Sa participation à Eurovision France sera l’occasion de présenter son tout premier titre au public, Les chansons d’amour, et ce pour la première fois à la télévision. En attendant, il nous a accordé une interview à quelques jours des trois minutes fatidiques : voici Marius en interview !

EAQ – Qu’est-ce que cela te fait de participer à Eurovision France ?

Marius – C’est assez excitant et irréel à la fois, parce qu’avoir une chance sur douze de pouvoir représenter la France à l’Eurovision est assez fou. C’est déjà une épreuve qui me fait peur, alors je n’ose pas imaginer si cela passe !

Tu ne ressens pas trop de pression par rapport à l’enjeu ?

Il y a forcément un peu de pression, mais j’essaie d’y aller pas à pas. Je prends les choses comme elles viennent sans trop me projeter pour la suite.

Comment t’es-tu retrouvé dans cette aventure ?

C’est le fruit de deux-trois rencontres hasardeurses avec Igit, qui a co-écrit la chanson, et nos équipes respectives. On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire et on s’est retrouvé autour d’un café pour discuter. Je lui ai raconté mon histoire, et c’est de là qu’est partie la chanson. La question de l’Eurovision a été soulevée assez rapidement. Mon premier réflexe a été de dire non, parce que c’est tellement impressionnant que cela m’effrayait un peu. Finalement, on a fait la chanson et nous y sommes allés étape par étape depuis le début de l’aventure.

Igit a un joli passif avec l’Eurovision, et pas que d’ailleurs. Qu’est-ce que cela fait de travailler avec un tel nom ?

Avant même l’aspect Eurovision, j’ai vu la chance de travailler avec un auteur-compositeur comme Igit. L’idée de cette collaboration était de faire une chanson et qu’elle me plaise, avant de voir si on irait à l’Eurovision ou pas. J’étais du coup très honoré et très touché. Forcément, Igit a des codes d’une chanson pour l’Eurovision, et en même temps, on a pris des libertés. Je voulais faire une chanson qui me ressemblait le plus possible, et je pense que c’est le cas.

Quel est ton rapport à l’Eurovision ?

Je l’ai toujours suivi un peu de loin, mais j’ai commencé à regarder de plus près lorsque Bilal Hassani et Barbara Pravi ont été candidats. C’étaient des artistes que je situais déjà avant leur participation et dont je connaissais les projets. Cela m’avait intrigué de savoir qu’ils participaient à l’Eurovision. J’ai une histoire drôle avec ce concours, parce que la première fois que je suis monté sur scène et que j’ai voulu que chanteur soit mon métier, c’était avec Waterloo d’Abba, qui avait gagné l’Eurovision. Je trouverais cela marrant d’aller représenter la France avec ma première chanson. Ce serait un petit clin d’œil rigolo.

Des titres t’ont-ils marqué ?

Souvent, ce ne sont pas les titres qui me marquent, mais les artistes ou les performances. L’année dernière, Barbara Pravi a été une véritable claque pour moi, d’autant plus que je ne pensais pas que ce style musical se faisait à l’Eurovision. J’ai trouvé cela très frais et nouveau dans ce concours. Je peux citer Gjon’s Tears, et forcément France Gall et Céline Dion, des artistes que j’ai beaucoup écoutées. J’aime beaucoup Mahmood également, qui participe à nouveau cette année. Je suivais ce qu’il faisait sur Instagram et je n’ai su que plus tard qu’il avait participé au concours. Après, je n’ai pas la meilleure culture Eurovision qui soit.

Tu vas essayer de représenter la France avec Les chansons d’amour. Comment nous parlerais-tu de ce titre ?

Même s’il évoque un thème plutôt sombre et nostalgique, je souhaite qu’il y ait un message d’espoir. J’y parle de peines de cœur, mais de chaque épreuve et chaque chose sombre qu’on connaît dans nos vies, on doit pouvoir faire quelque chose de mieux et de plus beau. C’est vraiment ce que j’ai envie de raconter avec cette histoire et de défendre sur scène. C’est une chanson qui raconte vraiment mon rapport à la variété française, qui est arrivée tardivement dans ma vie. J’ai pu comprendre ce que racontaient les interprètes avec leurs chansons, ce que j’avais du mal à saisir avant. Je l’ai saisi au prisme d’une peine de cœur. C’était triste, mais cela m’a finalement ouvert un monde que je trouve merveilleux et qui m’inspire aujourd’hui pour raconter mes histoires. Je trouve cela très beau, même si la chanson peut paraître triste.

C’était donc une évidence pour toi de t’orienter vers ce style musical-là ?

Oui. J’avais déjà créé plusieurs chansons durant les mois qui ont précédé les auditions d’Eurovision France. J’ai été inspiré par la variété française et la nouvelle scène francophone. Cela partait toujours d’un piano voix. J’aime bien qualifier mon style de tristesse solaire. Il y a quelque chose de triste et de lumineux à la fois. C’est un univers qui peut paraître sombre, mais lorsque je chante aujourd’hui, je fais comme si c’étaient des choses qui pouvaient m’arriver.

Ta proposition s’inscrit dans la suite de Barbara Pravi, l’année dernière, avec Voilà. Cela ne te fait-il pas peur de t’inscrire dans ses pas sur ce style-là ?

