Ce mercredi 5 avril, a donc eu lieu le troisième concert intermédiaire : l’Israel Calling de Tel Aviv.

Voici la compilation des prestations, par ordre alphabétique. J’y ai ajouté mes petits commentaires personnels, en me montrant plus concis pour les artistes déjà entendus à Riga et à Londres.

Allemagne – Levina – Perfect Life – Finale

Levina demeure égale à elle-même et Perfect Life aussi. La chanteuse s’époumone en vain, la chanson ne décolle pas. Vous pourriez y ajouter des lumières, des stroboscopes, des feux de Bengale, des rideaux d’étincelles, un mur virtuel et le faire grimper à Levina, que PL n’en décollerait pas pour autant. Cette chanson est une cause perdue. Même Conchita, même Loreen, même ABBA n’aurait pu gagner l’Eurovision avec ce machin tiédasse. Rendez-vous le 13 mai pour explorer les fonds marins du classement. Une pitié quand on songe à toutes les bonnes chansons qui ont été éliminées durant la Saison et qui auraient pu avantageusement remplacer PF… Au hasard, ceci, cela et évidemment ça.

Arménie – Artsvik – Fly With Me – Première demi-finale

Le positif : La version studio m’avait laissé quelques doutes, mais en direct, FWM prend vie et son envoûtante mélodie retient l’attention. Nul doute qu’avec la chorégraphie et la présentation visuelle, le morceau s’envolera vers la finale. C’est étrange et différent, appréciable par sa recherche musicale. Artsvik élève également la chanson par sa voix unique et une prestation vocale, ici, impeccable. L’Arménie reste au sommet de son art eurovisionesque et donne une belle leçon à l’Allemagne.

Le négatif : FWM vole plus haut que le PF allemand, mais ne percera pas le toit du Centre d’Exposition International. Le refrain se fait attendre, la chanson tarde à exploser dans les clés et les notes, le téléspectateur lambda qui l’entendra pour la première fois restera au bord de la route. Rien à redire sur Artsvik, le morceau étant adapté à sa tessiture.

Conclusion : Une autre bonne contribution arménienne qui à mon avis, connaîtra le même destin que Face The Shadow. Une qualification, des applaudissements en finale et une place en milieu de classement. Car il manque à cette chanson un je-ne-sais-quoi de mémorable, de marquant, susceptible de faire voter en masse la ménagère italienne, le retraité autrichien ou le juré monténégrin.

Autriche – Nathan Trent – Running On Air – Deuxième demi-finale

Cette fois, la bande-son a eu la grâce d’accompagner Nathan dans ses trois minutes. Le chanteur autrichien s’en sort une nouvelle fois à merveille. Il est toujours aussi enthousiaste et communicatif, l’un des candidats les plus sympathiques de cette année. Bonne prestation vocale (une note finale un peu hurlée, tout de même) et très bonne présence scénique. Hélas, ROA reste une chanson trop simple, trop légère que pour s’imposer dans la deuxième demi-finale. Néanmoins, je souhaite le meilleur à Nathan. Qu’il savoure chaque instant et que cette participation au Concours aie le meilleur impact possible sur sa carrière.

Belgique – Blanche – City Lights – Première demi-finale

C’est mieux qu’à Londres (tout de même). Ici, notre amie Blanche a l’air plus en confiance, moins crispée. Elle interagit mieux avec le public, qui le lui rend bien. Sur un plan plus superficiel, j’aime beaucoup ce nouveau look, plus sophistiqué, plus mature. Néanmoins, la prestation vocale me laisse sceptique. L’on sent qu’elle chante un ton en-dessous de sa tessiture, que cela est un parti-pris musical, qu’elle n’y est pas à l’aise. L’ensemble donne en direct une impression contrainte et forcée et manque terriblement de puissance. Cela n’envoie ni énergie, ni émotion. Et lorsque que la chanteuse doit monter dans les tons, elle en perd la voix. Franchement, je suis plongé dans le doute et l’incertitude. City Lights est l’une des meilleures chansons de cette année, mais Blanche a les épaules trop frêles que pour la porter. Il lui reste encore un mois. C’est peu et beaucoup à la fois. J’espère qu’à l’arrivée, mes craintes auront été infondées. Un peu comme pour Roberto Bellarosa, maintenant que j’y repense…

