Il y a une semaine déjà, avait lieu l’Eurovision Junior 2020. Nous avons assisté ensemble à la victoire de Valentina et de la France, événement eurovisionesque qui nous a apporté joie, fierté et satisfaction. Nous n’aurions pu souhaiter meilleure manière de conclure notre année 2020 et de débuter notre Saison 2021. Et pourtant combien d’interrogations et de doutes auront été soulevés à la perspective d’un concours à distance, aux prestations préenregistrées, au nombre de participants congru, au système de vote imparfait, aux impondérables multiples… Heureusement, cette dix-huitième édition aura démenti ces craintes et se sera révélée une entière réussite.

Une réussite conceptuelle. Ce Junior 2020 aura démontré qu’un Eurovision à distance est possible, réalisable et efficace. L’illusion visuelle aura été presque parfaite. À aucun moment, l’œil du téléspectateur n’aura été heurté par les paramètres contraints de la réalisation. Dès le Te Deum d’ouverture, nous avons oublié le différé, l’absence de public, les kilomètres séparant les intervenants. L’impression est demeurée d’une réunion presque normale en un même endroit, virtuel, mais quasi réel. Le concept a fait ses preuves, essuyé ses plâtres et tracé de belles perspectives pour les prochains concours : quoi qu’il arrive, les futurs Eurovisions emprunteront cette voie avec succès et se dérouleront dans les règles de l’art. De quoi rasséréner les Eurofans, les délégations, les artistes, les diffuseurs et l’UER…

Une réussite télévisuelle. Depuis sa création en 1956, l’Eurovision aura toujours été un événement à la pointe de la technologie. Il l’aura prouvé à nouveau. La réussite de ce Junior 2020 aura été également technologique, technique et matérielle. La production polonaise a déployé les dernières innovations en matière de réalité virtuelle, de réalité augmentée, de connexions à distance, de réalisation télévisuelle, de prises de vue et de synthèse numérique. Le résultat à l’écran s’est révélé à la fois époustouflant et très naturel. L’Eurovision aura été une nouvelle fois le fer de lance du progrès et aura réalisé son objectif essentiel : réunir des diffuseurs de toute l’Europe autour d’un projet commun, leur créer un langage commun et surmonter les obstacles matériels par le biais d’innovations développées en commun. En 1957, cela consistait en neuf appels téléphoniques internationaux dans le même quart-heure. En 2020, cela aura consisté en l’élaboration d’une réalité virtuelle poussée. Tout change, rien ne change.

Une réussite artistique. Le moindre nombre de participants n’aura rien ôté à la qualité artistique des chansons proposées. Auteurs et compositeurs nous auront offert douze chansons réussies, certaines plus marquantes, d’autres moins audacieuses, mais toutes répondant à des standards internationaux, plusieurs dignes même du Senior. Le Junior est désormais le rendez-vous de l’excellence musicale. Également du côté des interprètes. Les douze concurrents en lice ont livré des prestations vocales remarquables, enregistrées dans les conditions du direct et d’une pureté stupéfiante. Oui, décidément, les enfants ont du talent et l’ont prouvé deux heures durant. Ajoutons à cela, la réussite de nombreuses mises en scène. Danse classique, danse moderne, graphisme, scénographie, stylisme, nombreux auront été les arts et les arts décoratifs à avoir été requis pour sublimer les trois minutes des participants. Leur concours aura été précieux, aura démultiplié les axes de réussite artistique de ce Junior 2020 et aura prouvé une fois encore que l’Eurovision relève de l’art.

