Dix ans déjà se sont écoulés depuis cette cinquante-cinquième édition de l’Eurovision, à Oslo. Nos Eurostars 2010 sont restées dans toutes les mémoires. Mais que sont-elles devenues depuis ? Le Concours les a-t-il propulsées sur orbite ou fut-ce leur quart d’heure de gloire warholien ? Dans cette chronique, retraçons leur carrière depuis le samedi 29 mai 2010. Aujourd’hui, retrouvons la candidate maltaise, Thea Garrett.

Née en 1992, Thea a 17 ans à peine quand elle est retenue parmi les demi-finalistes de la sélection maltaise pour l’Eurovision 2010. Elle y interprète My Dream et se qualifie pour la finale. Face à elle, Glen Vella, Claudia Faniello, Eleanor Cassar ou encore Wayne Micallef. Thea conquiert cependant public et jury et rafle la victoire au nez des autres multirécidivistes.

À Oslo, elle réalise son rêve et se produit devant des millions de téléspectateurs. Mais hélas, elle ne convainc pas assez ces derniers, qui ne lui attribuent qu’une douzième place. De leur côté, les jurés lui en accordent une septième. Trop court pour Thea, qui est éliminée d’emblée, à huit points à peine d’une qualification.

La suite prend hélas des allures de cauchemars. En 2011, Thea sort un nouveau single, qu’elle interprète en ouverture de la sélection maltaise.

Cependant, elle est prise dans les rets inextricables d’une affaire artistico-judiciaire qui défraie la chronique maltaise. En novembre 2009, ses parents avaient signé un contrat d’un an avec Exotique Label. Ils avaient tenté de l’annuler après la victoire de Thea, mais Exotique Label s’était retourné contre eux, puis contre Thea, puis contre la télévision maltaise. La saga prend rapidement un tour médiatique et Thea et sa famille se retrouvent sous les feux d’autres projecteurs.

Le ton monte et les règlements de compte s’étalent dans la presse. La pression devient insoutenable pour Thea et sa famille qui s’exilent à Londres. La carrière naissante de la jeune chanteuse est tuée dans l’œuf. S’ensuit une très longue décennie, durant laquelle Thea étudie la comédie musicale. En 2017, elle est engagée par le croisiériste allemand AIDA. Depuis, elle se produit sur les scènes des paquebots de la compagnie.

En 2019, la Cour d’Appel de Malte lui donne raison dans l’affaire l’opposant à Exotique Label, mettant un point final à une interminable procédure. Thea est désormais libre.

Voilà une Eurostar au destin contraire et contrarié. Son histoire souligne les dangers de ces premiers contrats, signés trop rapidement, sans connaissance de cause et qui vous asservissent. Vous le constaterez : la voix et le talent de Thea demeurent intacts malgré les épreuves. Une nouvelle décennie s’ouvre devant elle. Souhaitons-lui plus de joie, plus de réussite et plus de reconnaissance encore pour ces dix prochaines années.

Crédits photographiques – @thea.garrett.3