Qui soulèvera le Micro de Cristal le 11 mai prochain ? Bien malin qui saurait le prédire, tellement 2024 nous offre une édition des plus ouvertes et des plus excitantes.

Nous y sommes. Au terme d’une année d’impatience, d’une saison des sélections aux émotions dignes du nouveau roller-coaster d’Europa Park1 et d’une tournée des pré-parties aussi expresse que la saison sur gazon au tennis, samedi 27 avril 2024 a enfin marqué le premier jour des répétitions de l’Eurovision 2024. Pendant une semaine, les 37 artistes en lice défileront sur la scène de la Malmö Arena afin d’y prendre leurs marques et d’y faire l’expérience de leur performance dans les conditions réelles pour la première fois. Très vite toutefois, les répétitions individuelles laisseront place aux répétitions générales : celles tout d’abord ouvertes à la presse (pour rappel, les secondes répétitions individuelles ne le sont plus depuis l’année dernière), avant d’enchaîner sur le triptyque Jury Show (ou plutôt Evening Preview Show faute de jury en demi-finale, pardon), Afternoon Show (ou plutôt Afternoon Preview Show, parce qu’il y a sans doute des familles et que cela se déroule en après-midi) et enfin, last but not least, le grand moment du Live Show car ainsi le dirait Melanie Wehbe : « JUST FOR THE SHOOOOOOOW ! ».

Au-delà des bookmakers et de toute regénération de Crystal Ball, les répétitions sont le premier moment de vérité, celui qui fait et défait des favoris, tandis qu’il permet la révélation des dark horses, ces obscurs chevaux d’outsiders que nul ne voit venir et qui, tout à coup, se parent d’habits de lumière. Qui confirmera ? Qui fera une Boccalandro2 ? Qui crééra la surprise et viendra bousculer les pronostics ? Premiers éléments de réponse ces premiers jours, durant lesquels le jeu devrait se clarifier … Encore faut-il réussir à trouver les photos des répétitions, ce qui ne fut pas une sinécure hier ! À moins qu’au contraire, la compétition n’en reste encore et toujours plus ouvert, ce qui ne serait pas insensé après avoir vu l’ensemble des artistes bien performer en pré-parties.

Qui, donc ? Si l’on en croit les parieurs (courageux, parce qu’à titre personnel, jamais je me miserais un kopeck sur un jeu aussi incertain), la Suisse, la Croatie et les Pays-Bas forment le trio des grands favoris à ce stade et à cette heure, avec respectivement 24%, 17% et 14% de chances de l’emporter, évaluées hier à 8 heures. Loin, très loin des 41% de Loreen en 2023 ou des 39% de l’Ukraine en 2022, le tout à la même période. Surtout que, derrière, les autres pays ne sont pas en reste, avec l’Italie à 11% et deux outsiders à la suite : Ukraine à 7% (et dans le vert) et la France à 4%. Autant de possibilités que de cartes à jouer, sans oublier celles et ceux qui n’ont pas dévoilé l’étendue de leur jeu. De quoi donner à l’Eurovision 2024 des atours de 2021, où la France, l’Italie, Malte et la Suisse étaient dans un infernal mouchoir de poche jusqu’au moment même du vote en finale, voire 2014, où les répétitions avaient fait de l’Autriche et des Pays-Bas de sérieux favoris à la victoire aux côtés des plus installées Arménie et Suède (même si nos coeurs ne battaient que pour Conchita). x favoris pour tout autant de styles musicaux tant qu’à faire, de la pop lyrico-urbaine helvétique à la pop-rock croate, en passant par le gabber-pop, électro-rave Europapa croate et la pop sauce Madame d’Angelina Mango. Oui, il y en a pour tous les goûts cette année, ou quand le psychédélisme Bambie Thug, le délire estonien (mais quelles substances ont-ils pris ?) ou le ravage finlandais (coucou les soeurs Citrouille, NO RULES !) côtoient le reggaeton grec (TA TA TA), la pop-fado portugaise ou encore le rock alternatif norvégien. Bref, faites donc vos jeux, et prenez la carte de l’Europe pour y poser vos pions sur Zurich, Zagreb, Maastricht, Milan ou ailleurs.

J’ai entendu la voix de Waz Galsen …

Et la France dans tout ça ? L’Europe n’est visiblement pas insensible à Slimane, si on en croit l’accueil du public en euro concerts, sa cinquième place à l’OGAE Poll ou sa médaille de bronze à l’Eurojury. Au-delà d’être relativement seule dans son créneau, Mon amour a l’atout maître de son interprète, avec laquelle elle fait pleinement corps dans l’âme et la chair, le cœur et la voix, dans l’incarnation du premier rendez-vous que Slimane est désireux de créer sur scène. Pour la première fois que la France envoie l’une de ses stars du moment à l’Eurovision, le concours semble bénéficier d’une nouvelle couverture et d’un autre crédit parmi le public, comme si Slimane en était le gage de sérieux, applaudi chaque soir par les milliers et milliers de spectateurs de son Cupidon tour à guichets fermés, durant lequel le public reprend en chœur Mon amour tel un seul être. Une chanson française de l’Eurovision qui a aussi bien conquis le public, c’est suffisamment rare pour être souligné, fut-ce le public de Slimane, les auditeurs de NRJ (dont l’enthousiasme pour le concours est très inhabituel), les néophytes du concours ou encore les chanteurs du métro parisien, preuve en est mon aventure d’hier soir.

