Nous allons maintenant préparer l’édition 2023 en collaboration avec l’UA:PBC, qui en sera le diffuseur hôte et avec lequel nous nous attacherons à relever les défis uniques liés à l’organisation du prochain CEC. Comme pour chaque édition du Concours, nous passerons en revue l’ensemble des exigences et des responsabilités impliquées, en concertation avec le diffuseur hôte et nos autres partenaires, afin que le 67e Concours Eurovision de la Chanson puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

Martin Österdahl, conférence de presse des gagnants de l’Eurovision 2022

La victoire de l’Ukraine en 2022 ouvre la voie à une question que nous n’avions pas eu l’occasion de nous poser depuis des décennies – la dernière fois qu’un pays hôte n’était pas le tenant du titre remontant à 1980. Alors que c’est la première fois qu’un pays en guerre remporte l’Eurovision et se trouve donc susceptible de l’accueillir, qui pourrait supplanter l’Ukraine dans l’organisation de « son » édition 2023 ?

L’Islande

Alors que la volcanique île n’a encore jamais remporté l’Eurovision (et a terminé 23ème de l’édition 2022), un journal local, Fréttablaðið, a déclaré que le pays serait prêt à accueillir pour la première fois le concours en cas de victoire de l’Australie ou de l’Ukraine. En 2020, SBS avait d’ailleurs déjà proposé un accord dans ce sens, sans qu’il ait fait l’objet d’une confirmation officielle de la part de la RUV à ce jour. Cependant, le directeur des programmes du télédiffuseur islandais a déclaré que l’UER soutient et affirme sa confiance en l’accueil du concours par de petites nations, et que l’Islande cocherait toutes les cases nécessaires.

Si oui, où ?

Egilshöll serait le lieu d’accueil le plus évident. Située à Reykjavik, la salle polyvalente dispose d’une capacité d’accueil de 18 000 places en mode concert. La capitale islandaise dispose par ailleurs d’un aéroport international à cinquante kilomètres de la capitale.

L’Espagne

Plusieurs villes avaient déjà manifesté leur intérêt pour l’organisation de l’édition 2023 en cas de victoire de Chanel. Mais conformément à des révélations de la presse espagnole, la RTVE a confirmé avoir proposé à l’UER de faire de l’Espagne le pays hôte du concours suite à la victoire de l’Ukraine. Ce serait alors la première fois que le pays organiserait l’Eurovision depuis 1970.

Si oui, où ?

Les possibilités sont nombreuses, alors que plusieurs villes s’étaient déclarées intéressées. Capitale du pays, Madrid compte quatre salles de plus de 10 000 places, dont la plus grande est le WiZink Center (17 000 places). Son « ennemie » catalane, Barcelone, pourrait, elle, proposer le Palau Sant Jordi (17 500 places), et situé sur la colline de Montjuic. Côté Canaries, Las Palmas compte aussi une arena nommée Gran Canaria Arena (11 500 places).

La Suède

Si l’Aftonbladet le dit, l’Aftonbladet se trompe rarement. Anna König Jerlmyr, maire de Stockholm, aurait proposé à l’ambassadeur ukrainien en Suède d’accueillir le concours dans la capitale suédoise en cas de victoire de Kalush Orchestra. D’autant plus que Stockholm est jumelée avec Kiev, et qu’elle a déjà proposé l’accueil d’évènements sportifs à la place de Kiev.

Si oui, où ?

La principale piste serait celle de l’Avicii Arena (ex Globen), 16 200 places, salle hôte des concours 2000 et 2016. La capitale dispose également de la Friends Arena (65 200 places) et lieu d’accueil de la finale du Melodifestivalen, ainsi que de la Tele2 Arena (45 000 places) en mode concert.

Le Royaume-Uni

C’est l’une des options qui brûlaient le plus les lèvres des observateur·rices présent·es en Italie. Médaillé d’argent de l’édition 2022, huit fois organisateur du concours, bénéficiant d’un télédiffuseur d’envergure et expérimenté, le Royaume-Uni pourrait vite se retrouver en pôle position pour l’accueil de l’édition 2023. Pour une partie de la presse, la défaite britannique de samedi semblerait avoir fait résonner un ouf de soulagement dans les coulisses du gouvernement britannique … à cause de l’organisation justement. Mais le secrétaire d’Etat aux Affaires a toutefois déclaré que le Royaume-Uni serait ravi d’accueillir le concours au besoin. Ouf.

