Eurosong 2016Dimanche, l’exaltation des grands soirs était là, de retour ! Moment important de la Saison, lorsque débute la sélection pour l’Eurovision de votre propre pays… Nous étions au poste, excités comme des puces dans un pois chiche mexicain, attendant avec impatience les notes sacramentelles. Nous n’avons pas été déçus un seul instant ! Notre soirée fut parfaite, parfaitement eurovisionesque. Pour ceux d’entre vous qui auraient manqué cette heure belgo-flamande, en voici un compte rendu succinct, agrémenté de nos opinions personnelles, légèrement partiales (très légèrement, vous nous connaissez…).

La soirée s’est ouverte sur une reprise de Heroes, par nos cinq candidats en lice. Candidats assez crispés en ce début d’émission… Ils se détendront au fur et à mesure de la soirée (et, nous l’espérons, des émissions). Nota bene : certains affrontaient la scène, la télévision, les caméras et le direct pour la toute première fois.

C’était là une bonne entrée en matière. Nos cinq amis ont encore du travail devant eux, mais notons l’important : la VRT est prête, prête à organiser le Concours, prête à offrir à l’Europe et au monde, un spectacle de qualité. Voilà qui nous a frappé d’emblée : la production est excellente, autant sur les plans visuels, esthétiques et sonores, que sur le concept, les présentations et les textes. Les jeux de caméra, les prises de vue, les lumières, les danseurs, le plateau, tout était pro, policé bien rodé et répété. Si la Belgique gagne en mai (laissez-nous rêver), la télévision flamande délivrera en 2017, une édition à la hauteur de Vienne et Copenhague.

Et pour la présenter, la VRT pourra compter sur Peter Van de Veire, notre amphitryon, très à l’aise dans son rôle, à l’humour pince-sans-rire parfait pour la circonstance. Peter a mérité tous les applaudissements qui lui étaient adressés. Il s’est montré précis, léger, drôle, dynamique et surtout concis. Car la concision est à notre sens une vertu essentielle en matière de présentation… Peter était secondé dans ses œuvres par Joy Anna Thielemans, chargée de l’animation sur les réseaux sociaux. Joy Anna fit une brève apparition sur le plateau pour interviewer les candidats. Elle se montra tout à fait idéale et servirait à merveille dans une hypothétique green room.

Comme annoncé, deux personnalités vinrent juger, en experts, nos candidats et leur prestation. Le premier était Stijn Kolacny, fondateur de la chorale Scala. Il se révéla excellent dans son rôle, très posé, très constructif. Ses commentaires ont toujours été encourageants, pertinents et positifs. Nous n’en dirons pas autant du second, l’ineffable Alexander Rybak. Nous fûmes très surpris de deviner, derrière son image lisse de gendre idéal, une personnalité si complexe. Il nous a semblé parcouru par l’amertume et l’égocentrisme. Ses commentaires nous ont été incohérents et non pertinents. Serait-ce la maladie (une grippe) ? Serait-ce le décalage de la langue et de la traduction ? Dieu merci, pour les semaines suivantes, la VRT a engagé d’autres experts… Quoi qu’il en soit, l’heure était venue pour nos cinq aspirants de reprendre un classique du Concours et de nous en dévoiler un peu plus sur leur personnalité, au travers de courtes vidéos introductrices.

PeterVdVeire

Astrid

Astrid travaille à temps partiel dans un magasin de cosmétiques à Malines (Yves Rocher, pour ne pas le citer…). L’autre moitié de son temps est entièrement dédié à la musique. Astrid compose ses propres mélodies, écrit ses paroles, le tout dans un style acoustique et expérimental. Elle se dit fort perfectionniste. Sa mère, professeur de piano, et sa sœur, passionnée de musique, sont très impliquées dans cette aventure. Cette dernière montera d’ailleurs sur scène pour embrasser Astrid au terme de sa prestation.

Astrid a choisi de reprendre Everyway That I Can dans une version acoustique (forcément…), dépouillée et jazz. Sa prestation ne nous a pas entièrement convaincus, il s’agit même pour nous de la moins réussie de la soirée. Nous avons trouvé Astrid fort nerveuse et tendue. Certes, il est toujours intéressant de réécouter une chanson réinterprétée dans une perspective opposée. Mais là, nous nous sommes un brin ennuyés.

Astrid était accompagnée au piano par Thomas Vanderveke, qui ensuite interviewé par Peter, lui a trouvé un talent naturel. Il l’a félicitée pour cette grande première télévisée et affirmé qu’elle méritait sa place à Stockholm. Stijn a aimé la voix chaleureuse d’Astrid, la comparant à celle de Norah Jones. Il lui a cependant recommandé de travailler son souffle et sa puissance. Car sur la scène du Concours, elle aura besoin de porter au loin. Notre ami Alexander, distrait, a manqué le début de son intervention. Il a tenu à féliciter la VRT pour cette soirée de découverte, permettant aux téléspectateurs de découvrir les artistes. Ils ne font pas cela en Norvège. Autant pour la NRK… Il a ensuite déclaré qu’il n’aimait pas du tout ce concept de transformer une chanson dansante en morceau jazz, mais qu’Astrid était fort bien, malgré tout. Une voix d’ange…

 

Laura

Laura se consacre entièrement à sa carrière de chanteuse. Elle l’envisage comme un escalier qu’il faut gravir marche après marche. L’Eurosong en est une nouvelle.

