Voici une représentation très réaliste de mon état physique et mental au terme de la procédure de vote de cet Eurovision Junior 2020 :

Inutile de vous dire qu’au moment d’éditer et de publier l’article annonçant la victoire de Valentina :

L’émotion m’avait submergé au terme de ces deux heures et de cette merveilleuse victoire française ! Ce fut une édition intense, incroyable, mais aussi très particulière du Junior. Mémorable à tous égards et à la conclusion enchanteresse, car pour un Eurofan, voir sa chanson préférée l’emporter, suscite une joie très intense.

Ce Junior 2020 était particulier, certes, mais il s’est avéré très réussi. La production polonaise s’est montrée excellente, au point d’en oublier le virtuel, le différé, les distances, le public réduit et les autres contraintes sanitaires. Dès le Te Deum, nous avons été happés par l’événement et l’avons vécu avec autant de bonheur qu’une édition normale.

Seul nuage personnel dans ce ciel quasi radieux : l’absence de mes meilleurs amis. Pour la première fois en six éditions, nous étions séparés. Dura lex, sed lex… Nous avons communiqué via WhatsApp, un pis-aller, un lien malgré tout. Ils ont fort apprécié, de leur côté, sur leur propre canapé, et se sont fort divertis. Nous reste à présent l’espoir d’être bientôt réunis pour partager d’autres moments eurovisionesques. Faisons le vœu que ce soit déjà le cas pour mai prochain !

Côté coulisses de l’EAQ, l’ambiance était survoltée. L’équipe Twitter inaugurait son premier « live tweet ». Fébrilité et exaltation à tous les étages. Betty, Kris, Pascal, Rem et moi avions planifié l’affaire toute la semaine durant. Nous étions sur la ligne de départ, prêts pour le coup d’envoi. Durant deux heures, nous nous sommes relayés en mode « la rédac’ qui tweete plus vite que son ombre ».

De notre côté, avec mon mari, nous avons regardé l’événement sur France 2 et avons donc bénéficié des commentaires de Stéphane Bern et de Carla. Nous avons été agréablement surpris, spécialement par cette dernière. Elle s’était très bien préparée et avait pris la précaution de répéter ses textes. Le final était légèrement scolaire, mais fluide et très bien cadré. Elle aura entraîné Stéphane Bern dans son sillage et tous deux se sont révélés bien mariés et complémentaires. Sur une note plus curieuse, nous avons trouvé Stéphane Bern assez vachard cette fois. Entre Sigismond III et les beautés de Cracovie, il aura enchaîné les sarcasmes sur les autres concurrents, à commencer par les représentantes néerlandaises. Drôle, mais vachard, mais drôle.

Là-dessus, 16h45, début de mes tweets programmés (merci, Twitter !). L’ambiance monte d’un cran. Informations et mèmes s’enchaînent jusqu’à 17h et aux premières notes du Te Deum.

Aussitôt, nous voilà pris dans le tourbillon de l’Eurovision. La dramaturgie eurovisionesque l’emporte, nous sommes captivés dès la première seconde. L’illusion est parfaite, l’émotion est intacte ! Nous sommes tellement emballés que nous en oublions nos tableaux de vote personnels. Nous ne nous en souviendrons que trop tard.

La vidéo d’ouverture met en scène une Viki Gabor qui a sacrément grandi en un an. Sa prestation de Superhero nous montre qu’elle n’a rien perdu de son talent et que sa chanson a conservé son aura. Le plateau est superbe, le public est réduit, mais là malgré tout, ce qui met du baume au cœur. Viki nous la rejoue mi-ado, mi-miroir. Un début classique, mais parfait pour nous remettre dans l’ambiance.

D’un œil, je suis Viki ; d’un autre, j’envoie mes tweets brouillons (re-merci Twitter !). Carla nous fait part de ses souvenirs de candidate. Intéressant de partager ainsi son vécu personnel. Quelle pression, quel stress pour ces enfants-stars. Et pourtant, ils n’en laissent rien paraître. À leur place, je me décomposerais sur pied…

Tout aussi intéressant : Carla a tout gagné de sa participation au Junior, l’an dernier. Elle a réalisé ses rêves les plus fous. Très content pour elle, très content que l’Eurovision serve à nouveau de tremplin à des artistes débutants !

