R2016_A0000_12028459-30p9diq29j2u56f07v7xfuVous l’aviez dit, vous l’aviez prédit : Laura Tesoro a donc remporté l’édition 2016 de l’Eurosong, avec son What’s The Pressure. L’on peut décidément faire confiance aux fans pour désigner la meilleure chanson possible au milieu d’un lot ! Selon nous, la victoire de Laura démontre à nouveau une équation fondamentale de l’Eurovision : pour gagner, il ne faut pas plaire à tout le monde (c’est d’ailleurs impossible), mais au plus grand nombre (cette majorité silencieuse qui ne s’exprime qu’au moment crucial du vote). Et puis quand on est adoubé par Christer Björkman en personne… Car au final, cette soirée a eu un côté très « Silence ! Le Maître parle ! »…

Revenons en détails sur ces cent minutes de dimanche, qui ont désigné la représentante belge pour Stockholm. Vous avez compris l’essentiel, traduisons les commentaires en néerlandais, les plaisanteries qui vous ont échappé, revenons sur les faits marquants et partageons nos avis et commentaires. Au terme de ce parcours, nous ne sommes qu’éloges et félicitations pour la production et l’organisation de cette édition. Simple, direct, efficace, original, très inventif, ce spectacle a évité les écueils et les périls qui guettent les sélections nationales : règlements incompréhensibles, listes de candidats à rallonges, chansons périmées, entractes sans fin, décors en toc, présentateurs affligés de logorrhée, publicités matraquées chaque quart d’heure ou encore, votes interminables.

Nous le répétons : la VRT a montré l’étendue de son savoir-faire, de son professionnalisme et sa capacité future à organiser le Concours. Le meilleur du meilleur… Nous n’avons que trois réserves à émettre : primo, les chœurs préenregistrés, un mauvais service rendu aux candidats, selon nous, et le risque de désagréables surprises, une fois sur la scène du Concours. Secundo, le découpage chronologique de la finale. Cette pause de trois-quarts d’heure entre les deux parties a été une agonie, rendue encore plus pénible par la diffusion d’une série flamando-flamande. Tertio, la superfinale, redondante et inutile, surtout avec un panel de cinq candidats. Ces deux derniers points sont évidemment liés entre eux et à des nécessités financières. La VRT a cherché là des rentrées sonnantes et trébuchantes pour payer ses factures. Soit, il s’agit encore de points mineurs…

La finale a donc débuté par un résumé des commentaires laudatifs des semaines précédentes, tandis que nos cinq candidats étaient réunis sur la scène. Tous ont eu une semaine fort chargée, consacrée entièrement aux répétitions. L’atmosphère entre eux n’en a pas été affectée : ils s’entendent toujours au mieux. Peter, l’autre grande vedette de cette sélection, introduisit alors les deux experts du jour. Le premier à apparaître fut Christer Björkman. Nous avions préparé notre machine à sarcasmes, il nous a surpris. Nous avions grandement sous-estimé l’autorité qui émane de sa personne. Nous avons alors compris les ressorts psychologiques de son emprise sur le Melodifestivalen et sur tout un pan de la production musicale suédoise. À notre humble avis, il ne fait pas bon s’opposer à lui, voire même le contrarier… D’ailleurs, il a semblé impressionner Peter lui-même, qui lors d’un échange avec lui, perdit sa contenance, pour la seule et unique fois. Pas de sarcasmes donc de notre part (imaginez qu’il tombe sur notre site et notre article et qu’il nous excommunie du Concours…), et la reconnaissance de la justesse de ses commentaires. Il a joué à la Statue du Commandeur et quasiment prédit le classement final. Silence ! Le Maître parle !