Biélorussie – Navi – Historiya majho zhitsiya  – Deuxième demi-finale

Eux, en revanche, ont de l’énergie à revendre. Arciom et Kseniya poursuivent leur parcours et leur histoire eurovisionesque avec la même constance et la même bonne humeur. Leur prestation israélienne égale les précédentes. HMZ n’est pas ma tasse de thé, son côté floklorique et amateur me hérisse, mais je suis convaincu qu’elle trouvera son public. Reste à savoir s’il sera assez nombreux que pour les qualifier. Si c’est le cas, tant mieux pour nos amis biélorusses.

Bulgarie – Kristian Kostov – Beautiful Mess – Deuxième demi-finale

Si jeune et si impressionnant. Kristian confirme son essai londonien et livre une nouvelle prestation parfaite de sa chanson. Sa voix est admirablement posée et étonnament grave, profonde, constante. La qualification me semble plus que certaine, nécessaire même pour la crédibilité du Concours. Une fois en finale, un bon classement est à attendre. Certains d’entre vous pronostiquent un podium. Pourquoi pas, si la présentation visuelle est à couper le souffle. Là-dessus, espérons que l’Allemagne et l’Espagne prendront des notes durant ces trois minutes bulgares…

Danemark – Anja Nissen – Where I Am – Deuxième demi-finale

Croyez-vous qu’elle dorme avec sa robe ? Envisage-t-elle de la quitter un jour ? Car cela tourne au mème… Ce détail mis à part, Anja reste constante dans l’excellence. Ses qualités vocales sont remarquables et sa présence honore le Concours. Dommage que WIA soit si beige (si vous me comprenez). Certes, la chanson danoise est plus marquante que l’allemande, mais à peine. Donc, à mon avis, si qualification il y a, elle récompensera plus Anja que WIA et en finale, il ne faudra pas s’attendre à monts et merveilles.

Espagne – Manel Navarro – Do It For Your Lover

Manel a beau gratouiller sa guitare et s’épiler le torse, le charme n’opère pas. Pourtant, il est plutôt bon chanteur, mais comme pour l’Allemagne, sa chanson ne vaut pas tripettes. À mon avis, il ne dépassera jamais la vingtième place en finale. Et encore… À nouveau, c’est à hurler car les lambda verront DIFYL, riront et ne sauront jamais quels bijoux ont été éliminés dans d’autres sélections, qui auraient illuminés cet Eurovision 2017. Comme ceci, cela ou ça. Ainsi va l’Eurovision…

Finlande – Norma John – Blackbird – Première demi-finale

Nouvelle prestation réussie pour Lasse et Leena. Le groupe mériterait la finale pour sa proposition poétique et différente des canons habituels. Je pense qu’ils seront soutenus par les jurés et les fans. J’émets des réserves quant au soutien des ménagères, des retraités et des lambda pour qui l’Eurovision se doit d’être une fête échevelée, émaillée de chansons hilarantes où des rappeurs courtisent des yodeleuses (suivez mon regard). Ceux-là ne décrocheront pas leur téléphone pour notre duo finlandais. Sur ce, je croise les doigts (mais je le décroiserai au moment du vote, soyez-en sûrs).

France – Alma – Requiem – Finale

Si les ménagères croates et les retraités hongrois ne décrochent pas leur téléphone pour Alma, c’est à désespérer de l’Univers ! Notre chanteuse de l’année est irrésistible, l’incarnation parfaite de la France et de la chanson française. Sa prestation est à nouveau impeccable. Alma nous emporte avec elle, trois minutes durant, à travers les rues de Paris et je vous le redis, amis Français, c’est tout ce qu’attend le public européen et australien. N’oubliez pas (comme qui dirait) : votre pays, votre capitale, votre langue, votre scène musicale font rêver la Terre entière. Et c’est précisément ce rêve qu’Alma et Requiem parviennent à condenser en trois minutes. Une victoire ? Possible. Vous aurez maille à partir avec Francesco et son gorille, mais vous avez tous les atouts en main.