Laura a choisi de reprendre Düm Tek Tek, afin de s’offrir un moment mémorable et de pur spectacle. Sa prestation fut honorable. La nouvelle version de la chanson, plus électro, nous a plu. Laura donne toute son énergie et finit par nous emporter avec elle. Düm Tek Tek, nous chantons avec elle, elle a donc gagné son pari. Très enthousiaste, très souriante, elle se lance dans une petite chorégraphie de bonne facture. Elle en perd fatalement le souffle. Lui avons-nous jeté la pierre ? Non, car Hadise, en son temps, avait laissé ses choristes endosser la majorité de la prestation vocale…

Là-dessus, Alexander, encore une fois distrait, enchaîna avec un commentaire idiot. Il décrivit Laura comme ayant le sourire et l’attitude idiote, stupide et infantile, nécessaire pour remporter le Concours. Sic… Nous avons froncé les sourcils, Laura a eu le bon goût d’en rire. Là-dessus, ce cher Alexander souligna qu’elle manquait ses notes et tira la couverture à lui, en nous expliquant qu’il avait fait de même en 2009. Soupirs consternés de notre part… Stijn rattrapa la chose en déclarant que Laura avait compris l’un des ressorts de l’Eurovision : retenir l’attention des spectateurs, les ravir et les distraire en trois minutes montre en main. Il lui a cependant conseillé de se choisir un morceau plus en rapport avec sa voix et son univers, afin de briller mieux encore et de ne pas tout miser sur la présentation.

Adil

Adil était soutenu depuis le public par la chanteuse Slongs Dievanongs, avec laquelle il a enregistré un duo. Slongs ne manquait d’ailleurs pas de superlatifs pour décrire Adil, le comparant à Stevie Wonder et Michael Jackson. Elle vanta sa voix, son style, sa personnalité, son authenticité, son optimiste, n’en jetez plus…

Adil travaille dans un magasin de mode. Son temps libre est partagé entre la réalisation de meubles et l’écriture de ses chansons. Adil privilégie le thème de l’amour sous toutes ses formes et toutes ses dimensions.

Adil a choisi de reprendre Hold Me Now dans son propre style, r’n’b teinté de pop. Sa prestation nous a partagés. D’un côté, la réorchestration et le nouvel arrangement de la chanson nous ont semblé intéressants. Nous avons été fort marqués par la chorégraphie et le jeu des caméras, du niveau du Melodifestivalen. Mais nous avons trouvé qu’Adil enfonçait une porte ouverte. L’ensemble manquait d’envolée, de portée, de puissance. Il lui manquait… comment dire… le désespoir d’un chanteur has-been en bout de course, qui joue sa carrière en trois minutes, voit sa vie défiler devant ses yeux et a besoin de cette victoire plus que tout…

Adil fut très applaudi et réceptionné par des banderoles et des confettis lancés depuis le public. Stijn nous conforta dans notre opinion. Il souligna le choix audacieux, dangereux d’Adil, avant de pointer la réussite de sa mise au goût du jour. Il lui recommanda de transmettre plus de force et de puissance au public et d’aller au-delà de sa douceur naturelle. Alexander, enfin attentif, délivra des explications emberlificotées au possible, sur la difficulté de chanter doucement. Là-dessus, il éternua et prétexta une allergie à la bonne musique. Il reprit le nœud de sa démonstration, mais fut interrompu par Peter, qui avait vu la catastrophe se profiler à l’horizon.

Tom

Tom travaille dans le magasin de guitares de son père. Il a décidé depuis peu de se mettre sérieusement à sa carrière musicale. Ses connaissances en matière de musique lui ont été transmises par son paternel. Le reste lui est venu avec la pratique. Tom œuvre à se construire un style, un univers propre et rêve de vivre de la scène.

Tom a choisi de reprendre Rhythm Inside, qu’il apprécie particulièrement, et de le transposer dans son univers musical. Le résultat est épatant, la chanson quittant le spectre de l’électro pour entrer dans celui du rock. Tom est un débutant, c’est sa toute première scène, mais il déborde de charisme et d’attraction. Nous avons beaucoup aimé sa prestation, même si, bémol, cette posture debout-penché ne l’a pas flatté pour un sou. Nous avons redécouvert Rhythm Inside et découvert Tom, notre favori à ce stade de la soirée.