L’autre expert, que nous attendions avec impatience, était Hadise. L’art de nous surprendre, elle-aussi, puisqu’elle est devenue blonde. Les gros plans sur son visage nous ont plongé dans la perplexité : ne se serait-elle pas laissé tripoter les rides et les contours ? Ce détail esthétique mis à part, Hadise s’est révélée fort professionnelle et fort constructive. Elle s’était préparée, avait écouté les chansons, visionné les soirées précédentes et rédigé des petites fiches. Si seulement Alexander Rybak en avait fait autant… Là-dessus, re-surprise : la chanteuse nous gratifie d’emblée d’un pot-pourri de ses succès, heureusement conclu par Düm Tek Tek.

Tandis qu’Adil s’apprête pour son numéro final, Peter discute avec les quatre autres candidats. Nous apprenons que c’est Amaryllis qui dissimule le mieux son stress et apparaît sereine et souriante aux autres. Le résultat de sa carrière théâtrale. Une vidéo nous apprend au passage que Tom déjeune de tartines au sirop de Liège et qu’Astrid conduit une BMW Série 3, de troisième génération et de couleur bordeaux. C’est l’heure de la blague potache : Peter s’enquiert du candidat le plus sensible des sphincters, qui a dû se rendre aux toilettes juste avant son entrée en scène. C’est Laura et il lui annonce que les images de ce passage vont être diffusées dans la foulée. La malheureuse se décompose, en quasi état de choc. Voyant sa tête, Peter lui annonce aussitôt qu’il s’agit d’une plaisanterie. Laura a le bon goût d’en rire, encore une fois. Nous ne savons pas si nous l’aurions aussi gracieusement pris…

Adil – In Our Nature

.

L’avis des experts : Hadise, qui s’est changée sur ces entrefaites, juge Adil très bon chanteur, doté d’une très belle voix. Sa chanson est fort belle et sa mise en scène, fort originale et créative. Elle lui donne un conseil : s’exercer encore et encore. Ces trois minutes manquaient encore de pratique. Adil doit se sentir plus à l’aise, plus confiant sur la scène et parmi ses danseurs. Christer commence par remercier la VRT de l’avoir ainsi invité. Il a A-DO-RÉ le concept du body painting (serait-ce un sarcasme que de supposer que nous en reverrons de pareils au Melodifestivalen ?). Selon lui, Adil a une fort belle voix et une bonne chanson. L’ensemble pourrait fort bien fonctionner au Concours, à condition toutefois de répéter et répéter encore les enchaînements.

Notre avis : Nous aussi, nous avons A-DO-RÉ cette présentation, cette impression d’être au cœur de la nature, cette forêt vierge et ces danseurs recouverts de body painting. Le jeu de clair-obscur, les impressions végétales, ce retour aux sources nous a épatés. Génial et inédit, mais pourquoi diable personne n’y avait encore songé ? Cela rend la prestation fort vivante et embarque les spectateurs dans une dimension onirique. À refaire à l’Eurovision ! Quant à Adil, il est bon élève : il a intégré les conseils et les remarques des semaines précédentes. Sa prestation a été plus enflammée, plus ardente, plus impliquée. Il communique plus et mieux avec nous. La progression vers les aigus donne du crescendo et des couleurs à sa chanson. L’ensemble se révèle crédible et mériterait les honneurs du Concours.

Vint un deuxième interlude, après la prestation incarnée d’Hadise. Ce sont nos charmantes têtes blondes de la semaine dernière qui reviennent et nous proposent leur propre mise en scène. Kick The Rabbit !

Pour Tom, nos mignons ont imaginé un voyage autour du monde, de Paris à New York, avec une haie d’honneur de fans saluant et acclamant le chanteur. Pour Adil, un décor de ville plongée dans le noir. Des danseurs apparaissent derrière l’écran et leur ombre est projetée sur celui-ci. Pour Amaryllis, un numéro statique. La chanteuse porterait une robe rouge qui lui créerait des ailes, lorsqu’elle écarte les bras. Là, nous avons eu un fou-rire, car ce concept vestimentaire a connu son heure de gloire à l’Eurovision… dans les années 70 déjà ! Il n’y a plus de jeunesse… Pour Laura, trois superhéros. Vous n’en saurez pas plus : le charmant petit bonhomme chargé de la conception artistique, Flavio de son petit nom, est amoureux de Laura. Il n’a donc pu songer à autre chose qu’à ses sentiments pour la chanteuse. Enfin, pour Astrid, une ambiance magique de conte de fées, avec robe de princesse en renfort. La chanteuse descendrait des cintres entourée de ses danseurs.