Présentation des douze candidats, par le biais de pastilles vidéo. Cela rend à merveille et vaut bien un défilé de drapeaux. Là au moins, ils ont l’occasion de prendre la parole et de se présenter. C’est au final plus personnel. Première apparition à l’écran de la Tour Eiffel, derrière Valentina. Bon, c’est un tel marronnier que son absence aurait déçu… Dans la même veine, l’Allemagne a choisi la Porte de Brandebourg. Si la Belgique avait participé, ma main au feu que l’on aurait eu droit à l’Atomium…

Entrée en scène des présentateurs !

Le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne m’auront pas convaincu… J’avais déjà fait le tour d’Ida l’an dernier. Sa reconduite m’aura autant plongé dans la stupéfaction et l’incompréhension que mon dernier relevé de taxe foncière. C’est dire… Au moins, elle ne m’aura pas déçu, puisqu’elle est restée égale à elle-même… Rafal m’a semblé aussi raide et emprunté que les escaliers de la Gare du Nord à Bruxelles, à 16h, un jour de semaine. Seule Malgorzata a tiré son épingle du jeu, avec plus de naturel, de décontraction et de simplicité. Heureusement, nous n’étions pas devant nos écrans pour eux, mais bien pour les candidats.

Justement ! Les douze candidats apparaissent en direct à l’écran, depuis leur pays, aux côtés de leur délégation. Sandra et Sofia apparaissent seules dans leur green room. Cela serre le cœur. Pauvres choupinettes… L’on apprendra que Sandra a été cas-contact. Mais Sofia ? Mystère… Stéphane Bern encourage les téléspectateurs à voter stratégiquement… Hum…

Et nous voilà partis pour les prestations, après une vingtaine de minutes bien emballées. Je cède le relais Twitter. Les cartes postales sont réussies, elles-aussi. Dans le cadre eurovisionesque traditionnel, mais avec un supplément d’âme bienvenu.

Allemagne

Un début de compétition en douceur avec Susan. Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu d’allemand à l’Eurovision. Le décor est très beau, très réussi. Encore une fois, l’illusion est complète. L’on en oublie que la prestation a été pré-enregistrée. Pour un peu, l’on jurerait que Susan est en direct dans le studio d’à côté. 1963, quand tu nous tiens…

Sa prestation vocale est sans reproche. Le visuel est raccord. Reste le point faible de ces trois minutes : la chanson en elle-même. SWY rappelle furieusement ces formules australiennes toutes faites. Ce n’est ni mauvais, ni honteux. Juste rebattu et convenu. Susan aurait mérité une chanson plus émouvante, personnelle et profonde.

Kazakhstan

Premier moment épique de l’après-midi avec la prestation ô combien mémorable de Karakat. Stéphane parvient à caser Sigismond III durant le temps de la carte postale. Incorrigible… Là-dessus, robe, podium, montagnes en cartons, Karakat nous sort le grand jeu. Cela aura pu être ridicule. C’est sublime. Nous sommes subjugués dès la première note. Le visuel est époustouflant…

La prestation vocale est parfaite. Intense émotion. L’effondrement des montagnes restera pour longtemps l’un de mes moments préférés de cet Eurovision Junior. Une nouvelle fois, cela rend magiquement à l’écran. Forever est une très belle chanson. Karakat déploie ses ailes et s’envole. La réalisation kazakhe laisse sans voix.

