Logo de la septième édition de l'ABU Song festival 2018 à Ashgabat - Turkménistan

Euroquotidienneurs, il y a une semaine vous attendiez vos cadeaux par milliers. Vous espériez une seule chose : que l’Eurovision déboule en plein hiver par la cheminée. Le facteur s’en excuse, le concours « Made In Asia » commandé par tous, s’est perdu dans les méandres des convois postaux. Dans l’attente de son arrivée un peu tardive, voici la rétrospective annuelle de l’ABU Song Festival. Mes premiers mots sur l’Eurovision Au Quotidien lui étaient dédiés…

Bonsoir Ashgabat !

Pour rappel, sa version télévisée est non compétitive, à l’inverse de la version radiophonique. Son unique but est de promouvoir les artistes nationaux choisis. Les chansons proposées sont censées refléter l’équilibre géographique et la diversité culturelle de la région Asie-Pacifique. Promesse encore tenue en 2018 avec une sélection éclectique : de la chanson arabo-andalouse afghane au morceau pop kazakh, du folklore turkmène au rock-manga, en passant par la balade macanaise…

Le Festival TV ABU s’est déroulé en octobre dernier à Ashgabat, capitale du Turkménistan, dans le cadre de la 55ème assemblée de l’Asia-Pacific Broadcasting Union. L’organisation a été confiée à la télévision d’État turkmène – TVTM, en coopération avec le diffuseur sud-coréen – KBS.

Un événement qui a réuni plus de dix mille spectateurs au Ice Palace, complexe des sports de glace de la ville. Tahyr Hojaev et Zybagozel Muhammedova ont assuré la présentation de cette septième édition. Le programme a été retransmis dans plus de vingt pays en Asie et dans le Pacifique. Vous pouvez visionner l’intégralité de cette soirée via la chaîne YouTube du diffuseur turc – TRT Müsik.

La « route de la soie » en chansons…

Début des réjouissances. Une vidéo promotionnelle incite à séjourner dans la grande « République » qui reçoit et le dispositif médias est montré pour l’occasion. Dix-huit chansons de seize nations entrent dans la lumière, avec pas moins de trois performances pour le pays hôte. Première participation du Bénin, de l’Ouzbékistan et de la Russie. Soulignons la présence de l’Afrique, une nouvelle fois, à travers l’Union Africaine de Radiodiffusion (AUB). La Turquie absente depuis 2015 est de retour, ainsi que le Kirghizstan. Contrairement à 2017, la Chine, la Malaisie et la Zambie n’ont pas fait le déplacement.

Par ordre d’apparition sur la scène d’Ashgabat :

  • AFGHANISTAN – Negar Mandegar – Delbar
  • INDONÉSIE – Lana Nitibaskara – Reach For The Stars
  • KAZAKHSTAN – Nursultan Zhexenbin – I’m inflamed
  • JAPON – Aoi Eir – Ignite
  • TURKMÉNISTAN – Myahri Pirgulyeva – Mondjukatdy
  • HONG KONG – Thye Cho Yee – Chasing Dream
  • RUSSIE – Indzhihan Gulmuhometova – My Turkmenistan
  • KYRGHYSTAN – Gulzhigit Kalykov – Rain
  • BÉNIN – Tiboy Shalla – Numba
  • INDE – Kushal Paul (feat. Mehul Grover) – Raaj Kapoor Medley
  • TURQUIE – Güliz Ayla et Bahadir Tatlıöz – Kimin Umurunda
  • CORÉE DU SUD – K. Will – Talk Love / Please don’t
  • MACAO – Germano Bibi Guilherme – Nai de zhu jimo
  • TURKMÉNISTAN – Bengench Charyev – Love
  • MALDIVES – Muhamed Abdul Ghanee et Mariyam Ashfa – Flower
  • VIETNAM – Pham Khanh Linh – Back to winter
  • OUZBÉKISTAN – Fahriddin Hamdamova – Come to me
  • TURKMÉNISTAN – Gulshat Gurdova et Parahat Amandurdyev – Turkménistan

1 sélection, 3 prestations !