Retour en plateau pour une courte interview d’Adil. Le chanteur a exprimé sa reconnaissance pour son équipe artistique. L’idée était de créer une belle image, en évoquant la nature. Ce qui renvoie évidemment au double sens du mot « nature » : « nature terrestre » et « nature humaine ». L’application du body painting a nécessité trois heures de travail par danseur.

 

Laura – What’s The Pressure

L’avis des experts : Christer livre son oracle. Silence ! Le Maître parle ! Pour obtenir un bon résultat à l’Eurovision, il convient de rassembler trois éléments : une bonne chanson, une bonne présentation et un artiste convaincant. Laura a les trois. Amen, le Maître a parlé ! Son conseil à la chanteuse : répéter, répéter et encore répéter, se lever au beau milieu de la nuit et refaire entièrement son numéro, connaître sa chanson et sa prestation sur le bout des doigts, comme une seconde nature. Là, nous avons eu une pensée émue pour les voisins de Måns, tirés de leurs rêves par une répétition impromptue de Heroes à trois heures du matin, sur appel express de Christer… Ciel, un sarcasme ! Hadise, quant à elle, est tout à fait d’accord avec Christer : tout fonctionne à merveille, la présentation, la chanson, l’interprétation. Elle a trouvé Laura parfaite. La jeune chanteuse donne du sourire, de l’énergie au public, le rend joyeux et crée de la complicité avec lui. Dernier détail : Laura a adopté des chaussures à talons plats, ce qui a marqué Hadise. Il s’agirait selon elle, d’un refus de cette pression exercée sur les femmes : celle de porter sans cesse des talons hauts. Nous vous laissons juges de cette remarque…

Notre avis : Nous avons encore une fois été emballés par Laura, sa jeunesse, son enthousiasme, son dynamisme, sa joie de vivre, son irrésistible sourire. Ce néo-disco-funk, objet de curiosité, envahit l’oreille et la réjouit. L’on voudrait lui résister, en vain : le démon de la danse nous saisit et l’on se trémousse sur son canapé, comme possédés. Nous avons beaucoup aimé la prestation de Laura. Elle interagit parfaitement avec le public. Ses choristes confortent cette approche : très mobiles, très souriants, ils créent autour de la chanteuse une dynamique positive. Un seul bémol, selon nous : la présentation visuelle demeure un peu simple, voire simpliste. Il manque là un élément mémorable, qui laisserait le téléspectateur bouche bée. Nous rajouterions de la couleur, du stroboscope, du kaléidoscope, du trompe-l’œil et aussi des paillettes, réelles ou virtuelles, pour renforcer l’atmosphère Saturday Night Fever. Si vous avez d’autres idées, transmettez-les à la VRT !

Peter descend alors dans la fosse du public pour s’entretenir avec les fans des candidats. Ces moments nous ont marqué, car ils ont dessiné une certaine sociologie du public et de cette fameuse majorité silencieuse dont nous vous parlions au premier paragraphe. Les fans de Laura sont des jeunes filles en fleur, tendance Eau Précieuse. Selon elles, leur idole possède toutes les qualités du monde et en plus, elle est belle. Les fans d’Adil sont des trentenaires bobos, qui nous ressemblent à s’y méprendre. Vous lirez plus loin à quel point nous nous sommes identifiés à eux…

