Cette première demi-finale de l’Eurovision 2018 aura été un mélange de joies, de déceptions et d’émotions. Voici trois moments qui m’ont particulièrement marqué et qui auront suscité bien des commentaires.

GRÈCE – LA DÉCEPTION

L’élimination de Gianna est évidemment un immense choc pour moi et pour tous les Grecs. Des journalistes ont attendu la représentante grecque, à la sortie de l’Altice Arena, pour connaître ses premières impressions. Gianna a déclaré ressentir une grande tristesse et un fort sentiment d’injustice. Elle ne comprend pas son élimination. Elle a ensuite pleuré et est rapidement montée dans sa voiture pour regagner son hôtel.

La délégation grecque a mis en avant comme explication, la mise en scène, qui selon eux, n’aurait pas été comprise. La main bleue de Gianna était censée représenter le bleu du drapeau grec et les racines maritimes de la Grèce. À mon avis, ils ont manqué leur but, en supprimant tout danseur et toute chorégraphie, et en laissant la scène vide, sans les choristes.

De son côté, le producteur de la chanson, Aris Kalimeris, a parlé très franchement à la presse grecque. Il est évidemment furieux de cette élimination brutale. Il a déclaré ne pas s’y être attendu du tout et avoir pleuré de toute son âme. Mais il est heureux du soutien général reçu par Gianna et sa chanson en Grèce. Selon lui, la chanteuse a été parfaite. Le problème vient de la technique et de la production portugaise. La délégation aurait fait quatre propositions qui ont toutes été rejetées. Celle-ci était la cinquième, par défaut. Gianna a, quant à elle, dû composer avec cette situation compliquée. Il a également déclaré que Gianna et lui retenteraient leur chance à une sélection future pour l’Eurovision, sans doute pour un autre pays.

Areti Ketime s’est également exprimée sur les ondes de la radio grecque. Contactée par téléphone, elle a dit avoir été très surprise par cette élimination et la trouver injuste, elle aussi. Selon elle, OM valait bien plus que ce résultat. De nombreux morceaux qui se sont qualifiés, lui étaient plutôt indifférents. D’autres lui ont franchement déplu. Alors que dans la chanson de Gianna, il y avait quelque chose de magnifique, de typiquement grec, quelque chose qui représentait à merveille le peuple grec. Areti a insisté : à l’avenir, il faut que la Grèce conserve cette direction, en proposant à l’Europe des morceaux typiquement grecs, avec des sonorités grecques, des paroles en grec. Elle pense, enfin, que Gianna n’a rien à se reprocher. Elle avait une excellente présence scénique, elle a très bien chanté. Areti trouve que sa prestation était aussi bonne que celle de Salvador l’an dernier.

Quant à la presse grecque, elle s’est montrée très critique envers les responsables de la télévision publique. Les journalistes et commentateurs ont trouvé étrange que Gianna reste ainsi seule sur la scène. Selon eux, la chanteuse semble n’avoir reçu que peu de soutien de l’ERT. Ils pointent également du doigt le manque total et absolu de cap et de perspective en matière d’Eurovision. Ils se demandent à quoi bon participer encore et dépenser autant d’argent, si c’est pour chaque année se ridiculiser et gâcher la réputation de tant d’artistes. Bref selon eux, l’ERT est la seule et unique responsable de cet échec. Certains ont eu des mots très durs, l’accusant de se rendre au Concours en touriste, sans rien comprendre ni à ses enjeux, ni à son fonctionnement. D’autres ont souligné que le Concours était comme un trésor entre les mains de l’ERT, un atout majeur qu’elle est incapable de valoriser. Peut-être serait-il temps d’en transférer la responsabilité à une chaîne privée, mieux à même de le mettre en valeur.

Et bien évidemment, tout le monde a souligné l’immense contraste entre Chypre et la Grèce. Les journalistes grecs ont loué l’attitude de la télévision chypriote, qui a engagé une excellente artiste, connue et reconnue, professionnelle et engagée, puis qui l’a soutenue, encadrée, encouragée, qui a payé tous ses frais et tout mis en oeuvre pour la promouvoir. Avec le succès que l’on sait, puisque Eleni est désormais la grande favorite pour remporter la victoire, samedi.

IRLANDE – LA JOIE

L’Irlande a décidément trouvé une perle rare en la personne de Ryan. Le jeune chanteur lui a en effet offert sa première qualification depuis 2013. Sa ballade, parlant d’une rupture douloureuse, a convaincu les jurés et les téléspectateurs de toute l’Europe. La prestation de Ryan a été excellente, mais ce sont surtout ses deux danseurs, Alan McGrath et Kevin O’Dwyer, qui ont attiré tous les regards.

Comme vous le savez, Alan avait déjà accompagné Ryan Dolan en 2013, sur la scène du Concours. Alan a 28 ans et a déjà été danseur pour Justin Bieber, Jessie J, Taio Cruz, Westlife, Jedward, etc. Il possède à présent sa propre école de danse. Quant à Kevin, il fait carrière dans le mannequinat et les comédies musicales.

Le chorégraphe du vidéoclip et du numéro est Ciarran Connelly (ci-dessus). Il est actuellement l’un des danseurs et des chorégraphes les plus recherchés des îles Britanniques. Il travaille pour les plus grands noms et se produit sur les plus grandes scènes. Parmi les premiers, citons Take That, Robbie Williams, Will Young, les Girls Aloud, Cheryl Cole, Blue, etc. Il est également partie prenante des meilleures émissions, X-Factor, Britain’s Got Talent, Stricly Come Dancing, etc. Autre titre de gloire : il a chorégraphié les Jeux Olympiques de Londres, en 2012.

Ce travail collectif a porté ses fruits : alors que tout le monde tenait l’Irlande pour éliminée, avant le début des répétitions, la tendance s’est inversée rapidement. Le message positif véhiculé par la mise en scène a convaincu l’Europe d’envoyer Ryan en finale. Le jeune chanteur s’est évidemment déclaré ravi et reconnaissant. Ils ont atteint leur objectif : montrer que l’amour est l’amour, au-delà des sexes et des différences. Quant à moi, je suis très heureux pour Ryan et pour l’Irlande et je lui souhaite bonne chance pour samedi !

LITUANIE – L’ÉMOTION

Vous êtes nombreux à avoir, tout comme moi, craqué devant la prestation d’Ieva. Je vous l’avoue : j’étais complètement passé à côté d’elle. Je n’ai pas suivi la sélection lituanienne, toujours trop longue, souvent décevante. Sacré bêtise ! Ieva m’a particulièrement ému. Je ne suis pas le seul, puisque la représentante lituanienne est à présent classée parmi les cinq premiers chez les bookmakers.

J’adore les paroles de sa chanson : « Dès notre premier baiser, je savais que cela finirait ainsi. Je n’ai pas peur de vieillir, si j’ai ta main à tenir. » Mais au fait, à qui s’adressent-elles ? Vous le savez : au mari d’Ieva, qui apparaît à ses côtés sur scène. Qui est-il ? C’est Marius Kiltinavičius, né en 1982 et entraîneur de l’équipe lituanienne de basket-ball. Ancien joueur de basket, Marius est aussi chanteur ! Il a fait partie du boysband N.E.O. Ieva et Marius se sont mariés en 2015. Tous deux sont végétariens, se passionnent pour l’ayurveda et accomplissent régulièrement des pèlerinages en Inde.

Je souhaite également toute la réussite possible à Ieva pour la grande finale !

(avec la collaboration de Pauly)