Le Festival de Sanremo connait ce soir son dénouement. Nous connaitrons enfin le grand gagnant de cette 73ème édition. Avant cela, Loreen a écouté avec un plaisir non dissimulé mais avec une patience infinie les 28 chansons. Pour cela, rien de mieux que de reprendre la troisième soirée de Sanremo pour rentrer en mode TGV comme l’ont fait avant elle Amadeus, Gianni Morandi et Paola Egonu.

Note : les notes et commentaires présentés ci-dessous n’engagent que moi. Que vous différiez en la matière ou que vous soyez d’accord, n’hésitez pas à le faire en commentaires dans le respect car les gouts musicaux sont propres à chacun. Je suis tout particulièrement curieux de savoir ce que vous en pensez et qui sont vos favoris !

Les Loreen !

Paola & Chiara – Furore

Revival des années 2000. Addictif donc, entrainant et coloré, Furore est dans la lignée et rend hommage au style qui a rendu les deux sœurs célèbres en Italie. C’est là où le bât blesse aussi, ça aurait cartonné dans les années 2000, c’est dépassé et oubliable aujourd’hui, surtout à Sanremo.

Mara Sattei – Duemilaminuti

Ballade moderne italienne. Une prestation honnête et impliquée de la part de Mara Sattei. Duemilaminuti est d’honnête facture et colle à son intreprète mais manque d’arguments pour marquer et s’imposer. La chanson gagnerait à prendre plus de risques dans l’interprétation et le style.

Rosa Chemical – Made in Italy

Redoutable, léché, osé. Made in Italy est directement marquant de par son caractère qui détonne en cette édition de Sanremo. Rosa Chemical lui-même vient apporter un plus à ce titre redoutablement pop et légèrement rappé. Prendre des risques, ça lui connait et ça paye pour rester dans la tête à défaut d’emporter pleinement le cœur.

Gianluca Grignani – Quando ti manca il fiato

Authentique, une chanson fidèle à son interprète. Gianluca Grignani vit sa chanson et y tient, cela se sent dans sa manière de communiquer les paroles. Je respecte son talent. Malheureusement, Quando ti manca il fiato tourne sur elle-même, assurant sa place dans le classico-classique italien qui ne la sert pas et m’ennuie finalement.

Levante – Vivo

Définition de « radio-friendly », Vivo est la chanson parfaite pour danser des épaules. Levante vient apporter le charisme et la conviction nécessaire au titre. Excellent moment, chanson solide, réécoute envisagée, pas de winner vibes ni d’argument imparable pour autant.

Tananai – Tango

Bien loin de l’approximatif Sessio ocassionale, Tananai nous montre qu’il est capable d’une interprétation sincère et pure. Tango est une ballade émouvante, magnifiquement dosée pour apporter de la puissance à l’histoire que Tananai respecte parfaitement avec une voix irréprochable. Il me manque juste les frissons pour être pleinement emporté.

Lazza – Cenere

Unique, risqué mais délicieux. Voilà un titre moderne et impactant, l’instrumentation est juste parfaite et vient s’imposer à moi comme un bulldozer vient valser ce qui se met en travers de son chemin. Lazza a le charisme qu’il faut, ses gestes et son interprétation viennent vraiment servir Cenere et apporter toute l’attention que le titre mérite. Premier coup de coeur !

LDA – Se poi domani

Ballade honnête, interprétation honnête. LDA a tendance à s’éparpiller sur scène, peut-être un manque d’expérience ? Rajouté à cela, Se poi domani est une chanson déjà entendue bien que solide, manquant réellement d’une envolée salvatrice. Ceci ne pardonne pas dans un festival comme celui de Sanremo.

Madame – Il bene nel male

Artiste iconique donc attendue, résultat à la hauteur, Il bene nel male renversant et rentre-dedans. Madame est incroyable de charisme et de conviction, redéfinissant encore une fois la chanson moderne italienne avec des paroles franches mais d’une honnêteté nécessaire. Mon cœur bat tout simplement à chaque percussion, chaque beat de ce tube en puissance. Deuxième coup de cœur et l’un de mes grands favoris de cette édition.

Ultimo – Alba

Trois secondes suffisent pour qu’ Alba crie « Ultimo Style ». C’est déjà un bon point puisque ça s’inscrit dans l’identité de l’artiste et en renforce son authenticité. Le problème, c’est que Alba est clairement la moins bonne des chansons qu’il a présentée : une ballade plate, sans enjeu et pour faire de l’italo-italien pour s’asseoir sur quelque chose de déjà acquis. Ennui est finalement le maitre mot.