Si oui, où ?

Le pays a l’embarras du choix. O2 Arena de Londres (20 000 places), Utilita Arena et Resolts World Arena de Birmingham (plus de 15 000 places), M&S Bank Arena de Liverpool (11 000 place), AO Arena de Manchester (21 000 places) … Autant de salles en capacité d’accueillir l’Eurovision 2023.

L’Italie

Le directeur de la RAI l’a dit : l’Italie était prête pour organiser le concours 2022, elle l’est d’ores et déjà pour une passe de deux en 2023 si, d’aventure, l’Ukraine ne pouvait malheureusement pas garantir l’accueil du concours.

Si oui, où ?

Torino ! Stefano Lo Russo, maire de Turin, se met à disposition de l’UER et de la RAI pour une possible organisation du concours 2023. Pas sûr toutefois que cette solution soit au goût des eurofans et des médias ayant vécu le concours italien sur place …

Sinon ? Cf. la liste des villes en compétition l’année dernière : Milan, Rome, Rimini, Florence, Bologne, Pessaro, Gênes …

La Pologne

C’est une petite porte qu’a ouvert le porte-parole de la TVP. Sous réserve de l’accord du gouvernement polonais et du télédiffuseur, la Pologne pourrait apporter son aide à l’Ukraine dans l’organisation du concours 2023, sans apporter de réelles précisions. Le pays disposant déjà de l’expérience de deux organisations consécutives de l’Eurovision Junior, serait-il prêt à prendre le relais pour le concours adulte, au nom de son voisin ? L’option serait en tout cas légitime.

Si oui, où ?

Gliwice pourrait être un choix intéressant dans la mesure où la ville silésienne a été la ville hôte du Junior 2019 via l’Arena Gliwice (17 000 places). La Tauron Arena Krakow de Cracovie (20 400 places), l’Ergo Arena de Gdansk (15 000 places) ou l’Atlas Arena de Lodz (13 800 places) pourraient également être en course.

L’Ukraine

À l’annonce de la victoire ukrainienne, le président Volodymyr Zelensky a déclaré vouloir accueillir le concours 2023 à Marioupol, dans une Ukraine pacifiée. Dans la lignée du chef de l’Etat, Suspilne, le télédiffuseur – qui a déjà reçu le dossier d’accueil de l’Eurovision conformément à la procédure habituelle – a confirmé son intention d’accueillir le concours et affirmé son espoir d’être en mesure de garantir la sécurité des participant·es et des spectateur·rices à ce moment-là. Tout comme l’un des membres de Kalush Orchestra.

Néanmoins, les perspectives d’attribution de l’organisation à un pays actuellement sous le coup d’une invasion militaire et en proie à la guerre semblent pour le moins fort peu crédibles, d’autant plus que la loi martiale en vigueur interdit l’organisation de grands évènements. Ajouté à cela le souvenir de l’organisation aventureuse des éditions 2005 (peu après la Révolution Orange) et 2017, pas dit que Martin Österdahl soit des plus chauds pour tenter ce pari fou, pour ne pas dire complètement irraisonné à ce jour. Même si le superviseur exécutif et l’UER se sont, à ce jour, contenté de déclarations évasives.

Si oui, où ?

Si, d’aventure, l’Ukraine se retrouvait en mesure de remplir les garanties nécessaires à l’accueil de l’édition 2023, Kiev serait probablement et une nouvelle fois l’option numéro 1, la capitale étant la seule à disposer d’une salle conforme aux dispositions établies par l’UER avec son centre d’expositions, lieu hôte du concours 2017. Initialement en pôle position cette année-là, Odessa pourrait être exclue d’office de par sa position stratégique, actuellement à 130 kilomètres de la ligne de front, et directement sous le joug de la menace russe. Quant à l’option Marioupol, ville martyre de la guerre …

Et la France dans tout ça ?

