoup de travail, beaucoup de concerts, en Lituanie et à l’étranger, c’était chouette de voyager. La vie a changé pour le meilleur. On a fait pas mal de concerts, on voulait rendre tout le soutien qu’on a reçu, cette « vague jaune » en Lituanie. On voulait rendre aux gens. »

Remerciements de l’ensemble des journalistes à The Roop.

Ronela Hajati (Albanie 2022)

Nous avons assez brièvement échangé avec Ronela, qui a une personnalité bien plus réservée en interview que ce qu’elle laisse deviner sur scène. Nous avons glané une petite confidence concernant la scénographie de « Sekret » : il se pourrait que cela soit explicite (« a little bit » nous a-t-elle dit) !