L’apparition de l’étoile vient conclure en majesté un tableau parfait de bout en bout. Karakat pleure et j’ai la larmichette qui me vient à l’œil. Première salve d’applaudissements nourrie. Si le Kazakhstan l’emportait, ce serait mérité…

Pays-Bas

Vous m’expliquerez pourquoi Stéphane Bern s’est montré aussi vachard avec ces quatre malheureuses jeunes filles… À nouveau, vachard, mais drôle, mais vachard… Le tout avec un détour par le XIVe siècle…

Elles trônaient sur la dernière marche de mon classement personnel pré-concours. Jayda, Maud, Naomi et Demi m’ont plus convaincu durant cette prestation. Leur mise en scène m’a encore une fois laissé sceptique, mais force est de reconnaître le potentiel joyeux et entraînant de BF. Arrivés au refrain, on se laisse emporter et l’on chantonne « best friends » avec elles.

J’ai trouvé le tout plutôt simpliciste, mais bien dans l’esprit du Junior. Le visuel m’a paru laid. La chorégraphie m’a agacé au possible. Et pourtant, et pourtant… J’ai passé trois minutes distrayantes. Que demander de plus ? Et vocalement, leur prestation était à des années-lumière de celle de la finale néerlandaise. Satisfecit, comme qui dirait.

Détour par les green rooms. Ces mômes parlent mieux anglais que bien des présentateurs et des commentateurs adultes… Re-vacherie de Stéphane Bern à l’encontre des Néerlandaises.

Serbie

Le visuel serbe m’aura laissé sur le bord de l’autoroute. Stéphane Bern lance quelques sarcasmes sur le costume de Petar. De fait, ce vêtement me fait songer à une publicité pour Amazon. L’orange est de la même nuance… Mais ce n’est rien à côté de l’arrière-plan. Cela commence comme dans Abyss. Cela se termine comme dans Contagion. Pour le moins oppressant… Et puis le coup du piano… Un poncif éculé de la mise en scène eurovisionesque, qui devrait être interdit par le règlement du Concours…

Heartbeat est une belle ballade sans audace, ni aspérité. Petar en livre une impeccable prestation vocale. Mais faute de direction artistique, se perd sur scène. Le crescendo final est sans reproche. Hélas, la laideur croissante des animations derrière lui, le rend inaudible. Petar mériterait de nous revenir dans quelques années au Beovizija. La RTS aurait intérêt à analyser les raisons de ce flou artistique pour ne plus se fourvoyer à l’avenir.

Biélorussie

Stéphane Bern place négligemment Lech Walesa et la contestation biélorusse, le temps de la carte postale. Finement observé… Arina livre une magistrale prestation vocale de son morceau. Le visuel est parfaitement adapté à la chanson, à son rythme et son message. Reste la grave question des quatre figurants. Étaient-ils nécessaires ? Étaient-ils bienvenus ? Fallait-il leur faire éplucher des oignons avant de les filmer ? J’en doute…

Hormis ces gros plans malaisants sur des enfants aux yeux rougeoyants, ces trois minutes biélorusses se sont avérées très réussies. Arina impressionne par sa maîtrise du chant. Aliens est une très bonne chanson. L’on rêverait que la BTRC nous en offre d’aussi mémorables en mai…

Pologne

Plaisanterie fine de Stéphane Bern sur « à la trace »… Au delà des sarcasmes, Ala s’impose elle-aussi comme une brillante chanteuse. Elle porte son morceau avec force, de la première à la dernière note. Un talent, une révélation…

… et là s’arrêtent les compliments, parce que les autres aspects m’auront plongé tantôt dans l’agacement, tantôt dans l’hilarité. La délégation polonaise a voulu trop en faire. Résultat : la mise en scène prêtait le flanc à la moquerie. Les va-et-vient des danseurs, les changements de costumes, les visuels vibrionnant fatiguaient la rétine… L’on se serait cru dans un clip des années 80 boosté à la vitamine C… Et avoir habillé Ala en première communiante chaussée de bottines s’est avéré un faux-pas vestimentaire.

Au bout d’une minute, l’on frôle l’overdose et l’on souhaiterait que s’arrête ce supplice scénique. Quant à IBS, il s’agit d’une autre formule australienne réchauffée au micro-onde. Un complet coup d’épée dans l’eau pour la TVP. Mais bon, après deux victoires consécutives, la délégation n’a plus rien à prouver… Rendez-vous donc l’année prochaine !

