C’est l’annonce de la matinée ! Dans un communiqué, l’UER annonce des changements dans l’attribution des points au concours adulte, dans le but de « renforcer la confiance et la transparence ».

Après une consultation étendue, le comité exécutif de l’UER a fait appel à un cabinet indépendant qui lui a suggéré des changements en fonction du retour et des critiques formulées par les délégations. « Nous avons écouté et agi » affirme Martin Green, directeur du Concours Eurovision. « Nous prenons des mesures claires et décisives afin de nous assurer que le Concours demeure une célébration de la musique et de l’unité. » Ces annonces se font en effet dans un contexte de tensions au sein de l’UER quant à la participation d’Israël et du possible retrait de certains pays dont l’Espagne. Faisons le tour d’horizon de ces annonces !

Mise à jour d’un code de « promotion » des chansons

Les instructions de vote mises à jour encouragent la promotion appropriée des artistes et de leurs chansons (qui fait partie intégrante de l’industrie musicale professionnelle), mais « découragent les campagnes de promotion disproportionnées… en particulier lorsqu’elles sont entreprises ou soutenues par des tiers, y compris des gouvernements ou des organismes gouvernementaux ».

Il est aussi interdit aux diffuseurs et aux artistes participants de prendre part activement à des campagnes de promotion menées par des tiers susceptibles d’influencer le résultat du vote, de les faciliter ou d’y contribuer. De plus, comme indiqué dans le code de conduite mis à jour, toute tentative d’influence indue sur les résultats entraînera des sanctions.

Cette phrase vise spécifiquement l’Etat d’Israël qui avait mis en oeuvre pour l’édition 2025 une politique de promotion intense, notamment par l’utilisation de ses réseaux d’ambassade, par des clips diffusés sur les réseaux sociaux ou par les messages de soutien explicite à la chanson israélienne du premier ministre hébreu. Toutefois, le texte reste assez flou sur les sanctions possibles et sur la notion de disproportion, ce qui laisse augurer de futurs débats.

Réduction du nombre maximal de votes possibles

C’était un gros point de discussion ces derniers mois. Combien de votes chaque personne peut elle envoyer ? Afin d’éviter la disproportion de certains votes communautaires, l’UER a décidé de limiter le nombre de votes, par moyen de paiement (en ligne, SMS, téléphone) qui passe de 20 à 10.

Ainsi au lieu qu’une personne vote au maximum 60 fois (20 fois par 3 moyens de paiement), sa capacité de peser se réduit à 30 votes au maximum. Cela permettra d’atténuer, sans le faire disparaitre, l’effet « vote de soutien ».

La transformation des jurys

Exclus des demi-finales ces deux dernières années, les jurys sont réintégrés pour le choix des finalistes. Leur poids sera à 50/50 avec le public, comme pour la Grande finale : « Ce changement vise à favoriser un équilibre musical optimal et une plus grande diversité parmi les chansons qualifiées pour la Grande Finale, garantissant ainsi la reconnaissance des œuvres de grande qualité, à la valeur artistique indéniable, au même titre que celles qui séduisent le grand public. » C’est une façon très polie de dire que le public ne sait pas choisir les bonnes chansons…

De plus, que ce soit en demi et en Grande finale, le nombre de jurés passe de 5 à 7 pour inclure plus de professionnels liés à l’industrie musicale. Au moins 2 jurys sur les 7 devront être âgés entre 18 et 25 ans, pour mieux refléter l’attrait de la jeunesse pour le Concours.

Tous les jurés devront signer une déclaration formelle assurant leur indépendance, qu’ils ne se coordonneront pas avec d’autres jurés et qu’ils s’abstiendront de partager leur préférence, notamment sur les réseaux sociaux, avant la fin du Concours

Renforcement des mesures de sécurité technique

Enfin, d’un point de vue technique, l’UER continuera de collaborer avec l’entreprise Once, afin de développer les systèmes de sécurité du Concours, afin de détecter les votes frauduleux et coordonnés.

« Ces mesures visent à recentrer l’attention sur l’essentiel : la musique, la créativité et le partage », a ajouté Martin Green. « Bien que nous soyons convaincus que le Concours 2025 a donné un résultat valide et fiable, ces changements contribueront à renforcer les garanties et à accroître l’engagement afin que les fans soient assurés que chaque vote compte et que chaque voix est entendue. »

Et pour la suite ?

Toutes ces propositions ont été approuvées par le Groupe de référence du Concours Eurovision de la chanson, l’instance dirigeante de l’événement représentant tous les diffuseurs participants. Les membres réunis à l’Assemblée générale de l’UER début décembre seront invités à examiner cet ensemble de mesures et de garanties et à décider s’il est suffisant pour répondre à leurs préoccupations concernant leur participation. Martin Green conclut ainsi par ces mots : « Le Concours Eurovision de la chanson doit toujours rester un lieu où la musique est au centre de tout et où nous continuons d’être véritablement unis par la musique. » Il espère ainsi que ces décisions seront validées et éviteront le départ de certains pays. Dans l’optique du 70ème anniversaire, l’UER aimerait qu’un maximum de pays participent afin d’obtenir une célébration mémorable. C’est dans ce sens d’ailleurs qu’il faut aussi comprendre le retour de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Moldavie, ainsi que les discussions avec le Canada.

En répondant aux critiques formulées par de nombreux pays (Slovénie, Espagne, Islande notamment), l’UER cherche ainsi à éviter leur retrait de la compétition, notamment par rapport à la participation de l’Etat hébreu. Cela sera t-il suffisant ? Réponse en décembre lorsque la liste définitive des pays participants sera révélée avant les fêtes de Noël.

Pour rappel (si vous ne le savez pas encore), l’Eurovision se tiendra les 12, 14 et 16 mai 2026 à Vienne.

Crédit photographique: Eurovision Song Contest