Là-dessus, nouvel interlude, probablement le plus mauvais des trois soirées. La production nous  présente un curieux montage vidéo, censé reprendre et résumer les différents genres musicaux en vogue aux quatre coins de l’Europe, en Irlande, en Biélorussie, en Moldavie ou encore en Finlande. Sauf qu’il s’agit d’un salmigondis indigeste de morceaux parodiques. Désagréable et à côté de la plaque… Peter enchaîne ensuite avec la présentation des porte-paroles des dix jurys internationaux. Inamovible en ses œuvres : Bruno Berbérès parlera pour la France. Peter décide de s’entretenir plutôt avec la porte-parole monténégrine, qui pose devant une série de yachts de luxe. Quelques mots s’ensuivent sur le groupe Highway, vendu comme trois jeunes gens très talentueux. La télévision monténégrine espère briller à Stockholm, car sa participation relève de la plus haute importance. Elle met d’ailleurs tout en œuvre pour être chaque année présente. Là-dessus, assaut de diplomatie : la porte-parole espère que cette soirée augure de bonnes relations avec la Belgique et… d’un échange cordial de points ! En ce qui nous concerne, nous attendrons la chanson de Highway avant de nous prononcer…

 

Tom – I’m Not Lost

L’avis des experts : Hadise aime beaucoup cette chanson. Elle souligne que Tom l’a coécrite avec Yves Gaillard, auteur par ailleurs… de la toute première chanson de la star belgo-turque. Hadise félicite Tom d’avoir la chance de collaborer avec un auteur aussi talentueux. À part cela, Hadise a trouvé Tom encore fort nerveux. Il devrait se détendre et profiter plus de ses moments sur scène. Christer n’est pas d’accord avec cette analyse. Donc : silence ! Christer a trouvé Tom plutôt heureux lors de ses trois minutes. Sa chanson est excellente et Tom y apporte beaucoup d’émotion, en modulant sa voix : doux dans les strophes, puissant dans le refrain. Peter demande alors à Christer si c’est LA chanson que la Belgique doit sélectionner et si elle lui évoque Heroes. Le Maître parle ! Avec raison : le résultat du Concours demeure imprévisible. Il est quasiment impossible de savoir à l’avance quelle chanson va réunir les faveurs du public et du jury. Les téléspectateurs belges doivent donc choisir avec leur cœur. C’est tout. Ou presque, car en fin tacticien, Christer nous rappelle que le plus important est de voter !

Notre avis : Softengine, le retour ! Nous avons cru durant trois minutes regarder l’UMK. Qui est une excellente référence ! I’m Not Lost est une excellente chanson, qui mériterait un beau succès commercial. Nous avons trouvé la présentation visuelle du morceau sans reproche : simple, efficace, pourtant marquante. Entourer Tom de son groupe, lui mettre une guitare entre les mains, nous a semblé un parfaite idée. Nous avons aimé le crescendo, les débuts calmes, la montée en puissance. Très crédible, au final. Nous n’avons cependant pas changé d’avis : Tom demeure fort léger. Il manque d’expérience, d’entraînement, de ce dynamisme propre aux artistes confirmés. Ce jeune homme est fort prometteur, son tour viendra.

Retour en plateau, avec Peter et les candidats. Amaryllis compare Astrid à la Lorelei, cette nymphe à la voix et au visage si beaux qu’ils en détournaient les marins de leur cours. Peter discute avec les fans d’Astrid, des hipsters assumés, puis entame l’interview la plus manquée de la soirée. Il pose quelques questions à Johanna, la petite sœur d’Astrid, une enfant malicieuse de quatre ans, qui se retrouve soudain coite. Elle répond par le silence aux questions de Peter, qui lui propre d’aller boire un verre à la fin du spectacle. Face à son mutisme, Peter rebondit (il est incroyable dans son genre) par une plaisanterie : c’est la réponse qu’il recevait de toutes les filles en son temps. Ces très longues minutes auront eu un mérite : nous démontrer que Peter est prêt à affronter une rupture de faisceau satellite avec Reykjavik ou Erevan, au beau milieu du vote.

