Pardi, la seizième page de l’abécédaire sort aujourd’hui et s’affiche en première dans tous les kiosques de journaux ! Les voyages et débats de ces dernières semaines que vous ont offert l’abécédaire vous ont visiblement plu. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il est temps d’embarquer dans l’avion pour rejoindre le Danemark et le Portugal en particulier aujourd’hui. Installons-nous confortablement dans les sièges et récitons ensemble l’abécédaire de l’Eurovision !

P comme…

  • Parken Stadium !

« Mékeskecécemachin » ! Si comme moi, vous avez la même question, ne tournons pas autour du pot : le Parken Stadium est un stade de football situé à Copenhague. Il est le stade à domicile de l’équipe nationale danoise de football. Le lien avec l’Eurovision ? Il s’agit de la salle hôte de l’édition de 2001. Suite à la victoire des Olsen Brothers à Stockholm l’année précédente, le Danemark s’apprête à accueillir l’Eurovision pour la seconde fois. Qui dit années 2000, dit nouveau millénaire, dit espoir et renaissance (du moins dans l’imaginaire collectif). Stockholm a relevé haut la main le défi en modernisant le concours au travers d’un logo et d’internet. C’est sans compter sur Copenhague, alors sélectionnée, qui veut faire de 2001 la plus grande édition jamais réalisée.

Et c’est le cas de le dire ! Les organisateurs se fixent l’objectif de dépasser sur tous les plans l’organisation de l’année précédente au sein du Parken Stadium. Certains traits sont repris comme la création d’un logo. Premier objectif : faire du concours une compétition musicale à la pointe de la technologie et du progrès. Tous les moyens techniques sont mis en place avec la création d’une grande scène composée d’éléments mobiles et d’écrans géantes et variés, le tout sous un reproduction lumineuse et articulée du logo.

Deuxième objectif : accueillir le plus grand public de l’Eurovision. Et c’est là l’aspect le plus important de cette édition particulière qu’est 2001. Le record de l’année précédente, élevé à 13 000 spectateurs est littéralement explosé. Ce ne sont pas moins de 35 000 spectateurs qui prennent place pour assister à la victoire de l’Estonie. Une vue particulièrement impressionnante si vous assistez à une rediffusion de cette édition tant le public s’étend à perte de vue. Et c’est là où le bât blesse : la plupart des spectateurs seront bien trop loin de la scène pour apercevoir correctement les artistes, menant à une déception générale. Un aspect qui sera corrigé pour les prochaines éditions afin d’avoir un bon quota de spectateurs sans que celui-ci soit excessif, situé aux alentours de 15 000. De ce fait, le Parken Stadium restera célèbre dans l’histoire de l’Eurovision pour avoir accueilli le plus vaste public de toutes les éditions !

  • Portugal !

Cette fois, je vous propose de rejoindre l’ouest de l’ouest de l’Europe pour déguster quelques pastel de nata ! Le Portugal est un pays historique de l’Eurovision car il a fait ses début à la neuvième édition en 1964. Un voyage très mouvementé puisque le Portugal peine à pointer en haut du sommet des classements. Il gravite très souvent autour de la 15ème place sur une vingtaine à peine de candidats. Des résultats en demi-teinte qui s’accompagneront malheureusement de 4 dernières places en 1974, en 1997, en 2018 mais aussi un malheureux Nul point dès sa première participation en 1964 (revoir l’abécédaire #N !). Vous l’aurez compris, le Portugal n’est pas forcément un bon élève, ne récoltant que 11 top 10 en 54 participations dont 4 dans les années 90, années de gloire du pays, et enchainant les éliminations en demi-finales dans les années 2000 et 2010. Ainsi, le meilleur résultat du pays demeurera pendant longtemps une 6ème place en 1996 avec une magnifique prestation de Lúcia Moniz.

Pourtant un espoir renait en 2008 puisque Vânia Fernandes marque sa demi-finale avec Senhora do mar en terminant 2ème. En finale néanmoins, c’est une chute jusqu’à la douzième place, un résultat souvent critiqué par les eurofans qui en font l’un de leurs favoris de cette édition.

Ce ne sera que partie remise puisque le sujet principal de cette partie sur le Portugal arrive : la célèbre victoire en 2017. Cette année-là, le pays envoie une chanson qui surprend à première écoute car il s’agit d’une ballade « pure », loin des standards pop et rythmés de l’Eurovision. Amar pelos dos (Aimer pour deux) de Salvador Sobral est choisie pour défendre les couleurs du Portugal et si quelqu’un pouvait prévoir ce qui allait se passer, il est extrêmement doué. Effectivement, « s’il faut gagner, autant gagner avec panache » semble être le slogan du Portugal qui termine avec un record extraordinaire de 758 points ! C’est un véritable plébiscite de la part du jury et du public pour Salvador Sobral et son bijou intemporel (oups, là ce sont mes termes, vous êtes bien évidemment autorisés à penser autrement). C’est simple : c’est une victoire tout record au niveau des points sous le nouveau système – mais aussi sous l’ancien système, explosant le record de Fairytale avec un total de 417 points – et au nombre de douze points avec un total de 30 (!) mais aussi la première victoire d’une langue nationale depuis 2007.

