highs-lows-book-launch1Chers fans, chers lecteurs, chers amis, voici venu le moment de refermer notre livre d’histoire et de le replacer sur son étagère. Il y restera une année supplémentaire, le temps pour l’Eurovision de parcourir un nouveau cycle, de forger sa légende, puis d’éclater en milles éclats de lumière et de faire résonner aux quatre coins du globe, la phrase sacramentelle « And the winner is… ».

Ensemble, grâce à ce site, nous parcourrons les étapes qui mèneront au Jubilé de diamant du Concours, sa soixantième édition. Ce qui avait commencé comme une modeste compétition entre sept pays à peine remis de la Seconde Guerre Mondiale, est devenu le plus grand spectacle musical du monde et de l’Histoire. Souvent imité (Intervision, Asiavision, Bundesvision, Türkvyzion,…) jamais égalé (qui a dit « Eurovision Junior » ?), l’Eurovision a la jeunesse de l’éternité. Il vit dans les souvenirs et les mémoires de millions de personnes à travers le globe, il demeure envers et contre tout un trait d’union entre tous les peuples européens et il réussit le plus étrange des prodiges : enchanter nos existences.

Le rideau de nos vacances se baisse sur ce dernier chapitre, celui des au revoir. Nous espérons que vous avez passé trois merveilleux mois d’été et que cette chronique vous a amusé, fait rire et rappelé de bons souvenirs. Vous avez pu constater, à nouveau, que nous formons une vaste et indéfectible communauté, que des liens invisibles nous relient par-delà les mers et les frontières et que nous ne pouvons être seuls puisque nous sommes ensemble. Certes, il nous faut nous quitter, mais n’ayez crainte : nous nous reverrons bientôt. Spécialement si vous passez par Bruxelles, capitale de la Belgique et de l’Europe, siège de la RTBF et de la VRT, cité-univers cosmopolite et polyglotte. Faites-moi signe : je me ferai un plaisir de vous y accueillir et de vous en faire découvrir les charmes et les beautés ! Alors, séchez ces tristes larmes qui coulent sur votre beau visage et ruinent votre rimmel, car vous voilà désormais riches d’un nouvel ami. Sur ce, chantons !

Aujourd’hui pour conclure : les cinq meilleures chansons d’au revoir.

5. 1997 – Bosnie-Herzégovine – Alma – Goodbye – 18e place

Les trois premières participations de la Bosnie-Herzégovine au Concours, en 1993, 1994 et 1995 furent marquées par la terrible guerre qui ravageait alors le pays, les incroyables dangers rencontrés par sa délégation pour se rendre en Irlande et les très vives marques de soutien manifestées par le public européen. La paix revenue, la Bosnie participa avec constance à l’Eurovision, connaissant son acmé en 2006, avec la troisième place d’Hari Varešanović à Athènes. Le pays détient un record particulier, conjointement avec l’Azerbaïdjan, la Grèce, la Roumanie, la Russie et l’Ukraine : celui de s’être qualifié en finale, à chacune de ses participations. En 2013, la télévision publique bosnienne décida de se retirer pour des motifs financiers et n’est pas revenue concourir depuis. « Ne prononce pas les deux mots qui signifie que tout est fini… », comme le chantait Alma Čardžić, au Point Theatre. Espérons que l’histoire d’amour entre la Bosnie et l’Eurovision ne soit pas finie…

4. 1994 – Finlande – Cat Cat – Bye Bye Baby – 22e place

À part la Norvège, il n’y eut de pays plus malchanceux au Concours que la Finlande qui termina neuf fois à la dernière place, récolta trois « nul point » et dut attendre quarante-cinq ans sa première victoire (mais quelle victoire !). De ces quatre décennies et demie, certains noms se détachent : Marion Rung, Monica Aspelund, Katri Helena, Ami Aspelund ou encore Anneli Saaristo. La période la plus funeste pour la Finlande demeure les années 90. En dix éditions, le pays fut relégué trois fois (en 1995, 1997, 1999) et termina trois fois à la dernière place (1990, 1992 et 1996). « Ce n’était qu’un rêve trompeur… » Ou l’était-ce ? En 1994, les sœurs Kätkä, Katja la brune et Virpi la brune, remportèrent l’Euroviisut avec une autre chanson d’adieu. Le 30 avril à Dublin, elles subirent l’impitoyable malédiction de la deuxième place et échouèrent dans les profondeurs du classement, à la vingt-deuxième place. À moins que ce résultat ne soit imputable à leurs étranges costumes de scène, que Terry Wogan décrivit comme des sous-vêtements appartenant à leur mère…

3. 1974 – Luxembourg – Ireen Sheer – Bye Bye, I Love You – 4e place

1974 est pour beaucoup l’année sainte du Concours : la victoire d’ABBA, le quatrième office de Katie Boyle, le déguisement de Sven-Oloff Walldoff, la prestation de Mouth & McNeal, le passage d’Olivia Newton-John, l’entracte des Wombles, les débuts de la Grèce, le retour de Gigliola Cinquetti et la révolution causée par la chanson portugaise. Ce serait oublier qu’une autre chanson allait bouleverser l’histoire du Concours et continuer quarante ans plus tard à diviser les fans. « C’était le plus bel été de ma vie. I love you, chéri ! » Le Luxembourg avait eu l’audace de sélectionner pour le représenter une chanson bilingue, interprétée par une chanteuse germano-britannique, écrite et composée par deux Allemands. C’est ce deuxième Allemand qui a ici toute son importance, lui qui a composé la mélodie ; lui qui participait pour la première fois au Concours ; lui qui allait encore concourir à vingt-trois reprises, record inégalé pour un compositeur, seulement surpassé par les vingt-neuf offices du légendaire chef d’orchestre irlandais Noel Kelehan ; lui qui allait offrir ses plus belles places à l’Allemagne et certaines de ses chansons les plus mythiques au Concours ; lui qui remportera enfin la victoire, une des plus éclatantes jamais vues à l’Eurovision, l’année précise de la naissance de votre petit chroniqueur : Ralph Siegel en personne. Quarante plus tard, notre ami Ralph est entré dans la légende. Toujours derrière son piano, il semble ne pouvoir faire ses adieux …