Retour dans les green rooms. Chanel est désarmante de naturel.

Géorgie

La mise en scène la plus arty de cette finale… Le Sacre du printemps réinterprété à l’aune de la pandémie…

Ambiance sérieuse, voire austère, voir sévère pour cette prestation. Certes, cette gravité voulue traduit bien l’esprit de YANA et de l’époque que nous traversons. Certes, la prestation vocale de Sandra est époustouflante. Certes, les danseuses étaient très élégantes. Certes, certes…

Néanmoins, j’ai trouvé que l’esprit du Junior n’y était pas. Cela ressemblait plus à une finale du Festivali i Këngës, avec envolées pulmonaires et visages de mater dolorosa. Tout cela semblait plus pensé par des adultes que par des enfants… Moyennement convaincant…

Malte

Chanel est irrésistible ! Et quel aplomb ! Sa prestation vocale est digne d’une finale Senior. Le visuel incarne bien l’esprit Junior. La mise en scène s’avère réussie et cohérente. Tous les ingrédients semblent réunis… sauf que CS est une ballade consensuelle, sans éclat, qui au bout de deux minutes, ennuie vaguement. Le genre de chanson à être éliminée en demi-finale de sélection islandaise… Il aurait fallu un morceau mille fois plus mémorable pour rendre justice au talent de Chanel.

Russie

L’on enchaîne avec une autre ballade et cela commence à peser, cette enfilade. Quelque chose me dit que cela leur sera préjudiciable à toutes d’avoir été ainsi enquillées par la production… Carla traduit littéralement My New Day en « Ma nouvelle journée« , ce qui sonne plus « métro-boulot-dodo » que « nouveau jour poétique »…

Bis repetita placent. Sofia est superbe dans sa robe de princesse. Sa prestation vocale est brillantissime. Les effets visuels impressionnent par leur qualité et leur plus-value télégénique. La production est léchée au possible. Encore une fois, l’on jurerait une recette gagnante…

… mais encore une fois, c’est sans compter la chanson elle-même. MND est une autre ballade lisse et attendue, avec des accents plus disneyens, limite Reine des neiges… Aucune fausse note, aucune faute de goût, mais un manque criant d’imagination et de renouvellement.

De retour dans les green rooms. Valentina s’essaie à l’anglais. Elle est décidément incroyable…

Espagne

Enfin, un peu d’action ! Il était temps, je m’assoupissais doucement sur mon canapé. Apparition surprise de la sculpture de Dali réalisée pour le Concours 1969.

Dès les premières notes, Soleá s’impose. Par sa voix, mais aussi par sa présence. Palante ne perd rien de son attrait et m’emporte sur le champ. Je me trémousse et tente maladroitement de reproduire la chorégraphie. Tout est parfait et je m’amuse comme un petit fou…

… bien qu »il y ait là quelque chose d’indéfinissable qui fonctionne mal… Ce n’est pas la prestation vocale, ce n’est pas la chorégraphie, ce n’est pas le visuel, ce n’est pas la chanson, non… Mais quoi ? Je m’interroge, plisse le front, fronce les sourcils… Avant de réaliser que Soleá fait de même.

Voilà le doigt mis sur le défaut : ces trois minutes s’avèrent plus mécaniques que spontanées. Tout est parfait, trop parfait. L’on sent que tout ce petit monde a répété encore et encore, au point d’en oublier la terrible illusion théâtrale : tout doit être millimétré pour sembler du dernier des naturels. Me voilà du coup un brin refroidi…

Ukraine

Nouvelle demi-déception. Avant le concours, VOU était ma ballade préférée de cette édition 2020. Au terme de ces trois minutes, elle l’était moins. L’analyse est la même que pour la prestation espagnole : l’ensemble était parfait à tous points de vue, mais dégageait une impression d’académisme figé. Oleksandr nous a offert une magistrale prestation vocale. La mise en scène était parfaitement adaptée. Mais il y manquait cette étincelle supplémentaire, cette émotion vibrante qui emmène les concurrents droit sur le podium.