Géorgie – Tamara Gachechiladze – Keep The Faith – Première demi-finale

Le positif : Tako-Tamara l’avait prouvé, elle le réaffirme : elle est une chanteuse expérimentée, chevronnée. Sa prestation vocale ne souffre aucune critique, aucun reproche. Elle atteint les notes les plus hautes avec aisance, une vraie professionnelle. Voilà qui est parfait pour un Concours désormais réservé aux artistes confirmés. KTF est une ballade à message, dans le style « développement personnel et estime de soi ». Elle devrait parler à de nombreux lambda, surtout si la présentation visuelle inclut des images d’enfants affamés et de vieillards chassés de leur village par les soldats d’un certain pays situé au nord de la Géorgie…

Le négatif : À titre personnel, je trouve Tamara-Tako, effrayante. En 2009, ça allait encore, mais là, elle ressemble à LaToya Jackson. Le téléspectateur lambda sera-t-il rebuté par cet excès de chirurgie esthétique ? En tout cas, s’il surmonte cette impression visuelle perturbante, il entendra une énième ballade écrite pour le Concours. KTF respecte les codes du genre jusqu’à la lassitude. Et dans cette première demi-finale, je trouve les ballades finlandaise et australienne moins stéréotypées.

Conclusion : J’ai la nostalgie de Nika et de ses Lolitas. Quel terrible contraste… Ce qui m’amène à cette constatation : la Géorgie n’a aucun cap en matière d’Eurovision. Chaque année donne l’impression d’être la première. Quant à moi, j’aurais souhaité que la GPB creuse le sillon des deux dernières années, au lieu d’en revenir à 2013.

Irlande – Brendan Murray – Dying To Try – Deuxième demi-finale

Le positif : Si Kristian a une voix étonnament grave, Brendan a une voix étonnament aigue. Ces contrastes sont intéressants. Le chanteur irlandais joue à merveille de son falsetto et offre une prestation vocale de très bon augure. Les jeunes filles en fleur et les ménagères romantiques seront séduites par ce visage et cette voix d’ange. DTT est, selon moi, l’une des meilleures ballades de cette année et l’une de mes préférées. Il y a du souffle et de l’émotion, une certaine dramaturgie, des arrangements qui rendent un bel hommage aux années 2000 et qui rappeleront de bons souvenirs aux nostalgiques de cette époque.

Le négatif : Les autres riront sans doute et préfèreront les arrangements plus ethniques de Beautiful Mess. Je me demande aussi s’ils ne riront pas de ce falsetto, autre parti-pris vocal à risque. Brendan évoque un peu ces ados qui n’ont pas commencé leur mue. Et les notes les plus aigues donnent l’impression qu’il s’est coincé les joyeuses dans la fermeture éclair de son jean. Moins de force et plus de subtilité rééquilibrerait l’ensemble en sa faveur.

Conclusion : Ceci dit, je pinaille pour le plaisir du bon mot, car DTT est la proposition irlandaise la plus convaincante de cette décennie. Si Brendan réfrène ses envies d’imiter Lindita Halimi et de hurler son dernier refrain, il peut espérer une qualification. Tout est décidément possible dans cette deuxième demi-finale…

Israël – Imri Ziv – I Feel Alive – Deuxième demi-finale

Le positif : Imri confirme les attentes placées en lui. Il prend possession de la scène et délivre trois minutes imparables. Il possède une très belle voix, un très beau visage, une parfaite présence scénique. Sa prestation vocale est impeccable, il se laisse porter par un public (forcément) conquis, tout lui semble d’une évidente facilité. IFA est un morceau festif, dansant, qui donne envie de s’éclater jusqu’à l’aube sur la plage de Tel Aviv. L’instrumental traditionnel s’insère bien dans la partition, donnant du relief à la chanson.

Le négatif : Je ne vois rien à reprocher à Imri. Il prolonge les participations réussies de Nadav et Hovi. Reste que IFA est un morceau d’Eurodance assez impersonnel. C’est parfait pour conclure une demi-finale à l’Eurovision, mais cela manque d’âme et d’originalité. Il n’y a même pas le petit clin d’oeil conclusif de Golden Boy. À titre personnel, j’aurais étendu l’instrumental du pont à toute la chanson, pour obtenir un mélange entre folklore et contemporain, qui fonctionne toujours à merveille au Concours.

