« Comment ça Y ? Nous étions à V la semaine dernière, Maxence tu nous dois des explications ! »

Rassurez-vous, je vais vous en donner. J’ai décidé de réunir les lettres W, X et Z dans un même article. Ce sont des lettres peu communes donc les sujets sont bien bien moins nombreux et intéressants. Alors pourquoi pas faire une lettre par sujet pour le dernier article de l’abécédaire ? Eh oui déjà, nous sommes bientôt à la fin mais avant, nous avons toujours la lettre Y à découvrir. Et il y a des anecdotes croustillantes aujourd’hui ! C’est parti, récitons ensemble l’abécédaire de l’Eurovision.

Y comme…

  • Yardena Arazi !

Il faut dire que Yardena Arazi est une femme bien particulière, tout particulièrement en rapport à l’une des anecdotes les plus croustillantes de l’histoire de l’Eurovision qui a pris place en 1988. Mais avant ça, l’histoire conjointe de Yardena et de l’Eurovision démarre déjà en 1976. Chanteuse israëlienne de son état, elle fait partie du trio Chocolate, mentha, mastik et termine 6ème. Résultat très honorable qui sera le début du succès et débouchera sur une tournée européenne. La télévision israélienne n’hésite d’ailleurs pas face à une telle personnalité et lui propose d’être l’hôte de la toute première édition de l’Eurovision sur le sol israëlien en 1979. Elle mènera la soirée avec un professionnalisme admirable aux côtés de Daniel Pe’er.

Le début des années 80 marque ses débuts en solo. Et c’est un réel succès, elle devient l’une des chanteuses les plus célèbres et demandées en Israël. Une telle renommée qui l’encouragera à mettre toutes ses chances de son côté et par là-même de créer l’une des petites histoires les plus mythiques de l’Eurovision. Effectivement, la télévision israélienne lui demande de représenter le pays à l’Eurovision 1988. Yardena Arazi n’accepte qu’à une condition : elle doit être sûre de sa victoire. Et pour cela, elle décide d’aller voir… une voyante ! Le tirage au sort de l’ordre de passage ayant déjà été effectué, l’Israël passe en 9ème position. Elle décide donc de s’assurer que cela lui portera chance et formule une demande à laquelle la voyante répond que la chanson qui passera en neuvième position remportera l’Eurovision à coup sûr. Yardena Arazi accepte donc de représenter l’Israël avec Ben Adam.

Plot twist ! Peu de temps avant le concours, la Chypre est disqualifiée car la chanson ne respecte pas les règles du Concours. Or, elle avait tiré la deuxième position dans l’ordre de passage. Toutes les chansons sont donc avancées, Israël passe en 8ème position et la 9ème position échut à… la Suisse représentée par Céline Dion ! La suite, vous la connaissez (ou sinon il vous faut un rattrapage éclair de la page C ), la Suisse remporte la victoire comme l’avait prédit la voyante. Notre chère Yardena Arazi finira tout de même 7ème. Alors coïncidence ou réelle prédiction, une chose est sure, c’est une histoire étonnante.

  • Yves Dessca !
Yves Dessca

Ce nom m’était inconnu, il l’est peut-être pour vous aussi. Et pourtant, il mérite bien qu’on le connaisse. Yves Dessca est l’un des plus grands paroliers français. A seulement 18 ans, il écrit deux chansons du patrimoine de la chanson française : Le rire du sergent et La maladie d’amour toutes deux interprétées par Michel Sardou. Sa carrière décolle alors et il rencontre les chanteurs français les plus célèbres, parmi lesquels on peut citer Hugues Aufray, Jacques Dutronc, France Gall, Mireille Matthieu, Sylvie Vartan ou encore Claude François (pour qui il écrira 19 chansons !). Il a même produit le très célèbre I Will Survive de Gloria Gaynor. Une carrière impressionnante qui compte 60 millions de disques vendus !

Mais Yves Dessca ne s’est pas contenté d’influencer la scène musicale française et internationale, il a aussi influencé celle de l’Eurovision. Il n’a participé qu’à deux reprises, toujours en tant que parolier, mais quelles participations ! La première est synonyme de la seule victoire de Monaco à l’Eurovision. C’était en 1971 et c’est bien lui qu’on retrouve derrière le Un banc, un arbre, une rue de Séverine qui fait toujours partie des chansons gagnantes les plus appréciées. Mais le véritable tour de force, c’est qu’il a aussi écrit Après Toi de Vicky Léandros qui gagnera l’année suivante ! C’est la première fois qu’une personne parvient à remporter le concours deux fois de suite mais aussi à gagner pour deux pays différents. Un exploit qui, il me semble, est inégalé et méritait bien sa place dans l’hommage à l’histoire de l’Eurovision qu’est l’abécédaire !

  • Yougoslavie !

J’avais débuté l’abécédaire par l’Albanie, tout premier pays dans l’ordre alphabétique. Je termine aujourd’hui par celui qui restera peut-être à jamais le dernier dans l’ordre alphabétique, un pays pourtant disparu mais qui a bien participé à l’Eurovision : la Yougoslavie. C’est l’un des tout premiers pays à avoir participé au Concours, débutant à sa sixième édition en 1961. Il semblerait que cette participation était l’occasion pour le maréchal Tito de promouvoir son ouverture à l’occident et ses atouts maritimes pour le tourisme. Une participation plutôt discrète durant les premières années mais aussi tout au long car le pays gravite beaucoup autour de la 10ème place, ne terminant dernier qu’une seule fois en 1964. L’exception notable, c’est la 4ème place en 1962 grâce à Lola Novaković.

Un total de 27 participations qui n’évoluera pas pour la simple raison que les époques, elles, ont avancé et l’Europe a bien évolué. Les crises européennes ont forcément une conséquence sur l’Eurovision, nous pouvons le voir actuellement avec la guerre Russie-Ukraine. La Yougoslavie n’y échappera pas puisque la guerre éclate en son sein. En 1990, les partis séparatistes ethniques accèdent au pouvoir dans la majorité des républiques et des provinces qui la composent. Eclatent alors de conflits intérieurs qui vaudront la sécession de la Bosnie-Herzégovine (qui sera durement touché, y compris pour ses débuts à l’Eurovision), la Croatie, la Slovénie et la Macédoine. C’est la fin de la Yougoslavie tant en Europe mais aussi à l’Eurovision car elle est exclue par l’UER en 1992 pour permettre les débuts de ces nouveaux pays à l’Eurovision.

Une fin violente et abrupte : la Yougoslavie aura-t-elle eu le temps de poser son empreinte à l’Eurovision ? La réponse est oui, dans les années 80, âge d’or du pays. La Yougoslavie des années 80, ce sont 5 top 10 en 10 ans, deux quatrième place en 1983 et en 1987, égalisant avec le record de 1962, mais aussi et surtout la consécration en 1989. Alors qu’elle était destinée à disparaitre sans 4 ans après, elle réussit à remporter sa seule et unique victoire à l’Eurovision avec Rock Me cette année-là. Une proposition punchy mais, pour être tout à fait honnête, pas des plus iconiques de l’histoire de l’Eurovision. Petit retour à cette époque et à Lausanne avec Riva !

C’est terminé pour aujourd’hui. Je vous donnez rendez-vous la semaine prochaine pour la clôture définitive de l’abécédaire de l’Eurovision ! En attendant, je vous souhaite à tous et toutes une excellente rentrée !