C’est Juliette qui ouvre la rubrique cette semaine avec un choix ambitieux : « Three Minutes to Earth » interpreté par
The Shin and Mariko pour le compte de la Géorgie en 2014
Classement: obtenu 15ème en demi-finale.
« Aujourd’hui, je me fais l’Avocate du Diable.
Aujourd’hui, je vais défendre bec et ongles une chanson que personne, je dis bien personne, ne semble aimer.
Et comme je trouve cette haine particulièrement injuste et imméritée, je monte au créneau.
Parce que si je dois être honnête, dans mon classement de l’année 2014, cette chanson est 4ème, bien installée entre la Belgique et la Lettonie (je sais, je sais… On reparlera sans doute plus tard d’Axel Hirsoux et Aarzemnieki, qui nécessitent aussi une défense solide).
Ce morceau… C’est « Three Minutes to Earth ».
J’aime profondément ce titre, avec une affection sincère.
Pourquoi ?
Parce qu’il met sur le devant de la scène un genre que l’on entend littéralement jamais: la folk psychédélique!
Non pas que j’ai un goût particulier pour le psychédélisme, mais plutôt pour la folk.
Quand je regarde les commentaires sur cette chanson, deux arguments ressortent:
D’un côté, « C’est nul ! », et de l’autre, « C’est trop brouillon, la chanson ne sait pas où elle va ».
Alors, que ce soit brouillon, je veux bien l’admettre. « Three Minutes to Earth » est assez déstructurée, enchaînant de manière assez abrupte les passages plus folk avec des incursions davantage jazz.
Mais je refuse de croire que cette chanson soit « nulle ».
Considérer que « Three Minutes to Earth » est une mauvaise chanson, c’est être cruellement fermé d’esprit et ancré dans sa zone de confort musicale.
On peut ne pas l’aimer; au contraire! Mais je n’admettrai jamais qu’on la qualifie simplement de « nulle », juste parce qu’elle sort des carcans de ce qu’on a l’habitude d’entendre à l’Eurovision.
« Three Minutes to Earth » est follement créative, à l’image du pays qui l’envoie, et la Géorgie peut en être fière.
Découvrons maintenant l’avis de deux de nos redacteurs :
Commençons par Zipo :
» Quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois, je me suis dit : mais quel méli-mélo !! Ce qui s’est confirmé à la deuxième écoute : une succession de voix horribles, de fausses notes en tout genre, de sonorités qui se mélangent et aucun lien entre les couplets qu’on a du mal à distinguer et un refrain qui ne ressemble à rien si ce n’est à valider la médiocrité chronique de cette chanson. Jamais une dernière place dans une demi-finale n’a été autant justifiée. «
Au tour de Rémi de nous révéler son sentiment :
« Drôle de voyage dans lequel nous a embarqué la Géorgie cette année la. Un voyage sublunaire, déroutant, indescriptible, aux antipodes de nos zones de confort musicales respectives. Que penser de cet espèce de patchwork mêlant le planant et le subtil délirant, dont le cheshire Cat et le lapin sous kéta d’Alice au pays des merveilles ne sont guère éloignés ? Que penser de cette substance musicale quasi illicite un soupçon fantasmagorique, au somptueux goût de l’absurde, voire du farfelu ? Autant j’avais été à l’époque sceptique, autant je suis davantage séduit aujourd’hui par le drole d’attelage au charme du singulier et de l’audacieux, friand de rythmiques atypiques et d’intéressants mariages vocaux. Car il faut oser pour envoyer un titre aussi inclassable sur la scène du concours … ».
Et vous, pensez-vous que « Three Minutes to Earth » mérite une seconde chance ? Vous pouvez vous exprimer dans la section « commentaires ».
A demain pour découvrir un nouvel épisode d’1 Jour, 1 Chanson.
Crédits photographiques : Maraaya
Image : Kris pour l’EAQ
Juliette défend très bien son titre.
J’avoue que grâce à elle je suis passé de la catégorie « c’est nul » à celle « choix ambitieux qui ne me touche pas »…
Alors j’ai tout gagné! Je suis contente. Ce qui m’importe, ce n’est pas tant que les gens aiment cette chanson (on ne change pas les goûts des gens en un claquement de doigts), mais plutôt qu’ils reconnaissent au moins sa qualité, et tu résumes très bien l’objectif que je voulais atteindre. Merci. 🙂
J’ai le sentiment que cette chanson faisiat 7 minutes et qu’on s’est ingénié à la triturer pour que ça fasse les 3 minutes réglementaires…
En termes de sonorités, je serai plutôt fan. En termes de mémorisation et de « chantabilité », je reste sur le quai.
Mais au final je rejoins Juliette pour défendre ce genre de proposition qui bouscule le formatage insipide et qui ose. Il n’en reste pas moins que mon appréciation finale resterait un « peut mieux faire ! » et quee je n’aurais sans doute pas qualifié la Georgie en 2014 sauf à la mettre en balance avec un trio de poupées siliconées vulgairement aguicheuses qui ne vivent et bougent que par la magie d’un ventilateur…
Ah, ce n’est pas idiot comme théorie. Ce genre de chansons dure effectivement habituellement dans les 7 à 8 minutes. Elle était peut-être beaucoup plus longue au final.
Mon Dieu, entre la Géorgie et la Pologne, il n’y a pas photo… Géorgie forever!
J’ai souvent un faible pour les chansons atypiques, inclassables quand elles sont cohérentes et abouties.
Le club des « C’est brouillon, la chanson ne sait pas où elle va » me compte parmi ses membres (d’ailleurs j’ai dû utiliser cette expression dans un autre commentaire).
En effet, pour moi, ce titre peut/doit être félicité pour son audace mais elle manque de structure à tous les niveaux : ligne mélodique, arrangements, ambiance, voix…
On a l’impression (c’est peut être un phénomène de l’âge) d’écouter un morceau « progressif » dans années 70.
Je réserverai le mot « nul » pour les chansons ultra formatées, sans imagination ni sincérité, ce que « Three minutes to earth » n’est certainement pas !
Alors, je crois qu’il n’y a pas qu’un phénomène d’âge; il y a vraiment une énorme influence « folk progressive des 70’s » dans « Three Minutes to Earth », et c’est aussi ce qui m’a fait fondre pour la chanson. J’ai un faible pour la musique des années 70 (entre autres décennies).
Merci pour ton objectivité sur la chanson; cela fait du bien à lire. Je m’attendais à des commentaires bien plus au vitriol, je suis soulagée. 🙂
17ème de mon classement du cru danois, 3 minutes to earth souffre en effet de sa mal construction mêlant yodel, production folk et d’autres voix de ce groupe. Mais sans ces altérations, ca aurait pu être plus intéressant a l’écouter si par exemple on ne prend que l’instrumental qui est chill et agréable a l’écoute.
En tout cas, les géorgiens prouvent comme le Monténégro et d’autres pays de diversifier leurs contributions et c’est ce qui est important dans ce concours.
Oui, je crois que si elle était moins brouillonne et déconstruite, « Three minutes to Earth » ne se serait pas pris ce flot de haine injuste. C’est un regret amer.