Conclusion : À mon avis, Imri se qualifiera. Sa proposition est cohérente et répondra aux attentes des lambda pour qui « Eurovision = Party For Everybody« . Le chanteur fera honneur à son pays et IFA sera longtemps diffusée dans les soirées dansantes organisées par les fans. Une réussite en soi…

Lettonie – Triana Park – Line – Première demi-finale

Agnese possède une impressionnante collection de perruques, Cher doit en être jalouse. Hormis ces rebondissements capillaires, Triana Park poursuit son parcours eurovisionesque, sans faute musicale. Ces trois minutes à Tel Aviv convainquent vocalement, mais démontrent que sans un visuel percutant et un univers où transporter le spectateur, Line tourne en rond. Un refrain plus élaboré aurait porté la chanson au pinacle. À voir donc, le 9 mai prochain.

Lituanie – Fusedmarc – Rain Of Revolution – Deuxième demi-finale

Le positif : Vous avez déjà irrémédiablement condamné la Lituanie. Moi, pas encore. J’aime ROR, surtout dans sa version studio. Je trouve ce morceau à la bonne croisée des genres et j’avais apprécié sa première présentation à l’Eurovizijos atranka. Musique et chant y étaient en équilibre. Viktorija était là encore dans la mesure et la sobriété. L’ensemble était porteur et disposait d’un potentiel certain.

Le négatif : Mais à partir des quarts de finale, Viktorija a pris une direction de plus en plus caricaturale. Elle s’est affublée d’un imper rouge, de lunettes de soleil et d’une coupe de cheveux absurde. Elle a accentué ses notes aigues et forcé sur les hurlements, les trémolos et les inflexions maniéristes. Curieusement, cela a plu sans cesse croissant, jusqu’à ce que le groupe remporte la sélection lituanienne. Sur ces entrefaites, le chant avait pris le dessus sur la musique et la chanson n’était plus que l’ombre d’elle-même. Ces trois minutes à Tel Aviv le confirme : le groupe se ridiculise et sa prestation me semble ratée au possible. Viktorija s’est muée en plaisanterie stylistique. Qu’elle se présente ainsi à Kiev et elle repartira avec le Prix Barbara-Dex.

Conclusion : Pour le coup, c’est à pleurer. Car une honnête proposition s’est transformée en monstre musical, a volé la victoire à au moins trois excellents morceaux (un, deux, trois) et fonce droit vers un mur. Seule issue : dépouiller ces trois minutes de leurs ajouts absurdes et en revenir à la simplicité originelle. Mais bon, à nouveau, je rêve et la Lituanie se dirige vers l’élimination.

Macédoine – Jana Burceska – Dance Alone – Deuxième demi-finale

Cette fois, Jana a la bonté de chanter en direct. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de sa chanson. Concentrons-nous sur sa prestation vocale. Je redoutais une catastrophe naturelle, il n’en est rien. Jana s’en sort honorablement. Mais elle a encore du chemin à parcourir vers la perfection. C’est assez nasillard et cela manque d’envolée. Rien de dramatique dans les conditions acoustiques limitées d’un club, non plus. Avec du travail, du travail, du travail et bonne présentation visuelle, la Macédoine se qualifiera. À confirmer samedi, à Amsterdam.

Malte – Claudia Faniello – Breathlessly – Deuxième demi-finale

Forcément, neuf candidats seront éliminés en deuxième demi-finale. C’est la règle, impossible d’y couper. Et je pense que la pauvre Claudia sera du lot. Elle a pourtant une voix et un professionnalisme remarquables, elle le prouve à nouveau. Mais Breathlessly n’est pas une proposition assez forte, assez marquante. Rendez-vous une autre année, avec un morceau transcendant le Concours et susceptible d’apporter la victoire à Malte et à Claudia.

Moldavie – SunStroke Project – Hey Mamma – Première demi-finale

Le positif : L’entente et la bonne humeur de nos trois représentants moldaves est un plaisir. SunStroke Project incarne à merveille notre équation « Eurovision = Party For Everybody ». Ils ont de l’énergie à revendre, Sergei offre des prestations vocales d’une constance excellente et Sergey incarne à souhait l’Epic Sax GuyHM leur va comme un gant. Ils se sont taillés cette chanson à leur mesure et la porte fort bien. C’est dansant, c’est léger, c’est le mois de mai.