Elodie – Due

Regard accroché à l’écran, impossible de s’en détacher. Elodie demeure une interprète remarquable puisqu’elle sait aller chercher l’attitude qu’il faut et prend une place parfaitement ajustée à son titre très radio-friendly. Due est marquant, aurait tendance à s’essouffler finalement mais Elodie tient l’haleine et je prends finalement plaisir à écouter.

Petit aparté pour souligner mon respect auprès de sa cheffe d’orchestre qui chante aussi en même temps !

Mr. Rain – Supereroi

Mr. Rain montre que la sobriété suffit parfois à s’imposer sur la scène de Sanremo. Si le public italien est à fond derrière Supereroi, j’émets quand même quelques réserves. Si l’ensemble est vraiment charmant, surtout avec ce chœur d’enfant qui vient clairement apporter un plus au refrain et à la performance, Supereroi reste honnête et seulement honnête dans sa proposition, vite effacée trois ou quatre chansons plus tard.

Giorgia – Parole dette male

Une voix en or servie à merveille par un titre qui permet à Giorgia de l’exprimer. Sur-mesure donc, Parole dette male pourrait paraitre intéressant de ce point de vue mais le fait est qu’il s’agit d’une ballade à l’italienne mille fois vue et rabâchée. Il n’y a que Giorgia pour sauver la chanson de l’ennui qui aurait pu se dessiner chez moi.

Colla Zio – Non mi va

Pourquoi se casser la tête ? Colla Zio veut profiter et ça se voit, Non mi va est vraiment fun et le bonheur du groupe est contagieux. Ca se voit que ce sont des jeunes chanteurs, encore inexpérimentés, mais c’est l’intention qui compte. Colla Zio ne viendra pas inquiéter le haut du classement mais viendra marquer Sanremo à leur échelle.

Marco Mengoni – Due vite

Marco Mengoni est le grand favori de cette édition et à juste titre. Si Due vite me paraissait banale dans les premières secondes, elle prend vie avec l’interprétation époustouflant de Marco Mengoni qui la pousse dans un crescendo haletant et émouvant. Une interprétation parfaite, des notes magnifiques, une présence qui emplit l’Ariston. Les frissons sont là.

Colapesce Dimartino – Splash

Colapesce et Dimartino ou l’art de faire des titres entêtants, collant à la peau pendant plusieurs jours. Colapesce Dimartino apportent une énergie juste et contrastée entre joie et tristesse, poussant encore plus le message de Splash. Rajouté à cela, un titre qui se démarque, détonne, qui est entrainant et d’excellente qualité. Mélange délicieux !

Coma_Cose – L’addio

Harmonie, communion, amour, complicité. Ces échanges de regards apportent une émotion fidèle et une puissance émotionnelle à L’addio. Entre éloignements et rapprochements, l’ensemble prend vie avec une telle sincérité. Le titre lui-même ne s’essouffle jamais avec des couplets extrêmement bien jaugés jusqu’à la dernière seconde. Je vis et je redemande !

Leo Gassman – Terzo cuore

Charmant, extrêmement charmant. Léo Gassman a bien compris qu’il est un bel homme et il s’en sert pleinement pour jouer avec la caméra. Pari gagnant puisque l’attention est retenue pleinement tandis que Terzo cuore passe avec une construction pop extrêmement addictive. Je prends ! Attention néanmoins à la justesse vocale à certains moments…

I Cugini Di Campagna – Lettera 22

Inattendu. Non pas que le titre soit particulier mais c’est inattendu de la part de I Cugini di Campagna. Nous y retrouvons le genre de musique légère du groupe mais ce titre a une ambiance propre à lui-même que je ne saurai définir. Il ne s’agit néanmoins d’un titre bien trop posé, trop calme pour pouvoir être offensif mais la communion du groupe marque. Finalement, je me surprends à chantonner dans ma tête le refrain.

Olly – Polvere

L’une des plus grandes surprises de cette édition de Sanremo. Olly a beau venir de Sanremo Giovani, il ne laisse rien transparaître de sa jeune expérience en occupant pleinement la scène de l’Ariston. Ses déplacements en rythme avec l’instrumentation dePolvere vient renforcer la puissance de ce titre radio-friendly. Pop diablement plaisant !

