f3En mai prochain, cela fera 37 ans que la France n’aura pas gagné l’Eurovision. En mai 2015, cela fera 38 ans, en mai 2016… 39 ans…

On peut continuer longtemps comme ça. En tout cas tant que les responsables de France 3 continueront à prendre leur participation au Concours un peu trop à la légère.

Marie-Claire Mezerette, la directrice des divertissements de France 3, enfonce un clou déjà bien fiché dans le mur de la bassesse en révélant avec un étonnant aplomb au site Libération ce qu’elle pense du Concours : « L’Eurovision, c’est une farce ».  Voilà ce qu’elle a trouvé à dire pour soutenir la chanson gag des Twin Twin : « C’est la grande farce du divertissement, je me dis qu’avec un groupe comme ça, on peut se faire remarquer.»

Le problème, c’est que pour les autres pays (à quelques exceptions près), l’Eurovision est loin d’être une farce. Il suffit simplement d’entendre les chansons candidates des pays scandinaves, des pays de l’Est, et même celles de nos voisins, pour voir que l’Eurovision n’a rien d’une farce.

Le problème, c’est que l’Eurovision, c’est 120 millions de téléspectateurs en Europe et au-delà qui vont juger en trois minutes la chanson française et la comparer aux chansons des autres pays. Le téléspectateur européen sera alors en droit de penser qu’en Norvège ou en Finlande, la qualité musicale est meilleure qu’en France.

Alors oui, on peut dénigrer l’Eurovision, on peut l’associer à la pire émission de télévision qui existe dans le monde… libre à chacun de penser ce qu’il veut. Mais on se doit au moins, quand on est responsable du choix d’une chanson qui sera entendue par tant de monde et qui se fera le porte-parole de la nation, de ne pas considérer l’Eurovision comme une farce.

twintwin2Que l’on soit bien d’accord, je ne fais pas ici le procès des Twin Twin. Vous avez bien compris qu’aucune des trois chansons de la sélection n’était capable de se hisser très haut dans un classement de finale d’Eurovision. D’ailleurs, je pense qu’en choisissant Moustache, les français ont limité la casse. Mais reste que le classement ne sera, comme à son habitude, pas bien reluisant.

Alors, les mauvais résultats français, on les impute comme toujours aux problèmes des votes géopolitiques. Pour Marie-Claire Mezerette, la France ne pourra pas gagner à cause de cela. « Ce serait un miracle », dit-elle.

Ce qui serait pour le coup un miracle, c’est qu’on arrête un peu la mauvaise foi, qu’on se dise que la France mérite ses mauvais classements, qu’on balaye toutes les idées préconçues sur l’Eurovision, qu’on fasse table rase de tout ce qui a été fait jusqu’à présent et qu’on sélectionne pour l’année prochaine une chanson capable de soulever l’enthousiasme de toutes les générations et sans se fixer de limite (comme le choix de la langue par exemple). Qu’on aille voir à l’étranger s’il le faut… d’autres pays ne se gênent pas pour le faire (et souvent avec succès)… Mais surtout… surtout… qu’on arrête de parler de farce, s’il vous plaît !

Et qu’on arrête aussi de nous dire que la France perd à cause de la géopolitique.

Bien que le phénomène existe et qu’on ne peut pas y échapper, tout le monde sait maintenant que les votes géopolitiques n’ont pas empêché les Pays-Bas de terminer 9ème l’année dernière, de même qu’ils n’ont pas empêché Lena de remporter l’Eurovision, de voir la Belgique briller cette même année, etc (les exemples sont nombreux).

Mais peut-être que cette façon de voir les choses, ce jemenfoutisme français à propos de l’Eurovision cache un autre malaise : celui d’une industrie musicale française moribonde qui ne doit son salut qu’aux vieux titres repris de Goldman, Balavoine ou encore Berger, et qui ne laisse que peu de place à la création. Mais cela, c’est un autre débat.

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