Le négatif : À nouveau, c’est léger, très léger, surtout pour cette première demi-finale. HM est un morceau sans autre objectif que de distraire le téléspectateur durant trois minutes. Cela n’ira pas plus loin. Les amateurs de tubes de l’été, de saxophones et de mèmes adhéreront, les autres souriront, mais oublieront de voter. Reflet des avancées musicales du Concours : une chanson sympathique ne suffit plus.

Conclusion : Aucun regret à avoir. HM était le meilleur choix possible pour la Moldavie. Je suis très heureux de revoir les SunStroke Project, tellement ils sont sympathiques. Leur proposition me semblent, hélas, trop simple, voire trop simpliciste. Encore une fois, qu’ils profitent de leur retour eurovisionesque, qu’ils nous amusent durant trois minutes et qu’ils reviennent avec une autre proposition, plus dense, plus fouillée, plus construite.

Monténégro – Slavko Kalezic – Space – Première demi-finale

Slavko est décidément son pire ennemi. C’est un artiste rempli de fantaisie et d’originalité, doublé d’un bon chanteur. Cette combinaison ferait des merveilles à Kiev, si ce n’était ces excès scéniques. Space nécessite, selon moi, une présentation sobre pour compenser ses effets camp. Mais là, cette tresse, ce body, ces gesticulations torpillent la crédibilité du morceau et de l’interprète. Présentez ces trois minutes-ci à un lambda et il vous rira au nez. Je prie le ciel pour que Slavko rentre dans son placard et s’y dépouille de ces artifices. La probabilité me semblant faible, il ira rejoindre Rambo Amadeus et Who See au purgatoire du Concours.

Norvège – Jowst – Grab The Moment – Deuxième demi-finale

Jowst réitère sa prestation londonienne. L’ensemble est très bon, frais, contemporain et rend bien sur scène. Cela pourrait être une idée de présentation : recréer l’ambiance d’un concert. GTM est un morceau que l’on pourrait entendre sur une radio actuelle. Il n’a qu’une seule faiblesse, selon moi (et je me répète) : une entame trop peu marquante. J’aimerais que la Norvège se qualifie, tant cette proposition est construite. À voir et à juger sur pièce, le 11 mai.

Pologne – Kasia Mos – Flashlight – Première demi-finale

Kasia ne commet ici aucune fausse note, ni au sens propre, ni au sens figuré. Elle est prête pour ses trois minutes eurovisionesques. Elle pourrait d’ailleurs y aller, là, tout de suite, tant ses prestations demeurent parfaites et constantes. Une des meilleures chanteuses à voix de cette année. À titre personnel, j’aime Flashlight, sa partition et son univers. Justement, à la différence de GTM, l’introduction de ce morceau est marquante. Je persiste à penser que Kasia décrochera sa qualification.

République Tchèque – Martina Barta – My Turn – Première demi-finale

Comme Kasia, Martina confirme l’excellence de ses talents. Cette prestation est irréprochable sur le plan vocal et artistique. Martina et sa chanson font corps. J’aime cette robe en lamé, cela me transporte en imagination dans un nightclub chic et en vogue, comme l’on en voit dans les films hollywoodiens de l’Âge d’Or. Une atmosphère et une ambiance possible à recréer sur la scène du Concours. Mais à mon avis, les téléspectateurs ne décrocheront pas leur téléphone pour Martina. Ce qui, quelque part, est injuste. Mais depuis quand l’Eurovision est-il le royaume de la justice musicale ?

Roumanie – Ilinca & Alex Florea – Yodel It! – Deuxième demi-finale

En parlant de justice musicale… S’il y en avait une, Martina se qualifierait et ces deux-là seraient foudroyés sur le champ. Impossible d’être objectif envers cette proposition roumaine, tant elle me sort par tous les trous. Je n’ajouterai donc rien. Si vous aimez, réjouissez-vous : la qualification est assurée. Si vous détestez, faites comme moi : prenez votre mal en patience et votez en masse pour d’autres pays.