Une victoire incontestée qui marque une véritable renaissance du pays à l’Eurovision après 53 ans d’attente. Le pays mérite un grand respect puisqu’il a toujours été fidèle à sa culture année après année, favorisant plus l’identité nationale que les bons résultats et chantant toujours en portugais jusqu’en 2021. Depuis, non seulement, le Festival da Canção qui permet de choisir les représentants portugais revient plus fort chaque année mais ceci se fait ressentir à l’Eurovision puisque les 5 dernières participations sont synonymes de 4 qualifications en finale, deux top 10 dont la victoire de 2017 et une douzième place. Souhaitons que cette belle aventure continue pour le pays !

  • Piano !

Franchement, l’Eurovision sans certains instruments ne serait pas l’Eurovision. Que ce soit un déluge de violons dans l’orchestre, sous le sourire charmant d’Alexander Rybak et dans l’ambiance mystérieuse de Nocturne, ou encore des solos épiques de saxophone qui percent internationalement sous le nom de « Epic Sax Guy », la scène de l’Eurovision s’enflamme tambours battants, ne laissant pas le temps aux larmes d’Emmelie de Forest de couler. Dans cet étrange méli-mélo bien plaisant et typique de l’Eurovision (et Love Love Peace Peace sera toujours là pour lui apporter tout le crédit qu’il mérite), un instrument a marqué tout particulièrement l’histoire du Concours de par ses formes variées et iconiques : j’ai nommé le piano !

Le piano a toujours été un instrument imposant, digne des évènements de classe internationale. C’est logiquement que celui-ci prend place dès la première édition de l’Eurovision au sein de l’orchestre. Un instrument qui ne suffit souvent qu’à lui-même tant son éventail permet de supporter et d’orner un instrumental travaillé. Il est de ce fait une pièce maitresse au sein de l’orchestre. Il prend rapidement place sur scène et demeure l’un des premiers instruments à s’y installer aux côtés de la guitare. Instrument mais aussi véritable accessoire, Udo Jürgens est l’un des premiers à en dévoiler tout le potentiel à l’Eurovision en l’utilisant durant ses trois participations coup sur coup, marqué par le point d’orgue qu’est sa victoire pour l’Autriche en 1966.

L’Eurovision a évolué au fil des décennies et donc des tendances, amenant à des instrumentaux toujours plus compliqués. L’utilisation du piano s’en retrouve transformé. Si les piano-voix sont toujours intemporels, allant jusqu’à imposer une victoire record en 1994 avec le désormais célèbre Rock’n’Roll Kids, le piano évolue aussi dans sa forme jusqu’à devenir un accessoire à part entière notamment suite à la disparition de l’orchestre – si vous pouvez dire en quelle année, je vous félicite pour votre apprentissage et votre lecture fidèle de l’abécédaire ! Ainsi, avant les années 2000, la plus grosse « folie » est la présence de deux pianos sur scène pour apporter un moment de symbiose et de jeu entre les chanteurs. Les anglais de 1977 se régaleront à travers un jeu de question-réponse qui les emmènera juste derrière Marie Myriam tandis qu’un grand piano et un « bébé » piano représenteront la relation mère-fille (une première au Concours !) des allemandes en 1988.

Je l’avais annoncé en préambule, suite à la disparition de l’orchestre et l’utilisation intégrale d’une bande-son, tous les rêves sont permis pour faire de votre piano la star d’un soir. Les artistes ne manqueront pas d’utiliser des artifices plus fous les uns que les autres. Vous avez toujours rêvé de voir un piano en feu ? Votre vœu est déjà exaucé, l’Autriche de 2015 s’en est occupé pour enflammer la prestation hôte. Mais ne soyez pas timides, vous pouvez toujours rêver plus loin. Une danseuse de ballet qui nait telle un fleur au sein de l’abattant, un piano-tombeau pour vampire ou encore un package transparent 2 pianos en un, il y a de quoi satisfaire tout le monde à l’Eurovision !

Cette page de l’abécédaire, c’était le feu ai-je envie de dire ! Amis lecteurs, n’oubliez pas que vous pouvez aussi réagir en commentaires. Rendez-vous la semaine prochaine pour du Q ! (Attention, esprits mal placés !)