Après 2 semaines où il a été difficile de trouver des éléments pour retracer la vie des lanternes rouges, voilà une dernière place avec une jolie biographie. Une édition 1986 qui reste dans l’histoire du concours pour avoir couronné la plus jeune lauréate (et qui le restera éternellement) : Sandra Kim ! Quant à notre artiste du jour, il s’agit de…

Elpida

Elpida (qui signifie espoir) de son vrai nom Elpida Karagiannopoulou est née le 1er octobre 1949 à Sperchiáda petit village de 2600 habitants dans le centre de la Grèce. Elle est la plus jeune d’une fratrie de 3 enfants qui compte aussi Nikos et Kostas. Ce dernier aura une grande importance dans sa vie. En 1964, toute la famille déménage à Athènes. La jeune Elpida peut y terminer ses années de lycée pour ensuite se lancer dans des études afin de devenir architecte qui est son rêve d’enfant. Mais son destin va prendre une tout autre trajectoire. Son frère Kostas qui est guitariste et compositeur, lui présente un de ses amis, Gerasimos Lavranos, lui aussi compositeur. Elle commence, dès lors, à apprendre le chant et la musique auprès d’un professeur.

En 1970, elle débute réellement sa carrière en chantant dans les boites de nuit athéniennes. C’est ainsi qu’elle se fait connaitre des producteurs qui lui permettent de sortir ses premiers titres Logia Agapis (mots d’amour) et Mi thymoneis mi (ne vous en faites pas). 2 ans plus tard, elle participe au Festival de la chanson de Thessalonique (où elle se présentera 4 fois entre 1972 et 1976) avec la chanson Den ton eida (Je ne l’ai pas vu). Participation qui est suivie de la parution de son premier 33 tours.

1975 est une grande année pour elle, car elle est inscrite au célèbre Festival international de la chanson de Viña del Mar, au Chili, en tant que représentante de la Grèce. Et contre toute attente, elle en sort gagnante avec la chanson Pos, pes mou pos (Comment me dis-tu comment). Elle est, à ce jour, la seule grecque à avoir gagné ce concours. Et les compétitions, Elpida aime ça puisqu’on la retrouve lors de joutes musicales à Tokyo (1972 et 1974), Bulgarie (1973) et Pologne (1974).

En 1977, elle publie un album live en duo avec le chanteur compositeur Kostas Hatzis. Elpida-Dekis & Kosta Hatzis est un grand succès porté par le titre phare Antio (Etranger). Elle devient l’égérie de la chanson grecque des années 70. Et comme précisé au-dessus, Elpida est une machine à concours et justement, il lui en manque un à mettre sur son CV.

Et l’Eurovision dans tout ça ?

En 1979, ERT (chaine publique grecque) organise une sélection nationale. Au vu du palmarès d’Elpida les années précédentes, elle demande à celle-ci de se présenter. La réponse est positive et le 5 février 1979, au théâtre municipal du Pirée, elle présente Sokrati. Face à elle, on retrouve, Bessy Argyraki (qui faisait partie du quatuor représentant le pays en 1977), Kristi Stassinopoulou (qui partira à Munich en 1983) et… Son ami Kostas Hatzis. La chanson gagnante est choisie par un jury de 65 personnes, qui attribue à chaque chanson une note sur 10. Et autant vous dire qu’Elpida n’a fait qu’une bouchée de la concurrence (528 points contre 462 pour Kristi). Cela lui donne donc le droit de partir à Jérusalem. Où elle rencontre un certain succès puis Sokrati devenu Socrates finit à une jolie 8ᵉ place (sur 19 pays) avec 69 points. Pas de 12 points, certes, mais 2×10 points du Portugal et d’Israël, le pays-hôte (et 4 de la France, il faut le préciser).

Une chanson sur Socrates (le philosophe, pas le footballeur brésilien, frère de l’ancien joueur du PSG, Raï)

En 1986, Chypre décide d’en passer par une sélection nationale au règlement fort alambiqué. Tout d’abord, c’est la chanson qui est choisie et par un jury seulement (44 membres composés de 17 musiciens, 13 journalistes, 9 employés de CyBC, la chaine publique chypriote et 5 personnalités politiques). Après différents écrémages (de 64 titres, on passe à 16 puis 8 pour finir à une finale à 4, finale télévisée, certes, mais où le public n’a pas son mot à dire), c’est bien Tora Zo (maintenant je vis) qui a le droit de s’envoler vers la Norvège. Le chanteur qui avait interprété le titre en live est rapidement écarté et CyBC se met donc en quête d’un artiste hellénophone célèbre pour représenter le pays. C’est sur le nom d’Elpida que tout le monde tombe d’accord et celle-ci accepte.

Le samedi 3 mai, Chypre passe en 15ᵉ position, prise en sandwich en 2 pays germanophones : l’Allemagne et l’Autriche. Elpida offre 3 minutes très dynamiques de son titre (qui rentre bien en tête, il faut le dire). Mais les jurys ne sont pas d’accord à ce sujet et ne lui donnent que 4 points : 3 de la Yougoslavie et 1 de l’Irlande. L’absence de la grande sœur grecque (parce que le concours tombait le même jour que le samedi saint orthodoxe) a été préjudiciable. Fin (définitive) de l’aventure Eurovision.

Et après l’Eurovision ?

On ne peut pas dire que la dernière place ait impacté la carrière d’Elpida puisque entre 1987 et 1997, elle a publié 10 CD, que ce soit en singles ou en albums. En 1988, un de ses titres Opos Se Thelo S’oneirevomai (Comme je te veux, je rêve de toi) devient un tube radiophonique. En 2012 et 2013, on la trouve en featuring sur les albums de Yannis Zouganelis, un artiste aux multiples casquettes et du groupe Onirama.

Opos Se Thelo S’oneirevomai, son tube de 1988

Si Elpida a quelque peu délaissé la chanson, on la retrouve depuis 2022, en tant qu’actrice sur les petits écrans dans la série The land of the Olive (une sorte de Plus belle la vie grecque).

Coté vie privée, elle a épousé en 1979 Stathis Katsantonis, un homme d’affaires grec spécialisé dans le génie mécanique. L’année suivante, elle donne naissance à une fille, Hera à qui elle donne un petit frère, Stephanos en 1985. Elle est veuve depuis 2020.

Elpida fêtera ses 76 ans en octobre prochain !

Elpida en 2017

Ça fait du bien d’avoir des choses à dire sur une lanterne rouge, hein ? On se retrouve la semaine prochaine !

Crédit photo : Lolotte pour l’EAQ

Crédit vidéo : chaines Youtube de : Ελληνικό Τραγούδι / Leofeli Fuentes Alarcón / Χρήστος Πέππας / Georgios Symeonidis / GPITRAL4 Greek Music /