Tandis que je déambulais dans les couloirs de la station Opéra, j’ai entendu la voix de Waz Galsen dérouler Mon amour, ce qui ne m’a évidemment pas laissé indifférent. Devant sa performance, vrai moment de grâce aux abords de la 7, j’allai à sa rencontre et quelques mots plus tard, Waz me dit « J’espère qu’on va gagner. Je crois que c’est pour nous. » Puisses-tu dire vrai chez Waz, et puissent les couloirs du métro te mener loin avec le talent qui est le tien.

Oui, Slimane à l’Eurovision avec Mon amour, la recette imprime aussi bien dans l’esprit des français que dans celui des européens. Actuellement sixième des bookmakers, Slimane pourrait-il bousculer le jeu des grands favoris et offrir à la France ce Micro qui lui fait défaut depuis 47 ans ? Au vu du profil de la compétition, le représentant français semble avoir sur le papier une sérieuse carte à jouer dans cette partie à ce jour indécise. Avec son incroyable talent d’interprète, sa puissance vocale et l’authenticité de son émotion, Slimane a de quoi séduire les jurys nationaux (qui l’ont d’ailleurs propulsé en tête de l’Eurojury). Reste à aller chercher les téléspectateurs, qui pourraient certes privilégier des titres plus dynamiques (le public de l’Eurojury l’a placé dixième du vote en ligne), mais aussi céder à l’appel de l’émotion et du talent, tel le miracle Salvador Sobral. Comme le soulignait à juste titre Fabien Randanne : tout dépendra aussi du désir du public à l’instant T. De quoi nous rendre d’autant plus impatients de découvrir la scénographie et les premiers pas de notre représentant à l’Eurovision 2024. Puisse en tout cas une Malmö Arena silencieuse frissonner d’émotion devant la voix de Slimane et puisse l’Europe être conquise par Mon amour.

C’est donc mercredi que Slimane, son équipe et la délégation française s’envoleront pour la Suède, destination Malmö, désignée ville hôte de l’Eurovision 2024 suite à la deuxième victoire de Loreen l’année dernière (et aux concerts de Taylor Swift à la Friends Arena de Stockholm le week-end du 18 mai, merci pas merci). Onze ans après, la capitale de la Scanie, voisine de la danoise Copenhague par l’Øresund devra relever le défi de succéder à Liverpool, qui s’était muée en véritable capitale de l’Eurovision quinze jours durant, offrant au public et aux artistes une expérience magique d’immersion dans le concours. Mais cette année, l’enthousiasme semble en partie entaché par la controverse suscitée par la présence d’Israël, tant chez les eurofans que du côté des artistes, ainsi que les enjeux sécuritaires inhérents qui se posent pour l’organisation et le public. Pas personellement sûr que la foire à questions de l’UER soit tout à fait satisfaisante sur ces points … Unis par la musique pour le mot d’ordre donc, mais jusqu’à un certain point. Car si l’Eurovision est un concours de chansons censé unir l’Europe dans sa diversité, il est également un concert des nations, à l’instar des Jeux Olympiques, de l’UEFA ou encore du Festival de Cannes. Espérons toutefois qu’au-delà du contexte, la fête soit belle, et que l’Eurovision 2024 nous permette de célébrer l’Europe en musique comme il se doit. Come on ravers !

À Malmö, l’EAQ sera présente pour vous faire vivre l’Eurovision 2024 au quotidien avec le trio de choc Kris, Marie et Rémi, déjà de l’aventure britannique l’année dernière (ce qui était une première historique pour notre média), et à nouveau accrédité presse cette année, De quoi vous faire vivre l’édition depuis l’intérieur du centre médias et de la Malmö Arena, où nous pourrons assister aux premières répétitions générales de chaque show, et donc vous livrer en avant-première exclusive nos impressions sur les prestations des artistes … entre autres ! Parce que coulisses rime également avec surprises, et comme dans une partie de tarot, inutile de dévoiler l’étendue de notre jeu tout de suite, petits impatients que vous êtes (et moi avec3 ). Surtout, l’ensemble de la rédaction sera là pour partager avec vous les temps forts de cette 68ème édition – gageons qu’ils seront nombreux -, avec un bonheur non dissimulé et la passion, toujours !

Que cette Eurovision 2024 vous permette d’être unis par la musique. Mais avant tout, que la France et l’Europe soient United By Slimane : à toi notre eurostar, nous souhaitons la plus belle des aventures et un océan de magie dans le feu de l’Eurovision.

Avec tout notre amour, et l’émotion d’un premier rendez-vous. Que ce soit beau, que ce soit fou.

  1. Plus de 100 degrés d’inclinaison pour la chute la plus raide, habibi ↩︎
  2. Du nom d’Iginia Boccalandro, lugeuse vénézuelienne devenue célèbre du monde entier suite à une manche olympique épique ↩︎
  3. Selon l’horoscope, le Sagittaire est un être dont « l’énergie fougueuse peut vite se transformer en impatience et en impulsivité. » ↩︎