 

Astrid – Everybody Aches

L’avis des experts : Christer a parlé. Astrid est adorable et talentueuse, mais sa chanson n’est pas mémorable. Elle passera complètement inaperçue au milieu de vingt-cinq autres. En outre, ce morceau est impossible à classifier, il est dès lors difficile de lui créer une atmosphère, une présentation particulière. Le Maître porte le coup final : Everybody Aches est plutôt une chanson d’entracte. Hadise est plus enthousiaste. Astrid a une voix très marquante et reconnaissable. Cependant, elle ne réalise pas à quel point elle est belle. Ses vêtements ne la mettent absolument pas en valeur. Son style vestimentaire doit être revu et mieux adapté à sa présentation. Astrid doit en outre s’ouvrir et laisser apercevoir son véritable moi. Quant au reste, sa chanson est assez belle et plutôt mémorable.

Notre avis : Plus la soirée avance, plus nous partageons les opinions de Christer. Appelez-nous maîtres… Nous n’avons pas bougé d’un pouce : Everybody Aches est une bonne chanson, mais peu mémorable. La présentation visuelle nous a ennuyés : sombre, banale, sans effet marquant. Nous sommes redevenus les tricoteuses de l’Eurovision : nous avons repris nos conversations, entre digressions et sarcasmes. Du coin de l’œil, nous notons qu’Astrid semble plus détendue. Mais le transfert d’émotion demeure nul. La chanteuse nous laisse de marbre. Décidément, non, nous ne prendrions pas notre téléphone pour voter en sa faveur.

Nouvel interlude, nouvelle vidéo, la plus intéressante de la soirée : une petite histoire du Concours, fort bien troussée. Les débuts sont marqués par le règne des ballades et des grandes chansons à l’ancienne, en total décalage avec la réalité musicale contemporaine. Le Concours manque ses rendez-vous avec le rock et la musique pop. Jusqu’à ces fameuses trois minutes du samedi 20 mars 1965. Gainsbourg, Gall et Goraguer révolutionnent le Concours avec Poupée De Cire, Poupée De Son. L’Eurovision entame son premier âge d’or, celui des plus grands succès, des plus grandes stars, des moments les plus mémorables. Une nouvelle dynamique s’enclenche : les artistes cherchent à se démarquer des toutes les manières possibles. Le kitsch débute son règne, les genres musicaux se diversifient. Mais les jurys prennent un tournant de plus en plus conservateur et dès le début des années 80, en reviennent à leur dada : les ballades et les grandes voix. La déconnexion avec la scène musicale contemporaine devient totale et se poursuit dans les années 90. Les pays d’Europe centrale et de l’Est rejoignent le Concours, hélas, le public perd son intérêt pour lui. L’arrivée du télévote en 1997 sonne son retour et une inversion de la tendance générale : l’Eurovision et ses artistes livrent leurs âmes au spectacle. Tout pour le spectacle, l’épate, le bling. Le Concours devient un carnaval, un barnum, sombre dans l’excès. Le retour des jurys et la maturation des goûts du public sonnent le second âge d’or : le Concours enchaîne les succès commerciaux, enfante de nouvelles icônes et fait triompher la qualité musicale.

Nous retrouvons Peter dans la fosse aux lions, en compagnie des fans de Tom et d’Amaryllis. Les fans de Tom sont des jeunes gens hétérosexuels qui aiment la bière, le rock et les soirées viriles. Les fans d’Amaryllis sont des jeunes gens homosexuels qui aiment le gel capillaire, les comédies musicales et les soirées Eurovision. Eh oui : Amaryllis est soutenue par la branche belge de l’OGAE. Tout ce petit monde est éclipsé par l’autre vedette de cet Eurosong : Bobby, le nounours d’Amaryllis, présent en chair et en peluche.

