Le 1er janvier 2020 semble appartenir à un autre siècle, une autre ère historique, voisine du Jurassique ou du Crétacé. Une ère où le plus grand drame susceptible de se produire était l’annulation de l’Eurovision. Un an plus tard, le monde demeure plongé dans la tourmente et la soixante-cinquième édition du Concours a été annulée. Pour la première fois depuis sa création, l’Eurovision n’a pas eu lieu. Plusieurs éditions antérieures avaient frôlé ce sort cruel. Toutes avaient été sauvées par un report ou une solution de dernière minute. Hélas, cette année, les circonstances n’offraient aucune alternative solide ou crédible.

Cette annulation nous aura brisé le cœur. Autant annoncer à des enfants celle de leur anniversaire, de la Saint-Nicolas ET de la Noël. Pourtant, nous avons continué à vivre. Oui, la vie l’a emporté sur le chagrin, la déception et le vide. Nous étions entrés dans une nouvelle époque, une époque terrible où l’Eurovision n’était plus une certitude indéboulonnable, mais une variable soumise aux contingences. Non plus trois jours fixes dans l’année, mais trois jours épagomènes, ajoutés en mai au bon vouloir du destin et de la fatalité.

Avons-nous soufferts ? Certes. Notre Euromonde s’est-il brisé en mille morceaux ? Non. Notre attachement et notre passion pour l’Eurovision en ont-ils été amoindris ? Non pas. Et c’est la principale leçon à retenir de cette année 2020 et de cette annulation sans précédent : nous en sommes ressortis plus liés encore les uns aux autres, plus forts et plus amoureux que jamais de ce Concours à nul autre pareil. Nous en avons été privés, nous l’avons d’autant plus aimé.

Mieux encore : les initiatives se sont multipliées, des solidarités inédites sont nées, chaque Eurofan, chaque Eurosite a fait briller à son échelle et à sa manière, la flamme de l’Eurovision. Elle n’a cessé d’étinceler au milieu des ténèbres du présent et des brumes opaques de l’avenir. Elle nous a apporté réconfort et amitié et permis de traverser ces rudes mois, ensemble et consolés. Ainsi, même absent, même annulé, l’Eurovision continue de répandre ses bienfaits sur ses admirateurs. Son histoire, ses archives, sa mémoire, son esprit sont autant de sources de joies renouvelées pour les Eurofans exilés en cette ère post-eurovisionesque.

En 2021, l’Eurovision nous reviendra. Un Eurovision différent, nouveau, renouvelé, qui ne pourra se juger à l’aune des précédents. Un Eurovision que nous attendons et que nous aimerons comme aucun autre. Un Eurovision qui fera date et qui tracera pour longtemps le chemin de ses successeurs. Réjouissons-nous de cette perspective et apprécions petits et grands bonheurs apportés par cette édition. Relativisons ses éventuels inconvénients et imperfections, qu’ils n’entravent en rien la félicité de retrouver notre Concours préféré.

Et tout au long de cette année, gardons cet esprit de résilience et de concorde. C’est lui qui nous unit et nous permet de vivre plus intensément nos existences d’Eurofans. Concentrons à présent nos pensées et nos énergies positives sur le samedi 16 janvier prochain. Débuterons alors l’Eurovizijos atranka et le Melodi Grand Prix. Nous retrouverons la fièvre de nos samedis soirs eurovisionesques. Nous serons heureux.

Dans l’attente, nous vous adressons nos amitiés depuis Paris, Bruxelles, Lisbonne, Cherbourg, Narbonne, Tours, Carcassonne, Montpellier, Nantes, Toulouse, Montluçon, Chartres, Ajaccio, Metz, Cagnes-sur-Mer ou encore Lyon. Nous vous souhaitons une belle et heureuse année 2021. Qu’elle voit se réaliser tous vos vœux et qu’elle vous apporte bonheur, santé, réussite et sérénité. Prenez bien soin de vous !

L’équipe de rédaction de l’Eurovision au Quotidien