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48 heures après la quatrième et dernière demi-finale du Melodifestivalen cru 2021, Loreen s’est remise de ses émotions et s’est posée afin de vous livrer son point de vue sur les sept prestations qu’elle a découvert samedi soir.

Pour rappel, les Loreen du Melodifestivalen ne reflètent ici que l’avis personnel de son auteur et expriment une opinion sur le titre et non sur la prestation, évoquée dans les commentaires.

CommentairesLoreen
Tess Merkel – Good LifeTess Merkel aurait largement mérité une place en finale ou a minima en Andra Chansen, mais les téléspectateurs suédois en ont décidé autrement. Elle défendait pourtant un titre dance-pop vraiment sympa et plutôt réussi, dans la veine des dernières sorties de la reine Kylie Minogue. La presta était à la hauteur du titre : vintage mais actuel et doté d’une très bonne énergie. Alors même qu’Alcazar était l’archétype de l’europop/schläger/dance assez clichée qui fait le bonheur des eurofans (au premier rang desquels moi-même), je trouve que le titre de Tess Merkel version solo offrait quelque chose de plus par rapport aux productions de scandi-pop très formatés qu’on retrouve en (trop grand) nombre au Melodifestivalen et qui répondent exactement aux mêmes codes – parfois à la note près. Et à ce niveau, Good Life ne respirait pas le copycat, bien au contraire. Dommage.
Lovad – Allting är precis likadantLovad est l’un des nouveaux talents de la scène musicale suédoise et ce qu’elle nous a livré samedi soir témoigne en effet des belles promesses qu’elle incarne. Pour une première au Melodifestivalen, c’est une très belle prestation qu’elle a offert au public, assurée et vocalement parfaite. Et c’est une jolie ballade en suédois qu’elle nous a proposé, appuyée par une scénographie élégante et aérienne, entourée d’une épaisse fumée et accompagnée d’un danseur. Mais bien difficile d’embarquer dans l’histoire que nous interprète Lovad. Ces trois minutes souffrent en effets de ces quelques longueurs qui confèrent un léger sentiment d’ennui, du fait d’une composition plutôt linéaire et uniforme. Reste la révélation d’une artiste qui gagnerait à revenir sur la scène de la sélection nationale suédoise, mais avec un titre plus … engageant, moins soporifique et plus aisément mémorable.
Efraim Leo – Best of MeÀ force, je vais être à court de vocabulaire pour évoquer le sentiment que me procure les multiples titres pop dont nous abreuve le Melodifestivalen. Et dans la catégorie, Best of Me n’échappe pas à mes marronniers lexicaux pour le qualifier. En résumé : un titre pop sympathique, léger, agréable, mais pas révolutionnaire pour un sou et qui gagnerait quand même à davantage de marquant. Si la prestation en elle-même était correcte pour une première participation à la sélection, Efraim Leo semblait manquer d’assurance dans son interprétation et demeurait trop statique, qui plus est à côté des deux danseurs qui l’entouraient. L’ensemble reste toutefois pas mal, à défaut de sortir de l’ordinaire.
The Mamas – In The MiddleUn an après leur victoire sur le fil, les tenantes du titre étaient particulièrement attendues. Sans surprise, la prestation n’a pas déçu et était à la hauteur du talent de ces trois grandes voix, qui se suffisent amplement à elles-mêmes pour occuper la scène et n’ont besoin d’aucun artifice supplémentaire pour capter l’attention de leur auditoire. Ashley, Dinah et Loulou sont trois sources de lumière, d’un enthousiasme et d’une énergie imparables et communicatifs. Le principal enjeu résidait toutefois dans la qualité du titre qu’elles auraient à défendre un an après avoir réussi à marquer les esprits avec Move. À ce titre, In The Middle est un beau titre dont les trois artistes parviennent à s’emparer à merveille et qu’elles illuminent sur scène. Sans surprise, il est fidèle à l’identité musicale du groupe et s’inscrit dans la pure lignée du titre vainqueur du Melodifestivalen 2020. Néanmoins, à sa différence, si In The Middle a de quoi faire tout de même un digne représentant de la Suède au concours (qui plus est vu la concurrence interne à la sélection nationale ô combien faible cette année), il lui manque ce refrain fort et marquant qui embarque directement le public avec lui dès la première écoute. Il manque aussi cette envolée et ce décollage nécessaires à ce genre de titre pour briller de mille feux. L’ensemble reste néanmoins de bonne facture.
Sannex – All InclusiveAlors, alors, alors … Le groupe de dansband nous propose ici une vision renouvelée du style, dans la lignée du virage qu’a adopté le groupe depuis l’arrivée de son nouveau leader en 2012. Enfin renouvelée … jusqu’à un certain point. L’ensemble se vend comme un hymne aux vacances, avec palmier, hamac, bouée flamant rose en plastique et verre de Piña Colada. Pour le coup, on est pile poil dans l’ambiance, et à s’y méprendre, on se croirait presque en plein Road-trip façon De Vet Du, mais sans le van, ni le mec torse nu livré avec. Le quatuor joue très sympathiquement aux GO façon Arvingarna mais avec un poil plus de modernité, et ce n’est pas vilain. Mais je vais être direct : au All Inclusive, je préfère le voyage en Routard. Et au All Inclusive façon Sannex, je préfère le All Inclusive au club Marmara de Djerba ou à défaut au Club Med de Galaswinda. Bref, vous l’aurez compris : le dansband même remis un soupçon au goût du jour, ce n’est pas ma came. Sur ce, je vais me faire servir un Spritz allongé les doigts de pied en éventail dans ma baignoire piscine intérieure. Skål
Clara Klingenström – Behöver inte dig idagLa belle surprise de la soirée avec une jeune artiste qui, doucement mais sûrement, commence à se faire un nom en Suède avec un univers pop bien à elle d’une jolie fraîcheur et en rupture avec les titres formatés sans essence et sans âme. Contrairement à bien des artistes qui perdent de leur identité à travers les titres qu’ils présentent aux sélections nationales pour le concours et qu’ils ont créé dans cette seule optique, Clara Klingenström reste fidèle à elle-même et nous offre un titre dans la lignée de ce qu’elle a proposé au public suédois jusqu’à présent. Alors même qu’elle défendrait un morceau pas forcément aisé à présenter sur la scène du Melfest, seule en scène avec sa guitare et juste avant le rouleau compresseur Eric Saade, c’est avec brio qu’elle s’est sorti de ce piège et qu’elle a incarné à la perfection l’essence de Behöver inte dig idag en ne comptant que sur elle-même.
Eric Saade – Every MinuteOn tient ici l’une des meilleures prestations du Melodifestivalen 2021. C’est sans la moindre fausse note que le showman Eric Saade a fait son grande retour à travers une performance maîtrisée de bout en bout et servie par la scénographie la plus marquante des vingt-huit participants. Et à vrai dire, Eric est la chance d’Every Minute. Parce qu’avec n’importe quel autre interprète, ce titre serait passé à la trappe sans ménagement et sans même pouvoir envisager la case Andra Chansen. S’il reste efficace et diaboliquement entêtant (d’où une Loreen demeurant « enthousiaste » – entre guillemets), Every Minute est la définition même de la pauvreté textuelle. Si le rythme et la compo répondant à des codes déjà maintes fois éprouvés dans les années 90 – comme Running de Sandro pour Chypre 2020, ils sont revisités dans des sonorités actuelles plutôt pas désagréables en soi., sans être exceptionnelles toutefois Mais le texte … ou plutôt quel texte ? « J’aime ça tous les matins/j’aime ça tous les soirs/j’aime ça tous les week-ends na-na-na-na-na-na, je veux tout chaque minute » Je veux bien vouloir Eric chaque minute, mais à moment donné, il ne faut pas déconner. Si Eric Saade n’a jamais donné dans la grande poésie – et on ne lui demande pas de nous livrer du Shakespeare, un minimum d’écriture serait tout de même le bienvenu, d’autant plus pour aller à l’Eurovision (et à ce titre, si vous connaissez un auteur pour Eric, merci de contacter la rédaction). Et le voir numéro 2 des bookmakers pour la victoire au MF témoigne de la qualité du cru 2021 : celle d’un probable vainqueur « par défaut » plus que « par conviction ».