 

Amaryllis – Kick The Habit

L’avis des experts : Christer éprouve des sentiments partagés. D’un côté, ce numéro est très eurovisionesque, très too much. D’un autre côté, il s’agit plus d’un numéro de théâtre, de comédie musicale. Christer ne sait vraiment pas s’il pourrait endurer la rude compétition du Concours. Ceci dit, Amaryllis a une très belle voix. Mais vraiment, le Maître hésite : ce genre de morceau jouerait son va-tout. Cela pourrait passer ou casser… Hadise le rejoint : Kick The Habit serait parfait pour un concert d’Amaryllis, un spectacle durant lequel elle entraînerait son public dans son univers dramaturgique. Mais pour l’Eurovision, Hadise trouve que cette chanson n’est pas assez forte, pas assez marquante. Hadise éprouve beaucoup de respect pour Amaryllis, puisqu’elle a écrit et composé son morceau elle-même. Le message du morceau parle en outre à toutes les femmes, ce qui est très positif.

Notre avis : Nous avons A-DO-RÉ la présentation visuelle de Kick The Habit. La dramaturgie nous a emporté et les trouvailles visuelles nous ont laissés bouche bée. C’était innovant, surprenant et renforçait parfaitement la chanson. L’évolution visuelle du décor, le violoniste en arrière-plan étaient une excellente idée. La toile d’araignée était légèrement too much, mais les abat-jours volants nous ont fait pousser un cri de surprise. En cela, Amaryllis a parfaitement compris les ressorts du Concours. Elle a insufflé plus d’énergie à sa prestation vocale. Néanmoins, la chanson reste inaboutie. Le pont musical demeure son meilleur moment. Le reste est faible à l’oreille.

Peter en revient à nos deux experts, afin de connaître leurs projets. Hadise reprendra sa place de juge à The Voice Turkey. Elle enchaînera avec The Voice Kids, puis tournera un clip vidéo. La fin de son année sera consacrée à l’enregistrement de son prochain album en anglais. C’est le moment de LA grosse erreur factuelle, honte sur Peter : il demande à Hadise si le nom du représentant turc est déjà connu. Hadise, tout aussi bien informée, répond qu’il ne l’est pas encore. Et pour cause… Quant à Christer, notre Maître à tous, son temps sera entièrement dédié à la préparation du Concours en mai. Il espère présenter à l’Europe et au monde, la meilleure et la plus mémorable de toutes les éditions. Mais chut ! Le Maître ne parlera plus ! Tous les détails demeureront secrets, jusqu’au dernier moment ! Circulez !

Dernier interlude, dernière vidéo, dernière cène entre les candidats. Autour d’un ultime repas, ils partagent le moment qui les a intimement marqués. Pour Amaryllis, il s’agit de l’enregistrement en studio de Kick The Habit : elle a vu son morceau prendre vie. Pour Tom, il s’agit d’un moment partagé tous les cinq : Tom jouait du piano, les quatre autres chantaient. Pour Astrid, il s’agit de chaque circonstance où ils étaient réunis tous les cinq. Pour Laura, il s’agit également de l’enregistrement de son morceau en studio, à Londres, avec Peter Gordeno, du groupe Depeche Mode. Et pour Adil, il s’agit du tout premier repas partagé par nos cinq candidats, au tout début de leur aventure.

S’ensuivent trois-quarts d’heure de pause, sponsorisés par le service comptabilité de la VRT. Le retour en plateau s’effectue au son du Te Deum de ce brave Marc-Antoine Charpentier, qui était loin de se douter de la postérité de sa composition… Peter nous explique les modalités finales du vote et contacte nos dix jurys. Ceux-ci tombent d’accord sur les noms de Tom et Laura. Au passage, le jury français attribue sa note maximale à cette dernière et Peter prouve sa maîtrise de notre belle langue. Il est P-R-Ê-T, l’on vous dit ! Les résultats sont au final homogènes et quasi identiques à ceux du public belge. Cette unanimité est énoncée par la nouvelle Miss Belgique, Lenty Frans, qui s’en tire fort bien. Tom et Laura se qualifient pour la superfinale, concept superfétatoire. Dans l’attente du nom du vainqueur, Peter réaffirme le soutien de la chaîne aux autres candidats : tous enregistreront au moins un nouveau single. Les trois premiers éliminés, Adil, Amaryllis et Astrid, sont félicités et fort applaudis.