Saint-Marin – Valentina Monetta & Jimmie Wilson – Spirit Of The Night – Deuxième demi-finale

Le positif : Valentina aime l’Eurovision et l’Eurovision le lui rend bien. Cela réchauffe le cœur de voir des artistes s’investir autant dans le Concours et offrir autant de soi aux fans. Et puis, notre reine saint-marinaise écrit l’Histoire du Concours à sa mesure. Sans que nous l’ayons prévu, elle est devenue un monument, un pilier, un monstre sacré de l’Eurovision. Et lorsque nous fêterons les cent ans du Concours, elle aura sa place au panthéon de ses gloires, entre Elisabeth Andreassen et Lys Assia. Plus encore : Valentina est, quoi qu’on en dise, une excellente chanteuse, professionnelle, drôle et charismatique. Impossible de ne pas l’aimer. Elle nous prouve ici l’étendue de son talent. Sa prestation vocale ne souffre aucun reproche. Jimmie, de son côté, est à sa hauteur. Tous deux forment un excellent duo.

Le négatif : Dommage qu’autant de talent soit gâché sur une chanson aussi passable. SOTN n’est pas une daube intégrale, non, plutôt une production passéiste, sans envergure, ni inspiration. Ces trois minutes demeureront anecdotiques et seront éclipsées par des prestations plus convaincantes (Bulgarie, Serbie,…) ou plus clinquantes (Roumanie, Estonie,…). Je comprends le dilemme de la télévision saint-marinaise : participer, sans en avoir les moyens et devoir s’en remettre à des représentants milliardaires susceptibles de s’auto-financer. Mais quitte à vendre chaque année son âme au dieu de l’argent, autant choisir quelqu’un au fait des tendances actuelles…

Conclusion : Ce morceau gravera son titre dans la légende de l’Eurovision, mais aucunement pour ses qualités musicales. Et ses chances de qualification me semblent nulles. Si Ralph Siegel a de l’argent à dépenser, il pourrait au moins se payer une suédoiserie bien tournée, plutôt que de se vautrer musicalement. Il en devient gênant à la longue… Mais j’imagine qu’il récupère une partie de son investissement grâce aux droits d’auteur… Au final, trois minutes dispensables. Et j’ai comme l’impression que la grande histoire d’amour entre Saint-Marin et Ralph Siegel est partie pour durer…

Serbie – Tijana Bogicevic – In Too Deep – Deuxième demi-finale

Le positif : Depuis 2015, la télévision serbe s’est mis à l’anglais. Avec des résultats appréciables. ITD poursuit dans cette voie. Il s’agit d’un bon morceau, bien produit, bien fini, du bel oeuvre. Il réussit l’exploit d’être contemporain, mais pas trop non plus, histoire de toucher le plus large public possible et de n’effaroucher aucune ménagère, aucun retraité, aucun juré. Tijana est, de son côté, une très bonne chanteuse, qui porte son morceau avec aisance. Le soir venu, elle assurera le spectacle vocal et visuel.

Le négatif : J’espère tout de même qu’elle sera plus concentrée à Kiev qu’à Tel Aviv. Car ici, elle semble distraite et penser à autre chose qu’à sa chanson. Elle manque certains départs et certains effets, se rattrape au bord du précipice et compense avec les notes les plus exigeantes. Une prestation un peu légère, qui sera certainement corrigée. Quant à ITD, il s’agit  d’un morceau assez consensuel, qui ne déchaîne pas les foules. Je n’en suis pas tombé de ma chaise à première écoute. C’est bon, ce n’est pas exceptionnel.

Conclusion : Une proposition convaincante de la part de la Serbie. Une qualification me semblerait méritée, surtout si la mise en scène et le visuel embellissent l’ensemble. Tijana est aussi une artiste digne de figurer en finale. Arrivés là, elle et sa chanson devraient stagner, un peu comme Sanja l’an dernier.