Anna Oxa – Sali (Canto dell’anima)

Quelle voix, quelles notes ! Anna Oxa montre qu’elle est l’une des artistes les plus talentueuses d’Italie, Sali est en cela pleinement adapté à elle. Mais pourquoi avoir donné un titre classico-classique à une telle artiste ? Déjà entendue, mille fois rabâchée et manquant d’éclat, Sali m’ennuie. Et ça ne pardonne pas à Sanremo.

Articolo 31 – Un bel viaggio

Retour dans les années 90. Un bel viaggio est un hommage juste à la carrière musicale d’Articolo 31 puisque le titre respecte lui-même l’identité du duo, dans la lignée de leurs plus grands succès. Il n’en a pas le panache néanmoins. Articolo 31 porte tout de même leur chanson avec conviction, tournant autour d’un refrain qui ne me laisse pas indifférent. Effort apprécié.

Ariete – Mare di guai

Inoffensif. Malheureusement, Ariete nous propose une ballade plate, on en fait très vite le tour. Le potentiel est pourtant là mais Ariete n’apporte pas l’énergie nécessaire au titre en restant elle-même dans une émotion qui enferme plus qu’elle n’ouvre. Ecoute agréable très vite effacée à la prochaine chanson. En somme, un potentiel gâché.

Sethu – Cause perse

La meilleure mise en scène de cette édition. L’ensemble visuel s’accorde parfaitement à Cause perse qui ne perd pas son temps pour marquer tant l’entame est intense et puissante. Sethu vit et partage son titre avec une énergie formidable, élevant son titre. L’ensemble manque néanmoins d’un facteur X pour propulser et démarquer la chanson.

Shari – Egoista

Attitude. Ce que je retiens de cette prestation est l’attitude de Shari, toujours au point et absolument juste, servant parfaitement l’interprétation d’Egoista. La place que prend Shari est pleinement adaptée au message de sa chanson. Le problème est qu’Egoista manque d’un souffle nouveau et d’arguments pour marquer.

giANMARIA – Mostro

Talent monstre, potentiel monstre. giANMARIA s’installe comme l’un des artistes les plus prometteurs de la scène musicale italienne. Il a cette capacité à apporter un côté dur, sombre mais réaliste dans ses chansons sans pour autant oublier d’être accessible et entrainant. Mostro est un excellent exercice en l’occurrence mais n’offre pas suffisamment le matériel nécessaire pour exploser

Modà – Lasciami

Cette manière d’énoncer les « Lasciami ». En un mot, Modà arrive à faire transparait l’émotion contrastée entre amour et séparation. Certainement le point fort d’une ballade rock qui reste malgré tout classique. Lasciami ne vient pas révolutionner le genre mais reste une proposition honnête et agréable à écouter.

Will – Stupido

Inoffensif. Stupido s’enferme sur elle-même et donne cette impression de l’avoir déjà entendu. On en fait très vite le tour. De surcroit, le peu d’expérience de Will, qui s’éparpille dans ses gestes et ses mouvements, transparait malheureusement. Ecoute agréable mais cela ne suffit pas et ne pardonne pas à Sanremo.

Bilan

Loreen est heureuse : cette 73ème édition du Festival de Sanremo est à la hauteur du Festival lui-même. La line-up est encore une fois d’une excellente qualité et d’un niveau élevé avec des tubes en puissance qui ne manqueront pas d’exploser dans les charts en Italie. Loreen a dû être exigeante car elle savait que la crème de la crème des sélections nationales l’attendait. Les notes ne sont réellement pas représentatives de la qualité des chansons associées mais il fallait bien départager.

Qui pourrait gagner le Festival de Sanremo cette année ? La réponse n’a jamais été aussi claire : Marco Mengoni L’artiste est archi favori et domine le Festival depuis le début à juste titre tant son talent et la puissance émotionnelle de Due vite convainc comme en témoignent les standing ovation au sein du théâtre Ariston. Il ne fait aucun doute que s’il remporte le Festival, il saura aussi se placer dans le haut du classement à l’Eurovision dans la lignée des participations précédentes

Néanmoins, s’il faut raisonner en terme d’Eurovision. Deux titres tirent leur épingle du jeu de par leur caractère unique et percutant : Il bene nel male de Madame et Cenere de Lazza. Tous deux ont les arguments pour plaire à l’internationale en s’inscrivant dans une optique résolument moderne et avec un potentiel monstre pour la mise en scène sur la scène de Liverpool en mai.

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Crédits photographiques : Rai