De par son statut de pays du BIG 5 (soit les cinq plus gros contributeurs financiers à l’Eurovision), la France serait susceptible d’accueillir sur son territoire un concours qui lui échappe depuis 45 ans désormais, et pour un an de plus. L’organisation du concours 2021 à Paris ayant fait l’unanimité sur tous les plans, France Télévisions semble largement en capacité de relever le défi de supplanter l’Ukraine pour 2023. Question majeure toutefois : le télédiffuseur le souhaite t-il ? Pas dit. Si, à ce jour, le groupe audiovisuel public ne s’est pas exprimé sur le sujet, la récente organisation du Junior et l’accueil des Jeux Olympiques en 2024 pourraient être deux facteurs de réserve sur le plan budgétaire. Et peut-être la France préfère t-elle attendre sa victoire pour accueillir le concours comme il se doit.

Si oui, où ?

Paris serait une nouvelle fois le choix le plus facile, tant beaucoup d’éléments convergent vers la capitale. Accessibilité par voie aérienne, infrastructures, … Paris La Défense Arena (40 000 places) et l’Accor Arena (20 300 places) pourraient être des lieux de choix pour accueillir l’Eurovision 2023. Si France Télévisions optait pour une ville en région, Lyon (Halle Tony Garnier – 15 000 places), Lille (Arena Pierre Mauroy – 25 000 places), Strasbourg (Zénith – 12 100 places), Bordeaux (Arkéa Arena – 11 300 places) ou encore Montpellier (Park&Suites Arena – 14 000 places), voire Toulouse (Zénith – 11 000 places) pourraient avoir ses faveurs.

Déjà que la sélection de la ville hôte italienne a été révélée dans des délais anormalement longs, il semble improbable qu’à ce stade, la fumée blanche sorte rapidement tant de la cheminée du télédiffuseur ukrainien que de celle de l’UER, actuellement en discussion avec Suspilne. La rédaction vous tiendra toutefois informée de la chose au quotidien.

Jeudi 19 mai

Conformément à la procédure habituelle, l’UER va entamer dès ce vendredi des discussions avec le télédiffuseur ukrainien, Suspilne, afin d’évaluer la possibilité pour l’Ukraine d’accueillir l’Eurovision 2023. Cela implique les questions budgétaires, d’infrastructures et de sécurité.

Le président du groupe, Mykola Chernotytski, se réjouit de la troisième victoire de l’Ukraine au concours et a remercié pour cela les membres de Kalush Orchestra et la cheffe de délégation, Oksana Skybinska. l a renouvelé son désir d’accueillir le concours dans son pays en paix, tout en étant conscient de l’enjeu et du challenge que cela représente, ainsi que de la primeur à la sécurité. Toutefois, il compte sur le soutien de l’Etat ukrainien pour rendre le rêve réalité. Sachant qu’en 2017 se posaient déjà des questions de sécurité quant au conflit avec les forces séparatistes du Donbass, le pays avait gelé une somme de 15 millions d’euros utilisables pour accueillir le concours dans un autre pays en cas de défaillance de l’Ukraine.

Quand bien même le télédiffuseur ukrainien fera tout ce qu’il peut pour accueillir l’Eurovision 2023 sur sol, son président s’attend à des négociations longues et difficiles avec l’UER, avec qui sera prise la décision finale.

En outre, un nouveau pays s’est positionné pour l’accueil du concours 2023.

Pays-Bas

Même s’il est trop tôt pour se positionner à ce jour selon eux, AVROTROS et NPO ont affirmé que, si l’UER les sollicitait, les Pays-Bas pourraient être en mesure d’accueillir à nouveau l’Eurovision, à conditionner de discuter de la chose avec l’ensemble des parties concernées.

Le choix des Pays-Bas pourrait être tout à fait pertinent dans le sens où le pays a assumé l’annulation historique du concours 2020 et l’accueil de l’édition 2021 dans un contexte sanitaire extrêmement incertain, le tout avec brio.

Si oui, où ?

Les regards sont évidemment tournés vers Rotterdam, ville hôte en 2021, et son Ahoy de 15 818 places. Toutefois, les recalés de 2020 pourraient également faire leur retour : Arnhem (Gelredome – 41 000 places), Maastricht (MECC – 12 000 places), Utrecht (Jaarbeurs – 11 000 places), voire Amsterdam qui, à l’époque, avait retiré sa candidature. La capitale pourrait ainsi nous faire profiter de la Johan Cruyff ArenA (35 000 places en mode concert), la RAI (12 000 places) et le Ziggo Dome (17 000 places).