France

Le moment tant attendu était enfin arrivé ! En faut-il de la patience quand votre favorite se produit en dernier lieu… Retour de la Tour Eiffel. C’est le bingo des monuments… Stéphane Bern manque de superlatifs et tente la comparaison avec John Lennon.

Le miracle espéré se produit alors : Valentina balaye la concurrence en une note. Après un tunnel de ballades sombres, sa chanson colorée, joyeuse et positive remet du rose, des paillettes et du bonheur dans l’univers. La délégation française a réalisé un visuel parfait, une mise en scène parfaite, une captation parfaite. Bref, trois minutes télévisuellement parfaites qui encapsulent l’esprit profond de l’Eurovision Junior. Avec un retour obligé de la Tour Eiffel. Vous me direz : il y a d’autres monuments en France. Mettez-vous à la place des téléspectateurs maltais et kazakhs : ils auraient été déçus de ne pas la voir…

Sur mon canapé, l’adulte cynique et blasé a fait place à un môme au paradis. J’ai l’impression d’avoir à nouveau cinq ans et d’assister à un spectacle de Chantal Goya (l’idole de mon enfance). Mon mari souligne l’effet invraisemblable du Concours : transformer des trentenaires adultes et responsables en des groupies électriques et cacophoniques, se roulant de bonheur aux pieds d’une chanteuse de onze ans. Magie, magie, c’est la folie… parfois au sens très littéral du terme.

Sur ces réflexions, Valentina a parcouru ses trois minutes avec talent, grâce et spontanéité. Elle irradiait de bonheur, de joie de vivre, de charme et de simplicité. Quant à J’Imagine, c’est un concentré chimiquement pur d’insouciance, de légèreté et d’euphorie. Précisément ce qu’il fallait en ces temps moroses. La délégation française a tout compris au Junior. Cette prestation entrera dans la légende de l’Eurovision….

C’est sur ce sentiment pétillant que se concluent les prestations. Voilà une heure trop fugace… Rafal et Ida, tout en spontanéité… Lancement du vote… J’hésite… Certes la France et le Kazakhstan. Mais qui en troisième place ? Je balance terriblement entre l’Espagne et la Biélorussie. Avant d’opter pour l’Espagne. Mon classement, après les prestations, s’établit donc ainsi :

  1. France
  2. Kazakhstan
  3. Espagne
  4. Biélorussie
  5. Ukraine
  6. Pays-Bas
  1. Russie
  2. Géorgie
  3. Allemagne
  4. Malte
  5. Serbie
  6. Pologne

L’on en vient aux entractes, à commencer par la reprise d’Arcade par Viki, Roskana et Duncan, présent sous forme d’hologramme. Troublant, bluffant, réussi visuellement. La styliste s’est lâchée sur le mauve… Une fan de Prince, sans doute…

Cette reprise est moyennement convaincante. L’univers et l’esprit d’Arcade sont trop éloignés de ceux de Roksana et Viki pour que la combinaison réussisse. Mais tant mieux pour les liens entre le Junior et le Senior…

Interlude dansant, suivi d’Alicja Szemplińska. Sa prestation d’Empires est parfaite, comme attendu. Une voix sublime, une chanson classieuse, une mise en scène réussie. Le tout consciencieusement ruiné par une Ida sortie droit de Saint-Médard. De l’art subtil de voler la vedette à la vraie vedette… Là-dessus, j’espère que nous reverrons Alicja à Rotterdam, en mai prochain. Elle le mérite mille fois.

Aux douze concurrents de s’emparer virtuellement de la scène pour l’interprétation rituelle de l’hymne officiel de cette édition 2020, Move The World. Mon moment préféré et le plus symbolique de chaque Concours Junior. Je vous le concède : MTW est une soupe à la Gromee, sans grande originalité. Elle n’a d’autre but que d’illustrer l’union des concurrents. Le tableau s’avère réussi, bien que ce soit surtout la prouesse technologique sous-jacente qui restera gravée en moi. Le XXIIe siècle est déjà là.