TURQUIE – Güliz Ayla et Bahadir Tatlıöz – Kimin Umurunda (Who Cares)

Güliz Ayla est chanteuse et compositrice. Elle a fait du théâtre avant de rejoindre le groupe rock Adélaïde et s’essayer à la comédie musicale. En 2015, elle perce dans la pop avec Olmazsan Olmaz : un des titres les plus téléchargés en Turquie et vu plus de 145 millions de fois sur YouTube. Elle sort ensuite son premier album éponyme avec succès.

Bahadir Tatlıöz est compositeur et pianiste. Musicien depuis son plus jeune âge, il a joué du piano avec les plus grands noms turcs et étrangers de la discipline. L’artiste excelle dans le jazz avec la sortie de plusieurs albums, comme Yillar en 2012. Il signe de nombreuses collaborations puis approche la pop turque. En 2017, il publie Takvim qui génère 117 millions de vues sur les réseaux sociaux.

En septembre dernier, ils s’associent pour Kimin Umurunda : un morceau pop dansant, qui sonne oriental. Le clip nous transporte sur le Bosphore et donne envie de regarder les navettes maritimes, une tasse de café turc à la main. Un beau duo connecté : Madame avait trop de strass sur ses escarpins, pourquoi pas se les coller sur la face. Bsartek, le pantalon trop court et la queue de rat capillaire, Monsieur !

https://youtu.be/lL10jEv-TKE

UNION AFRICAINE DE RADIODIFFUSION (BENIN) – Tiboy Shalla – Numba

De son vrai nom, Boris Nicoué est un jeune artiste de la scène urbaine béninoise. En 2015, il collabore avec plusieurs beatmakers du pays. Un an plus tard, il participe au Festival #WeAreHipHop. Le grand public commence à mettre un visage sur sa voix. Son style mélange rap et musique soyoyo. Le rappeur Kemtaan le repère ensuite. En 2017, il multiplie les sorties à un rythme effréné. Son premier clip Je ne rêve pas est prometteur. Tré Lé Lé devient un hit sur le territoire béninois : un des morceaux les plus téléchargés sur les plateformes musicales de la région. Aujourd’hui, Tiboy fait la fierté de son label, enchaîne les concerts et les apparitions. Le jury et le public du festival l’ont sacré « Meilleur espoir performeur » : un tremplin pour la carrière du showman.

Numba est un morceau soyoyo urbanisé. Une chanson d’amour dans laquelle le jeune homme nous emporte et nous raconte sa fameuse rencontre avec son amoureuse. Elle allie le français, l’anglais et une des langues locales : le fon. Si vous suivez les soaps africains avec attention, du genre « Coup de coeur à Porto-Novo », vous aimerez sa performance sapée comme jamais…

RUSSIE – Indzhihan Gulmuhometova – My Turkmenistan

Indzhihan Gulmuhometova est une interprète turkmène, issue de la diaspora de Stavropol. Elle a été choisie pour représenter la Fédération de Russie en l’absence de diffuseur. Elle s’inscrit dans la lignée des chanteuses traditionnelles au répertoire nationaliste. Costume, coiffure épinglée, regard levé au ciel : la diva patriotique de l’Est dans sa splendeur…

My Turkmenistan est une chanson folk cadencée. La énième qui prône l’amour de la Patrie qui nous ouvre ses portes et qui honore le portrait du Président Berdimuhamedow au plafond du Ice Palace. Un titre folklorique modernisé, aux sons d’instruments turkmènes, tel l’accordéon caucasien : le garmon. Que les filles suspendent leurs plus belles breloques. Que les garçons vissent leurs plus chauds telpeks sur la tête : SON Turkménistan ou CHEZ Vladimir, il faut choisir !

Le Festival TV ABU 2018 s’est achevé par Kushtdepdi, la danse folklorique de l’amitié et de l’unité, ainsi qu’une chanson collégiale comme image fraternelle. Le prochain rendez-vous aura lieu à Tokyo. Pour la première fois, le Japon accueillera la huitième édition depuis sa création en 2012. La NHK a dévoilé l’information plus tôt ce mois-ci. Il se tiendra comme à l’accoutumé pendant la 56ème assemblée de l’Union, le 19 novembre 2019.

Pour ceux qui voudraient en entendre davantage, nous devrions retrouver le diffuseur nippon au coup d’envoi de l’Eurovision Asie en décembre. Yoï otoshi o omukaé kudassaï ! Bonne année à tous !