Stijn nous a suivis : il a beaucoup aimé l’ensemble et la voix de Tom particulièrement. Il l’a félicité : cette reprise est un succès qui fait oublier l’original. Stijn a ensuite pointé l’aisance de Tom sur scène : il éclaire littéralement le podium, il est né pour cela, il capte l’attention et donne envie de l’accompagner dans son monde. Alexander, quant à lui, et bien… a des problèmes avec la charmante personne qui lui traduit tout ce pataquès dans son oreillette. Il ne comprend à nouveau pas la première question de Peter, se prend les pieds dans le tapis. Nous-même avons cessé de le comprendre. Tom serait un artiste qui se montre sa personnalité au travers de sa musique et pas un artiste qui se crée une personnalité par sa musique. Là-dessus, Alexander reprend le fil de sa vie et de son œuvre, nous re-raconte sa victoire de 2009. Il a gagné parce qu’il a su demeurer lui-même et c’est bien le plus important en matière d’Eurovision. Voilà, voilà…

Amaryllis

Amaryllis a grandi dans le milieu du théâtre, ses parents étant acteurs. Le théâtre est sa vie, son univers, son cadre. Elle a cela dans le sang et forte du soutien de ses parents, sa plus grande source d’inspiration, elle a embrassé la carrière de comédienne.

Amaryllis a choisi de reprendre Euphoria, car il s’agit d’un morceau iconique, connu et reconnu partout. Elle a voulu le déshabiller, tirer la quintessence de ses paroles, l’emmener loin de son univers originel pour le transposer dans le sien. Sa prestation nous a fascinés et envoûtés. Elle fut, selon nous, excellente. La mise en scène était grandiose et la voix d’Amaryllis, cristalline et parfaite. Elle est devenue aussitôt notre préférée de la soirée et notre artiste favorite pour la victoire. Pourquoi ? Et bien justement parce que Amaryllis est une actrice : elle joue sur scène, met de la vie, de la passion, elle habite sa prestation, se donne toute entière, communique une véritable émotion. Qu’elle se choisisse une chanson au potentiel dramatique et lyrique et le ticket pour Stockholm lui échoira.

Alexander, décidément inimitable, jugea la prestation d’Amaryllis trop parfaite. Re-sic… De tous, elle s’était montrée la plus professionnelle, mais justement, elle avait été trop calme, trop professionnelle, trop maitrisée. Pour s’améliorer encore, Alexander lui recommande d’être plus nerveuse, plus stressée, de fendre l’armure, de se mettre en danger. Ultime conseil de notre Norvégien favori : ne pas écouter son équipe, mais s’écouter soi-même, écouter son cœur. Alexander conclut sur cette éblouissante révélation : il a beaucoup d’amis et quelques ennemis. Au terme de cette soirée, nous avouons comprendre ces derniers… Stijn rattrapa cela en beauté, déclarant adorer la perfection. Il ne fut que compliments et superlatifs pour Amaryllis. Il jugea sa voix pure et parfaite. Elle vit le texte. Il se dit impressionné, sous le charme. Poussé par Peter, il lui offre même une place dans Scala. Qu’ajouter ?

Entre chaque prestation, ont été diffusés de petits reportages sur la préparation des candidats. Tous ont effectué une sorte de stage, durant lequel ils ont vécu ensemble et appris à se connaître. Ils s’apprécient désormais et se respectent tous. Ils ont au final beaucoup de compliments les uns pour les autres. Une harmonie qui ne fait pas oublier la compétition. Justement, un vote a été proposé aux téléspectateurs, pour leur favori de la soirée. Ce n’est qu’un vote indicatif, sans impact sur le résultat final et qui permet au passage, à la VRT de rentrer dans ses frais. Soit, cela demeure intéressant. Nous avons voté pour Amaryllis, pour les raisons précitées, mais aussi pour son potentiel d’icône gay. Une actrice qui chante, cela nous a toujours fait grimper aux rideaux et ce, depuis Judy Garland. Et puis elle a un regard si intense qu’elle a comme créé un lien personnel avec nous (laissez-nous fantasmer…). Elle a construit une véritable dramaturgie en trois minutes et nous en sommes restés ses prisonniers.

Durant le décompte, surprise : Axel Hirsoux apparaît à l’écran pour une brève reprise de Mother. Pour nous, un rappel glaçant de ce que la Belgique se doit d’éviter à l’avenir… Vint ensuite un entracte par nul autre qu’Alexander. Convenons-en : il est plus doué pour chanter et jouer du crincrin que pour donner son avis. Notre vainqueur norvégien (au cas où vous l’auriez déjà oublié…) enchaîna en medley Fly On The Wings Of Love, Hold Me Now, Fangad Av En Stormvind, Satellite et Hard Rock Hallelujah, avant de conclure forcément par son Fairytale. Et dire qu’à l’époque nous avions voté pour Patricia Kaas… Là-dessus, les mêmes gestes et les mêmes mimiques qu’à Moscou… Irrécupérable…

Vint la conclusion. D’une enveloppe dorée, Peter sortit le nom du gagnant : sans surprise, Amaryllis avait remporté le vote. Elle rejoignit Peter sur la scène, remercia le public et se déclara fort heureuse. Ainsi se termina la soirée, ainsi se termine notre compte rendu. Voyons le mérite de cela : nous connaissons mieux les candidats et surtout, nous nous sommes souvenus de l’incroyable impact qu’ont les meilleurs morceaux de l’Eurovision. Rendez-vous est désormais fixé à dimanche prochain. Nos cinq candidats présenteront leur chanson pour l’Eurovision ! Comme des puces dans un pois chiche, nous sommes… Allez, à dimanche, une fois !

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