Première apparition officielle de Martin Österdahl, professionnel, mesuré, très bien. Ida devrait en prendre note… Et voici déjà les votes des jurés ! Cette nouvelle procédure, avec annonce des « douze points » en premier lieu, n’apporte rien, ni n’ôte rien au suspense du vote. Les premiers « douze points » attribués à la France font bondir la délégation française en tous sens. Moi aussi, sur mon canapé… En cet instant, je donnerais tout pour que Valentina l’emporte… Inédit : la France s’empare rapidement de la tête. Et la conserve jusqu’au bout. Ma vie ! Les jurés ont aimé J’imagine. Valentina remporte leur vote !

Au passage, nouvelle apparition de la Tour Eiffel, cette fois derrière le porte-parole français. J’en rirais si ce n’était le moment du vote du public. Nous revoilà, comme l’an dernier, livrés à Ida. Seigneur qu’elle aura mis mes nerfs à l’épreuve… Dieu merci, le suspense sera demeuré intense, rude, éprouvant, haletant jusqu’à l’ultime seconde. Comme on les aime, quoi… Stéphane et Carla ont le cœur qui bat. Moi, aussi. Chanel et Soleá hurlent de joie. Tout demeure possible… Tout se réduit pourtant à un duel final : France / Kazakhstan. La tension est incroyable.

Un bref silence. L’on entend Alexandra Redde-Amiel supplier : « Allez, on y va ! Mais merde, allez-y ! » Les nerfs sont sur le point de lâcher… Valentina reçoit alors 112 points et c’est l’explosion…

Idem dans la salle de rédaction virtuelle de l’EAQ…

Valentina est en pleurs. Alexandra Redde-Amiel est au sommet de sa vie.

La reprise est moins spontanée et marquante qu’habituellement. Mais quel bonheur ! Quelle joie ! Voir votre chanson favorite l’emporter est un bonheur incommensurable. Voir la France l’emporter est un miracle longtemps attendu. Bien que Belge, je partage l’euphorie, l’exaltation totale des membres français de la rédaction. C’est une privilège rare que de voir son pays remporter un Concours Eurovision. C’est un moment unique qui se savoure et se retient.

Le rideau retombe doucement sur l’Eurovision Junior 2020, en direct de la green room française. Stéphane Bern a raison : la France est de retour et signe une victoire mémorable et inoubliable. Cela aura, j’en suis certain, les conséquences les plus heureuses pour la suite. La retransmission se conclut par la première bande-annonce de la sélection française 2021, Eurovision France, c’est vous qui décidez. Bien d’autres plaisirs eurovisionesques nous attendent dans les prochaines semaines…

Dans l’éditorial du dimanche, j’analyserai plus en détail la trame de ce Junior 2020 et de cette victoire française. Ici, en guise de conclusion, je soulignerai l’immense joie que m’aura apporté cet événement. Au terme d’une année éprouvante, grâce à lui, j’aurai renoué avec les allégresses eurovisionesques, j’aurai été parfaitement et complètement heureux. Au moins deux heures durant…

J’espère que de votre côté, vous avez vécu cela avec autant de ferveur et d’intensité. Conservez bien en mémoire ce Junior 2020. Si vous êtes français, savourez cette victoire. Faites-nous part de vos sentiments et de vos impressions, ils nous sont précieux.

Toute la rédaction de l’EAQ se joint à moi pour vous remercier de votre fidélité, de votre présence et de vos commentaires. Vous avez été très nombreux à nous rejoindre sur ce site pour partager cet événement avec nous. Nous espérons que nos nombreux articles vous ont plu et permis de vivre cela avec plus d’intensité encore.

Nous vous envoyons à présent nos amitiés des quatre coins de la Francophonie et vous fixons rendez-vous pour la suite de nos aventures, qui nous emmènent à Tirana, pour la première chanson de l’Eurovision 2021. Dans l’attente, suivez avec attention les dernières révélations des sélections suédoise, estonienne et israélienne et prenez bien soin de vous.

À très bientôt !

Crédits photographiques – UER