On est peu dans le même créneau et en même temps, j’essaie de ne pas trop y penser. Nous sommes tous des artistes, avec une sensibilité différente, et si je commence à nous comparer, je n’ai pas fini ! Le but de ma démarche artistique n’est pas exclusivement centré sur l’Eurovision. Je suis avant tout un artiste, dont les chansons vivront avec ou sans l’Eurovision. Je ne m’inscris pas dans la logique de faire « mieux » ou « pareil » : j’essaie juste de faire ce qui me ressemble le plus. Barbara Pravi est une artiste que j’écoute beaucoup, donc il y a forcément une influence, mais j’essaie surtout de faire les choses différemment et d’emmener une autre couleur. J’écoute aussi beaucoup Billie Eilish, Beyoncé, Kanye West et d’autres, j’ai donc également ces influences-là. Visuellement, on propose aussi des choses différentes, et c’est aussi là-dessus que les gens verront peut-être autre chose qu’une copie de Barbara Pravi.

Tu parlais d’influences, et ton parcours est d’ailleurs très intéressant !

J’ai suivi des cours de chant au collège, puis j’ai fait un conservatoire de jazz au lycée. À dix-huit ans, je suis monté à Paris et j’ai intégré une école de comédie musicale pendant un an et demi. Je l’ai arrêtée au moment de cette peine de cœur, parce que beaucoup de choses sont survenues dans ma vie. Je me suis alors posé et concentré sur la musique. J’ai réalisé que je voulais être auteur, compositeur, interprète et porter mes chansons pour pouvoir me développer en tant qu’artiste.

Ce qui est frappant lorsqu’on te voit sur scène, c’est l’âme et la sensibilité artistiques que tu reflètes. Comment as-tu senti l’appel de la musique ?

Je pense que cela a toujours été en moi. Petit, je faisais toujours des spectacles, et j’étais tout le temps en train de danser et de chanter partout. Le vrai déclic a été en tant que soliste à la chorale. Lorsque j’étais à l’école de comédie musicale, je chantais, mais j’ai toujours eu un côté à fleur de peau et j’avais toujours l’impression d’être proche de pleurer lorsque je chantais. La musique peut-être le seul endroit où je m’autorise à sortir des choses et à libérer mes émotions. Lorsque j’ai arrêté mon école et que j’ai commencé à composer, j’ai réussi aussi à me libérer de beaucoup de choses. Avant, j’étais statique dans l’interprétation, je n’osais même pas bouger et petit à petit, mon corps a dit « Stop. Quand tu chantes, tu bouges et tu vis ton truc ! »  Désormais, lorsque je chante, j’ai l’impression de ne pas avoir le contrôle et d’être déconnecté. Je me sens porté par la musique et par ce que mon corps a envie de véhiculer comme message et comme émotions.

Justement, comment comptes-tu incarner Les chansons d’amour sur la scène d’Eurovision France ?

Lorsqu’on a enregistré la chanson, on s’est rendu compte que la version studio est plus plate, plus lisse, peut-être plus monotone que la version live. C’est en même temps un véritable choix de se dire qu’on a une carte à jouer et qu’il faut créer la surprise à ce moment-là, pour qu’on arrive à toucher les gens. Le jour de l’émission, je n’aurais d’autre choix que de l’incarner pleinement et avec une scénographie à mon image. J’en suis très content. Je pense que cela va vraiment être en lien avec le propos et me mettre en valeur en tant qu’artiste. Les gens qui ont écouté la chanson ont jusqu’à présent vu le clip ou la version playback enregistrée pour Eurovision France, qui n’est pas le reflet de ce que je vais faire sur scène le 5.

Tu me disais que tu avais écrit et composé d’autres titres. Font-ils partie de tes projets post Eurovision France ?

Tout à fait ! Avant d’être candidat à la sélection française, je suis un artiste en développement. C’est une belle vitrine, et mon but le 5, avant même d’aller à l’Eurovision, c’est surtout de toucher les gens et que ma chanson résonne dans le cœur des téléspectateurs. J’ai ensuite envie de réaliser mes projets correctement. Des scènes se préparent notamment sur Paris. Grâce à l’activité que j’ai eue, j’ai pu signer en label et constituer une très belle équipe pour la suite.

Le 5 mars, tu réaliseras ta première prestation à la télévision. Comment te sens-tu à l’idée de cette perspective ?

J’essaie d’y aller sereinement. Cela peut être impressionnant, mais je me dis qu’avec l’aspect visuel et les caméras, j’aurais l’impression d’être comme sur un tournage et que je serais peut-être moins stressé que sur scène devant un public. C’est une grande première pour moi, mais l’idée est de plutôt le prendre comme un exercice, un clip, un shooting photo, que comme une performance sur scène devant cinq millions de personnes.

Pourquoi souhaiterais-tu représenter la France à l’Eurovision ?

J’aimerais beaucoup pouvoir emmener une chanson de variété française sur la scène de l’Eurovision à nouveau, et y emmener la paternité que j’ai essayé de mettre dedans, avec tout l’aspect visuel qu’on y a intégré. Si je peux contribuer à mon échelle au rayonnement de ce style et des émotions que procure la variété française, ce serait déjà un honneur. Je pense que le message de la chanson parle à beaucoup de gens. Les peines de cœur sont un sujet universel et en même temps, le fait de les transformer en musique ou de faire de ces énergies sombres quelque chose de lumineux peut parler à beaucoup. En chantant mes mots sur une telle scène, si je peux emmener un peu de réconfort, ce serait une chose dont je serais très reconnaissant et touché.  

Un grand merci à Marius d’avoir accepté cette interview pour L’Eurovision au Quotidien. Rendez-vous samedi 5 mars prochain dès 21h10 pour le découvrir en direct sur France 2 aux côtés des 11 autres candidat·es d’Eurovision France, c’est vous qui décidez !

Merci également à Mathilde Lelièvre d’ELP Musiconsulting pour l’organisation de cette interview.

Crédits photographiques : page Facebook officielle de Marius