Vendredi 27 mai

Le cabinet du maire de Kiev a déclaré hier être prêt à accueillir l’Eurovision 2023 dans la capitale ukrainienne si telle requête leur était faite. Dans la mesure où le pays serait capable d’organiser le concours, Kiev disposerait à leurs yeux de toutes les infrastructures nécessaires pour l’accueil d’un évènement international d’envergure, qui plus est dans la difficulté d’en construire de nouvelles au vu du contexte. Reste à savoir si les discussions engagées entre l’UER et Suspilne (télédiffuseur ukrainien) iront dans ce sens. Rappelons que Kiev a déjà accueilli le concours de l’Eurovision à deux reprises : en 2005 au Palais des Sports et en 2017 au Centre d’expositions international.

Dimanche 29 mai

Alors que, selon certaines sources, la décision de l’organisation du concours ou non en Ukraine pourrait être prise à l’été, un autre pays vient de sortir du bois sans pour autant s’être formellement déclaré candidat.

La Suisse

Récemment revenu·es en force au concours après de longues années de disette, et alors que la Suisse l’a accueilli pour la dernière fois en 1989, nos voisin·es helvétiques n’ont pas exclu l’hypothèse d’un accueil de l’Eurovision 2023 en cas d’impossibilité pour l’Ukraine. Interrogé par Blick, le chef de délégation suisse, Yves Schifferle, s’est déclaré préoccupé par la possibilité de faire le voyage pour le concours dans un pays aux conditions d’accueil très incertaines à ce jour. En outre, il semblerait avoir ouvert une petite porte – sujette à interprétation, attention ! – en déclarant : « Si l’UER était interrogée, SRG SSR vérifierait si la Suisse est l’endroit adéquat pour accueillir l’Eurovision 2023. Cependant, aucune discussion de ce type n’a lieu actuellement. »

Pays siège de l’UER, la Suisse serait toutefois la surprise du chef face à d’autres pays sur le papier plus motivés qu’elle pour l’accueil de l’Eurovision 2023. Même si, comme l’indique l’auteur de l’article, le pays avait déjà dû songer à un plan organisationnel en cas de victoire de Gjon’s Tears…

Si oui, où ?

Côté francophone, Lausanne (Vaudoise Arena – 10 000 places) et Genève (SEG Geneva Arena – 10 000 places) pourraient être en pôle position. Mais les regards se dirigeaient vers la Suisse alémanique, Bâle (St Jakobshalle – 12 400 places), Zürich (Hallenstadion – 14 000 places) et Berne (PostFinance Arena – 17 100 places) pourraient être des destinations de choix.

Samedi 11 juin

Alors qu’Oleksandr Tkachenko, ministre de la culture et de l’information ukrainien réaffirme sa volonté d’organiser l’Eurovision 2023 sur le sol ukrainien, le gouvernement vient d’annoncer la mise en place d’un comité d’organisation. Si le ministre reconnaît toutefois que l’accueil du concours dans un pays en guerre serait une première et un défi, tant côté organisation que vis-à-vis de l’UER et des autres pays, l’Ukraine croit en sa capacité d’accueillir cet évènement majeur. Reste à obtenir des réponses quant aux conditions d’organisation qui, selon O. Tkatchenko, gagneraient à évoluer pour certaines, sans apporter davantage de précisions.

Mercredi 15 juin

L’Espagne n’accueillera pas l’Eurovision 2023, et c’est le patron de la RTVE en personne qui l’a affirmé dans une interview à Faro de Vigo. José Manuel Pérez Tornero a effectivement déclaré que le pays ne souhaitait pas se contenter de rester sur un très bon classement et visait clairement la victoire à l’avenir. Également engagé dans le lancement d’un format Eurovision en Amérique Latine, le télédiffuseur espagnol ne veut donc pas se dédoubler et renonce à l’organisation de l’Eurovision 2023. Une piste est toutefois lancée par le président de la RTVE : en cas d’impossibilité pour l’Ukraine d’accueillir le concours, ce serait le Royaume-Uni qui tiendrait la corde en tant que pays-hôte remplaçant.

© Andres Putting | UER