0025

Énormité typiquement flamande : c’est Geert Bourgeois, le ministre-président, qui monte sur scène, afin d’annoncer le nom du vainqueur. Amis français, imaginez que ce soit François Hollande qui débarque dans les studios de France 2 pour vous annoncer la grande nouvelle… À ce propos, lequel des membres de son gouvernement, ce bon président Bourgeois enverrait-il au Concours ? Le président sourit : la plupart d’entre eux sont effectivement de sacrés artistes. La tension monte, l’enveloppe dorée fait son grand retour. Selon nous, tout s’est joué sur la personnalité des deux candidats. Laura possède une fraîcheur, une spontanéité, une empathie qui la lie aux spectateurs. De plus, elle a déjà compris le jeu médiatique et ses règles, les maîtrise et en joue fort bien. Tom semble plus perdu, plus transparent, trop novice.

Sans surprise aucune, Laura l’emporte. Très émue, elle remercie les spectateurs pour leurs votes et en oublie l’essentiel : elle doit reprendre son What’s The Pressure. Peter salue ses fans, ravies et déjà prêtes à accompagner leur idole à Stockholm. Il rejoint ensuite la mère de Laura, plus émue encore que sa fille. Très joli moment : la chère maman tremble, s’avoue comblée, les trémolos lui voile la voix. Elle révèle que sa fille a travaillé fort dur et s’est totalement investie. Sa maman accompagnera, elle, Laura au Concours. Elle lui adresse un ultime conseil : demeure elle-même et conserver les pieds sur terre. Ce qui devrait être aisé, au vu de ses chaussures à talon plat. Le rideau retombe alors sur une nouvelle interprétation de What’s The Pressure et ensuite, sur l’Eurosong. 

EUROSONG_WINNER-1886Qu’en conclure ? Que cette édition 2016 était un fort bon cru. La VRT en sort grandie et la Belgique n’aura pas à rougir de sa représentante. Laura nous semble le meilleur choix possible et nous sommes convaincus que sa personnalité saura conquérir le public et les fans. S’ouvrent à présent quatre mois capitaux pour notre Laura nationale, à elle de les utiliser à bon escient. Qu’elle suive les conseils de Maître Christer, qu’elle répète encore et encore, qu’elle innove, qu’elle surprenne, qu’elle gagne les cœurs. Nous lui réaffirmons toute notre confiance et notre soutien. Nous vous le révélons en exclusivité : oui, nous avons voté pour elle… en superfinale ! Car lors du premier tour, nous avons soutenu Adil et son body painting. Bref, nous avons téléchargé What’s The Pressure et le réécoutons chaque fois avec grand plaisir. Nous attendons à présent mai avec la dernière des impatiences !

Voilà ! Nous vous remercions mille fois pour votre fidélité et l’intérêt que vous avez porté à notre sélection nationale. Elle nous aura réunis et faits connaître d’excellents moments. Grâce à elle, nous avons formé une famille unie et ce sentiment demeure sans pareil. Nous vous souhaitons une excellente poursuite de Saison. Amusez-vous bien, en direct des quatre coins du continent ! Vivement Tallinn, vivement Kreuzlingen, vivement Stockholm, vivement Budapest, vivement Oslo, vivement La Valette, vivement Madrid ! Pour Chisinau et Minsk, nous passerons notre tour… Nous tenions également à remercier du fond du cœur nos confrères et amis, Eurovista, pour avoir publié nos articles et nous permettre de partager notre passion avec vous, et Antoine, pour ses informations complémentaires et ses très judicieux et sagaces Loreen.

La phrase finale, nous l’avons lue dans les commentaires d’un site d’informations belge bien connu et elle nous a causé un énorme fou-rire : « C’est quand même mieux que l’année dernière ! » Voilà la preuve qu’en matière d’Eurovision, il y a autant d’avis que de personnes. Chacun demeure libre du sien… Nous vous embrassons ! À très bientôt !