Une réussite eurovisionesque. Longtemps, le Junior aura souffert d’un déficit d’image, voire de crédibilité. Depuis le milieu des années 2010, il a entamé une longue mue, jusqu’à devenir un plateau d’excellence et une compétition remarquable, remarquée et incontournable. Cette édition 2020 aura démontré une fois de plus l’intelligence, la pertinence, la fraîcheur, l’originalité et l’intérêt du Junior. Loin d’être une kermesse malaisante de talents boiteux ou une exhibition malsaine d’enfants en quête de reconnaissance, le mini-Concours est un événement eurovisionesquement pur : attractif, joyeux, passionnant, qualitatif, mémorable et marquant. Il suscite des sentiments d’appartenance, de déception, de bonheur, d’angoisse, de ferveur, de tension et de communion, comme cela se doit. Le Junior accomplit de même les attentes des Pères Fondateurs : réunir les peuples et les nations autour d’un divertissement léger et créer, par delà les différences de langue et de culture, une communauté unie.

Une réussite française. Rendons à César ce qui est à César : ce Junior 2020 aura surtout et avant tout été une réussite pour la France, France Télévisions, la délégation française, la candidate française, les auteurs et compositeurs français et la langue française. Cette victoire aura été la récompense de trois années de travail, d’investissement, d’efforts et de réflexion intelligente. Soutenue par ses dirigeants, efficacement et intelligemment menée par sa cheffe, consciente des enjeux, la délégation française aura décroché le mini-Micro et prouvé qu’il n’y a aucune fatalité entre la France et l’Eurovision, qu’il n’y a aucune fatalité entre le français et l’Eurovision. Le pays possède d’innombrables auteurs, compositeurs et interprètes de talent, tous susceptibles de plaire au public européen dans leur langue maternelle, tous susceptibles de marquer les téléspectateurs du monde entier et d’apporter des victoires internationales à la France. Avec de l’ambition, de la volonté, de l’ouverture d’esprit, tout est possible, loin des clichés, des sentiers rebattus et des ornières artistiques.

Une réussite pour l’avenir. La victoire de Valentina augure bien des promesses et des bonheurs pour l’avenir de la France et des pays francophones à l’Eurovision. Elle démontre que la voie vers la victoire passe par la persistance, la répétition des participations, la cohérence décisionnelle et l’élévation artistique. Elle démontre que la situation géopolitique des pays participants a moins d’importance que la qualité de leur scène musicale. Elle promet surtout de redorer le blason de l’Eurovision en Francophonie. Ce n’est point une injure, mais une douloureuse réalité : l’image du Concours en France, en Belgique et en Suisse francophones est entachée de clichées, de passéismes, de préconçus idiots et reposants sur du vent. Cette victoire balayera cela et éclairera l’Eurovision sous son véritable jour : un concours ambitieux, innovant, qualitatif, audacieux, ouvert, tolérant et humaniste. Ces promesses radieuses se renforceront plus encore si France Télévisions organise le Junior 2021. Il s’agit d’une opportunité unique, à ne manquer sous aucun prétexte, car elle rendra ses lettres de noblesse à l’Eurovision en Francophonie, placera le diffuseur public français au centre de l’UER et lui apportera une vaste publicité positive dont il ressortira grandi.

Une réussite, donc. Une réussite dont nous nous souviendrons longtemps. Et c’est là un autre objectif atteint par ce Junior 2020 : nous avoir créé des souvenirs chaleureux, heureux, inoubliables, exaltants, qui nous accompagneront pour la suite de nos existences et réchaufferont nos cœurs lors de circonstances moins joyeuses. Nous y repenserons avec plaisir, nous revivrons ces deux heures parfaites et cela chassera les nuages au loin. Nous nous souviendrons également d’ô combien nous étions unis, de ce bonheur partagé, de la communauté que nous formons, de cette autre famille que nous sommes les uns pour les autres. Nous affronterons ainsi les aléas de l’existence avec plus de sérénité et d’équanimité.

Espérons à présent que la Saison 2021 nous apporte d’autres réussites aussi éclatantes et qu’elle se conclue par un Eurovision aussi mémorable, à Rotterdam, en mai prochain. Nous vous accompagnerons jusque là au fil des semaines et des sélections, avec notre propre ambition : réussir à vous informer, vous divertir, vous faire rire et réfléchir au quotidien.

À très bientôt !