Avis général

Loreen est forcément beaucoup plus enthousiaste que la semaine dernière – en même temps, comment peut-il en être autrement après une soirée si faible ? Pour autant, cette ultime demi-finale lui a confirmé le sentiment qui s’est progressivement immiscé en elle au fil des semaines : cette édition 2021 du Melodifestivalen est loin du grand cru que laissait présager l’affichage des grands noms, et c’est probablement au couronnement d’un vainqueur par défaut qu’on assistera le 13 mars. Néanmoins, la soirée de samedi fut bonne et agréable, et elle a en tout cas eu le mérite d’offrir de bonnes prestations, si ce n’est parmi les meilleures de l’édition pour certaines, tant au niveau des performances vocales que des scénographies.

Les votes de Rem_Coconuts

  • Direkt till final : Eric Saade et The Mamas
  • Andra Chansen : Clara Klingenström et Tess Merkel

Il est d’évidence qu’au Melodifestivalen, un « grand » nom peut vous sauver d’une chanson moyenne, voire faible, même s’il n’est en rien une garantie de qualification ou de chemin vers la victoire. Il semblerait toutefois qu’en ce cru 2021, le public suédois ait privilégié les artistes qui lui sont familiers aux nouveaux venus s’agissant des qualifications direkt till final. Et aussi paradoxal que ce soit au vu des commentaires que j’ai émis ci-dessus, c’est pourtant Eric Saade et The Mamas, au nom de la qualité de leurs performances, que j’aurais qualifié en finale. C’est en toute logique que le public suédois a décidé de récompenser les deux meilleures prestations de la soirée (et deux des meilleures de l’édition 2021 tout court). Pour les billets direction l’Andra Chansen par contre, les téléspectateurs ont décidé de les offrir à la jolie surprise Clara Klingenström et à Efraim Leo, alors que Tess Merkel aurait largement mérité l’un des deux billets – au demeurant tout de même mérités pour les deux repêché.e.s.

Rendez-vous dès demain pour nous intéresser de plus près aux duels de l’Andra Chansen de samedi prochain !

Crédits photographiques : SVT