2. 1980 – Portugal – José Cid – Um Grande, Grande Amor – 7e place

« Addio, adieu, auf Wiederseh’n, goodbye ! » José Cid participa pour la première fois au Festival da Canção en 1968, où il termina troisième, puis à nouveau en 1974, avec une cinquième place et en 1978, avec une deuxième place. Cent fois sur le métier… En 1980, enfin, José remporta le festival en faisant ses adieux à sa bien-aimée en quatre langues, dans une chanson écrite et composée par ses propres soins. Le soir du 19 avril, il monta sur la scène du Congresgebouw à La Haye, accompagné d’un piano blanc, de cinq choristes et d’une improbable paire de lunettes de soleil. La magie prit et José termina à la septième place, ce qui resta le meilleur résultat jamais obtenu par le Portugal jusqu’à la sixième place de Lúcia Moniz en 1996. Um Grande, Grande Amor fut adapté en anglais, en français, en espagnol et en néerlandais. Quant à José, il reprit ses bonnes habitudes et revint au Festival da Canção en 1981, où il termina deuxième et en 1993, pour le même résultat. Ce fut sa dernière apparition face caméra à la sélection portugaise. Mais il composa de nombreuses chansons en lice, notamment en 1995, 1996, 1997 et 1998. « Si notre amour s’achève, tu ne me verras plus que chantant… »

1. 1982 – Norvège – Jahn Teigen & Anita Skorgan – Adieu – 12e place

1977-1983. Ce furent véritablement pour la Norvège, les années « Jahn Teigen – Anita Skorgan ». Couple à la ville comme à la scène, ils remportèrent durant cette période, cinq éditions du Melodi Grand Prix et représentèrent cinq fois leur pays au Concours. Anita participa à deux reprises en solo, avec Casanova, en 1977, pour une dix-huitième place, et avec Oliver, en 1979, pour une onzième place. Jahn participa lui aussi à deux reprises en solo. La première demeure un inoubliable moment d’Eurovision… pour toutes les mauvaises raisons ! Son interprétation cataclysmique de Mil Etter Mil lui valut une dernière place et surtout, un « nul point », le premier sous le nouveau système de vote, introduit trois ans auparavant… justement pour éviter ce cas de figure ! Après avoir bâti une carrière sur ce résultat, Jahn revint une dernière fois en 1983, fermement soutenu par Anita, avec Do Re Mi, pour une plus honorable neuvième place, la meilleure du couple. Mais le sommet artistique du duo demeure 1982 et Adieu. « Nous avons nos souvenirs, ils ne mourront jamais. Le temps est maintenant venu de nous dire au revoir… Au revoir… » Des paroles assez prophétiques, puisqu’en 1988, Jahn et Anita divorcèrent, privant les fans du Concours d’un de ses couples les plus mythiques…

Bonus

Plaisanterie que tout cela ! Car comme l’a si bien dit Linda Wagenmakers : « Pas d’adieux, pas d’au revoir ! » En matière d’Eurovision, il est impossible de se quitter, de se séparer pour ne plus se revoir… Regardez Lys Assia… Alors, non, non, nous ne nous quitterons pas, nous ne nous séparerons jamais, nous demeurerons ensemble, jusqu’au bout ! Et vive l’Eurovision !

Remerciements

En premier lieu, je remercie les créateurs et l’équipe rédactrice de ce site pour m’avoir permis de tenir cette chronique durant ces douze semaines. Ce fut pour moi une expérience très enrichissante et très instructive. Car figurez-vous qu’au fil de mes rédactions, j’ai appris une foule d’informations que j’ignorais encore sur l’Eurovision !

Je remercie bien sûr tous les lecteurs de ce site et de cette chronique pour leur enthousiasme, leurs commentaires et leurs compliments. Chacun de ceux-ci m’a été droit au cœur et a été le meilleur des incitants à poursuivre mes recherches et à creuser toujours plus loin le sujet.

Je remercie également avec la plus vive, la plus sincère et la plus profonde des gratitudes, mon meilleur ami, l’Oiseau Bleu. Je pourrais rédiger à son attention des lignes qui tireraient des larmes à une pierre… Mais il sait si parfaitement ce que je pense et ce que je ressens, qu’il n’en est nul besoin… Tot ziens, blauwe vogel !

Enfin, je remercie le personnage le plus emblématique de cette chronique, celui sans qui elle aurait manqué de sel : Madame Michu. Vous avez aimé la détester, elle vous l’aura bien rendu durant tout l’été… Hélas, vous la rencontrerez encore, au fil de cette nouvelle année, sous des noms et des visages divers et inattendus, dans la presse, à la télévision, à l’épicerie du coin, à la machine à café du bureau, autour de la table du réveillon ou encore sur la plage abandonnée. Au fil des semaines, vous aurez pu rassembler ici quelques arguments pour la faire taire. Néanmoins, ne perdez pas votre temps ou votre énergie avec elle : il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Passez plutôt votre chemin, laissez-la aboyer, oubliez-la, soyez heureux et profitez de chaque minute comme s’il s’agissait du prélude de ce fameux Te Deum. La vie est trop courte pour toutes les Madame Michu du monde…