Slovénie – Omar Naber – On My Way – Première demi-finale

Plus j’écoute cette chanson, plus je regarde Omar la chanter, plus je vois ses chances de qualification s’éloigner. Le contraste est trop marqué entre l’interprète et le morceau. OMW est une ballade que l’on verrait plutôt interprétée par une jeune fille en fleur, que par un trentenaire renfrogné. Omar, quant à lui, est un bon chanteur, mais il m’apparaît peu crédible dans ce genre musical. Le plus intriguant est qu’il a écrit et composé ce morceau lui-même. Sans doute après avoir revu tous les classiques de Disney. À mon sens, il aurait mieux fait d’allumer sa radio…

Suède – Robin Bengtsson – I Can’t Go On – Première demi-finale

À quoi bon le nier ? Sans les danseurs, les tapis roulants et la chorégraphie, ICGO perd de son attrait. Je me demande à présent ce qu’il serait advenu si toutes les chansons du MF avaient été chantées sans effets spéciaux et montages techniques. ICGO l’aurait-elle emporté ? Pure spéculation, de toute façon. Robin m’a l’air plus en forme qu’à Londres et communique mieux avec le public. Il se lâche plus et du coup, la justesse est plus fluctuante. Rien de gravissime et rien qui ne devrait inquiéter Christer Björkman : la Suède se qualifiera pour la finale, comme sur un tapis roulant…

Suisse – Timebelle – Apollo – Deuxième demi-finale

Le positif : Timebelle prouve qu’il est un groupe de scène. Il recrée une ambiance de concert et communique à merveille avec le public. Miruna délivre une prestation vocale sans faiblesse, ni fausseté. Elle tient la note et la développe avec richesse et subtilité. Elle est heureuse de chanter et projette sa bonne humeur et son charisme. D’excellents représentants pour la Suisse. De son côté, Apollo est une chanson qui se retient à première écoute. Dès le refrain, le spectateur est capable d’embrayer et de jouer les chœurs. Bref, le morceau atteint son objectif : entrer dans l’oreille et y rester.

Le négatif : Rien à redire sur Timebelle et sur Miruna, c’était le meilleur choix possible cette année, à la sélection suisse. Mais à titre personnel, Apollo ne m’exalte pas. C’est une honnête suédoiserie, sur le modèle de Miracle. C’est bien tourné, bien chanté et voilà. Le morceau sonne creux à mes oreilles. Je pencherais pour une qualification, ceci dit, mais une stagnation en finale, toujours comme Miracle. D’une autre côté, pareil résultat pour la Suisse, après deux années aussi catastrophiques, serait du pain béni.

Conclusion : Un bel effort helvétique, tout de même. Le ressort essentiel de cette proposition réside, pour moi, plus dans Miruna que dans Apollo. Soit, ne chicanons pas et visons pour la Suisse un objectif raisonnable : la qualification, à portée de mains, je pense. Pour le reste, on en reparlera l’année prochaine…

Conclusion

Encore un bien beau concert ! Je décernerai ma médaille d’or à Alma, pour une prestation encore une fois très réussie. Médaille d’argent pour Kristian et son incroyable voix. Médaille de bronze pour Kasia, qui survole vocalement les autres concurrents. Et carton rouge pour Fusedmarc, qui à force de trop d’attitudes et de manières, tuent leur morceau.

À part cela, je m’inquiète sérieusement pour mes deux demi-finalistes favorites. Blanche et Jana ont encore du travail à abattre, si elles souhaitent se qualifier. Toutes deux ont d’excellentes chansons, mais leurs prestations, jusqu’à présent, ont été ratées. Blanche n’est pas à l’aise sur scène, cela se sent, cela se voit, cela s’entend. Elle ne projette du coup ni voix, ni énergie, ni aura. Dans un mois, elle devra affronter la scène du Concours, un public visible de 7000 personnes et invisible de 200 millions de téléspectateurs. Le monde entier aura les yeux littéralement rivés sur elle. Comment va-t-elle gérer cette pression et occuper physiquement la scène ? Je me le demande… Quant à Jana, vocalement, elle sème le doute. Elle aurait tout intérêt à travailler sa chanson et sa voix, jusqu’à atteindre la perfection. Sinon, ce sera la qualification par la petite porte et la claque en finale, alors que Dance Alone dispose d’un potentiel suffisant pour offrir à la Macédoine la meilleure place de son histoire au Concours.

Sur ce, je vous laisse en compagnie de Dana, Shir et Tim et vous fixe rendez-vous pour le compte rendu de l’Eurovision in Concert. Dans l’attente, passez une excellente soirée et répondez à notre petit sondage, ci-dessous.

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